is it a bad thing to want more? (hardin)

Si on m’avait dit qu’un jour, j’aurai une relation si facile avec Hardin, j’aurai surement rigoler en plein dans la gueule de cette personne. Il était tout ce que je détestais. J’ai toujours été bonne à juger du premier regard, et à hausser ma voix sur mon désagrément. J’étais ainsi, et je n’allais pas changer pour des gens que je pensais n’en valait pas la peine. Pourtant, quand j’avais appris que la personne avec qui je communiquais était Hardin, j’avais ressenti un manque. Parler avec lui me faisait du bien. Il était une personne extérieur, un inconnu au départ. Entrer la hache de guerre avait été la meilleure des choses à faire en cette nouvelle année. Depuis mon viol, il était rare que je me sente vraiment bien en compagnie d’un homme, que j’arrive à me relâcher un peu. Peut-être que c’était quelqu’un comme lui que j’avais eu inconsciemment besoin? Quelqu’un qui ne savait rien, et qui me traitait comme quelqu’un de normal, pas comme une victime. Je voulais vivre à nouveau, respirer la vie, et non la voir défiler sous mes yeux. Je prenais alors mon verre de vin, réfléchissant à un possible toast, quelque chose qui nous signifiait. « A l’amitié, et que malgré les préjugés que l’on peut avoir sur quelqu’un, quand on prend le temps de ravaler sa fierté, on finit par rencontrer des personnes extraordinaires. » Peut-être que c’était niais, et kitsch, mais je le pensais. Si, je n’avais pas mis ma fierté de côté au mois de janvier, les choses auraient pu se développer autrement. Je levais mon verre, en signe de fin de discours, super nul. Ce n'est pas comme si c'était important.

Porter un toast.. C'était genre super formel. Tout autant que de porter un toast à notre surprenante amitié, toute nouvelle et qui j'en suis sûre, nous réservait encore d'autres surprises. C'est dingue finalement la rapidité et la "facilité" avec laquelle nous nous sommes rapprochés, jusqu'à nous tenir là, en tête à tête, trinquant à notre amitié. C'en était même un peu flippant, de voir que tout était aller si vite. Mais je m'en plaignais pas, c'était quelque chose qui changeait, qui était nouveau et j'aimais bien le temps que l'on pouvait passer tout les deux. Je crois que l'on se comprends bien, après tout je pense que je peux dire qu'elle connait beaucoup de choses sur moi, et que par conséquent, je peux pas prétendre être ce que je crie être haut et fort : le mec insensible à tout, avec un coeur de pierre. C'est vrai, je peux l'être, mais pas avec les gens que j'apprécie. Et, ça, je le comprenais petit à petit depuis la mort de mon père. « Alors à la tienne, Feldt Crossroad ! » déclarai-je avec engouement, venant faire claquer mon verre contre le sien. Je buvais une légère gorgée, reposant mon verre sur la table. Si on était pas bien là, franchement ? Mais en plus, on se goinfrait comme des ogres, et je remarquais vite qu'après environ dix minutes, il ne restait plus grand chose dans les assiettes.

La dernière année, je m’étais beaucoup renfermée sur moi-même, ayant peur de revivre un enfer. Je n’arrive pas à faire confiance, à me lier d’amitié avec quelqu’un. Le mur qui se trouvait déjà autour de moi n’avait fait que s’agrandir. Et pourtant, il y avait cette personne que j’avais accidentellement contacté lors d’un mauvais numéro. Cette personne m’avait redonné un peu l’impression d’être écouté, que je pouvais parler avec lui sans avoir peur d’être jugé. Il avait été là à un moment où je me sentais perdue et désorientée à cause de la situation avec le père de mes enfants. J’avais appris à connaître cette personne comme je n’avais jamais pu apprendre quelqu’un. Je n’aurai jamais cru que cette personne pouvait être Hardin, sachant que je détestais tout ce qu’il était. On rencontre parfois des personnes qui changent notre vie radicalement. Ravaler sa fierté et simplement se laisser aller, faire des nouvelles expériences, voilà ce qu’était devenu mon amitié avec Hardin. Je levais mon verre pour le faire claquer contre celui de Hardin. « À la tienne, Hardin Allister ! » Puis je prenais une gorgée, avant de déguster le repas. C’était vachement bon, et nous avions déjà presque tout fini en à peine dix minutes. « Je t’avoue que ça va me manquer la nourriture, une fois de retour. » J’ai toujours aimé la nourriture un peu exotique, qui changeait de la nourriture grasse américaine.

J'avais le ventre bien rempli, on avait tellement vite mangé que j'en avais un peu mal au ventre. Faut dire que depuis que je suis aux USA, je mange pas des masses parce que leur nourriture, j'adhère pas. J'adhère tout simplement pas vraiment aux Etats-Unis même si je suppose que c'est un truc d'anglais, ça, de préférer l'Angleterre et critiquer les américains ahah. Et la nourriture ici, était bien meilleure comme le disait Feldt. « C'est clair.. » L'air de rien, le spring break, être ici c'est une parenthèse dans notre vie d'étudiants. On vient là, pour s'amuser et décompresser mais quand on retourne à Cambridge, on reprend notre petit vie bien tranquillement. Comme si de rien n'était. Sans le soleil, sans la plage, sans la bouffe.. sans Feldt, peut être? J'en avais aucune idée, en fait. « Ça me fait plaisir de passer du temps avec toi. » Hop, c'est sorti comme ça tout seul. Je suis pas du genre à dire des choses comme ça, mais maintenant que c'était dit, je pouvais pas le retirer.

Cela faisait bientôt quatorze ans que je vivais aux USA, et pourtant, je n’arrivais pas à me faire à la nourriture. Entre la nourriture frit du Tennessee et les autres trucs gras et dégueulasse, je ne sortais que rarement pour manger à l’extérieur. Au Japon, la nourriture était s saine, alors je ne sais vraiment pas comment j’avais réussi à garder ma ligne, surement un truc génétique. C’est pour cela que j’adorais aussi voyager. J’aimais manger, gouter à de diverses cuisines, explorer des cuisines exotiques, bien que je n’avais pas encore oser gouter aux insectes en Thaïlande. Peut-être? Un jour? Non, cela ne me tentait pas vraiment. Partir dans ses destinations pour le Spring break, c’était toujours quelque chose d’incroyable. Entre la Thaïlande, Punta Cana, la Nouvelle Zélande et maintenant le Chili, Harvard m’impressionnait à chaque fois. Cela me faisait du bien de pouvoir juste faire off le temps de quelques semaines, et bien qu’à mon retour, ma routine allait reprendre, que je ne me sentirais absolument pas en reposée. Je finissais mon verre de vin, alors que d’un coup, Hardin me sortit une phrase que j’attendais pas. Oui, moi aussi, j’aimais passer du temps avec lui, mais je lui disais pas cela comme ça. Je me sentais super mal. Je lui réponds quoi? Moi aussi? C’est super nulle. Je commençais à me sentir vraiment mal à l’aise. Je me levais prétextant de regarder l’heure sur ma montre. « Je crois que je ferais mieux de partir. Il est déjà tard. » Bonjour, je suis entrain de perdre le contrôle sur moi-même.

Je ne sais pas trop ce qui venait de me prendre sur le coup. Comme si c'était mon genre d'être.. gentil ? Ouais non, j'étais gentil en ce moment et çe ne me ressemblait pas. Faut croire que c'était sur période, un moie je suis gentil, un mois je suis ton pire cauchemar. Manque de bol, je suis dans mon mois gentil là et j'en reviens à dire des choses stupides comme ça. Je me sentais un peu con pour le coup mais c'était vrai, alors pourquoi je devrais le retirer ? On pourra pas me reprocher de ne pas être honnête au moins là pour le coup. Mais au final, je remarquais le malaise de Feldt qui se levait finalement, avançant qu'il était tard. Tard ? Vraiment ? Je n'y croyais pas une seconde. Alors ça devait venir de moi. J'ai fait quoi encore ? Oui parce qu'on me reproche souvent un tas de truc, même quand je ne fais rien. « Tu fais pas une bonne menteuse, désolé » dis-je en soupirant. « Qu'est-ce qu'il y a ? » Pourquoi elle décidait soudainement de partir comme ça, sous prétexte qu'il est tard. On est au spring break, on est en vacances, ou est le mal là ?

Voilà, j’avais totalement perdu le contrôle sur ce que je faisais. Je me retrouvais jamais dans ce genre de situation où quelqu’un me disait qu’il aimait passer du temps avec moi. Alors, oui je me crispais instinctivement, préférant fuir ce genre de situation. Peut-être que j’étais gamine, que j’agissais comme une, et qu’ainsi, je m’étais un frein à ma relation avec Hardin. J’aimais passer du temps avec lui, peut-être même un peu trop. Je ne savais plus exactement ce que je voulais,c e que j’attendais de toute cette situation. Je voulais simplement passer du temps avec lui, me sentir bien, me sentir vivante. J’avais commencé à paniquer, me trouvant un peu comme un lion dans une arène. J’étais nulle dans ce genre de situation, et je ne savais même pas quoi faire; en plus d’avoir personne pour m’aider quoi. J’étais seule avec un mec pour qui je ressentais quelque chose dans son bungalow, et je portais que son t-shirt avec mes sous-vêtements. Le problème, c’est que bien que je voulais partir, Hardin voyait un peu à travers mon jeu. Je commençais à jouer avec mes mains, regardant mes pieds. « J’aime bien passer du temps avec toi aussi. » Lui répondais-je en chuchotant.

Pour le coup je cherchais bien ce que j'avais pu dire ou faire pour que Feldt ai soudainement envie de partir d'ici. Car j'ai dit que j'aimais bien passer du temps avec elle ? Sérieusement ? J'en sais rien mais si ce n'est que ça, j'le dirais plus. En même temps, c'est rare de m'entendre dire ce genre de choses. Je retiendrais la leçon. Et je la voyais là, devant moi, mal à l'aise. Ok, après ce que je venais de dire j'étais un peu con moi aussi, mais je veux dire.. on est amis, on est proche maintenant alors pourquoi on devrait être gêné ? Elle me chuchotait qu'elle aussi aimait passer du temps avec moi. Je me levais alors à mon tour, me rapprochant d'elle. « Alors.. il est où le problème ? » Le problème c'est peut être que j'aimais pas traîner avec elle. Non, j'aimais bien être avec elle. Et c'était deux choses un peu différentes.. mais un peu trop compliqué pour mon cerveau. Dans quoi je m'embarquais là, c'est tellement pas moi. Et pourquoi j'essayais de la retenir ici ? Alors qu'elle en avait visiblement pas trop envie, et ça me faisait quand même un peu chier.

Quand j’étais avec Hardin, je me sentais moi. Je n’avais pas besoin de monter ce mur pour me protéger. Je baissais ma garde pour me lâcher et profiter de l’instant présent. Il y avait tellement peu de personnes qui je laissais entrer ainsi dans ma vie. Je me forgeais sans cesse cette carapace impénétrable, que je voulais avoir pour éviter de souffrir. Je me disais sans cesse être heureuse avec qui j’étais. Pourtant, c’était dans des moments simples, que j’étais vraiment heureuse, que je pouvais tout simplement être la Feldt que je voulais être. Avec Hardin, il n’y avait pas un rôle que j’essayais d’être. C’est pour cela que pour le coup je me sentais mal à l’aise qu’il me dise qu’il aimait passer du temps avec moi. Nous avions passé les derniers mois à trainer énormément ensemble. Je n’arrive pas à voir où cela nous mène. Il se lève. Je sens mon coeur battre dans ma poitrine alors je le vois se rapprocher de moi. Je lève mon regard vers lui, ne sachant même pas quoi répondre. En soit, il n’y a pas de problème. On reste là quelques instants à ne rien dire, se regardant droit dans les yeux. Oh puis fuck, pourquoi je continue de me mettre des bâtons dans les roues? Je devais reprendre contrôle de ma vie. J’avance un peu, gardant le contact avec ses yeux. Je viens finalement poser mes lèvres sur les siennes.

Au fond, c'était un réel problème pour moi, oui. Dans le sens où j'ai jamais cette sensation, d'être bien avec quelqu'un. J'étais bien avec mes amis, mes vrais amis.. et c'tout. J'avais pu être bien ces derniers temps avec Maëlys, mais.. C'était différent. Certes on avait couché ensemble, mais l'un comme l'autre on avait été catégorique, ça n'irait pas plus loin. On était amis et c'tout. Sauf qu'avec Feldt, j'ai l'impression qu'on a jamais été réellement amis. C'est vrai.. on est passé si vite du stade ennemis publics à.. proche comme ça. Je sais pas; c'était une sensation étrange mais je me posais pas non plus dix milles questions. J'arrêtais de m'en poser à vrai dire. La dernière fois.. ça a mal fini, pour moi, pour tout l'monde au passage. J'vais éviter de refaire les mêmes conneries, hein. Alors au bout du compte, je cherche le problème.. chez elle. Pourquoi il y aurait un problème ? Pas de réponse.. pas de problème ? Un blanc s'installe finalement, un sacré blanc pendant lequel j'ai aucune idée de ce que je dois dire ou faire. La laisser partir ? Et finalement, elle s'avance à son tour vers moi. Je bouge pas d'un poil, jusqu'à ce qu'elle s'approche de moi, et pose ses lèvres sur les miennes. Réveillez-moi, je suis choqué. Je réagis pas vraiment pour le coup, m'attendant pas vraiment à ça. Est-ce que c'est ce qui devait arriver ? Probablement. C'est à ça que rimait cette soirée, en fait ? J'en ai aucune idée mais, ça m'allait. Sans la laisser s'éloigner, je mettais plus d'intensité à ce baiser, posant mes mains de chaque côté du cou de Feldt. J'avais envie de l'embrasser, maintenant. Aussi fou que ça puisse paraître. J'en avais terriblement envie.