real eyes, realize, real lies (carmingham)

Je le regarde et un léger sourire se dessine sur mon visage. " Tu sais qu'à un moment, il va définitivement falloir que t'arrêtes de compter sur ta limo magique hein ? " Je dis ça comme ça. Mais ouai, peut être qu'à un moment ou à un autre, il faudrait que Cole décide à faire les choses comme il faut en temps et en heure. J'aurais tellement voulu aller au bal avec lui mais il y avait sa fiancée, fiancée que j'allais véritablement finir par balancer par dessus bord. Je suis jalouse et je ne le cache plus. De toute façon, ça ne sert strictement à rien de le cacher quand il n'y a que le principal intéressé qui ne voit rien. Je le regarde et déglutis difficilement. Non, on est pas vraiment ensemble mais on est jamais réellement ensemble de toute façon. Et puis quoi ? Il avait des obligations alors... Était-il entrain de dire qu'il voulait qu'on ne fasse plus qu'un, qu'on soit réellement ensemble ? Je commençais presque à me faire des films et ça n'allait pas aller en s'arrangeant. " Oui, je crois que je vois ce que tu veux dire " Juste je crois. Parce que, comme ça, il peut me prendre pour une débile et m'expliquer, tout m'expliquer, m'éclairer, m'offrir la connaissance... Bref, toutes ces choses quoi. " Mais de quoi tu parles ? " Demandais-je en fronçant les sourcils. Détruire sa vie ? Mais Wade n'est qu'un étudiant. Et puis, je ne sais pas comment, tout me revient en tête. La dispute sur l'île de Pâques, le brun qui lui en colle une, la dispute avec cette jolie fille aux cheveux de jais. " Putain c'est lui Wade ? Ton demi-frère ? " Non parce que je n'avais pas réellement fait le rapprochement... Wade n'a jamais été con ou cruel avec moi, loin de là même. On a passé pas mal d'heures à discuter ces derniers temps, pas mal d'heures à bosser sur les pcs pour que je sois enfin prête pour mes exams, pour que je devienne une vraie petite geek. " Le salop ! " Putain, il venait de me reléguer au rang de potiche comme Maëlys l'avait été et ça, mon dieu, j'avais envie d'en vomir. Tout sauf ça. Je suis en colère mais je sais que si je n'ouvre pas la bouche maintenant, je ne l'ouvrirais jamais. " J'ai tout simplement pas envie de coucher avec n'importe qui. J'en ai marre que même mes meilleures amies me croient capables de m'envoyer en l'air avec les garçons qu'elles affectionnent et puis... Un garçon m'a dit qu'il ne voulait pas me voir dans les bras d'autres hommes et je crois que j'ai pas envie d'être dans les bras d'autres, tout simplement " D'autres que lui, d'autres que toi. Tout semble si fade. C'est comme si j'évoluais dans un monde en noir et blanc et je fais avec. Je n'ai pas le choix de toute manière. Un jour, je retrouverais les couleurs, le RVB, le CMJN et tout ce qui va avec. Aujourd'hui, je ne suis qu'une pauvre idiote attachée à un pauvre con. Son index sur mes lèvres, je déglutis difficilement. " C'est comme ça que ma mère m'appelle " Soufflais-je en posant ma main sur la sienne, le touchant quelques secondes avant de bouger son doigt de mes lèvres. " Je suis désolée. J'ai passé une soirée pourrie et ma dernière danse finit en règlement de compte " La faute à qui ? On se demande ! " Danse avec moi, une dernière fois. Fais moi rêver deux minutes. Et je disparaitrais " Comme une étoile en pleine combustion, je filerai loin de lui...

 Oui clairement, il faudrait que j’apprenne à assumer les conséquences de mes choix. Mais ce soir j’avais encore envie de jouer un peu les grands gamins, de croire qu’un tour de voiture allait une nouvelle fois pouvoir effacer mes mauvais choix. Parce que oui, inviter Ombeline était surement une erreur, une erreur guidée par le fait de vouloir sauver les apparences, paraître bien sage et bien rangé. Au final, la blondinette n’avait même pas daigné se montrer, n’étant surement pas dupe. On avait eu beau n’échanger que quelques regards ce soir Kyla et moi, on finissait toujours pas se retrouver, comme des aimants. Ensemble sur cette piste, mais pas vraiment ensemble au final… Mascarade et comédie amicale oblige. Je laissais échapper ces mots qui trahissaient plutôt bien mon ressenti… Mais le prénom de mon demi frère s’imposa ensuite rapidement dans notre discussion et je me sentais perdre un peu plus le contrôle. Bien que rassuré de savoir que non, il n’y avait rien eu de plus que cette courte danse entre eux, je ne pus m’empêcher de conseiller la prudence à Kyla, lui affirmant que ce type était près à tout pour détruire ma vie. Et soit dit en passant je lui rendais bien, mais j’avais une tendance maladive à me voir davantage comme le persécuté dans l’histoire, du style –c’est Wade qui a commencé, il avait qu’à pas me voler mon héritage- Gamineries jusqu’au bout… La demoiselle resta d’abord un peu interloquée par mes mises en garde, avant de soudain comprendre qui était exactement Forbes pour moi. Ce demi frère gâcheur d’existence dont je lui rabâchais les oreilles et qui nourrissait tous mes projets les plus fous de vengeance.  « C’est lui. T’approches pas de ce type Kyla. C’est un malade. » Un sourire étira malgré moi mes lèvres lorsqu’elle laissa échapper un –le salop- en réalisant le petit manège du brun. « Au moins, on est d’accord sur un point toi et moi… » Et déjà mon cerveau fulminait à une nouvelle attaque contre le mather, avec potentiellement Kyla comme nouvelle alliée. Mais je me recentrais rapidement sur la jeune femme, profitant de ses confidences pour lui en tirer toujours plus. Elle ne voulait pas coucher avec n’importe qui, et elle en avait assez qu’on la croit capable de ça. Mon regard scruta le sien alors qu’elle expliquait, assez clairement, l’exclusivité qu’elle voulait et je dus lutter contre moi même pour ne pas fondre sur ses lèvres et venir l’embrasser à cet instant précis. « Excuse moi… » lâchai-je alors qu’elle se plaignait de sa soirée et de cette dernière danse. L’une de mes mains se posa de nouveau sur sa taille, mon autre se lia à la sienne et je recommençais à bouger lentement en rythme avec la musique, exécutant son souhait. Valsant encore quelques minutes ainsi, menant la jeune femme sur la piste en tournoyant doucement, jusqu’à ce que la chanson touche à sa fin. Je m’écartai alors, reculai d’un pas, gardant ses doigts prisonnier des miens encore quelques instant, les amenant jusqu’à ma bouche pour embrasser galamment le dos de sa main. « Merci… » Pour cette danse, pour cette petite note positive dans le brouillard de ma soirée chaotique. « Un petit tour en limo magique ne te tente pas alors ? » Dante devait surement l’attendre pour rentrer, mais je tentais malgré tout. Je n’avais pas du tout envie de voir cette petite parenthèse se finir déjà.

(Invité)