(+ Caleb) this is a complete nightmare...

« Connaissant les goûts d’Anna comme je les connais j’peux te dire que ce n’est pas son genre non plus. Elle détesterait quelqu’un qui lui ressemble… » Or, dans la famille aimable, je voudrais Anna quand elle est mal lunée. Le problème, c’est que c’était très, très régulier. Puis de toute manière personne ne parlait de voler la femme de personne, la jolie russe aimant bien trop Sam pour se laisser avoir par une entremetteuse quelconque. « J’ai hâte que ce jour arrive… » avoua-t-elle tout en lovant précautionneusement sa tête contre son omoplate, ne pouvant atteindre son épaule ou son cou en étant ainsi pieds nus sans talons. « Je n’ai pas envie de regarder le passé mais plutôt vers l’avenir parce que… je sais que j’étais à deux doigts de partir à ce moment là. Tu m’as vraiment foutu les jetons outre tes paroles et tout ce que je peux espérer c’est que tu ne pensais pas vraiment ça de moi. Je voulais fuir les blessures que tu m’infligeais, ta colère mais surtout, surtout je voulais protéger le bébé qui lui reste sans défense. » Bien que Thaïs n’ait pas de défenses extraordinaires pour autant. « Tu crois que je devrais remplacer l’écran plasma ? »

L’un dans l’autre la question n’était pas de faire un échange de couple et pour tout dire, je me fichais bien de qui couchait avec qui tant que Thaïs n’était pas concernée. Je n’avais jamais été très curieux là-dessus peut-être mise à part avec mes proches comme Aidan et Eventine mais c’était surtout parce que je désirais les savoir aussi heureux que je ne l’étais ni aux prises d’une quelconque intrigante. « Demain arrivera bien plus tôt que tu ne le penses » m’amusais-je à parodier une phrase d’un film que j’avais vu très récemment mais je n’étais même pas certain d’avoir les bonnes paroles. Bref, peu importe. « Je le remplacerai après tout, c’est de ma faute s’il est dans cet état. Thaïs… Ne me cherche pas d’excuse surtout. Je ne suis pas gentil et malheureusement, tu en as eu un aperçu. Je sais faire mal aux gens et quand je suis en colère, c’est ce que je fais, je tape où cela fait vraiment mal et je n’ai eu aucun scrupule à le faire avec toi. Je ne dis pas que je pensais mes propos, ce qui n’était pas le cas. Je veux juste que tu gardes à l’esprit que je suis aussi cet homme. Si tu ne m’avais pas retenu ce soir, j’aurais fini par demander le divorce pour vous protéger tous les deux. »

« J’ai envie de le croire… » Thaïs voulait se dire que le bout du tunnel arriverait à un moment donné bien qu’il lui faudrait potentiellement faire preuve d’une patience dont elle était loin d’être dotée en temps normal. Hélas, la discussion ne manqua pas de prendre une tournure qui n’était ni plaisante ni facile et bien que la jolie blonde ait conscience qu’il leur faille vider leur sac aussi bien que l’autre pour pouvoir avancer, ses mots l’effrayèrent. « Tu… tu voulais divorcer ?! » s’étrangla-t-elle à moitié tant elle ne l’avait pas vue venir celle-là. Thaïs pensait, naïvement sans doute, qu’il allait s’éloigner, se soigner, se remettre les pendules à l’heure puis revenir vers la famille qu’il était en train de construire avec l’irlandaise. C’était-elle trompée ? « Personne n’est parfait et tout le monde a sa part d’ombre Caleb. Si j’avais encore la vue pas sûr que tu me verrais de la même façon ou même que tu serais tombé amoureux de moi mais je n’aime pas entendre que si moi je ne m’étais pas battue tu aurais juste… renoncé. On fait tous des erreurs et que je sache, je suis encore en vie, le bébé aussi, pourquoi ne pas surtout s’attarder là-dessus ? » fit-elle en s'écartant légèrement sous le choc.

« Oui » répondis-je en toute honnêteté. J’avais réellement songé au divorce comme seule solution. Je m’étais promis que la violence que je gardais en moi resterait justement en moi mais j’avais échoué et mon passé de junkie s’était à nouveau imposé à moi. Je n’avais vraiment rien du mari parfait. Thaïs ne comprit pas et la sentant s’éloigner de moi, je me retournais pour mieux la ramener dans mes bras. « Thaïs.. J’ai failli te tuer avec le bébé, pensais-tu sincèrement que je n’aurais pas songé à l’éventualité de vous protéger en partant ? Je ne dis pas que c’était la meilleure des solutions mais je me rappellerai toujours des mots du médecin. A cinq minutes près, je te perdais totalement et j’aurais dû vivre avec ta mort sur la conscience. Je ne pouvais pas revenir la bouche en cœur en te disant : chérie, me revoilà, je vais mieux. Bon, tu veux manger quoi ce soir ? J’en étais incapable » soupirais-je « Mais quand je t’ai vu prête à sauter de ce foutu pont, j’ai compris que divorcer ne changerait rien. Je ne pouvais pas te fuir éternellement ni même fuir mes responsabilités. Je t’aime et une vie sans toi, cela reviendrait  à me condamner à l’enfer. Je pensais simplement te libérer mais surtout, je pensais que tu me haïssais »

Thaïs n’avait eu qu’un mouvement de recul mais très vite, elle sentit les bras puissants et protecteurs de Caleb se refermer sur son corps, la poussant à fermer les yeux pour laisser ses paroles la posséder entièrement au même titre que sa chaleur. « Promets-moi que quoi qu’il advienne, tu ne partiras plus jamais loin de moi… je préfère que l’on fasse face aux problèmes ensemble plutôt que tu m’exclues de ta vie sous prétexte de me protéger » reprit-elle en laissant les larmes couler le long de ses joues, maudissant certes cette ultra sensibilité due à sa grossesse mais non sans entourer à son tour son corps de ses bras frêles bien qu’assurés cette fois-ci. « Caleb mais comment j’aurais pu te détester alors que tu représentes ce qu’il y a de mieux dans ma vie ? Tu as des démons je l’ai compris et je ne dis pas que tu ne m’as pas blessée mais… vivre sans toi serait me tuer à petits feux et je ne veux pas de cette vie là. Je préfère ne pas la vivre tout court. »

Serrer Thaïs dans mes bras était un acte naturel. J’avais souffert mille et une douleurs à sentir ce vide contre moi, ce froid. J’avais tellement besoin d’elle que lui promettre de ne plus m’éloigner était quelque chose de fondamentalement normal. « Je te le promets… Je ne partirai plus jamais loin de toi. Je sais que j’ai eu tort mais sur le coup, cela m’était apparu presque obligé tant j’avais eu peur. Tu n’imagines pas combien cela a été dur de s’entendre dire que le bébé et toi auriez pu m’être enlevé parce que je n’étais qu’un connard de junkie irresponsable » murmurais-je en la berçant contre mon torse nu. « Ne dis pas cela, tu es bien plus forte que tu ne laisses l’entendre… Quoiqu’il arrive, je veux que tu vives, que tu prennes soin de notre enfant mais j’ai envie de croire que tout ira bien. Le cynique en moi a juste envie de se la fermer » ricanais-je doucement avant de sécher ses larmes en embrassant ses joues. « S’il te plait, ne pleure plus à cause de moi »

« Tu as mis le doigt dessus : tu étais. Et je te pardonne mille fois parce que justement, maintenant tu te bats pour toi, pour nous, pour notre famille. » Thaïs n’avait jamais été fanatique du fait de regarder dans le passé, surtout pas alors qu’il ne pouvait être changé. Elle voulait en revanche que Caleb soit capable de regarder dans la même direction elle, vers l’avenir, en se souvenant que dans quelques mois cet épisode désastreux serait derrière eux, à plus forte raison lorsqu’ils tiendraient leur enfant dans leurs bras. « Tu as tort Caleb j’étais peut-être forte avant mais là, j’ai l’impression d’avoir besoin de toi pour tout et je ne veux pas élever notre bébé seule, je veux que tu sois là avec moi, que tu t’émerveilles de ses petites mains potelées, que tu me dises à qui il ressemble le plus et je veux que tu me tiennes la main quand je vais me faire opérer. C’est comme ça que c’est censé se passer » reprit-elle pour mieux fermer les yeux un instant alors qu’il séchait peu à peu les larmes perlant encore contre ses joues. Bientôt, Thaïs se pencha pour l’embrasser comme si sa vie en dépendait, et comme si elle avait besoin de cet oxygène. « Je te promets d’essayer de ne plus pleurer si tu tiens ta promesse car souviens-toi, tu dois venir me réclamer ton alliance… »

« Je ne sais pas comment tu fais pour me pardonner aussi facilement mais je ne vais pas m’en plaindre » lâchais-je avec un brin d’amusement dans la voix. Une petite touche d’incrédulité également. Thaïs ne ressemblait à aucune autre personne et des fois, je m’émerveillais de ses réactions pour mieux en craindre certaine. Elle m’aimait avec tellement d’abnégation qu’il m’arrive de me dire qu’il pourrait aisé de lui faire faire tout et n’importe quoi mais j’étais un homme d’honneur et je respectais son amour car je savais que la réciprocité était là. Elle pouvait également tout me faire faire. « Et je serais là, je n’échangerai ma place pour rien au monde et je plains le pauvre malheureux qui voudra tenter le coup car il risque d’avoir plus mal que l’écran plasma » rétorquais-je cette fois-ci avec plus de légèreté. Thaïs pansait mes blessures mieux que personne et me dire que demain matin, il me faudrait la quitter me brisait le cœur par avance. « Deal. Allez, laisse-moi finir de te préparer cet encas sinon tu vas rester l’estomac vide ! » marmonnais-je signe que j’avais atteint ma dose de sentimentalité. L’ours était de retour.

« Je ne pourrais pas vraiment me considérer comme ta femme si je fuyais définitivement à la première difficulté. » Pour Thaïs, l’échange des vœux à leur mariage possédait une signification toute particulière et Caleb en faisait sûrement l’expérience maintenant. Non seulement son amour pour lui la poussait aux pires folies mais elle savait qu’en le soutenant, au moins, il avait une vraie chance de se sortir du marasme dans lequel il était tombé. « Au moins j’ai une chance de ne pas te voir tourner de l’œil parce que je t’avoue que c’était un peu ma crainte… » avoua-t-elle non sans éclater de rire face à ses nouveaux marmonnements, ce changement brusque la faisait toujours marrer même si en l’occurrence, elle lui permettait surtout de se lover contre son dos. Thaïs n’avait définitivement pas envie de s’éloigner… « Ne prépare pas que pour moi hein !! Parce que toi aussi faut te remplumer tu es amaigri… si tu ne le fais pas je vais prendre exemple du Nicolaï et de tonner la becquée, fais gaffe ! Tu résisterais pas avec moi, cela dit… » Il faut dire que Thaïs avait des arguments disons de charme si tant est qu’elle veuille un jour lui « donner la becquée ».

« Je ne tourne jamais de l’œil, je suis pas comme ton père qui s’allonge dès qu’il a un ongle cassé me moquais-je gentiment de mon beau-père car en même temps, il s’était vanté d’avoir perdu connaissance à l’annonce de la venue de son petit-fils ou de sa petite-fille. Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd en tous les cas. En tous les cas, la conversation devenait un brin trop sentimentaliste à mon goût. Je n’avais rien contre parler de mes sentiments mais à petite dose sinon, je me perdais dans des questions existentielles qui n’avaient pas lieu d’être. « Je compte bien manger ! Je n’ai pas la peau sur les os non plus, j’ai encore de la marge avant de faire concurrence à Kate Moss, tu ne crois pas ? » plaisantais-je avant de terminer les tartines et me retourner vers elle. « Parce que tu serais prête à me donner la bectée ? »