(+ Caleb) this is a complete nightmare...

« Moi je plains quand même Anna pour son accouchement… » avoua-t-elle sans forcément savoir si Caleb était au courant de la grossesse de la jolie russe ou non : ils ne s’étaient pas suffisamment parlé dernièrement pour qu’elle puisse le savoir et puis peu importe. Pour l’instant, tout ce qui ne les concernait pas n’avait pas lieu d’être dans leur conversation. « Peut-être mais on sait jamais ! D’ici à ce que tu te laisses dépérir hein… je préfère prévenir que guérir. » Ceci étant, Thaïs éclata de rire à sa question tandis qu’elle s’écartait légèrement de son dos pour mettre ses mains contre ses propres hanches, comme si elle désapprouvait sa question. Ce n’était pas le cas, bien entendu, cette dernière l’amusait seulement. « Pourquoi, tu ne me crois pas chiche ? Je te signale que tu as épousé une folle de la vie, alors si tu veux que je le donne la becquée amour, il te suffit de le demander ! Ça m’entraînera… »

« Anna est enceinte ? » sautais-je sur l’information. « C’est cool ! » lâchais-je par la suite. Je n’étais pas réellement proche de la jeune femme mais une naissance, c’était toujours une bonne chose non ? « Ton père va devoir devenir un homme, malheur, tu crois qu’il va y arriver ? » plaisantais-je avant de déposer un baiser sur le bout de son nez. Je n’étais pas du genre à me laisser dépérir très longtemps. J’étais comme tout le monde, je sombrais et venait un moment où mon instinct du survie reprenait le dessus pour que je remonte à la surface. « Ok va pour t’entrainer mais tu oublies directement l’idée de me mettre un bavoir sinon tu donneras la bectée à ta chienne » grognais-je avec amusement tandis que j’attrapais le plateau dans une main et celle de ma femme dans l’autre pour la conduire au salon où je l’installais sur le canapé avant de mettre une musique d’ambiance. Je n’aimais pas le silence même si la plupart du temps, je fuyais les conversations.

Thaïs émit un petit rire. Vrai qu’imaginer son père en mode biberons et couches… mouais elle avait quand même du mal sur le coup. « Attends, le meilleur reste à venir : elle attend des jumeaux ! Je suis pas sûre qu’il se rende compte mais moi ça m’amuse parce qu’il était tout content de m’annoncer que j’allais avoir un frère et une sœur » poursuivit-elle avant de lui tirer légèrement la langue lorsqu’il la menaça à moitié. « Mais en théorie le bavoir c’est obligatoire ! Bah pas grave, si tu te taches ton beau torse musclé, je léchouillerais » poursuivit-elle, imperturbable, non sans hausser les épaules pour mieux s’installer sur le canapé où Caleb avait installé leurs deux plateaux. « Va falloir que tu me fasses un débriefe de ce que tu as fais par contre, que je sache quoi te donner en premier mon bébé d’amuuur ! »

« Ah ouais quand même des jumeaux ! Décidément, ils ne font pas les choses à moitié mais euh par contre question conne mais comment ça se fait qu’ils sachent déjà le sexe des bébés ? » répliquais-je en posant le plateau sur la table basse, un peu perdu dans ces nouvelles. Je n’avais été absent que quinze jours quand même. En même temps, je ne m’intéressais pas vraiment à la vie des autres pour suivre les péripéties des uns et des autres, j’avais suffisamment d’emmerdes à domiciles pour cela. « Ecoutez-moi cette perverse ! Ce n’est pas possible… Et après tu vas me dire que tu n’es pas une allumeuse de première… Je dois être le pape » rigolais-je doucement en secouant la tête de droite à gauche. « Alooors… j’ai fait des tartines avec du jambon, y a un bol de tomates cerises, tes sacro-sainte fraises et quelques trucs à grignoter » énumérais-je vaguement le contenu du plateau en oubliant de parler des radis, des petites rondelles de concombre bref, un plateau relativement équilibré car j’avais toujours tendance à prendre soin de notre ligne.

« Bah en fait, d’après ce que mon père m’a dit, elle a fait un déni de grossesse et ne s’est rendu compte qu’elle était enceinte que très récemment. Elle l’est de quatre mois et demi donc normal qu’elle connaisse le sexe des bébés… mais elle a grossi d’un coup, il paraît que c’était impressionnant ! » poursuivit-elle, imperturbable, même si elle devait admettre qu’entre deux crises de nerf d’Anna qu’elle s’efforçait d’éviter, Thaïs n’avait de cesse de lui demander des conseils pour calmer ses angoisses de future maman. Autant éviter d’évoquer le sujet maintenant avec Caleb… « Mais je suis pas perverse !! Tiens, si jamais tu baves tu te démerderas ! » s’exclama-t-elle vexée en lui envoyant un torchon sur le torse. Pour la peine, elle entama le bol de tomates cerises en lui tournant à moitié le dos parce qu’il n’était décidément pas sport : ça aurait pu donner un jeu sympa. Au lieu de ça, après quelques tomates, elle prit en otage de bol de fraises histoire de les grignoter en douce.

« Décidément, ils ne feront jamais rien comme tout le monde ces deux-là… » lâchais-je avec un certain amusement car ce n’était pas banal mais bon, en même temps, ils semblaient abonnés aux situations cocasses donc j’imaginais qu’ils devaient y être habitués depuis le temps. « Et voilà qu’elle râle maintenant. Tu sais qu’il n’y a rien de dégradant d’avoir des pensées perverses envers son mari ? Parce que sinon, je serais dans la merde vu tout ce qui me passe par la tête dès lors que je pense à toi » soupirais-je en levant les yeux au plafond. « Tu vas faire la gueule toute la soirée ou tu comptes au moins me faire face pour manger car quitte à bouffer dans l’indifférence, je peux toujours aller me faire un restau » râlais-je en même temps, c’était elle qui parlait de léchouiller mon torse alors si elle assumait pas ses paroles, ce n’était pas mon problème. Thaïs oubliait un peu que j’avais une patience très limitée ces derniers temps et qu’il valait peut-être mieux éviter les tensions sinon autant que je me tire direct pour nous épargner une énième dispute.

« C’est pour ça qu’ils vont bien ensemble ! » nota Thaïs avec une large dose d’amusement dans la voix. Sauf que son sourire quitta rapidement son visage face à sa dernière remarque. Si elle boudait sans méchanceté ou idée mal placée, sa phrase venait de la refroidir considérablement. « Un restaurant, vraiment ? » lança-t-elle sans brutalité mais plutôt une large part d’incrédulité dans ses traits et le ton de sa voix. « Je faisais de l’humour je te tournais à peine le dos et je t’ai tourné la langue, je ne te faisais pas une scène et ne faisait pas la gueule ! » se défendit-elle aussitôt en fronçant les sourcils, ne sachant guère comment prendre sa dernière remarque. Thaïs n’avait aucune envie qu’ils s’engueulent ou s’affrontent alors que Caleb partait le lendemain matin mais il n’était pas question pour autant qu’elle courbe l’échine et lui baise les pieds sans raison. « Apparemment ce ne sont pas des idées perverses qui t’ont traversé la tête… alors quoi je plaisante et tu veux juste te barrer pour te faire un restau tout seul ? Mais qu'est-ce que tu veux que je réponde à ça, au juste ? Quelque chose me dis que je vais avoir la mauvaise réponse à tous les coups. »

Je sentais l’énervement me gagner et j’essayais vraiment de me contenir. Je savais que ce n’était pas Thaïs qui était en faute mais ma tête n’arrivait pas à imprimer alors je me levais pour aller dans la salle de bain, me passant de l’eau froide sur le visage. Merde, je pensais pourtant avoir le temps de passer une soirée et une nuit tranquille auprès d’elle mais le manque commençait à se faire déjà sentir et il m’était difficile de contenir cette nervosité. Je pris une grande inspiration, me mouillant à nouveau le visage et la nuque comme pour me rafraichir mes idées pour mieux revenir vers ma femme. « Désolé. Je crois que je ne suis pas encore apte aux taquineries de ce genre. Je pensais l’être mais j’ai encore du mal et ça me dézingue. Tu n’as rien fait, c’est juste que je vais commencer à ressentir le manque. Pour le moment c’est jouable mais je crains d’être un peu d’avoir les nerfs en pelote et je risque d’être assez lunatique… Si tu veux que je m’en aille, je comprendrais » murmurais-je en ouvrant la bière que j’avais pris en revenant de la salle de bain histoire de m’occuper les mains et surtout éviter de sortir des conneries.

Autant dire que Thaïs ne fut pas rassurée de le sentir se lever pour aller dans la salle de bain car il ne lui fallut guère de temps pour additionner a+b : le manque devait parler, comme la dernière fois, sauf que cette fois-ci il n’avait pas fait preuve de violence. Il lui confirma d’ailleurs ce qu’elle craignait et la jolie blonde poussa un soupir tout en déposant le bol de fraises sur la table basse, lui ôtant quelques secondes sa bière des mains pour mieux se placer à califourchon sur lui et l’embrasser avec tendresse. « Arrête de dire des bêtises, je n’ai pas envie que tu t’en ailles… en théorie je voudrais que tu ne t’en ailles jamais mais ce n’est pas possible alors je voudrais que l’on essaye de profiter de cette soirée » avoua-t-elle en caressant ses joues après avoir pris son beau visage en coupe. « Je vais éviter de faire de l’humour de chiotte… et si jamais tu sens que c’est insupportable et que tu veux partir, tu n’auras qu’à me le dire » fit-elle avec émotion mais sans trace de peur qui soit dans ses gestes ou dans ses yeux. Elle lui souriait même pour le rassurer. « Je t’aime Caleb… »

S’il n’y avait pas eu de danger pour Thaïs, je serais resté mais comment protéger la femme que vous aimiez si c’était vous le principal problème ? Je devais m’éloigner d’elle le temps de me soigner pour mieux revenir en force. Je savais très bien que je n’oublierai jamais par quoi nous venions de passer, cela me marquerait toute ma vie au fer rouge mais je voulais croire à ses douces paroles seulement le venin de la culpabilité me poussait à les nier. « On peut essayer de faire ça » soupirais-je en posant mes mains sur ses hanches, répondant doucement à son je t’aime par un « moi aussi » tout aussi sincère. Je voulais croire avec tellement de force qu’elle n’avait pas peur mais je n’arrivais pas à garder la tête froide. De tout de manière, j’étais bon pour une fièvre carabinée car mon corps finirait fatalement par se jeter dans une bataille sans merci contre le manque de médicaments. « J’aurais aimé t’épargner cette facette de ma personnalité et crois-moi, je veux réussir à me contrôler pour passer cette dernière nuit à tes côtés seulement j’ai une trouille monstre Thaïs »