DUNSTER HOUSE ✗ Hôpital Psychiatrique

Plus vite c'était fait, mieux c'était non ? Sûrement, mais là j'avais qu'une seule envie c'était de partir en courant de cette soirée. Je n'étais pas du genre extrêmement timide ... enfin si quand même; mais je n'étais pas peureux. Seulement, je détestais me donner en spectacle, m'afficher devant tout le monde. Mais bon, si dès le départ je ne me pliais pas aux règles des Dunster je savais très bien que ça n'allait pas le faire. J'avais un peu du mal à vivre en communauté, je n'étais pas du genre à avoir plein d'amis, tout un groupe; mais plutôt solitaire. Seulement, si j'étais venu en Amérique, c'était un peu pour changer de vie, il fallait donc que je change mes habitudes.
Mon Dieu son rire ... Et nous étions ridicules ? Moi, oui c'était certain, mais lui je l'aurais qualifié de tout sauf ridicule. Mais je ne pouvais pas lui répondre ça, alors avec un petit rire je dis : « Si un peu, mais on est tous dans le même sac non ? » Bon il semblait que Maxence était plutôt motivé car il rassemblait tout le monde autour de lui, moi je l'étais beaucoup moins. Le stress montait, je paniquais, mon coeur s'emballait. Et si ma putain de maladie se manifestait maintenant ? Que je faisais une crise ou pire que je mourrais comme ça devant tout le monde ? Ces questions ne faisaient qu'empirer mon stress alors j'essayais d'inspirer et d'expirer calmement dans la mesure du possible. Le seul avantage était que j'adorais le chant et que je me débrouillais plutôt bien, donc la chose serait un peu moins honteuse. Maxence me demanda si j'étais prêt, je sentais son regard sur moi. J'hochais la tête, tout en cherchant son regard mais pas trop pour ne pas qu'il l'aperçoive. Une fois légèrement rassuré, je m'obligeais à afficher un sourire, comptais jusqu'à 3 dans ma tête puis entama la ridicule hymne :
« La Dunster House est la meilleure,
Pas besoin de l'apprendre par cœur.
Les Dunsters sont grands vainqueurs
De chaque bataille et ils n'ont peur
Ni des dieux, ni des frimeurs. »
Ridicule quand tu nous tiens .. Je sentais le regard des autres étudiants et surtout de notre président et de notre vice-présidente sur nous. J'avais fini ma partie, j'étais soulagé même si je devais pas avoir la plus jolie des têtes. Je fis un petit signe au basané pour qu'il prenne la suite, l'encourageant du regard et par la pensée ... Pourquoi je le trouvais aussi beau ?

« Très bien, très bien. Pas de Clarice ce soir. »
Malicia hocha doucement la tête. Ah, il était donc pour la soirée tout à elle. Quelle joie, quel ravissement !
Son bras tenant le sien, elle le suivit sans plus dire un mot jusqu'à ce qu'il arrive dans une autre salle. Malicia dut bien avouer qu'elle se sentait perdue ici, mais n'en dit pas un mot. Il devait bien le savoir, de toute manière.

« Bienvenue dans les cuisines des dunsters. »
Oh... ils allaient donc manger directement dans la cuisine de la Dunster House ? Ca donnait un petit côté Halloween à la fête. Elle aimait ça. Toujours avec le sourire, Malicia passa la porte, et entra dans la pièce. C'était propre et rangé ici, rien à voir avec la cuisine des Mathers, où trainaient constamment des bouteilles vides et des pochoirs de drogues vide qu'on faisait passer pour des emballage de téléphone portable... Rien à en redire, les Mathers étaient des crades à n'en pas finit, et les Dunsters étaient bien élevés. Pas de quoi en pleurer par ailleurs.

Malicia observa Priape le temps qu'il sorte les ustensiles de cuisine. Deux assiettes. Deux couverts. Elle mangeait donc réellement avec lui : pas de mise en scène, et de cannibale Hannibal. La fiction s'arrêtait à cette limite. Soit. Après tout, elle n'était pas venue pour se faire bouffer le nez.

« Alors parle moi un peu de toi Malicia. Déjà tu es de quelle fraternité ? »
Malicia releva son visage, sortant de ses pensées. Parler d'elle. Oui, ça pouvait être un bon début. Prenant place, elle attendit qu'il ne la rejoigne avant de commencer.
" Et bien, d'ordinaire je traine chez les Mathers. "
C'était étrange de parler de Matherausa à Hannibal Lecter... ce qui rendait la chose aussi extraordinaire que comique. Malicia se surprit à s'empêcher de rire, et la main devant la bouche, demanda :
" Sauf que cette fois-ci, je dois dire que vous, les Dunsters, avez eu un thème qui me sciais drôlement plus. J'ai adoré. J'adore encore. "

Se caressant la lèvre, elle plongea ses yeux foncés dans ceux de Priape.
" Que nous proposez-vous à dîner, ce soir ? "

Non seulement il était amusant mais il réussissait à influencer le stress qui montait. Il nous fallait faire preuve de courage. Nous nous mîmes côte à côte, face aux quelques personnes qui daignaient regarder. Jasper venait d'entendre mon bref discours, tout comme Torrey. Me tournant vers Elyot, je remarquai qu'il était tendu. Un énième sourire en coin et il s'enclenchait. Une douce voix sortit de sa bouche et, tel un marin, je fus captivé. Il était sexuellement attirant mais également emprunt d'un charme fou. Il était drôle de remarquer à quel point un être pouvait vous pousser involontairement à vous perdre dans vos propres pensées. Son regard perçant et un signe de sa part me sortirent de ma rêverie, me faisant réaliser que je devais enchaîner. Sur ma voix rauque, je m'exécutai :

«Dunster House,
Amitié et bonne humeur.
Dunster House,
A jamais les meilleurs.
Unis dans la joie et les difficultés,
Ils ont le cœur sur la main.
Avec eux, de meilleurs lendemains
De solidarité seront assurés.»

Sur le moment, j'avais honte et je me demandais pourquoi je ne pouvais pas le chanter dans une autre langue. En français par exemple. L'anglais sonnait bien trop ridicule à mes horaires, surement car elle était ma langue maternelle. Mais j'avais terminé. Le monde semblait amusé, ne nous laissant pas dans le silence. Je me demandais ce qu'allaient bien pouvoir dire les concernés. Je regardai Elyot, souriant pleinement, soulagé.

« On l'a fait... On s'est bien débrouillé ensemble... » avouai-je avant même que je ne me rende compte que le mot "ensemble" avait un sens qui me plaisait bien. Elyot et moi avions peut-être de l'avenir car, avec un peu de chance, il est homosexuel pensais-je. Cette idée me donna des frissons tandis que je continuai de lui sourire, la tête tournée vers lui.

* n'oublions pas que le discours et donc les paroles de l'hymne sont à imaginer en anglais.

Wow .. la voix chantée de Maxence quoi .. J'étais subjugué en fait, mais réellement. C'était assez débile parce qu'il chantait une hymne assez risible, mais je pouvais pas détacher mon regard de lui, et mes oreilles ne voulaient qu'entendre sa voix. J'étais sûrement la personne qui le regardait le plus intensément de tout l'auditoire alors que je me trouvais juste à côté de lui. Lorsqu'il eût fini je repris vite mes esprits et détournais la tête pour ne pas qu'il remarque. Je ne contrôlais pas vraiment mes faits et gestes quand le brun était aux alentours; chose qui me perturbait beaucoup. Le regard de Maxence se posa sur moi et je lui souriais alors sincèrement.
C'est vrai que nous nous en étions pas trop mal sortis, et pourtant d'un coup j'avais un coup de mou. Etait-ce le mot ensemble qui me faisait cet effet ? Je n'aimais pas être associé à quelqu'un, cela signifiait bien souvent s'attacher et c'était une chose que je voulais éviter le plus possible. Ne pas m'attacher, qu'on ne s'attache pas à moi.
Après tout, pourquoi étais-je venu ici ? C'était pour accomplir cela, je devais le faire pour la Dunster House. Nous avions accompli notre tâche, je pouvais maintenant rentrer. « Oui c'est vrai ... Bon, je ... je vais te laisser Maxence ... Passe une bonne soirée. » Ma réaction était totalement étrange, j'en étais bien conscient. Mais je sentais que je devais m'en aller, il le fallait même si je ne savais pas exactement pourquoi. Je passais devant Maxence, lui fit un petit sourire désolé avant de me diriger vers la sortie de la maison. J'étais un lâche, un putain de lâche et j'en étais totalement conscient.

Oups, Maxence ne m'avait pas vue. Au fond j'étais frustrée, parce que je n'aimais pas qu'un homme, gay ou pas, me passer sous le nez sans me remarquer. Je ravalai ma fierté et finalement, le verre que je lui tendais fut pour moi, y trempant mes lèvres en regardant la salle et les invités qui s'y trouvaient. Maxence rejoignit Elyot. Ah, le bizutage. Je cherchai ma collègue des yeux, celle avec qui je devais danser, mais ne la vis pas... Je m'avançai donc vers une table et grimpai dessus, en équilibre sur mes talons et me trémoussant en rythme avec l'hymne de Maxence et Elyot. Oh bon dieu, je devais avoir l'air ridicule, avec mes vêtements d'infirmière sexy en train de remuer les fesses sur une table, à la vue de tous. Je priais intérieurement pour qu'ils aient bientôt terminé, parce que je n'aimais pas vraiment la situation. Certes je me faisais remarquer, mais paaas forcément comme je l'aurais voulu. La chanson sur la Dunster House terminée, je ne mis pas beaucoup de temps pour redescendre de la table en me planquant derrière mon grand cocktail, y trempant les lèvres quasiment jusqu'au nez. J'devrais peut-être disparaître de la salle le temps qu'on m'oublie, et revenir plus tard quand les étudiants seraient passés à autre chose.