MAKSIM/SOFIA ❝ I'm trying to escape my troubles. ❞

Il était naturel que je prenne des nouvelles de sa mère. Je la connaissais depuis que j’étais née. Maksim et sa famille avaient toujours fait partie de ma vie. Ils étaient des proches de ma famille. En fait, ils étaient un peu comme de la famille. C’était donc important pour moi de savoir comment allait la mère de Maksim. Puis, lorsque celui-ci me demanda comment moi j’allais, j’eus un peu de mal à répondre. Je mentais dans un premier temps pour dire ensuite la vérité. Je mentais à tout le monde depuis des mois. Au téléphone, je rassurais mes parents en leur disant que tout allait bien. J’avais réussis à tout cacher à Oxana et Presley durant des semaines, mais c’était difficile pour moi de porter un masque. Je ne sais pas. En regardant Maksim droit dans les yeux, je n’arrivais pas à lui mentir à lui aussi. Cependant, je regrettais d’avoir laisser échapper la vérité maintenant. Il allait s’inquiéter et se poser des questions. De plus, je n’étais pas certaine d’être capable de lui dire toute la vérité, pour l’agression, pour l’addiction aux cachets. Je reposais mon verre sur la table basse avant de reporter mon attention sur Maksim – « Mon copain ? Bien sur que non. Je n’ai pas de copain, tu le sais ! » - Dis-je comme si cette idée était absurde. Je ne savais même pas pourquoi j’avais dit ça de cette façon. C’était idiot de ma part de ressentir une certaine gêne à l’idée qu’il puisse penser que j’étais en couple. Je pouvais l’être. J’étais célibataire et Maksim était un ami, n’est-ce pas ? Mais je me voyais mal parler des hommes avec lui, peut être, non, sûrement à cause de cette attirance que j’avais pour lui. C’est insensé tout ça – « Je veux dire… ce n’est pas ça. » - J’essayais de me reprendre du mieux que je pouvais – « Justement. Je ne sais pas si je peux tout te dire ou du moins si j’en suis capable. Mais je n’avais pas envie de te mentir en disant que ça va, alors que ce n’est pas la vérité. » - Je marquais un silence tout en détournant mon regard de lui – « Je… C’est juste qu’avant tout me paraissait plus simple et depuis quelque temps… j’ai l’impression que tout va de travers. Mais je n’ai pas le droit de me plaindre et je déteste être comme ça. » - Le pauvre, il n’allait pas y comprendre grand-chose, du moins, pas tant que j’expliquais pas tout.

Maksim avait raison. Comment pourrait t-il savoir si j’avais un petit ami ou non ? Il n’était pas sans cesse entrain de me surveiller. Et puis, nous ne parlions jamais de nos vies amoureuses ensemble. Je ne me voyais pas lui parler des hommes que je fréquentais. Enfin, de toute façon, je ne fréquentais personne en ce moment. J’avais bien trop de choses en tête pour penser aux relations amoureuses. Sans oublier le fait que je ne suis pas ce genre de fille. Le genre qui ne supporte pas le célibat et qui veut à tout prix trouver le prince charmant. Moi, le célibat, ça me va. Il faut dire que j’ai aussi toujours tendance à ne pas m’intéresser aux bonnes personnes. J’affrontais de nouveau le regard de Maksim lorsqu’il reprit la parole. Il se montrait compréhensif et j’aimais ça. La réaction qu’il avait était très différente de celle d’Oxana. Ma meilleure amie m’avait trouvé très étrange et elle ne m’avait pas lâché jusqu'à ce que je crache le morceau. Elle m’avait tiré les vers du nez. Chose que je n’avais pas apprécié. J’avais encore moins apprécié sa réaction suite à mes révélation. La jeune femme semblait être blessée que je ne me sois pas confié à elle avant. D’un côté, je pouvais le comprendre parce qu’on se disait toujours tout. De l’autre côté, je ne la trouvais pas assez compréhensive. Elle était très bien placée pour savoir combien il est difficile de dire certaines choses. Je sentais la main de Maksim se poser sur la mienne, dans un geste rassurant. Comment voulez-vous qu’il me laisse indifférente ? Maksim était toujours très attentif envers moi – « Merci d’être aussi compréhensif. » - Je ne le quittais pas des yeux tandis-ce qu’il reprenait la parole. Je n’étais pas obligée de toujours me montrer forte. Si seulement j’étais forte – « Si, je le dois. Je ne suis pas forte du tout Maksim, je suis faible et je déteste ça. Regardes, rien que l’attentat à Harvard, j’ai eu du mal à m’en remettre alors que je n’ai presque pas été blessée. Tout le monde a reprit sa vie tranquillement et moi, il m’arrive d’en faire encore des cauchemars. » - Je m’arrêtais de parler un instant. La bombe à Harvard avait été un évènement qui m’avait beaucoup marqué, mais c’était juste le drame de trop pour moi. L’attentat était survenu quelques mois à peine après l’agression – « Enfin si seulement c’était le seul truc… » - Ajoutais-je sans être plus précise. Je marquais encore un silence – « Et en plus de tout ça, je n’arrive même plus à m’entendre avec ma meilleure amie. C’est aussi pour ça que je ne pouvais pas rester chez moi ce soir… »

« Oui. J’ai été consulter un spécialiste, mais ça ne m’a pas beaucoup aidé. » - Avouais-je. Après l’attentat, j’avais pris rendez-vous avec un psy et d’ailleurs, c’était lui qui m’avait prescrit des médicaments. Médicaments auxquels j’étais devenue accro. Les comprimés m’avaient pas mal aidé à stopper mes crises d’angoisse. Cependant, les cachets ne règlent pas tous les problèmes. Le psy quant à lui ne m’avait pas beaucoup aidé, peut-être parce que je ne lui avais pas tout dit, peut-être parce que je n’avais pas envie de me confier à un parfait inconnu payé pour m’entendre parler – « Il ne faut plus que je sois cette fille sensible. On vit dans un monde de fous remplis de détraqués. Il faut que je m’endurcisse. » - C’était bien pour ça que je prenais des cachets, pour arrêter de paniquer pour un rien. C’était aussi pour ça que je prenais des cours de sport de combat, pour savoir mieux me défendre – « Ce n’est pas qu’elle ne m’écoute pas, c’est surtout qu’elle ne comprend rien et qu’elle m’a dit quelque chose qui… qui me déçoit beaucoup. » - Elle m’avait dit qu’elle me dénoncerait à l’administration d’Harvard a propos des médicaments, si je n’allais pas en cure de désintoxication. C’était du chantage. Peut-être qu’elle était inquiète pour moi, n’empêche qu’elle semblait très sérieuse. Je n’en revenais pas, elle était prête à foutre ma vie en l’air. Maksim serrait davantage ma main dans la sienne. Lorsqu’il me demanda si il y avait autre chose. Je restais silencieuse. Il ne se trompait pas. Il y avait bien autre chose, mais cette dernière chose était la pire de toutes. Je ne pouvais pas lui raconter ça. Enfin, pas maintenant en tout cas – « Oui. Il y’a autre chose, mais je ne suis pas encore prête à t’en parler. » - Je relevais les yeux sur lui. Je voulais être sincère parce qu’il faisait aussi preuve de sincérité avec moi. Et puis, il m’en voudrait certainement de mentir et d’apprendre plus tard la vérité. Maksim m’avait promis qu’il ne me forcerait pas à parler si je ne m’en sentais pas capable – « Et concernant Oxana, je ne sais pas si les choses s’arrangeront, ça n’a jamais été tendu à ce point entre nous. » - Je baissais la tête un instant. Les choses étaient allées très loin, aussi bien de son côté que du mien – « Ta soirée au vernissage aurait certainement été plus drôle. » - Le pauvre, j’avais l’impression de lui gâcher complètement sa soirée. Je savais que Maksim serait toujours là pour moi, pour me soutenir, mais bon je me sentais mal de l’embêter avec mes histoires.

« Non. Tu sais j’ai un peu de mal à me confier à des inconnus. » - Pourtant, il parait que c’est parfois bien plus facile de se confier à quelqu’un qu’on ne connaît pas – « Si, ce monde est fou, crois-moi. Il suffit de regarder les informations pour s’en rendre compte. » - Il ne se passait pas un jour sans qu’il se passe une catastrophe dans le monde. Comment est-ce qu’on pourrait se sentir en sécurité ? Et puis, je n’ai pas eu besoin de regarder les infos pour savoir qu’on vit dans un monde de plus en plus dangereux. Je me suis faite agressée par un flic. Ma meilleure amie s’est fait battre et violée par son ex. Un de mes amis a perdu sa fiancée, tuée par des braqueurs alors qu’elle faisait ses courses. Le monde n’est pas si fou que ça ? Moi, je crois que si – « Je ne connais pas bien les statistiques, mais je sais qu’il y’a beaucoup trop de gens qui se font agresser, violer ou même tuer. Honnêtement, j’ai encore du mal à croire qu’il y’a de la magie dans ce monde. » - J’avais toujours été une jeune femme positive et j’essayais toujours de voir le bon côté des choses. Mais c’était différent maintenant. J’avais dû faire face à trop d’évènements affreux cette année. Sa main serrait toujours la mienne et je ne cherchais pas à m’en défaire – « Vraiment ? » - Répondis-je lorsqu’il me proposait de rester quelques jours, ici, chez lui. Bien sûr que c’était sérieux. Il n’avait pas l’air d’être entrain de plaisanter en me faisant cette offre – « C’est gentil de le proposer. C’est vrai que je n’ai aucune envie de rentrer chez moi et ces derniers jours, j’ai passé une grande partie de mon temps à éviter Oxana. » - Un mince sourire se fendillait sur mon visage quand Maksim m’assurait que je pourrais compter sur lui. Je savais ça. Il avait toujours pris soin de moi et il était aussi très protecteur. Je devais beaucoup compter pour lui, mais je ne devais pas me faire d’illusion. Il me voyait certainement comme sa sœur. De temps à autre, je me surprends à espérer qu’il me voit autrement. Qu’il me voit comme une femme qu’il pourrait avoir envie de séduire. Il me relâchais la main et après un court silence, je lui répondit : « Je sais et je me demande vraiment ce que je ferais sans toi. » - Dis-je alors que j’essayais de croiser son regard.

En réalité, j’avais très envie d’accepter sa proposition. Je ne voulais pas rentrer chez moi et faire face à une meilleure amie qui – d’après moi – ne me comprenait pas. Bien qu’il ait affirmé le contraire, j’avais peur de le déranger en restant quelques jours ici. Qu’est-ce qu’il ferait avec « gamine » dans les pattes ? Pourquoi il s’embêtait encore à s’occuper de moi ? Après tout, rien ne l’y obligeait, mais bon, je dois avouer que j’étais bien contente qu’il soit présent. Je me demandais justement ce que je ferais si il n’était pas là. D’après lui, je ferai autrement. Mouais pas si sûr – « Une meilleure amie n’aurait pas dit ce qu’elle m’a dit ! » - Répondis-je d’un ton un peu sec sur le coup. Ce n’était pas contre Maksim que j’étais en colère, mais repenser à ce qu’Oxana m’avait dit me mettait sur les nerfs. Je m’attendais à être convoqué à l’administration à n’importe quel moment. Qu’elle me dénonce. Peut importe. Je baissais un instant les yeux pour regarder sa main qui de nouveau se retrouvait sur la mienne. Puis, je relevais le regard sur Maksim – « Désolée. Je m’énerve sur toi alors que tu n’y es pour rien. » - Repris-je en réalisant le ton que j’avais employé quelques secondes plus tôt – « Ça va… enfin ils ignorent ce que je traverse vraiment et c’est mieux comme ça. Il y’a des choses dont je n’ai pas forcément envie de parler. » - Oxana et Presley étaient mes amies les plus proches. Oxana savait déjà tout et a mon avis, elle avait tout dit à Presley. Bien sur, j’ai d’autres amis, mais à des degrés différents. Je ne me livre véritablement qu’aux plus proches. Et puis, je n’ai pas envie que tout le monde sache que je me suis fait agressée et que je prends des cachets – « Allez, arrêtons de parler de moi. » - Déclarais-je parce que je n’avais pas envie de l’ennuyer avec mes histoires. Certes, il m’écouterait tant que j’en avais besoin, je le savais, mais j’en avais déjà dit suffisamment. Il me faudrait plus de temps pour lui révéler le reste – « J’ai… j’ai envie d’essayer de penser à autre chose pour l’instant. »

Maksim Vassileff a écrit:

I'm trying to escape my troubles

Sofia & Maksim

_Je ne sais pas ce qu'elle t'as dit mais elle devait avoir ses raisons. Après... si tu considères qu'elle est allé trop loin il va falloir que tu règles ça avec elle ou que tu cesses de la voir. Mais ça c'est à toi de voir, laissez-vous du temps, ça s'arrangera peu être tout seul.

Qu'est ce que je la ramenais moi, je ne savais même pas de quoi je parlais puisque Sofia ne m'avait quasiment rien dit. Si ça se trouve elle l'avait traité de tous les noms ou pire encore, que sais-je ? Je ne pouvais pas la laisser là et ne rien dire ou rien faire pour qu'elle se sente mieux. Mais lui parler n'était peu être pas la solution, elle avait sans doute juste besoin d'être écouté.

_Il faut bien que je serve à quelque chose.

Lui répondis-je avec un léger sourire moqueur envers moi même. Si elle ne voulait pas tout me dire elle pouvait au moins se défouler sur moi si ça lui faisait du bien. Au moins j'avais l'impression d'être utile.

_Oui je comprend.

Ses amis ne savaient pas tout, nous en étions à peu près au même point alors. Je n'avais pas de soucis à me faire, je n'étais pas le seul à ignorer certaines choses finalement.

_Quoi qu'il en soit tu sais que tu peux me parler ou venir me voir, n'importe quand, même en pleine nuit, d'accord.

Mon regard se voulait rassurant, ce n'était pas des paroles en l'air, elle n'allait pas bien, elle pourrait donc me déranger quand elle voudrait, autant qu'elle voudrait. J'étais là pour elle.

_Tu veux qu'on sorte ?

Lui lançais-je spontanément. Rien de mieux pour se changer les idées qu'une petite sorties quelque part en ville.

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