MAKSIM/SOFIA ❝ I'm trying to escape my troubles. ❞

« Je me suis toujours demandée comment est-ce que les gens peuvent manger des escargots. » - Dis-je en souriant légèrement. Je trouvais ça assez… particulier disons. Heureusement pour nous, les français ne mangeaient pas que des escargots et il y avait de bien meilleurs plats que ça – « Oui. Mise à part les escargots, j’aime la nourriture française. » - Je reportais mon regard sur le menu tandis-ce que Maksim me parlait déjà du dessert – « On n’a même pas commandé l’entrée que tu penses déjà au dessert. » - Répliquais-je sur un ton amusé – « Mais tu as raison, le meilleur dans un repas, c’est toujours le dessert. » - J’étais une amatrice des aliments sucrés plutôt que salés, d’où mon amour des desserts. Parfois, il me prenait l’envie de commencer mes repas par le dessert. Je relevais les yeux vers Maksim lorsqu’il me questionnait sur Paris – « Oui. J’y suis allée avec mes parents il y’a quelques années et Paris n’est pas la seule ville de France que j’ai visitée. J’ai aussi été dans le sud de la France et sur la cote ouest. » - Je savais que Maksim avait beaucoup voyagé aussi. Nous avions les moyens de le faire, alors autant en profiter n’est-ce pas ? Je détournais mon attention de Maks lorsque la serveuse revint vers nous pour prendre notre commande.

Je sentais le regard de Maksim se poser sur moi et je relevais les yeux pour croiser les siens. Il me fixait avec une rare intensité et cette façon qu’il avait de m’observer me troublait. Il y’a des moments, comme celui-ci, où je pourrais presque croire que Maksim me voyais différemment. Des moments où je m’imaginais qu’il puisse me voir comme une femme et non comme sa « petite sœur ». Et puis, la seconde d’après, cette impression s’effaçait. Maksim détourna son attention de moi et encore une fois, je me trouvais pitoyable d’imaginer ces choses-là – « Moi aussi, ça fait bien longtemps que je n’y ai pas mis les pieds. » - Je réfléchissais un instant. A quand remontait ma dernière escapade dans le sud de la France ? Je ne le savais même plus. Pourtant, j’avais plutôt bonne mémoire généralement, mais ces temps-ci elle me faisait défaut. Je n’avais plus aucune notion du temps et j’étais souvent « ailleurs ». Après avoir passé quelques secondes à essayer de me souvenir – sans succès – je laissais finalement tomber. Surtout que la serveuse vint nous interrompre pour prendre la commande. Je décidais de prendre leur plat du jour, après m'être assurée qu’il ne s’agissait pas d’escargots. Comme Maks je ne prenais pas d’entrée, simplement un plat et un dessert. En boisson je décidais de demander de l’eau et un cocktail de jus de fruits non alcoolisé pour l’apéritif. La serveuse prit note de nos commandes avant de nous laisser seuls à nouveau. C’est à ce moment là que Maksim reprit la parole. La question qu’il me posait m’étonnait et je fronçais légèrement les sourcils – « Tu as vraiment envie de parler des hommes avec moi ? » - Je ne me souvenais pas l’avoir déjà entendu m’interroger sur ce sujet-là. Nous abordions très rarement la question. Je restais silencieuse un moment, le regard rivé sur Maksim. Je me voyais mal lui dire que c’était lui qui m’attirait. Je pouvais déjà imaginer sa réponse si je le lui disais. Il me répondrait certainement que j’étais comme sa petite sœur et la révélation ne ferait que créer un plus gros malaise entre nous – « Non. Il n’y a personne. Je ne sais pas si ça m’aiderai vraiment à oublier mes soucis. J’ai toujours tendance à m’intéresser à des hommes qui sont hors d’atteinte ou qui ne s’intéresseront jamais à moi. » - Je ne le quittais pas des yeux afin de mieux observer sa réaction. Enfin, je ne savais pas si il pourrait comprendre le message dissimulé dans cette phrase.

Si j’avais envie d’en parler ? Non. Je ne voulais pas parler de mes relations avec les hommes devant Maksim. Pourtant, on se connaît depuis des années et je devrais le voir comme un grand frère à qui je peux confier ce genre de choses. Seulement, je n’y arrivais pas. Je pouvais lui parler de tas de choses, mais pas de ma vie amoureuse. Je ne le quittais pas des yeux tandis-ce qu’il me répondait qu’il faudrait être fou pour ne pas vouloir de moi. Je décrochais un très fin sourire sur le coup. Si c’était le cas, alors Maksim était fou puisque je savais très bien qu’il ne voudrait jamais de moi. Bien sûr, je n’oserai pas lui dire ça. C’était étrange, parce que je n’avais jamais été timide. Généralement, j’osais. Ce que je veux dire, c’est que quand je voulais vraiment quelque chose ou qu’un homme me plaisait, je ne restais pas là à avoir peur. J’avais toujours foncé quitte à me prendre des murs. C’était différent avec Maksim, peut-être parce que j’avais trop à perdre. A quoi cela servirait que je lui dévoile mes sentiments ? Je savais très bien comment les choses se dérouleraient et que notre relation s’en trouverait changée. Je souriais derechef à la pointe d’humour qu’il mit dans la fin de sa phrase. En réalité, mon accent Russe n’était pas très prononcé. On m’avait apprit à parler de Russe et l’Anglais en même temps. Et puis, ça allait bientôt faire cinq ans que je vivais en Amérique. Alors, j’avais pris un peu l’accent des américains – « Comment ça je roule les R. Vraiment ? Je fais ça ? » - Dis-je sur un ton ironique tout en faisant exprès de pousser mon accent Russe au maximum. Je reprenais ensuite un ton normal – « Je dis ça parce que c’est vrai, Maksim. Je parle en connaissance de cause. Je me suis retrouvée plus d’une fois attirée par des hommes qui ne partageaient pas le même sentiment. C’est peut-être moi qui suis folle après tout ? Je ne devrais pas être attirée par des types qui me voient comme une amie ou qui voient en moi leur petite sœur. » - Je réalisais immédiatement que j’en avais peut-être trop dit sur le coup. Mais au moins, c’était vrai et sincère. Je décidais de me reprendre : « Enfin, l’amour, c’est comme un papillon : Il est hors de portée quand on essaie de le chasser, mais si on le laisse tranquille, il peut très bien se poser sur notre épaule. Alors on verra bien… »

« Ton accent Russe est très charmant. » - Lui dis-je en souriant. Il était un peu plus présent chez lui que chez moi, mais c’est ce qui faisait tout son charme. Et puis, de toute façon, cet accent Russe n’était pas dérangeant, c’était nos origines et j’aimais tellement ma Russie natale. J’en étais amoureuse. Ce pays était tellement beau à mes yeux. Le silence qui s’installait entre nous ensuite me mit très mal à l’aise. Qu’est-ce qui m’avait prit de lui expliquer tout cela ? J’observais Maksim qui avait l’air de réfléchir à ce que je venais de dire. J’espérais qu’il ne comprenait pas où je voulais en venir. Ce qui était contradictoire, c’est que d’un autre côté, je voulais qu’il comprenne. Je parlais de lui, bien évidemment que je parlais de lui. Il n’y avait pas trente-six milles hommes autour de moi qui correspondait à la description que je venais de lui faire. Maksim me semblait bien pensif après tout ça. La serveuse revint à ce moment là avec nos plats. Je la remerciais et regardais mon assiette. C’était bien présenté et l’odeur qui se dégageait du plat me donnait déjà l’eau à la bouche – « Bon appétit à toi aussi. » - Je lui adressais un petit sourire. C’était seulement moi ou j’avais l’impression que l’atmosphère était devenue un peu étrange depuis ce que j’avais dit ? Ce n’était peut-être que moi, après tout. Je doutais que Maksim puisse s’imaginer une seule seconde que je parlais de lui de toute manière – « Et bien sûr que j’ai raison. Je suis certaine qu’un jour « le papillon » se posera sur ton épaule. » - Repris-je pour continuer dans la métaphore du papillon – « Bien que j’ai du mal à comprendre comment tu peux être encore seul. » - A mes yeux, Maksim était vraiment quelqu’un d’exceptionnel. Je ne dis pas qu’il est parfait, personne ne l’est, mais il est une personne remarquable. Il a traversé de dures épreuves comme la mort de son père et la dépression de sa mère. Il est quelqu’un de fort et j’admire ça. Mais il à aussi tout un tas d’autres qualités. Comme le fait qu’il ne juge pas les gens et qu’il ne se comporte pas comme un prétentieux parce qu’il a de l’argent. C’est sûrement pour ça que je m’entends bien avec lui, j’ai la même mentalité. Et puis, qualité non négligeable, il est bel homme – « Enfin, c’est peut-être pas ce que tu recherches. Désolée, ce ne sont pas mes affaires. » - Il fallait que j’arrête de trop parler. J’avais l’impression de m’enfoncer de plus en plus au fil de la conversation. Du coup, je décidais de me taire et de commencer à manger.

Je regrettais déjà mes paroles. J’aimais je n’aurais dû le lancer sur le sujet de ses relations avec les femmes. Qu’est-ce qui m’avait pris ? Je savais bien qu’il fréquentait des femmes, mais je n’avais pas vraiment envie d’en savoir plus sur le sujet. Je n’étais pas quelqu’un d’envieux ou de jaloux, mais je devais avouer que j’enviais ces femmes-là. Jamais je ne pourrais avoir ce qu’elles avaient avec Maksim, jamais il ne me verrait comme il les voyait. Non, je ne resterai que la « mioche » pour lui – « Tu as raison. Tu as bien profité de ta jeunesse, trop et maintenant tu es trop vieux. Trente-quatre ans : Le début de la fin ! » - Le taquinais-je. Cela détendrait certainement l’atmosphère. Du moins, je l’espérais – « Je plaisante. » - Ajoutais-je avec un léger sourire. Maskim disait ne jamais avoir rencontré la bonne personne, mais il me paraissait impossible qu’il reste seul toute sa vie. Honnêtement, si nos liens n’étaient pas ce qu’ils étaient, je n’aurais pas hésité une seule seconde. En tout cas, je constatais qu’encore une fois, je pensais de la même façon que Maksim. Je n’étais pas non plus à la recherche de l’homme de ma vie. Si cela arrivait, c’était bien et sinon tant pis. J’avais une vie suffisamment remplie et mouvementée pour ne pas être focalisée là-dessus. Et puis, le célibat n’était pas une fatalité. On pouvait être seul et le vivre très bien. C’était le cas pour moi. De toute façon, le seul a qui je m’intéressais vraiment était hors de portée. J’espérai simplement que ça me passerait. Il le fallait – « J’ai du mal à croire que tu finiras seul, mais je comprends ce que tu veux dire. Ce n’est pas la fin du monde d’être célibataire. » - Même si il était vrai que ce qu’on ressentais une fois amoureux était magique. Du moins, quand tout allait bien – « Ce qui est important, c’est d’être bien entouré. » - Ajoutais-je. J’avais toujours accordé beaucoup d’importantes à ma famille et mes amis qui étaient mes proches. C’était peut-être pour ça que je ne cherchais pas désespérément l’amour comme le font certaines. J’étais déjà comblée avec les gens qui m’entouraient. Enfin, je l’étais avant. En ce moment, c’était un peu la pagaille et le mot est faible. Je détournais mon attention de Maks pour prendre quelques bouchées de mon plat.