is it a bad thing to want more? (hardin)

Une présence apaisante. Hardin était comme mon rocher ce soir, celui qui me maintenait en dehors de l’eau. Il m’avait permis de ne pas finir plus bas. Entrer dans le monde de mes angoisses me faisait peur à chaque fois. J’aventurais dans un territoire inconnu, un labyrinthe qui changeait à chaque fois. Je n’arrivais jamais à trouver la sortie jusqu’à ce que cela soit finit. Des heures à pleurer, à suffoquer sans que je puisse faire quelque chose. On m’avait dit de prendre un chien, mais je n’avais pas voulu, mettant mes problèmes de côté, comme toujours. Construire une forteresse autour de moi ne m’aidait pas. Au contraire, je ne faisais qu’agrandir le fossé entre moi et le reste du monde. Pour la première fois, je m’étais montrée faible devant quelqu’un. Que signifiait cela? Une femme forte, indépendante était l’image que j’adonnais. Aujourd’hui, j’avais été cette chose fragile, brisée et endommagé. Doucement, je retrouvais ma respiration normale, toujours un peu agitée. J’inhumais le parfum d’Hardin, une odeur rassurante, qui me gardait à la réalité. J’hochais simplement la tête à ses questions. Quoi dire? Notre relation serait teintée à jamais après ce soir.

Je doutais du fait que rester assis là, sans ne rien dire allait changer les choses. Les choses étaient faites, le mal était fait et rien ni personne ne pourrait y remédier, même pas moi. J'en avais eu l'expérience une fois, et je savais que la seule chose à faire c'était essayer de recoller les morceaux pour se réparer à l'intérieur. Rien de facile, et je pouvais le comparer à moi. Même si en soit les faits sont totalement différents. Après la mort de mon père, j'avais eu aucun autre choix que de couler. Couler, et encore couler. Je saurais pas dire si j'ai encore ressorti la tête hors de l'eau mais j'essaye. Alors le mieux à faire pour Feldt, c'était essayer de se débarrasser de ses vieux démons pour mieux aller de l'avant. Je me relevais alors, tendant la main à Feldt pour l'aider à se relever. Même si on ne s'endormait pas, je voulais au moins me poser dans mon lit, histoire de me sentir mieux. Si elle veut qu'on parle, alors on parlera. Qu'importe, j'ai aucune idée de comment je dois aborder les choses à présent.

On disait qu’il y avait le calme avant la tempête, mais également, après la pluie vient le beau temps. Est-ce que notre soirée était le calme, et ma chute libre dans mes démons la tempête. Je gardais ce secret en moi depuis bien trop longtemps. Il n’y avait qu’une petite poignée de personnes au courant. Je détestais parler de moi, de ce qui me hantait la nuit. Ces démons qui usaient de ma vulnérabilité pour m’attirer avec eux. Me renfermer était ma faiblesse. J’avais ouvert les portes de mon monde à Hardin le soir, le laissant entrer encore un peu plus. Dans quelle direction allions-nous à présent? Je n’en étais même plus sûre. Les événements de ce soir nous interdisaient de revenir en avant. Tout serait différent à présent. Le matin, qu’allions-nous faire? Diviser notre chemin et repartir chacun de notre coté? Je n’avais pas envie de le perdre dans ma vie. Je m’attachais à lui. Cela me faisait peur. J’attrapais sa main, pour me relever tremblante. Mon corps vide d’énergie, je ne pourrais tenir longtemps comme cela. En silence, nous rejoignions le lit. Une fois sous la couette, je me tournais vers le jeune homme, me mordillant la lèvre. « je suis désolée…est-ce que ça te dérangerai de me prendre dans tes bras? » Je lui demandais déjà tant ce soir, que je m’en voulais. Ce qui aurait dû n’être qu’une simple soirée entre amis avait tourné au drame.

Ca, c'était la facette que peu de personnes connaissaient chez moi. Le Hardin bien veillant et compréhensif, qui n'hésite pas à être là pour les gens à qui il tient. Et si Feldt avait besoin de moi, je serais là pour elle. Je lui tendais la main pour qu'elle se relève, mais je lui tendais vraiment la main. Je la laisserais pas tomber. Et je ne disais pas ça à cause de ce qu'il s'était passé plus tôt, mais parce qu'avant tout nous sommes amis, aussi fou que cela ai pu paraître auparavant. Elle peut compter sur moi, sans hésitation. On se recouchait alors, et ça me faisait vraiment du bien de me reposer ainsi. Tout ceci, c'était pesant et ça m'avait assommé d'un coup. De la sorte, je pouvais décompresser même si j'étais persuadé que le reste de la nuit allait être long tant j'allais réfléchir et me poser des questions. J'étais un peu perturbé par la question de Feldt. C'était pas un réflexe, du tout. Je suis loin d'être quelqu'un d'affectif de base, ni même de tactile. Mais je savais qu'elle en avait besoin d'une manière ou d'une autre alors je passais mon bras derrière sa tête et la serrait contre moi, en guise de réponse. C'est moins bizarre de ne pas en parler et de juste le faire. Je n'ai aucune idée d'où va nous mener tout ça, mais ce qui est sûr, c'est que ça risque d'être très compliqué.

J'avais besoin d'une personne qui pourrait me réconforter, qui pourrait simplement être là ce soir et me rassurer que j'allais. Les crises d'angoisse s'était estompée au fil des derniers mois, devenant de plus en rare. Aujourd'hui, j'avais pris un pas en avant, juste pour en refaire dix en arrière. Comment pouvais-je avancer dans ma vie alors que je chutais sans cesse. Je ne supportais plus ce mal-être en moi, celui qui me hante la nuit, m'arrachant de mon sommeil. Je venais de montrer ma faiblesse à Hardin, et je ne savais pas comment je pourrais être avec lui par la suite. Nous étions devenus amis en si peu de temps, comme si la vie avait tourné à cent quatre-vingt degré sans crier gare. Il finit par me tirer vers lui. Je me sentais en sécurité dans ses bras. Ce n'était pas une cage, c'était comme un bouclier qui me protégerait de mes monstres pour le reste de la nuit. Je ne dis rien. Il n'y avait plus rien à ajouter, et après quelques minutes, je finis par m'endormir dans les bras d'Hardin, paisiblement depuis bien longtemps.