Tout est possible ? J'aurais pas pensé non plus que j'pourrais craquer pour une autre, surtout que ça m'était jamais arrivé en dehors d'Apple, j'avais jamais aimé qui que ce soit d'autre... Mais dire que je l'avais jamais aimée, non. Je ne répondis rien, tout simplement parce que je n'avais rien à ajouter sur le sujet... Elle semblait être bien partie pour dénigrer tous nos souvenirs et c'était ce que je comptais parmi mes plus grandes peurs. Qu'elle me déteste et crache sur cette année et demi passée ensemble. Mais elle était encore sous le choc, elle était énervée... je m'attendais pas non plus à la moindre douceur de sa part. La suite de ses paroles en revanche me fit écarquiller les yeux, elle nous comparait vraiment à Ocean et elle ? C'est absolument pas comparable. Vous aviez jamais couché ensemble, tu t'es fiancée avec sans y croire et ça a jamais abouti, et t'es allée voir ailleurs parce qu'il le faisait aussi. T'as rien fait pour m'pousser à ça, c'est deux situations qui se ressemblent pas du tout. Et puis avec le temps j'en étais venu à me dire qu'elle n'aimait pas vraiment Ocean. Parce qu'elle m'avait aimé moi, et qu'elle n'avait pas été pareille avec lui qu'avec moi... ou alors c'était si faible. Alors que moi, j'l'aimais comme un dingue, prêt à me crever les yeux pour elle ou me jeter sous une voiture. Juste pour elle. Je rebaissai un peu les yeux en me mordant la lèvre, le cœur battant toujours la chamade. Vous êtes tellement différentes, c'est juste... pas pareil. Ugh. J'm'enfonçais là non ? Je me mordis la lèvre plus fort, me maudissant intérieurement. Pourquoi fallait qu'on se retrouve dans une telle situation ?

J'aurais jamais pensé qu'je puisse tromper Apple. Même encore récemment ça me paraissait invraisemblable, il n'y avait qu'à voir mon discours du bal où j'avais fait un fuck à tous ceux qui pariaient que j'allais être infidèle et.. paf. Une semaine après je couchais avec Briony, j'commençais à craquer. Où j'avais la tête ? Certainement pas sur les épaules pour foutre mon mariage en l'air de la sorte... mais c'était aussi ça qui me faisait penser que j'aimais les deux. L'amour rend con il paraît. J'avais atteint le summum de la connerie, mais au moins, il n'y avait pas d'place pour une troisième fille, j'avais touché le fond. J'avais mal au cœur à l'entendre parler et se rejeter la faute dessus, alors qu'il n'était pas question d'ça. Elle n'avait jamais rien fait de mal bien au contraire, elle n'avait toujours que voulu mon bonheur, tout fait pour ça... Je portai les mains à mon visage et soufflai longuement, fermant les yeux quelques secondes en essayant tant bien que mal de refaire de l'ordre dans ma tête. J'avais la sensation que j'allais exploser, la Terre tournait trop vite à mon goût. T'es pas un fardeau... Puis chaque relation a ses avantages et ses inconvénients... C'est vrai, j'vivais pas toujours bien mes devoirs de père et de mari. Mais j'avais aussi rendu triste Briony pour sa rupture avec Hendrix et elle se droguait, je supportais pas ça. Alors finalement, l'une n'était pas forcément plus libératrice que l'autre, mais Apple semblait déterminée à penser qu'elle était coupable dans l'histoire. Qu'est-ce que je veux ? Je relevai les yeux vers la jeune femme sans répondre immédiatement. J'voulais tellement de choses. Le beurre, l'argent du beurre et le cul d'la crémière. J'voulais pouvoir les garder toutes les deux, parce que j'avais besoin des deux. J'voulais qu'elles arrêtent de souffrir, j'voulais pouvoir les rendre heureuses mais finalement j'faisais l'inverse... J'entrouvris la bouche mais finis par la refermer, haussant doucement les épaules en pinçant les lèvres, secouant négativement la tête... j'me comprenais pas plus qu'elle. Et ce que j'voulais, je savais que c'était pas possible.

Le silence était retombé dans le salon. Peut-être que finalement j'aurais préféré que ça crie... Qu'elle évacue toutes ses émotions, tous ses ressentis. Son intériorisation ne faisait que m'inquiéter davantage et j'ignorais sur quel pied je devais danser. Je n'avais pas su lui répondre et sa réaction ne se fit pas tarder, elle détourna les yeux et je vis les larmes commencer à couler sur ses joues. Ça y est, ça sortait un peu. La voir dans cet état, en pleine désillusion et peinant encore à y croire me fendait le coeur, surtout qu'avec la nuit de folie qu'on avait passé ensemble elle ne s'était vraiment douté de rien... Et pourtant pour moi, ça avait une toute autre signification. C'était en prévision, si ça devait être notre dernière nuit ensemble j'avais voulu qu'elle soit mémorable, magique. J'avais espéré lui montrer à quel point je l'aimais, cette nuit... Peut-être ne s'en rendait-elle pas encore compte, ou peut-être que j'aurais pu mieux faire ? J'comprenais pas comment j'en étais arrivé là, ce qui m'avait poussé à la tromper et j'espérais le comprendre bientôt. Je refusais de baisser les yeux une fois encore, regardant Apple, comme souhaitant m'infliger le châtiment de la voir pleurer en me disant que c'était entièrement ma faute. Parce que vous n'imaginez juste pas à quel point ça m'tuait de la voir comme ça, la femme avec qui j'm'étais marié que je rendais si malheureuse. Tu peux prendre le temps d'y réfléchir... ? Je me raclai la gorge, gêné. J'étais pas vraiment en position de pouvoir négocier mais si j'avais une ouverture, j'étais prêt. J'osais croire que, peut-être, ça lui ferait moins de mal de me partager que ne plus m'avoir tout court. Quel con, quel égoïsme démesuré... Elle devrait peut-être bien me baffer. Avec un peu de chance, ça me remettrait les idées en place et ça l'aiderait à se défouler. Chuis désolé... d'pas être l'homme que t'aurais voulu.

Voilà. J'avais que ce que je méritais. Au regard qu'elle me lançait, à ses premières paroles, j'avais compris la réponse. J'pouvais pas lui en vouloir, j'étais constamment en train de lui demander toujours plus. Je baissai les yeux en pinçant les lèvres, me repassant encore et encore les paroles qu'elle venait de prononcer. A ne pas vouloir choisir, elle avait choisi pour moi. Je le redoutais mais ce n'était que justice et il allait falloir que je l'accepte. Andy et Apple, c'était fini, j'allais devoir me faire une raison. Mais c'était atroce de se dire ça en sachant qu'on s'aimait encore, tout simplement parce que j'étais pas fichu de faire comme tout l'monde et d'aimer qu'une fille à la fois. Ok... Je pris une légère inspiration, je manquais d'oxygène. Ma gorge s'était nouée et je peinais à respirer. J'vais récupérer mes affaires et demander une autre chambre dis-je en me levant doucement, le cœur lourd. Fallait que je sorte, au moins que je change de pièce, j'devais changer d'air. J'allais craquer mais j'avais pas le droit, pas devant elle, pas alors que c'était moi qui la faisais souffrir. Je m'avançai un peu et arrivé près d'elle, je m'autorisai un bref rapprochement, trop léger à mon goût mais je ne voulais pas risquer qu'elle me repousse. Je pris une de ses mains et la serrai dans la mienne, déposant un baiser sur ses cheveux. J'espère que tu trouveras l'homme de ta vie... tu l'mérites... Et comme de toute évidence, ce n'était pas moi... Je la lâchai et repris la marche jusqu'à la chambre, les yeux embués. J'me sentais pas de parler divorce, de garde pour Coraleen et tout ce qui s'en suivait. Pas maintenant.

J'souffrais tellement que je culpabilisais davantage à savoir que la douleur ressentie par Apple était pire encore. Avec ses quelques mots, en me disant qu'elle ne pouvait pas le supporter, j'avais l'impression qu'elle avait arraché une partie de moi... une partie de mon cœur qui ne me reviendrait jamais parce que je lui avais offert. J'l'aimerais pour le restant de mes jours, je le savais, qu'on soit ensemble ou pas. Elle était celle qui m'avait changé en bien même si désormais la réalité me rattrapait après le rêve qu'on avait vécu ensemble. Je sentis quelques larmes m'échapper une fois rentré dans la chambre et pris une grande inspiration pour réprimer les autres qui menaçaient de couler autant que faire se peut, attrapant ma valise et la posant sur le lit pour la re-remplir complètement. Je me redressai en entendant Apple m'appeler, sans la regarder pour autant et essuyant mes joues avec la paume de mes mains, esquissant un léger sourire au souvenir de ces sms. Mais ce sourire fut bref, s'effaçant alors que je relevai les yeux vers elle. C'était déjà trop tard... Pinçant les lèvres et prenant une nouvelle inspiration, je reportai mon attention sur ma valise, que je faisais sans grande conviction. Je savais que quand j'aurais franchi la porte, ce serait définitivement terminé. Parce que je voyais pas comment m'battre pour elle, j'avais essayé déjà de me séparer de Briony et le résultat n'avait pas été glorieux... non seulement elle avait fini à l'hôpital mais en plus j'étais revenu vers elle en courant.