MAKSIM/SOFIA ❝ I'm trying to escape my troubles. ❞

« D’accord, merci et non, ça sera tout pour moi. » - Lui dis-je. La serveuse arriva près de notre table pour déposer un verre de vodka face à Maksim. Ils avaient de la vodka dans ce restaurant de spécialités françaises ? Quelques minutes plus tard, la serveuse revint avec nos éclairs au chocolat. Je repris la parole une fois que la serveuse repartait – « Je ne sais pas si tu y a déjà goûté, tu me diras ce que tu en penses. » - Je prenais une première bouchée de la pâtisserie et je constatais que c’était très bon. Peut-être pas autant que ceux que j’avais mangé en France, mais c’était tout de même un régale. Le silence c’était une fois de plus installé entre nous. C’était étrange, parce que l’atmosphère n’était pas ainsi avant. Maksim prenait toujours un malin plaisir à me taquiner et je le lui rendais bien. Seulement, les choses me semblaient parfois différentes. C’était étrange par moment lorsqu’on se retrouvaient tous les deux. J’étais peut-être la seule à ressentir le trouble cela dit. Mais Maksim me perturbait, de temps à autre, je me sentais proche de lui et à d’autres moments, j’avais le sentiment qu’il prenait ses distances – « Au fait, j’ai prévu de partir plusieurs jours hors de Cambridge… » - Je levais les yeux vers lui. Calhen m’avait proposé de l’accompagner et j’avais accepté. On n’avait pas voyagé ensemble depuis un bon moment, alors c’était l’occasion de se retrouver. Nous étions souvent partis ensemble, il voyageait beaucoup, surtout pour des reportages photos et j’aimais partir à l’aventure avec lui. Le voyage tombait bien, parce que j’avais besoin de prendre l’air.

Je pouvais bien me permettre une petite gourmandise, comme cet éclair au chocolat. Je n’étais pas comme toutes ces filles qui compte les calories de peur de prendre un gramme. De toute façon, j’avais un métabolisme assez particulier et je ne prenais pas facilement de poids. Je pouvais quasiment manger ce que je voulais sans trop grossir. C’est vrai qu’en tant que danseuse, je me devais de garder une certaine silhouette, mais bon, je refusais de me priver de petits plaisirs comme celui-ci. Et puis, j’étais une sportive, alors j’avais vite fait de tout perdre de toute façon. Suite à mon annonce, je pouvais lire l’étonnement sur le visage de Maksim. Non, ce n’était pas une période de vacances, mais peut importe. J’en avais besoin et je pouvais me le permettre – « Je prends des vacances avant l’heure. » - Répondis-je. Si je le lui disais, c’était pour qu’il soit au courant et qu’il ne s’inquiète pas de ne pas me voir dans le coin. Remarque, peut-être que ça lui ferait des vacances à lui aussi. Il n’aurait plus la « mioche » sur le dos comme ça – « Tu sais, avec tout… ça, je pense que ça va me faire du bien d’être loin de Cambridge. Je n’en reviendrai que plus en forme pour les examens. » - Un fin sourire se fendillait sur mon visage. Du moins, j’espérais que ce voyage servirait à quelque chose. Je faisais confiance à Calhen pour ça, il ne m’avait pas encore parlé de la destination, mais c’était sûrement un endroit très bien – « Donc si tu ne me croise pas sur le campus, ne t’en fais pas. »

Je savais que prendre des vacances à quelques semaines des examens n’avait pas l’air d’être une idée lumineuse, mais j’y avais en effet bien réfléchis. De toute façon, cela ne changerait pas grand-chose, que je reste ici ou que je parte. Je n’avais pas beaucoup de cours dans les semaines à venir, en fait, je devais surtout me concentrer sur les révisions pour les examens finaux. Le problème était qu’en ce moment la concentration et moi, ça faisait deux. Maks essayait de détendre l’atmosphère (du moins j’en avais l’impression) en plaisantant un peu. Je lui adressais un sourire – « Je ne manquerai pas de te donner des nouvelles, sauf si Calhen m’emmène dans un coin où les téléphones n’ont pas de réseau. On ne sait jamais. » - Nous n’allions pas forcément aller dans un lieu hautement touristique, d’ailleurs c’était ce que j’aimais, partir à l’aventure, hors des sentiers tout tracés – « Je sais, je sais, ça va te manquer de ne pas m’avoir sur le dos. » - Je souriais. J’avais dis ça de façon vraiment ironique, parce que je n’avais pas la prétention de penser que je pourrais lui manquer. Bien au contraire. J’essayais à mon tour de détendre l’atmosphère, mais je n’étais pas sûre que cela fonctionne. Je reprenais ma dégustation de l’éclair au chocolat alors que Maks avait déjà fini le sien.

« Tu es une horrible personne, Maksim Vassileff ! » - Lançais-je, toujours en plaisantant, un léger sourire sur les lèvres. Il me taquinait sur le fait que mon départ lui permettrait enfin de respirer et que ça le rendait joyeux. N’empêche, en y pensant, Maksim allait très certainement me manquer. Malgré tout le trouble que je pouvais ressentir en sa compagnie, j’aimais qu’il soit prés de moi. Si vous voulez mon avis, je pense que je suis un peu folle ou masochiste. Enfin, les deux se rejoignent, non ? Je terminais enfin mon dessert et je repoussais mon assiette avant de m’essuyer avec la serviette. Je reportais mon regard sur Maksim et croisais son regard bleu un instant. Cet homme me perturbait et il n’en avait même pas confiance. Était t-il aveugle ou est-ce que je me débrouillais assez bien pour le cacher ? – « En tout cas, merci pour cette soirée, ça m’a fait du bien de sortir un peu. » - Dis-je. Être ici avec lui m’avait permis de ne pas penser à ce qui me tourmentait, bien qu’en compagnie de Maksim, d’autres questions envahissaient mon esprit. Décidément, mon esprit était rempli de trop de pensées.

Je m’en voulais de lui avoir imposé cela. Je n’avais pas à débarquer et à déverser sur lui mes problèmes. Surtout que j’étais restée assez évasive sur ce que je traversais et qu’il ignorait ce qui se passait réellement. Je comprenais donc qu’il puisse se sentir impuissant face à la situation. J’étais moi-même impuissante face à ma propre situation – « Je suis désolée d’avoir débarqué comme ça. » - Ces excuses étaient sincères. Avec ce qu’il traversait avec sa mère, je trouvais ça horrible de lui causer du souci supplémentaire. Je savais qu’il se sentait impuissant face à la détresse de celle-ci. Je ne voulais pas qu’il se sente pareil avec moi. Je devais me montrer plus forte et surmonter tout ça. Papa ne m’avait pas élevée ainsi. Il m’avait toujours dit que si il m’arrivait de tomber, il fallait toujours que je me relève. Un sourire faible se dessinait sur mes lèvres en l’écoutant parler de nouveau – « Et j’aime savoir que je peux compter sur toi, seulement je m’en veux un peu de le faire et de te causer du souci. » - Avouais-je – « Mais tu sais, je ne suis pas simplement venue vers toi parce que ça ne va pas… » - Je m’arrêtais de parler, consciente de devoir faire attention à ce que j’allais dire ensuite. La serveuse revint vers nous pour déposer l’addition sur la table.