MAKSIM/SOFIA ❝ I'm trying to escape my troubles. ❞

La porte d’entrée de l’appartement s’ouvrit et je me stoppait nette. Mes yeux se posaient sur Oxana qui venait de rentrer. Elle rentrait et je m’apprêtais à sortir. On ne faisait que se croiser ces derniers temps. Je l’évitais du mieux que je pouvais et je crois, qu’elle faisait de même. Jamais notre amitié n’avait connue de telles tensions. Bien sûr, il nous est arrivé de nous disputer, mais ce n’était rien comparé à la situation actuelle. Je n’avais pas envie de l’écouter. D’après elle, j’étais censée aller en cure de désintoxication pour ne plus prendre ces médicaments. Quant à moi, j’ai bien trop besoin de ces comprimés pour m’en passer. J’étais convaincue qu’ils étaient la solution à mes problèmes, à mes angoisses. Disons qu’ils sont un peu comme un pansement à mes douleurs morales. Pourquoi est-ce qu’elle me prenait pour une droguée ? Je ne prenais pas ça par plaisir. Je prenais ça pour essayer d’aller mieux justement. Le silence s’était installé entre nous. Je l’observais sans rien dire, puis, je passais à côté d’elle et quittait l’appartement.

L’atmosphère était devenue trop tendue entre nous pour que j’aie envie de passer ma soirée avec elle. Je savais qu’elle allait encore me faire la morale ou qu’on allait rester silencieuses. C’est entre autres pour cela que j’avais décidé de passer voir Maksim ce soir. Je savais qu’il me permettrait de ne pas penser à tout cela. Quoi que avec lui, c’est aussi compliqué parfois (...) Maksim ne vivait qu’à plusieurs rues de mon appartement. Il n’attendait pas ma visite. Ce n’était pas vraiment quelque chose que j’avais prévue. Je suis comme ça parfois, imprévisible. Il me fallut que quelques minutes pour arriver jusqu'à l’hôtel. Je garais la charger avant de rejoindre le hall de l’hôtel. L’homme qui se trouvait à l’accueil releva la tête et m’adressait un sourire. Il me connaissait. C’était loin d’être la première fois que je rendais visite à Maksim. Je n’avais donc pas besoin de me signaler et me contentais de rejoindre l’étage où se trouvait l’appartement de Maksim. Une fois arrivée devant la porte de son appartement, je frappais. Lorsqu’il ouvrit la porte, un fin sourire se fendillait sur mon visage – « Je suis presque sûre que tu mourrais d’envie de passer la soirée avec moi, du coup, je me suis dévouée. » - Dis-je en plaisantant avant même qu’il puisse dire quoi que ce soit.

Le visage de Maksim laissait entrevoir sa surprise. Évidemment qu’il était surprit. Ma visite était imprévue et je n’avais même pas envoyé un message sur son téléphone pour savoir si il était là. J’avais juste… débarqué. Alors, je comprenais son étonnement. Surtout que j’avais été plutôt discrète dernièrement. Je m’étais un peu « isolée » à cause de ce que je traversais en ce moment. Mes prunelles bleues se posaient sur lui. J’avais l’impression qu’il était sur le point de sortir à en voir sa tenue. J’esquissais un sourire à ces paroles et entrait dans l’appartement lorsqu’il m’invita à le faire – « J’ai vraiment besoin d’une raison pour te rendre visite ? Peut-être que c’est simplement parce que je passais dans le coin et que j’avais envie de te voir ou alors c’est peut-être parce que je m’ennuyais, va savoir. » - Répondis-je à son interrogation en souriant légèrement – « Mais j’aurais peut-être dû t’envoyer un message avant parce que tu as l’air d’avoir quelque chose de prévu ce soir. » - Maksim était un homme très occupé. Mon père avait fait de lui le PDG d’un de ses journaux, ici, à Cambridge et en parallèle, Maksim travaillait aussi en tant que professeur à Harvard. Je crois que son père serait fier de lui si il pouvait voir ce qu’il est devenu. En tout cas, moi, j’admirais beaucoup son travail, enfin il y avait tout un tas d’autres choses que j’admirais chez Maksim. Je me perdais un instant dans mes pensées. Est-ce que c’était égoïste d’espérer qu’il n’avait rien de prévu pour qu’il puisse passer la soirée avec moi, ici ? Je ne m’étais pas « réfugiée » chez Maksim par hasard. En fait, j’avais besoin de lui, le problème c’est que j’étais encore incapable de lui révéler tout ce qui se passait en ce moment dans ma vie. Mais j’étais persuadée que sa simple présence pouvait m’aider à « échapper » à mes « démons ». Je restais silencieuse un moment, le regard un peu « ailleurs » avant de me re-concentrer sur Maksim - « Euh... Je suis désolée, j'aurais dû prévenir. Je ne voulais pas te déranger. » - Dis-je vraiment désolée, mais dernière ça il y avait surtout ma détresse. Celle que j'essayais de cacher a tout le monde.

Un fin sourire se dessinait sur mes lèvres lorsqu’il me confirma que je n’avais pas besoin d’une raison pour venir lui rendre visite. Cependant, en y réfléchissant, j’aurais effectivement dû lui envoyer quelque chose pour le prévenir. Après tout, il aurait très bien pu être absent ou… avoir de la compagnie. Je réalisais que l’idée de le trouver avec une femme me dérangeait. Pourtant, ça ne devrait pas. Je veux dire, Maksim et moi sommes des amis, n’est-ce pas ? Il avait presque été comme mon grand frère. Il m’avait vue grandir. Ce n’était donc pas normal de ressentir une pointe de jalousie à l’idée qu’il puisse voir une femme. D’ailleurs, il en voyait certainement. Maksim était un bel homme – « En fait, je me suis décidée au dernier moment, c’est pour ça que je ne t’ai pas prévenu. » - Expliquais-je. Est-ce qu’il devait sortir accompagné d’une femme ce soir ? J’eus la réponse à cette interrogation quelques secondes plus tard. Apparemment, non, sinon, il ne me proposerait pas de l’y accompagner – « Bien, je pense que vu ma tenue, je ferais un peu tâche à côté de toi. Non ? » - Il était tout bien habillé tandis-ce que j’étais en tenue plutôt décontractée. Je portais un jean slim noir avec un haut manche trois quart bleu roi. Mes cheveux étaient ondulés et retombaient sur mes épaules – « Mais puisque tu n’as pas l’air d’avoir envie de sortir, au moins, je te donne une bonne raison de rester ici. C’est quoi cette soirée ? »

Oui, je savais bien que mon problème de vêtements pouvait s’arranger très rapidement si j’avais décidé d’accompagner Maksim à cette soirée. Nous évoluions tous les deux dans un univers où tout nous était facilement accessible. Surtout grâce à l’argent. Parfois, je me sentais un peu coupable, parce que j’avais la chance de tout avoir. Tout le monde n’avait pas cette chance. Certaines personnes passaient toute leur vie à travailler très dur et à s’inquiéter pour l’argent. Moi, j’étais une petite « princesse » née avec une petite cuillère en argent dans la bouche. Cependant, je n’avais jamais été très excessive dans mes dépenses. Je ne jetais pas l’argent inutilement par les fenêtres comme le font beaucoup de riches. Je ne m’étais jamais comportée comme une petite fille gâtée. Je ne m’étais jamais pensée au dessus des autres. Malgré tout ça et le milieu du je venais, j’étais restée quelqu’un de simple grâce à l’éducation que m’avaient inculquée mes parents. Bref. La réplique de Maksim me fit décrocher un nouveau sourire. Puis, il m’expliquait qu’il s’agissait d’un vernissage – « Macalyster. J’ai vu quelques unes de ses œuvres et il a une vision de l’art assez… spéciale. » - J’étais une mordue d’art. Ma mère était d’ailleurs une artiste peintre. J’aimais beaucoup l’art, mais je devais avouer que Macalyster avait un style un peu particulier et cela m’échappait. Je retirais ma veste et la déposais sur le dossier du canapé tandis-ce que Maksim me demandait si je voulais boire quelque chose – « Oui, je veux bien un jus de fruit, si tu en as. » - Répondis-je avant de m’asseoir sur le canapé. C’était une bonne chose qu’on reste ici. Je préférais restée ici tranquillement avec Maksim. Bien que… bien que les choses devenaient parfois étranges entre nous. Depuis quelques temps, je m’étais découvert des sentiments assez ambigus envers lui. Je pensais à des choses auxquels je ne devrais pas penser. Du moins avec lui. Alors ça me mettait un peu mal à l’aise. Ce qui était contradictoire, c’est que d’un autre côté, je recherchais sa compagnie. La preuve. J’étais venue à lui ce soir. J’avais voulu échapper à Oxana et j’aurais pu aller n’importe où, pourtant, je m’étais retrouvée à frapper à la porte de Maksim. Je reprenais la parole après un moment de silence, le temps pour Maksim d’aller chercher les boissons – « Alors, comment est-ce que tu vas ? Tu… » - Silence – « Tu as des nouvelles de ta mère ? » - Je savais que la mère de Maksim avait traversé des périodes très difficiles. Après la mort de son mari, elle était tombée dans une profonde dépression. Je connaissais plutôt bien sa mère, mais je n’avais pas eu de nouvelles d’elle depuis un moment.

Je n’étais vraiment pas certaine que l’alcool fasse bon ménage avec les comprimés que je prenais. C’est pour ça que je lui avais demandé une boisson soft. Et de toute façon, il me connaissait bien. Je ne buvais de l’alcool qu’occasionnellement. Surtout parce que j’étais une danseuse – « Oui, tu me connais bien. Un jus de fruit fera parfaitement l’affaire. » - Je hochais la tête lorsqu’il me montra le jus de pomme. Ce serait très bien. Il vint me rejoindre et je le remerciais quand il me tendit mon verre. Je ne perdrais pas une seconde pour lui demander de ses nouvelles, ainsi que de sa mère. C’est terrible de voir quelqu’un qu’on aime aller aussi mal et d’avoir l’impression de ne rien pouvoir faire. J’avais rencontré une femme quelques mois auparavant. Katherine. Cette femme s’était fait agressée par le même homme que moi. Depuis, elle n’était plus la même femme. Elle était vraiment effrayée et avait préféré ne plus affronter le monde extérieur. Katherine s’était faite enfermée dans un hôpital psychiatrique. J’avais été lui rendre visite à plusieurs reprises et je me sentais vraiment impuissante face à elle. Il n’y avait rien que je pouvais faire pour soulager sa détresse. Je ne connaissais que très peu Katherine et j’arrivais déjà me sentir mal de ne pouvoir rien faire. Alors, je n’ose même pas imaginé combien les choses ont dû être compliquées pour Maksim qui a vu sa mère au plus bas. Je sentais, à sa réponse, que je n’aurais peut-être pas dû aborder ce sujet là. C’était un sujet sensible – « C’est une bonne nouvelle si son nouveau traitement est prometteur. Je sais que c’est sûrement difficile d’espérer une amélioration, surtout avec ce genre de dépression, mais je pense qu’il faut y croire et j’espère que ce traitement sera le bon. » - Je souriais faiblement. En fait, je voulais vraiment que la mère de Maksim s’en sorte. Mais je sais aussi qu’il est parfois difficile d’aller mieux quand quelque chose se brise à l’intérieur de nous même. Je bus quelques gorgées de mon jus de pomme et réfléchissait un moment à la question de Maksim. Une question toute simple. Enfin, en principe – « Oui ça va et si je ne suis pas avec mes amis, c’est parce que tu es la seule personne que j’avais envie de voir ce soir. » - Je posais mes prunelles bleues sur lui. Si la première partie de ma phrase était un mensonge, la seconde en revanche était sincère. Je restais silencieuse un instant, mon regard perdu dans le sien, avant de reprendre la parole : « Non. C’est faux. Ça ne va pas si bien que ça, en réalité. »