(+ Caleb) this is a complete nightmare...

Thaïs se serait bien vue rester éternellement entre les bras de Caleb, où elle se sentait enfin à sa place et en sécurité. Ces mêmes bras puissants l’avaient toujours protégée et pourtant, c’est une voix totalement inconnue à ses oreilles qui la fit sursauter et s’écarter de ces derniers. Cela sonnait comme un glas d’adieu, surtout que Caleb n’avait pas répondu à sa question et cela la tuait sur place. Thaïs ne voulait pas être seule dans un grand appartement vide, elle savait que tout risquait de lui rappeler son mari et de l’oppresser plus qu’autre chose. « Je ne veux pas… » articula-t-elle premièrement, sans quitter une seconde les bras du jeune homme où elle se sentait si bien… « Accorde-moi juste une nuit. Une nuit dans tes bras et après je te laisserai partir… je ne sais pas si tu vas me revenir un jour et je n’ai pas envie de revenir dans l’appartement si tu n’y es pas… ton odeur est partout… »

Je lançais un regard dans le rétroviseur, croisant celui de Nicolaï. Il me laissait le choix et je ne savais pas quoi répondre à ma femme. Je savais que si je passais la nuit auprès d’elle, je perdrais toute motivation à moins de m’arracher comme un voleur et partir durant le peu de temps où elle dormirait. « D’accord… Juste une nuit et je repartirai mais tu dois me promettre que tu ne te mettras plus en danger ok ? » lui demandais-je de me promettre tandis que Nicolaï prenait la direction de notre appartement. Je profitais du peu de temps de voyage pour déposer un baiser sur sa joue. « Je te présente Nicolaï, le meilleur ami de ton père et celui qui m’a sauvé la première fois que j’ai plongé. Tu avais raison, je me droguais et je continue mais j’essaie d’arrêter définitivement mais je ne pourrais pas le faire si je reste » murmurais-je avant que la berline ne se gare devant notre immeuble. « Viens… Nous avons une longue journée et nuit devant nous » lui dis-je en la faisant quitter la voiture.

Thaïs ne savait pas si Caleb allait accepter mais elle l’espérait de tout son cœur car dans le cas contraire, elle ne savait pas bien ce qui lui donnerait la force de continuer. Elle avait besoin de passer un moment avec lui, si bref soit-il, pour balayer tous les mauvais souvenirs de leur violente altercation… « Je suis enchantée Nicolaï et… je vous remercie pour lui » fit-elle sincèrement, les yeux humides d’émotion tandis qu’elle restait aussi digne que possible bien que son cœur s’emplisse actuellement d’une chaleur proprement indescriptible. Ce fut plus vrai encore une fois qu’ils furent protégés par leur appartement et qu’elle put enfin s’exprimer sans crainte d’être écoutée. « Je te promets d’être aussi sage qu’une image, de veiller sur le bébé et sur moi si tu me promets de tout faire pour me revenir. Je tiendrais le temps qu’il faudra et tu resteras avec moi d’une certaine façon car ce bébé, c’est une partie de toi. Caleb je ne t’en veux pas… je ne t’en veux pas et je crois en toi » fit-elle en déposant un baiser léger comme une brise contre ses lèvres.

« De rien, ce gamin a juste besoin d’être recadré mais si vous pouviez éviter de toucher mot quant à ma participation à votre père, je crains qu’il le prenne mal » s’exprima-t-il avec un léger sourire dans la voix. Samuel ne pouvait pas se passer de lui alors inutile de dire que Nicolaï ne serait pas inquiété si jamais Thaïs vendait la mèche mais je me fichais bien du cas de mon beau-père, seule Thaïs comptait à l’heure actuelle, elle et notre bébé. En rentrant dans notre appartement, je me sentais presque comme un étranger, observant les dégâts que j’avais causé lors de ma précédente colère. « Attends.. » lui demandais-je avant de glisser hors de mon doigt mon alliance pour la glisser dans la paume d’une de ses mains. « Je reviendrai la chercher alors prends en soin… Je ne sais pas si j’arriverai à me pardonner pour ce que j’ai fait et ce que j’ai failli faire. Si je t’avais perdu, je ne m’en serais jamais remis » lui dis-je d’une voix douce en caressant sa joue du bout des doigts. « Je t’ai dit des horreurs, je voulais te faire mal pour que tu comprennes la douleur que je ressentais mais si tu savais combien je me dégoute, combien je me hais »

Thaïs recula de quelques millimètres le temps que Caleb ôte son alliance et ne la lui mette entre les doigts. L’espace de quelques instants, elle lui lança une expression horrifiée qui s’adoucit aussitôt à l’entente de ses mots. Mieux, après son discours, elle décrocha une très fine chaîne se trouvant autour de son cou pour y glisser l’anneau et le cacher à l’intérieur de son décolleté. « Comme ça tu seras toujours avec moi tout contre mon cœur… tu auras une raison de revenir plus vite comme ça » reprit-elle, le cœur au bord des lèvres avant qu’elle ne s’empare de son visage en coupe en espérant lui ôter ainsi un peu de sa culpabilité. « Je sais… je l’ai compris après. Mais je ne savais pas quoi faire, quoi dire, j’étais littéralement impuissante… je sais que Nicolaï va t’aider là où moi je ne le peux pas. Mais ne te hais pas je t’en prie… tu es mon mari Caleb, l’homme que j’aime, la lumière de mes jours et de mes nuits, l’air que je respire. Si tu arrives à te battre pour nous ça n’aura pas servi à rien parce qu’il y aura une chance que tu te débarrasses de tout ça. Mais… est-ce que tu veux bien choisir un prénom avec moi ? Je veux dire… si tu ne peux pas revenir avant que… enfin… je voudrais l'appeler Mallory si c'est une fille, comme ma maman. »

J’eu un sourire quand elle rangea mon alliance dans son décolleté. L’homme en moi, le mari, ne pouvait trouver que cela très tentant mais le paumé, le junkie, n’y voyait là qu’un moyen comme un autre de se donner une raison, une motivation pour s’en sortir. « Tu as toujours été la raison de toutes mes joies alors pourquoi pas celle de ma rédemption » murmurais-je sans trop y croire. J’avais échoué déjà une fois, qu’est-ce qui me prouvait que j’allais pouvoir réussir cette fois-ci ? Que j’allais pouvoir m’en sortir et reprendre une vie normale après tout cela ? J’en doutais mais je voulais y croire pour elle. « Je vais essayer mais je ne te promets rien. Je ne sais même pas combien de temps il me faudra pour me soigner »soupirais-je avant de la conduire sur le canapé pour l’y asseoir, m’installant de sorte qu’elle puisse venir s’allonger tout contre mon torse, entre mes jambes. J’aimais bien cette position, elle me donnait l’impression d’être son roc mais également de la protéger. « Mallory ? J’aime ce prénom… Pour un garçon, j’aimerai l’appeler Raffael… Ce prénom représente beaucoup pour moi… Le pire de ma vie, mon cauchemar alors je veux pouvoir exorciser mes démons en permettant de donner un sens autre à ce prénom. De tout de manière j’ai toujours voulu une fille alors l’histoire de ce prénom masculin, c’est juste histoire de »

Thaïs avait pleinement conscience que Caleb risquait de vivre l’enfer et c’est pour cette raison aussi qu’elle refusait de lui en vouloir : il allait bien assez en baver sans qu’elle n’en rajoute une couche maintenant. « Je ne sais pas combien de temps cela va te prendre mais… j’espère juste que tu seras là le jour J. Je sais, c’est affreusement égoïste… » Mais Thaïs balisait bien au-delà des mots à vrai dire. Il s’agirait d’une épreuve de force et en théorie, il était censé être là, à lui serrer la main, à s’émerveiller avec elle face à la naissance et à l’encourager pendant l’épreuve. Mais il n’était pas dit que ce soit le cas… « Raphaël, c’est magnifique… je suis tout à fait pour, mais quelle est l’histoire autour de ce prénom ? Tu n’es pas obligé de me répondre mais j’aimerais bien savoir… en espérant que tu ne seras pas trop déçu si c’est un garçon et pas une fille ! Dis-moi, quand je saurais le sexe du bébé… est-ce que tu voudras que j’appelle Nicolaï et que je lui fasse passer les clichés de l’échographie ? » lui demanda-t-elle, même si cela la tuait de se dire qu’il ne serait pas là pour cet épisode non plus. Ce fut sans doute ce qui la fit se blottir plus encore contre lui. « Je t’aime Caleb… »

« Je ne raterai ce moment pour rien au monde ! Je serais là pour la naissance de notre enfant et je ferais en sorte d’être de retour le plus rapidement possible » tentais-je de jongler entre le désir de lui faire la promesse et celle de me montrer prudent pour ne pas la décevoir. Malheureusement comme je le pensais, Thaïs voulait connaitre un peu plus concernant le choix de ce prénom. Je soupirais en me relevant même si elle venait de se blottir contre moi. Je glissais simplement un baiser sur son front avant de commencer les cent pas. « S’il te plait, ne m’interrompt pas car ce que je vais te confier, seules deux personnes sont au courant de cette histoire. » commençais-je en prenant une grande inspiration. « Pour info… je t’aime et je tâcherai d’être présent pour les échographies… Je n’ai pas l’intention d’être totalement absent de ta vie.. Bon allez, pour en revenir à cette histoire, Raphaël était mon meilleur ami à cette époque, fils d’un ambassadeur comme moi, nous passions notre temps ensemble. La version courte c’est que son père abusait sexuellement de lui et que j’en ai fait les frais également. Raph’ s’est suicidé et après mon accident, personnellement, je me suis réfugié dans la drogue pour oublier. Fin de l’histoire. Mes parents ne sont pas au courant, je ne pouvais pas le leur dire. Je pensais sincèrement en avoir fini avec cette histoire de dépendance alors quand j’ai eu mal au genou, j’ai naïvement pensé que je pourrais reprendre quelques jours des antidouleurs mais il était encore trop tôt. »

Thaïs esquissa un petit sourire attendri alors que Caleb tentait de lui promettre d’être là le jour J. « Je l’espère de toutes mes forces… » avoua-t-elle car la jolie blonde aurait bien du mal à trouver la force nécessaire pour mettre au monde leur enfant s’il n’était pas là pour la soutenir, l’épauler et s’émerveiller avec elle du miracle de la vie. « Tu feras comme tu peux pour les échographies » reprit-elle avec l’intention bien arrêtée de lui transmettre autant d’infos que possible par le biais de Nicolaï pour qu’il pense avant tout à se soigner et pas au reste. De toute façon, le reste lui sembla bien lointain lorsqu’elle apprit de la bouche de son mari un pan extrêmement sombre de son passé. Son premier réflexe, à la fin, fut de le serrer contre elle aussi fortement que possible, dans l’espoir qu’elle prendrait au moins un peu de sa peine. « Je ne peux pas savoir ce que ça fait vraiment vu que moi j’ai eu la chance de pouvoir assommer mon « père d’adoption » lorsqu’il a voulu tenter la chose mais si tu savais comme je voudrais te prendre toute ta peine pour qu’elle ne pèse plus sur tes épaules… je te remercie de la confiance que tu places en moi, ça me touche à un point que je ne saurais décrire » fit-elle non sans lui offrir un baiser des plus tendre la seconde qui suivit.

« Je serais là. Il n’y a rien sur Terre qui m’empêchera d’assister à la naissance de notre enfant » lui assurais-je et j’étais prêt à tout et n’importe quoi pour avoir le droit d’assister à ce miracle même si je sentais que convaincre mon beau-père n’allait pas une chose aisée. Il me connaissait trop bien, il avait vu le pire quand sa fille avait vu le meilleur de moi. L’un dans l’autre, je devrais faire mes preuves et cette pression me déstabilisait moi qui était pourtant un compétiteur, un homme qui ne vivait bien que sous pression. Du moins, tant qu’elle était saine. Cependant, me confier à ma femme sur la partie la plus sombre de mon existence n’était pas quelque chose d’aisée mais j’y parvins jusqu’à sentir les bras de Thaïs m’entourer pour me serrer contre elle. « J’ai fait le deuil de ce passé, il ne m’atteint plus mais comme il est à l’origine de mon passé de junkie, je me devais de te le dire pour que tu comprennes. C’est de l’histoire ancienne, je vais bien et j’irais mieux dans quelques semaines… J’aimerai sincèrement pouvoir te faire oublier le monstre que tu as vu… J’aimerai pouvoir dire que ce n’était pas moi mais ce serait mentir, il fait partie de moi » murmurais-je avant de reprendre ses lèvres dans un baiser affolant de tendresse comme pour chasser définitivement le spectre de la violence que j’avais fait naitre dans notre couple.