Little secret [Bambi]

Pour une fois, Bambi cassait tous les préjugés que l’on pouvait avoir pour elle en ayant dans l’idée de dévoiler l’un de ses innombrables secrets inavouables : à savoir sa présence dans un club de cuisine très en vogue à Cambridge. Le pire, c’est qu’elle s’y éclatait de façon formidable et simple, qu’elle ressentait bien moins de colère en s’y rendant mais aussi qu’elle apprenait énormément de choses, elle, la cordon bleu se cachant si bien face aux caméras de sa vie. Autant dire que ce soir, y amener quelqu’un constituait un effort considérable et que pour la peine, elle avait revêtit une jolie robe, des belles bottes en cuir lui montant jusqu’aux genoux et opté pour un maquillage ainsi qu’une coiffure simple mais efficace. Bambi ne fut pas surprise une seconde, face à son accoutrement, que son pote soit particulièrement étonné et la questionne quant à leur entraînement prévu de boxe. Les trois quart du temps, jamais la belle blonde n’aurait décommandé. Là, il ne s’agissait même pas de cela mais plutôt de changer un programme… « Moi, oublié ? Tu déconnes, j’ai une mémoire d’Einstein, il n’y a pas marqué « Alzheimer » sur mon joli front ! » s’indigna-t-elle faussement avant de le gratifier d’un sourire en coin et d’un haussement de sourcil défiant. « Je ne suis pas du genre à m’excuser ni même à laisser un pote proche derrière, surtout quand je suis censée le voir… nan, nan. Je te laisse quinze minutes montre en main pour te faire tout beau, toi et moi on sort ce soir ! Et ne cherche pas à m’extirper des informations, tu ne sauras rien de plus avant que l’on n’y soit… »

« J’ai toujours su qu’un jour je serais ta styliste ! » ironisa-t-elle tandis que Ioann filait à la douche, lui donnant tout le loisir de farfouiller dans ses fringues, sans pour autant y mettre un capharnaüm insupportable, jusqu’à trouver LA meilleure tenue pour la surprise qu’elle souhaitait lui faire. Finalement, Bambi ne fut que plus satisfaite de le voir accepter son choix vestimentaire sans rechigner : elle devait admettre que l’espace de quelques secondes, elle avait craint que l’inverse ne soit davantage vrai. Bambi éclata finalement de rire une fois qu’il fut de retour, tout habillé et sentant bon à des kilomètres. « Tu m’as prise pour une entremetteuse ? Tu gères très bien ta vie sexuelle j’en suis persuadée ! » lui lança-t-elle non sans esquisser un petit clin d’œil en l’incitant ainsi à la suivre jusqu’à sa voiture, garée devant l’université. Quelque chose lui disait que Ioann allait frôler la crise cardiaque une fois qu’il verrait pourquoi elle avait « annulé » leur cession de boxe quotidienne… mais Bambi était une femme de risques. Elle aimait cela et ne s’en était jamais cachée, bien qu’elle conserva le secret jusqu’à trouver une place pour se garer en ville, le visage particulièrement sérieux et concentré. « Si je te dis que je t’embarque pour un cours de cuisine, je risque aussi de me retrouver six pieds sous terre avant la fin de la soirée ? Ou mieux, à subir ta vengeance terrible… je peux essayer de t’offrir une compensation si tu acceptes de m’accompagner. Déjà, dis-toi que tu es le seul à savoir ça de moi alors compte sur MA vengeance si jamais tu ébruites le truc et tu sais que je tiens mes promesses… » Après tout, il avait déjà ressentit sa haute rage sur un ring !

En même temps, se garer devant une boutique de bougies, c’est le meilleur moyen de brouiller les pistes mais aussi de créer tout un tas d’interrogation chez son acolyte du jour. Connaissant Ioann comme elle le connaissait, il devait d’ors et déjà cogiter sur le pourquoi du comment du quoi t’est-ce. « Donc en gros je n’ai pas intérêt à prétendre d’avoir la migraine… » ironisa-t-elle même si elle conservait un visage relativement impassible, chose qui apportait toujours davantage de poids et de gravité à son humour. « Je plaisante coco ! Je crois que je t’ai déjà prouvé que tu pouvais compter sur moi, et là j’ai d’autant plus de raisons d’être fiable vu que tu détiens une donnée compromettante sur moi. » Bambi avait la fierté mal placée, c’était de notoriété publique. Ioann le savait sûrement mieux que personne vu qu’ils boxaient sans arrêt ensemble et qu’elle appréciait sa compagnie en général. Si elle n’avait pas éprouvé la plus petite confiance… jamais elle ne se serait lancée dans pareille entreprise, jamais. « D’où tu as vu que j’avais plein d’amies filles ? Mets à jour tes infos ! Ceci dit il se trouve que tu m’as déjà dit que tu aimais cuisiner. Ce n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde… je crois que j’apprécie ta compagnie, pourquoi il faut forcément une liste de raisons longue comme le bras ? »

La complicité avec Ioann datait des Mathers certes mais Bambi se battait si fortement contre les clichés liés à sa maison qu’elle n’aurait pas pu couper tout contact avec le nouveau Winthrop. Cela aurait voulu dire qu’elle allait à l’encontre même de ses principes et ça, ce n’était pas possible une seconde. Dans le cas contraire, comment aurait-elle pu lui proposer pareil changement de plan alors qu’ils étaient tellement habitués à boxer ensemble ? « Mes sentiments à ton égard ? Non mais t’as fumé un arbre enroulé dans un truc pas net là, ma parole ! Et puis d’abord, je sais à quel point t’aime boxer avec moi, donc ce serait plutôt moi qui devrait me poser des questions… surtout que tu n’as pas résisté très fort pour le cours de cuisine ! » répliqua-t-elle en haussant les épaules et non sans lui tirer légèrement la langue, adorant par-dessus tout répondre à ses provocations mais aussi le provoquer en retour. Tout était question de partage entre eux et là-dessus, dieu sait combien ils étaient sur la même longueur d’ondes. « Et puis où sont tes potes mecs, hein, en parlant de ça ? » Bambi s’était arrêtée dans la rue, tirant exprès sur la corde raide en lui coupant la route en ne demeurant qu’à quelques millimètres seulement de lui. Parfois, elle trouvait extrêmement fun de le provoquer aussi de cette façon en testant sa résistance…

Sans doute Bambi était-elle allée un poil trop loin… mais en même temps, Ioann y était habitué, n’est-ce pas ? La simple présence de son index contre son front ne manqua cependant pas de faire comprendre à la belle blonde qu’elle avait un tantinet merdé. Bah, elle allait lui offrir son plus beau sourire et se faire pardonner ainsi, comme à chaque fois qu’elle mettait les pieds dans le plat sauf que cette fois, c’était différent. Le jeune homme fit rapidement allusion à ses anciens amis Mathers et Bambi écarquilla puissamment les yeux, interloquée. « Depuis quand j’en ai quelque chose à péter de ce qu’ils pensent ? Tu sais très bien que je me contrefous de leur avis, et si tu n’étais pas au courant et bien c’est chose faite. Je ne délire pas avec eux, je délire avec toi, ça devrait te suffire comme raison, non ? » reprit-elle d’un ton nettement plus sérieux, légèrement piquée au vif par sa remarque. Certes, il lui était toujours difficile de trop s’avancer ou de même de se lancer dans de grandes envolées sentimentales mais elle appréciait énormément Ioann et ne voulait surtout pas perdre son amitié. Surtout pas pour une couillonne histoire de maison… « Hey, qui te dis que ce n’est pas TOI qui manque quelque chose ?! Fais gaffe, t’as les chevilles qui enflent, tu ne vas pas passer la porte si ça continue. Et puis des paroles, des paroles, des paroles… » chantonna-t-elle avant de croiser ses bras contre son corps élancé et fin. « En plus t’es même pas cap ! »