Tu avais comme dirait-on jurer de ne pas décrocher un mot de plus tant qu'elle ne l'aurait pas fait. Ce petit silence t'avait quelque peu perturbé, mais dans ses yeux tu ne voyais rien de perplexe ni même de négatif. Alors oui tu étais confiant. Bambi tu la connaissais plutôt bien maintenant. Cette idée pourrait être la meilleure chose que tu aies pu lui proposer à ses yeux, tout comme ça pouvait être étonnant. Elle pourrait te sauter au cou, ou simplement s'étonner au point de douter que ce soit vraiment ce que tu voulais. Toi, tu avais besoin d'être conforté pour être convaincu, pas autre chose. Alors oui c'était bête mais en l'entendant s'adresser à la cinquième tu n'avais plus de doute. Tu riais même du manque de tact dont elle venait de faire preuve. Ouais j'ai encore quelques affaires dans la voiture en bas. Elle te proposait une chambre, et ça te soulageait. Vous aviez l'air d'accord pour parler de colocation plutôt que d'autre chose. Emménagement ensemble, concubinage, oui tout ça. Tout ça avait son importance et tu l'expliquais pas. Pourtant tu savais que faire lit à part ne serait même pas envisageable, pour toi comme pour elle, oui ça n'aurait aucun sens. Mais tu ne voulais pas voir ce détail comme une étape à votre couple. Quecette colocation soit une réussite ou un échec, tu avais besoin que votre relation soit préservée. Elle était peut-être parfaite la cinquième, tu l'as méchamment recalée...p'tain si je savais que ça te ferais autant plaisir je t'en aurais parlé plutôt. Elle ne bougeait pas tant que ça mais tu voyais qu'elle était toute contente. Tu l'étais aussi au fond. Tu allais quitter la mather, partager un loyer, vivre sur Boston, pouvoir avoir ton bébé autant que tu le voulais près de toi et puis tu n'aurais pas à te soucier du déroulement de sa colocation.
Bambi essayait de ne pas crier, sauter, casser les oreilles de Ciarán mais l'envie était forte, très forte. Et dire que celle-là, elle ne l'avait pas vue venir une seconde... Par contre juste le temps que je te commande un lit... faudra te satisfaire du mien vu que pour le moment la chambre est vide de meubles. Ce sera supportable pour toi petit cœur ? Rassure-moi... la gastro de ta pote Mather, c'était du pipotage pur et simple ? Pour une fois qu'elle pouvait le taquiner, qu'elle avait le power comme dirait l'autre... mais cela se voyait comme le nez au milieu de la figure que son expression était pétillante plutôt que moqueuse. L'italienne n'aurait pas su montrer un autre visage. Pas aujourd'hui. En revanche, alors qu'elle sortait de son petit monologue concernant la chambre à lui confier, elle bloqua sur ses dernières paroles. La cinquième on s'en fout elle ne serait même pas arrivé au petit doigt de pied dans un millier d'année ! Par contre minute beau gosse... comment ça t'aurais pu m'en parler plus tôt ?! Grande moue. La brunette ne put s'empêcher d'arquer un sourcil. Pas de mensonge : tu y penses depuis quand ?
T'occupe pas de ça, je peux me débrouiller. J'ai quelques trucs de l'époque où j'étais en studio. Hors de question qu'elle s'occupe de meubler ta chambre, elle n'avait pas à le faire. En attendant, tu n'allais pas râler de devoir partager son lit avec elle. Tu le faisais déjà souvent. Ouais pur et simple. As-tu dit, alors que tu avais presque oublié ce détail, tant ça t'étais venu comme le premier prétexte venu. Maintenant que tu savais que tout ça allait se faire sans encombres, tu étais comme soulagé. A sa question, tu prenais le temps de te remettre les idées en place pour lui donner la réponse la plus précise, mais entre temps, une connerie t'échappait. Depuis que tu te mets à réclamer des câlins matinaux sur intagram. Sentiment d'impuissance en étant loin ou jalousie ? Va savoir. Sur le point de lui échapper pour aller te servir un verre d'eau, tu te sentais comme retenu par son pas de mensonge qui venait résonner à nouveau dans ton esprit. J'y pense sérieusement depuis que t'as viré l'autre connard. Je t'avais dit que je préférais de loin être en dehors du campus, malgré la mather. Je suis pas le genre vie en collectivité. J'ai lâché mon studio avant de le SC pour un peu plus d'économies mais un loyer partagé c'est tout benef' surtout si je supporte plutôt bien ma colocataire. Cinq mois voilà ce que tu avais tenu à la mather.
Tant que tu es à l'aise tout me va petit cœur ! fit elle d'une voix douce, alors que son expression se transforma bientôt en un petit rire. T'es trop mignon quand tu pipotes ! Surtout que Ciarán semblait l'avoir fait par crainte que Bambi ne soit pas d'accord pour qu'ils s'installent ensemble. Au contraire, l'italienne n'attendait que ça. Quoi de mieux pour qu'ils apprennent à vivre ensemble, main dans la main ? Et tu pensais que c'était dirigé pour qui ce genre de message ? Pour toi... pas évident de ne pas devenir accro aux câlins matinaux ! Tu l'as mal pris ? Bambi eut un petit élan de panique mais cela ne l'empêcha pas d'écouter religieusement les arguments de son beau brun. Elle attendit patiemment qu'il termine pour mieux lui sauter au cou, enfin, pour lier ses lèvres aux siennes dans un baisers d'une rare douceur. La preuve par a+b du bonheur qu'elle ressentait à cet instant. Elle le serra ensuite contre elle, profitant déjà d'un câlin bien mérité. Je n'aurais jamais osé te le proposer mais je crois qu'inconsciemment je rêvais que tu te proposes. C'est mieux pour apprendre à vivre ensemble que de vivre vraiment ensemble non ? Mais j'espère tellement que tu vas te sentir bien ici, avec moi...
T'avais vu comme t'as viré la dernière, je voulais juste attendre que tu en finisses avec elles, pour te le dire et puis j'aurais pu me prendre une veste aussi. Tout était question de timing ou presque avec toi. Tu te sentais de faire ou de dire certaine choses, ou ce n'était pas le cas. Tu te forçais jamais, ou du moins trop rarement. Même si reconnais qu'avec Bambi tu avais bien évolué, parfois maladroitement mais le fond était là. Mais noon.. mais peut-être que si tu m'avais envoyé un texto, je serais venu. Voilà une question se posera plus maintenant. L'idée de ne plus être à la mather si pleine de monde te faisait du bien, et il est vrai que profiter des matins auprès de Bambi dès aujourd'hui c'était encore mieux, bien que ça pouvait paraître fou de déjà vivre sous le même toit. Exit le verre d'eau et la réhydratation, Bambi finissait par craquer en te sautant au cou. C'est qu'elle avait mis le temps pour une fois. Tu accueillais son baiser comme une confirmation de son accord en l'entourant de tes bras. C'est quitte ou double.. on finira peut-être par s'insupporter t'en sais rien.
Parce que tu t'es déjà pris une veste avec moi, sincèrement ? Bambi n'agissait pas avec les autres comme avec Ciarán. Au contraire. Il avait toujours ses priorités, elle pouvait abandonner tout ce qu'elle était en train de faire pour le rejoindre, passer de la colère au rire en fondant s'il lui souriait... en bref, l'italienne agissait comme une vraie jeune femme amoureuse quoi. Qu'il ait pu douter qu'elle soit d'accord la dépassait totalement. J'ai pas osé... mais si jamais tu dors dans ta chambre, un matin, t'auras sûrement un texto de moi... L'idéal d'avoir chacun sa chambre, outre le fait de pouvoir étaler son bordel de fringues, casquettes et autres, c'est qu'ils pourraient ne pas avoir le même rythme au cas où l'un d'eux voulait bosser en mode nocturne par exemple... très pratique. Même si, autant être honnête, Bambi n'allait pas rester très longtemps autrement que collée à son beau brun. Rhaaaaa mais c'est pas possible ce casseur d'ambiance, tu mériterais que j'te boude ! J'te fais zi beusou et toi tu m'sors qu'on pourrait un jour s'insupporter... glamour ! Tiens, pour la peine, j't'appelle Kiki !
C'est vrai.. tu marques un point, là. Tu lui accordais ce point aisément. Elle avait raison, ce n'était pas vraiment son point fort de te recaler, et tu en jouais pas assez mine de rien. Reprenant un peu de sérieux tu as fini par dire tout simplement. Plus sérieusement, tu sais pourquoi je disais ça. As-tu dit. Autant tu savais qu'elle n'aurait peut-être pas refusé catégoriquement mais disons qu'elle aurait pu trouver cette idée parfaite tout comme elle aurait pu se dire que c'était osé. Qu'importe maintenant que vous en aviez parlé. Vous faisiez les choses à votre manière et vous étiez en phase là-dessus. C'est ça, rattrape comme tu peux. Amusé par sa tendance à vouloir tempérer et rattraper le coup, tu ne te lassais pas de son obsession de tout faire parfaitement. Pourtant ce n'était même pas ce que tu attendais d'elle. Essaie seulement de bouder, pour voir ce que ça donne. Tu te marrais et tu la défiais. Reconnais le tu ne la pensais pas capable de te faire la tronche et surtout pour si peu, pourtant elle avait totalement raison, tu étais casseur d'ambiance en pipotant autant, la taquinant autant.
J'ai limite envie de me pincer, tu m'as dit que j'avais marqué un point... Bon okay c'était une pure taquinerie car Ciarán n'était pas avare de compliments la concernant. Il la taquinait, la défait très régulièrement mais il la poussait aussi à ne plus autant s'excuser et à faire en sorte d'assumer pleinement la personnalité qu'elle était dans son ensemble... qualités et défauts compris. Je sais pourquoi tu dis ça... et je me raccroche pas aux branches ! fit-elle, plus sérieuse, avant de finir proprement outrée. Corde sensible atteinte. Warning. Sourcils froncés, yeux plissés, lèvres serrées, Bambi croisa ses bras contre sa poitrine mise en valeur par ce tailleur et fit, d'autant plus sérieuse : ah tu m'en crois pas capable, m'sieur je sais tout... bah tu vas me découvrir ! L'italienne tourna les talons ou plutôt ôta ses talons, pris son bouquin de neuro et défis son chignon d'un air presque sexy et provoquant, l'ignorant parfaitement pour mieux se mettre à réviser. Il ne la connaissait pas boudeuse, mais il savait pourtant que lui dire chiche restait une bien mauvaise idée et que dans le genre têtue, la miss se posait là.
Grimaçant l'air de râler gentiment à sa réplique, tu ne t'étonnais même plus de la voir te taquiner à son tour. En attendant tu appréciais vraiment de l'entendre te dire qu'elle comprenait pourquoi tu avais eu cette crainte. Autant pour moi alors, mais tu vas pas m'envoyer un texto si je suis dans la chambre d'à côté, c'est bidon. Tu viendras le chercher le câlin ou t'auras qu'à crier mon nom et le câlin viendra à toi. As-tu dit l'air détaché, pour autant tu le pensais. Qu'elle soit la première personne que tu vois le matin, ça te faisait toujours un bien fou et se dire que ce sera quotidien ça te faisait du bien rien qu'à y penser. Cette colocation, c'était pour toi, une confirmation du fait que vous vouliez les mêmes choses, que vous avanciez de la même manière, qu'elle tenait à toi au moins autant que tu tenais à elle, même si elle était plus douée à montrer ce genre de choses. Tu n'as du te retenir de rire légèrement. Ah oui ? Sérieusement ? Tu restais un peu bouche bée pourtant en la voyant faire tu ne pouvais qu'y croire. Tu t'es vite servi un verre d'eau sans la quitter du regard. Come on ! Tu avais plus d'un tour dans ton sac manipulateur que tu étais. Mmh, qu'est-ce que tu lis ? Stratégie numéro une, faire comme si ce petit défi n'avait jamais existé. La distraire pour tester sa détermination. De tes doigts tu as décalé ses cheveux sur le côté pour jeter un coup d’œil à ce bouquin par dessus son épaule.. du moins en théorie. Non parce qu'en pratique tes lèvres avaient accidentellement glissé au creux de son cou, beusou, beusous.
Bambi laissa échapper un petit rire amusé. On va couper la poire en deux alors... une fois ce sera à moi de venir quémander, et une fois j'utiliserai ma douce voix pour t'attirer à moi... fit-elle valoir, partisane du partage et de l'altruisme à l'état pur. Mais au delà de ça, Bambi savait pertinemment que les rares fois où ils feraient lit à part ne seraient dominées que par des raisons tout à fait objectives, comme le fait de bosser ou par une insomnie insupportable. Exemples parmi tant d'autres. La plupart du temps, l'italienne espérait bien qu'ils profiteraient l'un de l'autre pour former une sorte de cocon protecteur, et s'offrir à l'un comme à l'autre une nuit paisible en se berçant au rythme des battements réguliers de leurs cœurs battant à l'unisson. Mais pour le moment, cette délicate idée semblait lointaine, bien lointaine. Bambi tenait bon, livre en main, l'air parfaitement concentré, alors que Ciarán se rapprochait pour lui demander ce qu'elle lisait. Quelque chose d'absolument passionnant reprit-elle d'un air absent, quasi ignorant et sérieux en même temps. Elle n'aurait rien répondu que cela aurait pu revenir au même. Cela devenait difficile de ne pas fondre à la présence des lèvres de son beau brun contre la peau de son cou, qui frissonnait déjà, vile traîtresse. Mais elle voulait tenir bon, par principe. Son honneur était en jeu ! Alors pour ainsi dire, elle tenta de faire en sorte qu'aucune autre marque physique ne la trahisse.
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