Adieu, et à demain.

14h et des poussières. La nouvelle année est tombée et je suis tombée avec elle. Je peux pas m'en empêcher, je m'inquiète alors que je devrais pas, vraiment pas. Les bruits de couloir ont fait leur chemin et j'ai patiemment harcelé tous les médecins que je connais à l'hôpital pour savoir quand les visites commenceront. Et elles commencent aujourd'hui à 14h. Enfin, je crois. Je ne sais plus trop. Mais c'est l'heure à laquelle j'arrive. Je me dirige vers le service des soins intensifs. Je déteste cette atmosphère, elle me rappelle bien trop tous ces moments passés à surveiller de loin ma filleule. J'enfile la blouse, la charlotte, le masque et me désinfecte bien les mains. J'espère qu'il n'y a personne pour le moment. Ça m'arrangerait bien pour tout dire. Je pousse la porte avec mes coudes histoire de ne rien toucher et reste là, à quelques mètres du lit. Bandage autour du crâne, dans sa blouse blanche... Ça me rappelle presque l'été tout ça. Sauf que les rôles sont inversés cette fois-ci. " Je t'ai dis que si tu devais mourir, c'est moi qui t'achevait " Soufflais-je simplement en m'approchant du lit. Dort-il ? Ne dort-il pas ? Je sais pas trop, on sait jamais avec ce comédien. Aussi bien fait-il semblant de dormir pour écouter les conversations des gens qui risquent de bientôt débarquer. Bien son style ça.

Paupières closes, j’essayais de dormir. Jessica, ma nouvelle nurse aux formes généreuses, merci Ayma pour le cadeau, m’avait dit que je n’avais que ça à faire : me reposer, attendre que les antibios agissent, me remettre de l’opération. Une intervention cérébrale ce n’est pas rien monsieur Wildingham. Alors voilà, j’obtempérais, docile, parce qu’elle était jolie et qu’à par dormir et mater ma jolie soignante, je n’avais guère d’occupation ici. Sauf que voilà, les bips du scope avaient le don de m’agacer, et que sieste all day long c’était loin d’être un truc pour moi. Alors quand des bruits de pas annoncèrent une venue, j’ouvris discrètement un œil, et le refermai direct en reconnaissant Kyla… Mon ex. J'avais le courage d'une huitre, ce n'était pas nouveau. Feindre de dormir valait mieux que de l'affronter. Je n’étais même pas sûr de me souvenir de notre dernière discussion, mais j’étais quasi certain de l’avoir accusée dans mes délires, elle, et son nouveau petit ami, d’être impliqués dans ce complot imaginaire contre moi et dans l’incendie qui avait ravagé ma confrérie. Je ne pus néanmoins rester impassible et continuer de jouer l'endormi en entendant ses mots, pouffant malgré moi, mes paupières se rouvrirent et avec un petit rire je répliquai : « Et tu te rappelles comment je souhaiterais mourir ? J’espère que tu ne portes pas de soutien gorge… » plaisantai-je, référence douteuse à l’un de nos délires… Un délire d’une autre époque, d’un autre temps… J’avais presque l’impression que des siècles s’étaient écoulés depuis. « Comment ça va Kyla ? »

14h et des poussières. C'était plus fort que moi. Je devrais pas être là vu nos derniers échanges. Les textos complètement dingues, accusateurs, c'était du grand n'importe quoi, du grand Cole. Et même si j'avais mal au coeur de le savoir ici, j'étais soulagée en quelque sorte. Soulagée de savoir qu'il allait s'en remettre à un moment ou à un autre parce qu'il n'était pas fou mais juste malade. Et maintenant, il n'était plus malade. Enfin, plus vraiment. Ça m'étonnait presque de ne voir personne dans la chambre de ce petit con d'anglais mais ça m'arrangeait. Je pourrais faire une petite visite discrète sans croiser des gens dont je n'ai absolument pas envie de voir le faciès. Quelques noms fusent dans mon esprit mais c'est pas bien grave. Il est là, surement endormi et je ressens bien des choses, trop de choses. De la colère, de la rage... Mais aussi de la peine, de la tristesse, de l'amour. Pas l'amour que je lui portais y a quatre mois de ça. Non, un amour... passé, étrange mais qui reste. Je tiens à lui, d'une manière ou d'une autre, même si ce n'est pas franchement bien. Voilà. Ce n'est pas de l'amour, c'est de l'affection. Je m'approche, tout en restant à une distance respectable, ne voulant pas le réveiller ou quoi que ce soit. Je soupire, souffle quelques mots et quand je l'entends rire je fronce les sourcils. " Au pire, tu te chargeras de l'enlever, va pas croire que je vais faire tout le boulot pour te tuer non plus " Lançais-je en riant légèrement. C'est bizarre quand même, tout ça. Mais bon, ça fait du bien. On s'insulte pas pour une fois, il ne me regarde pas avec dégoût. Et ça fait du bien. " C'est à toi qu'il faut demander ça " Lâchais-je simplement. " Mais ça va... Le boulot, la maison, la routine " Peut être pas obligé de parler de mon petit ami et de tout ce qui va avec non ? Non. Je pense pas. " Je suis contente que... tout ça soit fini. J'allais finir par t'envoyer les flics pour t'embarquer et te faire faire un exam de force " Mais je l'avais pas fais avant noël et le nouvel an parce que c'était pas mon rôle, pas ma place. Il avait plus sa place dans ma vie et moi dans la mienne, je crois.

@Cole S.-Wildingham

Passé la trouille et l’étonnement de la voir apparaître ici, ses mots teintés d’humour noir avaient fini par me décider à ouvrir les yeux et arrêter ma comédie du sommeil, lâchant une réponse chargée d’allusions ambigües avec un petit rire. Quand à la présence ou non de sous vêtements, mademoiselle répliqua que de toute façon, hors de question qu’elle fasse tout le boulot, elle me chargeait de l’enlever… « Ne me défie pas… » lançai-je alors, regard rieur, sourire salace. Ouais, pas de défi de ce genre, parce qu’on était tous les deux pris désormais. Enfin, c’était ce qui me semblait me rappeler des souvenirs brumeux de mes délires. Je lui demandais comment elle allait, et d’après elle j’étais plutôt celui censé répondre à cette question. J’haussai les épaules, avec cette nonchalance qui m’était propre. « J’ai retrouvé mon humour douteux, donc j’imagine que ça va. Comme tu peux le constater par toi même.» On ne parlera pas de l’opération, du chir qui a farfouillé dans mon crâne, du résultat de l’anapath en attente quant à la nature de cette putain de tumeur, on ne parlera pas non plus d’hyperthermie, la crp au plafond, de la perf dans mon bras, de la septicémie qui me couchait et à qui je devais ce teint blafard. « Je suis en pleine forme, l’infirmière a craqué pour moi, c’est uniquement pour ça qu’ils me gardent. » Que j’affirme même alors, avec mon petit ton effronté. Kyla aussi, elle allait bien, selon ses dires. Mon regard s’attarda alors sur elle, son visage, ses traits, son corps, tout ça autrefois si familiers… « T’as l’air en forme en effet. » commentai-je. Et ensuite elle me confia son soulagement, évoquant l’idée qu’elle avait eu de me faire examiner de force. « J’ai pas été un patient très docile à ce qu’il paraît… Je ne me souviens pas de tout très clairement. T’sais c’est comme après un mauvais rêve un peu. » tentai-je d’expliquer. Je savais que je n’avais pas été tendre, je savais que j’avais déliré sur tellement de trucs. On m’avait confirmé que l’incendie de la EH avait bien eu lieu, on m’avait révélé que par contre c’était un simple accident, que Noah n’avait jamais disparu aussi… Mais y’avait un autre truc qui me trottait dans la tête, là, tout de suite, maintenant, avec l’arrivée de mon ex devant moi. « Toi et Wade, c’était… vrai ? » Ou était-ce un des délires du genre…  

14h et des poussières. " De toute façon, je suis pas sur que tu sois capable de grand chose dans ton état " Et c'était pas un défi, c'était plutôt façon de lui dire qu'il avait failli mourir alors valait mieux qu'il reste tranquille. Puis bon, j'avais pas enfilé ce truc bleu clair vraiment moche pour rien. Il faudrait vraiment tout refaire mais bon, dans un hôpital, c'était le côté pratique qui primait sur le côté esthétique et ça se voyait bien là, pour le coup. Je l'écoute et je souris légèrement. Il a retrouvé son humour, il n'est plus sec et désobligeant, ça fait du bien, vraiment. Je retrouve l'homme que j'ai apprécié découvrir y a bientôt un an de ça... " C'est donc ça... Il y avait forcément une femme là dessous " Soufflais-je légèrement. Ouai, avec Cole, y a toujours une nana et pas qu'une, la plus part du temps. Jouer sur plusieurs tableaux, se frustrer, c'est bien son trip. Je souris. J'ai pas trop envie de parler de moi, de mon job et tout ça. C'est cool, je m'épanouis vraiment mais ça s'arrête là. " T'étais une plaie tu veux dire... Complètement délirant. J'avais fini par croire que t'étais devenu fou. Ou un vrai comédien " Et ça aurait été préférable non ? Je sais pas trop. Je sais plus trop ce que j'aurais préféré à son sujet, à notre sujet. Pas les mots qu'il m'a balancé, les crises de nerfs qu'il y a eu, sa façon de me regarder et de me rire au nez suite à l'incendie. Ça a fait mal sur le coup et je crois que ça fera mal encore longtemps. Mais c'est comme ça. Je le regarde et manque de m'étouffer quand il parle de Wade. " Visiblement, t'as pas tout oublié " Soufflais-je simplement. " Ouai c'était vrai " Lâchais-je en me posant sur la chaise non loin du lit, soupirant légèrement. " J'ai fais ce que j'ai fais et puis voilà. J'ai pas envie d'en parler surtout qu'il n'y a rien à dire " On est plus ensemble et j'ai aucun compte à lui rendre. " Et toi et cette mather ... Vous avez jamais rien fais quand on était ensemble ? La forêt, son intrusion à la EH... " C'était ça ma plus grosse crainte au final, pas le reste. Il l'avait sauté à multiples reprises après, avant ? Well, c'est son choix et pas le mien. J'avais rien à dire là dessus.

@Cole S.-Wildingham

Boston, dix heures du matin le dix janvier deux mille dix sept. Cela avait été un choc pour Bambi d'apprendre l'hospitalisation de Cole, après son message bizarre de l'année dernière et sa non réponse au joyeux Noël de l'italienne. Bien entendu, des bruits de couloir avaient eu bon train durant de nombreuses semaines, poussant la brunette à comprendre qu'elle n'était pas la seule à être soupçonnée d'un méfait... inconnu et ennuyeux. Mais rien n'aurait pu empêcher la demoiselle de passer aux soins intensifs de l'hôpital, pas alors qu'elle y était en stage aux urgences depuis quelques jours déjà. Aussi, après avoir soigneusement frappé à la porte de la chambre, elle se permit d'entrer, ne sachant pas si l'Eliot serait en mesure de parler et donc de lui répondre. Elle s'avança précautionneusement, un sourire rassurant aux lèvres, déposant une petite boite noire sur la table de nuit. Si jamais il venait à lui demander ce que c'était, alors elle le lui dirait avec amusement. Tu m'as foutu la trouille... faut pas faire des frayeurs comme ça ! Mais je comprends mieux pourquoi tu semblais en pétard contre moi et pourquoi t'avais pas répondu à mes sms. Comment tu te sens ? fit elle d'une voix douce, s'amusant intérieurement d'être en vêtement de membre d'hôpital et en blouse de futur médecin... c'était comique quand on connaissait leur passé. Je t'ai même amené un petit quelque chose !

10 janvier 2017, 11 heures. Cole n'avait pas été des plus agréables ces derniers temps, que ce soit envers moi ou même tout le monde en fait. Mais pourtant je ne pouvais le rayer de ma vie car je le considérais réellement comme un frère. Voilà pourquoi j'avais décidé de prendre de ses nouvelles, espérant ne pas me prendre un vent ou pire que l'on s'engueule comme la dernière fois pour un rien. Heureusement sa paranoia semblait avoir disparue et autant dire que j'en fus soulagée. Sauf que lorsqu'il m'a dit que je devrais enfiler une charlotte et tout le tintouin de protection pour venir le voir, je me suis longuement tâtée à y aller. Malgré tout, je suis venue à l'hôpital et ce même si j'aime pas trop ce genre d'endroit. Après avoir enfilé les protections pour ne pas être malade à mon tour, je vins rentrer dans la pièce, saluant au passage la jeune femme (Bambi) qui se trouvait déjà sur place avant de venir ronchonner auprès de Cole. "Tu sais que si ça avait pas été toi, je serais pas venue habillée ainsi alors on se moque pas. J'espère que tu vas mieux en tout cas et que le Cole que je connais est bel et bien revenu ?", lui dis je, attendant sa réponse et gardant une certaine distance avec lui. Manquerait plus que j'ai ses microbes.

légende:

12 Janvier 10h30. Quand Malicia avait entendu les rumeurs au sujet de la tumeur de Cole, les premiers mots qui lui était venue à l’esprit était « Je le savais ! » . L’étudiante en médecine c’était questionner sur le comportement étrange de l’Eliot la dernière fois qu’ils s’étaient vu et tous ce qu’on pouvait dire sur sa parano. La Lowell avait pourtant eu bien trop à faire sur sa propre vie avec ses problèmes de drogue à réglé et ses notes qui avaient chuté en conséquences pour s’attarder d’avantage sur le cas du jeune homme. Elle avait aussi laissé tombé car ils n’étaient pas assez proche pour qu’il tienne compte de son avis. Elle lui était reconnaissante de ne pas avoir céder la dernière fois qu’ils s’étaient vus, mais elle était encore un peu honteuse de son comportement. Sans compter qu’à cause de leur rupture, Brent était plus jaloux que jamais. Non ce n’était vraiment pas le moment pour elle de se pointé chez les vice présidents en mode « moi j’ai une théorie. ». N’empêche… Elle avait raison ! Elle regrettait de ne pas être allé lui en parler, il aurait peut-être pût être soigné plus tôt… Malicia avait hésité à se rendre à l’hôpital, sans doute parce qu’elle l’entendait déjà avec ses « Alors Lara Croft je t’ai manqué ? » et qu’elle n’osait imaginer la tête de Brent s’il venait à l’apprendre. Seulement la Lowell n’avait jamais était quelqu’un de craintif et Cole avait été là pour elle, de façon délibéré ou non quand elle en avait besoin, elle trouvait donc normal de prendre de ses nouvelles. Elle s’était équipée comme le personnel de l’hôpital l’exigeait et elle poussa la porte après avoir donné quelque coup. « Alors finalement les Mathers sont innocents ? » demanda-t-elle avec son éternelle malice.