« Ben il y a peut-être un peu des deux ! Mais c’est pas un crime… » protesta-t-elle mollement sans pouvoir s’en empêcher car quoi qu’elle en dise, cette histoire l’avait salement retournée. C’était plus fort qu’elle, Thaïs voulait profiter au-delà des mots d’une nuit sulfureuse et tendre à la fois en présence de Caleb. « Non mais je me soucie de ton bien être amour !! » reprit-elle avant qu’il ne la soulève pour son plus grand bonheur avant de la déposer entre leurs draps où elle n’avait plus dormi une seule nuit depuis leur si violente altercation. « J’adore que tu m’appelles ma princesse… mon prince ! » Thaïs fit souplement tanguer son corps pour inverser les rôles et ne manqua pas d’ouvrir violemment la chemise de Caleb pour mieux déposer son torse. Ses gestes étaient tendres et passionnés à la fois, tant et si bien que la ceinture et le pantalon de l’allemand ne firent pas long feu sous ses doigts, bien que ce n’était rien comparé à la torture qu’elle lui fit bientôt subir…
Autant dire que je lui prouvais par A+B qu’elle n’avait aucune inquiétude à avoir sur ma sexualité et le désir qu’elle m’inspirait car nous nous donnions l’un à l’autre avec passion mais également cette tendresse qui nous faisait cruellement défaut depuis plus de quinze jours. Je me sentis tellement revivre dans cette étreinte que je me doutais que la quitter serait un crève-cœur. Seulement, je devais le faire, pour elle, pour nous mais aussi pour moi-même. Je devais combattre cette addiction et je n’y arriverai pas si je n’étais pas encadré. Or, Thais ne pourrait pas à la longue me supporter en cas de manque car là, j’étais plus ou moins chargé mais quand viendrait le manque… Je craignais de retomber dans mes travers les plus avilissants et je ne pouvais l’accepter. J’avais déjà failli la perdre une fois pas deux. « Rassurée ? » grognais-je de plaisir tandis que je m’écroulais à ses côtés en l’attirant dans mes bras. « Tu veux que je nous prépare de quoi manger histoire de reprendre des forces non parce que je veux bien continuer de te prouver combien je suis fou de toi et de ton corps ! »
Caleb ne pouvait pas savoir à quel point cette étreinte des plus endiablées faisait un bien fou à Thaïs car non seulement il la rassurait mais en prime, il lui donnait par ce biais le courage de patienter en son absence. L’un dans l’autre, c’était loin d’être négligeable. « Rassurée… » avoua-t-elle en esquissant un petit rire cristallin, se blottissant entre ses bras pour profiter de sa chaleur, de sa présence, de tout ce qui risquait de lui manquer atrocement en son absence. « Je veux bien un petit encas, j’avoue ne pas avoir mangé depuis des heures avec tout ça et ce n’est pas bien pas bien du tout ! Je sais tu as tous les droits du monde de crier… puis après j’ai envie de profiter de toi dans tous les sens du terme. Ça me donnera du courage et qui sait, peut-être de la patience. D’un côté je me dis qu’il faut que je sois entourée mais de l’autre je n’ai pas envie comme la pauvre petite enceinte qui est esseulée ! » fit-elle non sans caresser sa joue, refusant de cesser de le toucher. Elle en avait maladivement besoin à vrai dire.
Mission accomplie. J’avais réussi à la rassurer mais également à me rassurer moi-même car je craignais beaucoup cette cure. Je savais que j’allais souffrir car psychologiquement, la douleur allait se répercuter dans mon genou. Je me connaissais suffisamment bien pour anticiper mes conneries même mentales. « Je ne vais pas te jeter la pierre, je n’ai pas avalé grand-chose ces derniers jours mais promets-moi que durant mon absence, tu prendras soin de toi. Je pourrais pas me soigner si je m’inquiète constamment pour toi et égoïstement, je veux être sûre que tout ira bien » commençais-je en posant ma main sur la sienne, déposant un baiser au creux de celle-ci. « Ne t’enferme pas dans ton coin, vois du monde, sors, profite de la vie et si tu as besoin, tu appelles. Je vais te programmer sur ton téléphone, la ligne personne de Nicolaï comme ça, tu pourras toujours me joindre ou au moins me laisser un message pour que je te rappelle » soufflais-je en déposant un léger baiser sur ses lèvres pour mieux m’extirper du lit histoire de nous faire un plateau repas digne de ce nom.
« Je te le promets » furent les premières paroles de Thaïs pour rassurer Caleb sur le fait qu’elle comptait bien s’alimenter et ne pas se laisser abattre malgré sa tristesse ou le manque qu’elle allait très certainement ressentir face à son absence. « Mais il faut que tu me le promettes aussi ! Sinon je vais m’inquiéter comme une folle bon déjà qu’il y a un terrain favorable… je ne compte pas me laisser abattre je te rassure, surtout pas alors que je ne suis pas toute seule dans l’équation et puis si je vais bien je sais que cela t’aidera de ton côté. » Ceci étant, même rester une seconde loin de lui le temps qu’il prépare le plateau repas lui semblait impossible. Elle entoura son corps nu du drap présent sur leur lit avant de se rapprocher silencieusement. « Quand tu seras de retour… tu accepteras que l’on fasse quand même notre cérémonie de mariage ? » demanda-t-elle d’une voix presque suppliante.
« Parce que tu crois que le russe va me laisser le choix ? Il serait capable de me mettre un entonnoir dans la bouche pour me gaver comme une oie ou me donner la bectée » grimaçais-je un semblant de sourire car Nicolaï pouvait être très con quand il se voulait et je savais qu’il ne me laisserait pas dépérir. Il avait toujours été ultra protecteur à mon égard que l’on soit ensemble ou pas. « Oui, te savoir bien m’aidera en effet beaucoup car je sais que tu ne vas pas quitter mes pensées. Durant ces quinze jours, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à toi, d’attendre sagement que tu sortes pour te suivre comme ton ombre et veiller sur toi. Tu m’as fait de belles frayeurs mais pas autant celle de te voir prête à sauter du pont » soupirais-je en l’embrassant. C’était une image que je rêvais d’oublier. Je me levais donc pour aller nous préparer un festin de roi quand je la sentis arriver dans mon dos. Je me retournais vers elle, la contemplant. « Je n’avais pas dans l’intention de l’annuler mon petit bourgeon en fleur »
« Je connais une autre russe qui risque de me menacer de me flanquer deux ou trois jours à l’hôpital pour me faire manger comme il faut si je joue au con » soupira aussitôt Thaïs, sachant pertinemment que sous des airs extraordinairement sérieux, Anna était une redoutable maman poule, peut-être même pire que Samuel et dieu sait combien il y avait du niveau dans le genre. « Ben… je suis maladroite, tu me connais, je te fous tout le temps les jetons mais le pont bah… je savais plus quoi faire pour que tu me reviennes » avoua-t-elle non sans soupirer et placer le drap qu’elle portait en sorte de « robe bustier », car épaules couvertes elle avait bien trop chaud. « J’adore quand tu m’appelles comme ça mon chou à la crème chantilly… je sais que tu ne veux sûrement pas l’annuler mais j’avais juste besoin de l’entendre. J’ai envie de me dire que tout n’est pas si noir, tu comprends ? »
« Je crois que nous sommes cernés par des russes tyranniques » lâchais-je avec amusement avant que je ne lui demande de se montrer prudente. Bien sûr comme le disait si bien Thaïs, elle était maladroite de nature et je crois que je n’étais pas au bout de mes peines à ce sujet. « Ne recommences plus jamais ça » grognais-je néanmoins à son attention. Hors de question qu’elle recommence à jouer à la roulette russe avec sa vie. Je n’arrêtais pas de me dire que si je ne l’avais pas surveillé aujourd’hui, elle aurait pu m’être arrachée. J’en frissonnais d’horreur. « Je comprends, ne t’inquiète pas. Notre mariage du moins la version officielle tiendra ses promesses et je ferais en sorte d’être soigné. Je ferais tout pour te faire oublier ces semaines d’enfer mais aussi mes mots… Je m’en veux tellement si tu savais » soupirais-je en arrêtant de beurrer la tartine que je tenais dans la main. Je me dégoutais et sûrement me faudrait-il encore des années avant de me pardonner.
« Le pire, c’est que je suis sûre qu’ils s’entendaient à merveille si on les mettait dans la même pièce ! J’entends ça évidemment d’un point de vue amical, pas envie qu’Anna m’arrache la tête, elle a de ces poussées d’hormones… je suis un ange à côté » avoua-t-elle car son amie de toujours lui foutait réellement les jetons en ce moment. Pas pour rien que Thaïs n’avait pas nécessairement envie de tenir la chandelle chez son père actuellement. « C’est promis… pardon de t’avoir fait si peur » reprit-elle avant de tout bonnement se glisser contre son dos puissant, respirant son odeur délicieuse en sachant que très vite, elle allait devoir vivre sans tout ce qu’elle aimait tant chez Caleb. Que son absence allait être rude à supporter… « Nous sommes mariés quoi qu’il arrive, alors la cérémonie peut attendre, je voulais juste savoir si tu le souhaitais toujours autant que moi. Quant à ce qui s’est passé je n’ai pas vraiment envie d’y penser. Je ne veux pas me souvenir de ce que j’ai entendu ou de ce qui s’est passé après… même si je sais que ce n’était pas mon mari qui parlait mais les médocs. »
« Je pense que c’est surtout ton père qui risquerait de faire la gueule si jamais Anna tombait sous le charme de Nicolaï car je pense pas que Nico la trouverait à son goût. Il est trop amoureux de sa défunte épouse pour tomber sous le charme d’une autre femme » répondis-je dans un léger sourire avant que la discussion ne devienne un brin moins légère en abordant notamment le sujet de sa tentative de suicide. Je déposais une main sur une des siennes se trouvant sur mon ventre avant de reprendre la confection de notre encas, l’écoutant dans un silence quasi-religieux. « Nous nous marierons à nouveau en présence de nos amis les plus proches… pour le reste, j’espère qu’un jour tu pourras effectivement l’oublier. Personnellement je suis tenté d’en faire de même et de garder cela en mémoire. Je ne veux pas oublier le mal que je t’ai fait car cela serait faire comme si rien n’était arrivé. Que ce soit parce que j’étais en manque ou pas, je n’avais pas à te parler ainsi ni même à te traiter de cette façon »
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