MAKSIM/SOFIA ❝ I'm trying to escape my troubles. ❞

Oxana avait sûrement cherché à m’aider, mais je considérais qu’elle ne s’y était pas prise comme il le fallait. Elle était allée trop loin dans ses propos. Maksim conseillait de nous laisser du temps et c’était bien ce que je comptais faire. De toute façon, je n’étais pas en mesure de régler la situation. Je n’avais pas envie de voir Oxana, ni même de lui parler pour le moment. Je me contentais de hocher doucement la tête en signe d’approbation. Je ne pus m’empêcher de sourire légèrement lorsqu’il me dit qu’il fallait bien qu’il serve à quelque chose. Oui, enfin, je n’avais pas à me défouler sur Maksim qui n’avait rien fait pour mériter ça. En ce moment, j’avais l’impression de ne plus savoir me contrôler. Je m’énervais beaucoup plus rapidement que d’habitude – « Merci. » - J’entrelaçais mes doigts avec les siens et serrais sa main un peu plus fort – « Le simple fait de savoir que tu es présent pour moi m’aide déjà un peu. » - C’était vrai. Ce qu’il venait de me dire était important. Étant donné la situation dans laquelle je me trouvais, je n’étais pas certaine qu’il puisse m’aider par des actions. En revanche, le simple fait de le savoir présent me rassurait – « Et ne t’inquiètes pas trop pour moi. » - Je détestais causer trop de soucis à mes proches. D’ailleurs, c’était pour ça que je gardais le secret de ce qui m’était arrivé. Je ne suis pas habituée à laisser les autres s’inquiéter pour moi. En général, c’est moi qui m’inquiète pour eux – « Pourquoi pas ? On pourrait aller manger quelque chose ? » - Je n’avais pas encore pris de repas ce soir et je supposais qu’il en était de même pour Maksim. A mon arrivée, il s’apprêtait à sortir et je l’avais interrompu – « Je m’en voudrais de te laisser mourir de faim a force de m’avoir trop écoutée. » - Ajoutais-je avec une petite pointe d’humour. Je relâchais finalement sa main en réalisant que je la serrais encore dans la mienne.

Je croisais son regard un instant tandis-ce que je sentais sa main se retirer de la mienne. J’eus un léger froncement de sourcils aux paroles qu’il prononçait ensuite. Je ne comprenais pas pourquoi il me disait cela. Pourquoi s’était t-il mit dans la tête que je serais mal à l’aise d’être vue avec lui ? C’était stupide. Après tout, si quelqu’un devait se sentir mal à l’aise à cette idée, c’était plutôt lui. Le professeur qu’il était pourrait ne pas avoir envie d’être vu avec une étudiante. Mais bon, je n’étais pas son étudiante et d’ailleurs, notre relation n’avait rien d’un lien professeur/étudiant. Je me relevais à mon tour et lui fit face avant de prendre la parole : « Je n’ai aucune raison d’être mal à l’aise à l’idée qu’on puisse me voir avec toi, ne dis pas de bêtises. » - Je plongeais mon regard dans le sien – « Tu sais bien que je me fiche de ce que « on » pense. » - Je n’avais aucune honte de passer du temps avec Maksim qui était professeur et de douze ans mon aîné. Ce que des étudiants d’Harvard peuvent penser, je m’en fiche complètement – « J’ai une idée. » - Dis-je en le quittant des yeux un instant pour regarder sur la table basse. J’attrapais un journal posé là et tournais les pages jusqu'à trouvé une page publicitaire qui référençait les adresses de plusieurs restaurants en ville – « On pointe un endroit au hasard dans cette liste et on y va ? » - C’était une idée farfelue, mais j’aimais bien cette idée du hasard, ne pas forcément aller à un endroit qu’on connaissait. Je ne suis pas une grande fan des habitudes parce que j’aime découvrir des choses différentes. Je ne savais pas où on tomberait, mais justement, c’était ça qui était marrant. Je m’étais déjà montrée imprévisible ce soir en débarquant ici à l’improviste, autant continuer sur cette note.

« Ce n’est qu’une soirée comme une autre… » - Dis-je doucement, plus pour moi que pour lui. Ce ne serait qu’une soirée comme toutes les autres, entre amis. Il allait falloir que je me ressaisisse et que j’arrête de ressentir ou de penser à certaines choses vis-à-vis de Maks. Je savais très bien que je demeurerai sa « petite sœur » à ses yeux. Pourquoi est-ce qu’il a fallut que je me mette à le voir différemment ? Avant, les choses me paraissaient plus claires, plus simples entre nous. Désormais, c’est devenu – du moins pour moi – assez trouble. Quand est-ce que je m’intéresserai à quelqu’un qui est fait pour moi ? Déjà à peine adolescente, je m’étais mise à avoir le béguin pour un ami, Calhen. D’ailleurs, c’est marrant, lui aussi il me voyait comme sa petite sœur. Calhen avait quelques années de plus que moi et a l’époque, j’étais bien consciente qu’il ne pourrait pas s’intéresser à moi de cette façon. Enfin, heureusement pour moi, ce béguin m’était passé. Est-ce que ce que je ressentais pour Maksim passerait aussi ? Je ne pouvais que l’espérer puisque j’étais persuadée de n’avoir aucune chance avec lui. Maksim ne me verrait jamais comme une femme. Il me verrait toujours comme cette gamine qu’il avait vu grandir. Est-ce que je pouvais vraiment lui en vouloir ? C’était moi qui disjonctais complètement. Ce n’était pas normal d’être attirée par lui, parce que j’étais censé voir en lui une sorte de grand frère. J’essayais de balayer ces pensées de mon esprit. Remarque, pendant que j’étais de penser à cela, je ne pensais pas aux autres choses qui me tourmentaient. J’étais restée silencieuse quelques secondes, perdue dans ces pensées. Je décrochais un sourire amusé a ce qu’il avait dit – « Dis plutôt que tu as peur à l’idée de te retrouver dans un vieux truc miteux avec une nourriture horrible. » - Je plaisantais à mon tour. Cela me faisait un peu de bien, plutôt que de partir dans mes noires pensées. J’avais donc attrapé le journal. Maksim me laissait jouer les « mains innocentes ». Je fermais les yeux et pointais mon doigt sur le journal. En les ré ouvrant, je découvrais l’endroit choisi au hasard – « Alors ça sera le « lounge restaurant » sur imman square. » - Je quittais le journal des yeux pour jeter un œil à Maksim. Je ne connaissais pas du tout cet endroit – « On prends ma voiture ? D'après ce qui est marqué sur le journal, pas besoin de réservation. Ça à l'air d'être un nouveau restaurant. » - Je proposais ça parce que la charger était déjà garée dehors.

Maksim marquait un point. Il était clair que la nourriture américaine n’avait rien d’extraordinaire. Parfois, je me demande comment les américains font pour se nourrir aussi mal. Les américains étaient les rois de la malbouffe. Comme Maksim, j’avais des goûts un peu plus raffinés. Ce n’était pas une question de « bourgeoisie », mais je préférais manger convenablement – « C’est vrai. En y réfléchissant, je n’aurai peut-être pas dû choisir le restaurant au hasard. » - Bon de toute façon nous verrions bien. Le but du jeu était d’avoir la surprise en arrivant. J’espérais que celle-ci serait bonne – « Je n’ai pas envie de rentrer chez moi ce soir, Maksim. » - Lui répondis-je contre toute attente, mon regard bleu planté dans le sien. Je ne lui avait pas caché mon envie de rester éloignée de ma colocataire et donc de mon appartement, mais je n’avais jamais réellement envisagé de rester ici. Je ne voulais pas lui imposer ma présence, même si il m’avait affirmé que cela ne le dérangerait pas. Je le laissais disparaître dans sa chambre afin d’aller se changer. Lorsqu’il revint vers moi, il était vêtu de façon plus décontractée. J’esquissais un petit sourire à ce qu’il venait de dire – « Comme si tu pouvais faire tâche… » - Il était très bien habillé de cette façon. Maksim n’avait pas besoin d’être sur son trente et un pour avoir une certaine classe – « C’est parfait. » - Ajoutais-je avant d’enfiler ma veste et de récupérer mon sac à main. Nous quittions l’appartement pour rejoindre l’ascenseur. Arrivé au rez-de-chaussée nous traversions le hall pour arriver à l’extérieur. La charger était garée tout prés de l’hôtel. Je déverrouillais les portes et m’installais derrière le volant. Une fois Maksim installé lui aussi, je démarrais direction Imman Square. Cela allait bientôt faire cinq ans que je vivais ici, alors je connaissais plutôt bien le coin. Quelques minutes plus tard, la voiture était garée et nous arrivions devant ce restaurant « Le Lounge Restaurant ». De l’extérieur, il semblait être un restaurant plutôt correct – « Voyons si j’ai bien fait de choisir ce restaurant au hasard. » - Lui dis-je avant de pousser la porte d’entrée du restaurant…

« Je m’en voudrai de te causer trop d’inquiétude. » - Maksim avait toujours été très protecteur envers moi et je crois que notre conversation n’avait rien arrangé. Désormais, il savait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas chez moi. Je m’en voulais de lui causer autant de soucis. Je n’osai même pas imaginer sa réaction si il apprenait pour l’agression. Ce flic aurait de gros soucis à se faire, à mon avis. Mais je voulais essayer de régler les choses toute seule, enfin avec l’aide de Quentyn qui de toute façon s’était retrouvé impliqué. Le flic qui m’avait agressé était mauvais, je n’étais pas sa seule victime et je m’étais jurée qu’il n’allait pas s’en sortir aussi facilement longtemps. Il devait bien y avoir un moyen de le piéger et de montrer au monde son réel visage. Ce n’était pas un flic, c’était un monstre, une mauvaise personne. Je me re-concentrais sur la conversation – « Merci de me prêter ta chambre d’ami. » - Ajoutais-je. Et puis, nous quittions l’appartement. Sortir me ferait probablement du bien. J’avais l’impression qu’il s’était passé une éternité depuis ma dernière sortie au restaurant. Avec tout ce qui s’était passé, je n’avais pas pris une seconde pour essayer de vraiment me changer les idées. Est-ce que cette soirée allait m’y aider ? Au bout de quelques minutes, on arrivait devant le restaurant tiré au sort. Ma première impression était plutôt bonne. Une hôtesse vint nous accueillir avec un sourire chaleureux et nous guida jusqu'à une table dans un coin tranquille. L’ambiance du restaurant se voulait – apparemment – intimiste. C’était plutôt calme, loin du brouhaha des restaurants familiaux. La lumière était tamisée, des banquettes ou des fauteuils encerclaient les tables. Maksim et moi étions installés à une table près d’une baie vitrée. J’adressais un sourire à Maks et m’installais, puisqu’il me laissait passer la première. Il s’installait en face de nous et la serveuse vint nous apporter le menu – « Apparemment, ils font de la cuisine Française. » - Dis-je en français, en regardant le menu. J’avais déjà voyagé en France et je connaissais un peu la langue sans pour autant être capable de tenir une conversation entière en Français. Je relevais mon regard pour observer un peu la salle. Je constatais qu’il y avait parmi la clientèle une majorité de couples, de quoi me mettre un peu mal à l’aise tout de même. Je reportais mon attention sur Maks – « Tu aimes la cuisine Française au moins ? » - Pour ma part, j’aimais ça, alors j’étais plutôt contente. Il ne restait plus qu’a voir si c’était bien cuisiné.