is it a bad thing to want more? (hardin)

Tourbillon de sens.

Tout s’entrechoquait dans ma tête. J’étais entrain de perdre la raison. Tellement focalisée sur ses morceaux de verre cassé. Un point fixe, une routine dans laquelle je pouvais me perdre. Je ma battais contre ses démons intérieurs qui m’envahissaient doucement. Envahisseur. L’envahi que j’étais devenue n’avait pas assez de ressources pour les repousser.

Manque d’air. Suffocation.

Le monde externe me semblait si lointain. La vision, la voix d’Hardin étaient devenues un rêve que je voulais rejoindre. Je l’entendais, je le voyais, mais aucun moyen de réussir à me rapprocher de lui.

Manque d’air.

Je n’arrive plus à faire entrer l’oxygen dans mes poumons. Je suffoque, commençant à hyperventiler. Les morceaux de verre dans mes mains finissent par retomber par terre. Je n’ai plus de force. Je reste là, accroupie sur le sol. L’angoisse s’empare de moi. Les larmes qui s’étaient d’abord accumulés dans le cru de mes yeux coulaient doucement le long de mes joues, y laissant une trace chaude.

Puis.

Un cri. Aiguë.

Brisant le silence de la nuit.

Tout revient. Tout ce que j’avais pu mettre dans un coin de ma mémoire oubliée faisait surface, m’inhibant totalement. Ces cauchemars qui avaient disparu, cette sensation de continuellement me faire violer. Tout revenait comme un blizzard au quel on ne s’attendait pas. Et moi, j’étais impuissante face à cela.

Faible...Faible...Faible...

Je ne comprenais rien à ce qu'il se passait. D'une car j'étais encore un peu endormi, et de deux, car Feldt ne me répondait pas. Et je n'étais pas devin, je ne pouvais pas comprendre ce qu'il se passait à ce moment. Je venais de rater quelque chose ou quoi ? C'était moi qui avait fait quelque chose de mal ? Pourtant, je ne voyais pas ce que j'aurais pu faire de mal. Du moins, rien qui ne pouvait la concerner je pense. Donc non, j'étais dans l'incompréhension totale. Et elle ne m'aidait pas à y voir plus clair. Elle ne me répondait pas, ne me regardait pas. Je pourrais presque dire que ça commencerait à m'agacer, car je n'ai aucune patience et que je suis crevé. Pourtant je n'en démordais pas, ne bougeait pas d'un pouce. Jusqu'à cet instant là. Jusqu'à ce moment où je la vois fondre en larme, ce moment où je la vois s'effondrer sur le sol. Et là, je suis encore plus paumé. Et instinctivement, je sens un peu la panique monter car je ne sais pas comment réagir, quoi faire, ni le pourquoi du comment elle est dans cet état. Finalement, je m'accroupie en face d'elle, prenant son visage entre mes mains. Son visage est trempé des larmes, ses yeux sont rouges. Je ne comprends toujours pas. « Feldt qu'est-ce qu'il y a ? » demandai-je une nouvelle fois. Je n'aimais pas la voir comme ça, qui plus est sans comprendre. « Dis moi ce qu'il se passe s'il te plait.. C'est moi? J'ai fais quelque chose de mal? » Autant tout essayer, il fallait que je sache.

Perdue au plein milieu de la nuit, je ne retrouvais plus mon chemin. J’avais vu la lumière au bout de la forêt, avant de faire un pas de travers et de tout perdre. Je ne savais même plus où j’étais dans cette forêt de pensées. J’avais pénétré un labyrinthe sans le savoir, impossible de trouver la sortie. La panique s’emparait de moi un peu plus à chaque respiration douloureuse. Impossible de nourrir mon cerveau et mes poumons avec l’oxygène pour que je reste saine. Etais-je entrain de perdre la raison? Plus rien ne semblait réel pour moi. Tous ses souvenirs prenaient doucement le contrôle sur ma réalité. Incapable de faire un trait définitif sur ce qui était réel et ce qui ne l’était pas. Ma vision s’embuait de plus en plus. Hardin n’était plus qu’une silhouette à peine distinguable à travers mes yeux.

Get me out of my hell.

J’essayais de parler. Mes lèvres tremblèrent. Ma respiration est haletante. J’hyperventile. Tout n’est qu’un enfer vivant. Parler? Un vrai effort. Je secouais la tête alors que Hardin me demandait si c’était de sa faute, m’accrochant à ses bras. Ce contact, aussi petit soit-il, me gardait sur terre. « J’a…J’arrive pas…à respirer… » Avais-je articuler avec difficulté.

Une nouvelle vague. Un nouveau cri. De nouveaux sanglots.

« Fais-le sortir de ma tête. » Suppliais-je le jeune anglais devant moi, comme une dernière requête avant que tout ne s’effondrait. Tremblante, ce cauchemar devait s’arrêter. Je ne pouvais pas tenir cette situation encore bien longtemps.

J'avais comme l'impression que la soirée qu'on avait passé avait eu lieu il y a tellement longtemps, tant tout cela n'y ressemblait plus. Je ne savais pas comment cette soirée s'était transformée de la sorte, comment on en arrivait à ce moment là où Feldt s'effondrait littéralement devant moi. J'avais aucun autre choix que d'être là pour elle, d'essayer de comprendre ce qui lui arrivait et qui la mettait dans un état pareil. C'était de ma faute? Non, elle secouait la tête pour me le dire. Alors c'était quoi ? Elle venait d'apprendre quelque chose de mal, ou je ne sais pas quoi ? Trop de questions sans réponses se bousculaient dans ma tête et j'étais complètement paumé. Et surtout, j'avais l'impression d'être impuissant face à la situation. Et petit à petit, je comprenais. Elle était en peine crise d'angoisse. Elle paniquait. Et c'était juste incompréhensible. Mais je le sens, je sens qu'il y a quelque chose derrière tout ça et je n'aime pas ça. J'ai l'impression qu'elle porte quelque chose de gros là, et ça me fait flipper.  « Qui ça? De quoi est-ce que tu parles? » Réaction typique du mec qui ne comprends rien à la situation et qui essaye au mieux qu'il peut d'y faire quelque chose. Elle tremblait, avait du mal à respirer.  « Regarde moi, je suis là, tout va bien. Respire. Je suis avec toi. » Je suis nul dans ce genre de choses mais j'essayais d'être rassurant au maximum, je la sentais vraiment, vraiment mal.

Concentrer.

Inspirer.

Expirer.

Je continuais de sangloter alors que les choses prenaient une tournure si différente. Qu’en était-il devenu de la soirée avec Hardin? Ce moment paisible et calme que j’avais passé me semblait faire partie d’une toute autre vie. Il avait fallu que tout s’effondre par la suite. Pouvais-je simplement avoir un soir où je ne me sentais pas violée par mon passé? Je continuais de trembler alors que Hardin semblait si impuissant devant moi.

Crise d’angoisse devant quelqu’un. Je n’arrivais même plus à me souvenir comment je les gérais quand je me retrouvais seule. Je me souvenais de rien, comme un enfant perdu au milieu d’un supermarché qui n’arrivait pas à trouver ses parents. Mes yeux étaient plantés dans ceux de Hardin. Perdue. Je ne m’y voyais pas. Sauve moi. Je continuais de secouer la tête, étouffant un autre cri, un autre sanglot. Je ne pouvais pas. J’y arrivais pas. « Je suis désolée…j’aurais dû te le dire… » Finis-je par murmurer entre mes pleurs.

Je ne pouvais rien faire de plus que ce que je faisais déjà. Je n'étais pas dans sa tête, je pouvais pas la calmer à sa place. Je pouvais juste être là, assister à ça en étant impuissant. Je n'avais pas le contrôle sur ce qui était en train de lui arriver et je n'avais pas l'habitude. Pas l'habitude de ne pas contrôler quelque chose et d'être impuissant face à une personne dans un état pareil, et qui plus est une personne à qui je tiens. Mais elle continuait à pleurer, et rien ne semblait pouvoir la calmer, la consoler. Ce n'était même pas de la tristesse que je pouvais lire dans ses yeux, c'était de la détresse. De la peur. La peur de quoi ? J'en ai strictement aucune idée. Je fronce machinalement les sourcils. J'aurais du te le dire? Je m'attends au pire. « Tu aurais du me dire quoi? » Je voulais savoir, comprendre. Je n'avais pas d'autres choix que cela. Sinon je ne pouvais rien faire, rien du tout.

Il y avait un conflit incessant dans ma tête. J’étais tiraillée entre ma réalité et mon cauchemar. Je voulais que la situation redevienne normale, que je sorte de cette transe dans laquelle j’étais. Je n’aurai jamais dû me réveiller, continuer de vivre dans ce rêve paisible. Pourtant, mon incapabilité de dormir avait eu le meilleur de moi. A présent, je ressemblais à plus rien. Mes yeux devaient être rouge, mes joues tachées de ses larmes qui avaient laissé une trace de brûleur. Avec chaque inspiration, j’essayais de prendre encore plus d’air en moi, remplissant mes poumons, déjà saturée. Je n’y arrivais pas. Plus rien ne semblait fonctionner. Une poupée chinoise qui venait de tomber en morceaux. C’était impossible de réparer ce qui était cassé. Les cicatrices resteront en moi à jamais, même repeint, elles y seront toujours. Derrière ce mur en fer que j’avais monté, il n’y avait que des morceaux qui ne demandaient qu’à être recollé ensemble. Ma voix tremblante, je finissais par planter mon regard dans celui de Hardin, mes larmes m’empêchant de vraiment le voir. « L’année dernière….j’étais une des victimes des agressions…quelqu’un m’a violée…je suis désolée d’être brisée. » Lui avouais-je avant de fondre en larmes. Toute la tension en moi retombait, comme si le dire, me libérait, mais relâchait également tout ce que j’avais en moi, alors que je pleurais dans les bras de cet homme à qui j’avais donné presque tout ce qu’il me restait.

Je faisais vraiment tout ce que je pouvais pour en savoir plus, pour la faire parler, la calmer aussi si c'était dans la mesure du possible. J'avais rarement vu des personnes dans un état comme celui ci, et je me doutais bien qu'il devait y avoir quelque chose de très lourd derrière tout ça. Mais quoi ? J'étais dans la totale incapacité de le deviner. Et au bout de quelques minutes, la douche froide. J'en revenais pas, à vrai dire je ne savais même pas comment réagir. J'étais juste.. choqué. Encore une fois. Tout ça recommençait? J'avais l'impression de revenir des mois en arrière. Toutes les personnes que j'approchais devait alors vivre un truc pareil, alors? J'avais appris le viol de ma demi soeur il y a quelques mois, et là.. c'était Feldt. J'avais eu les nerfs en apprenant pour Elena, car c'était ma famille, qu'elle était vraiment jeune et que personne ne mérite ça. Mais là, j'avais pas les nerfs, j'étais juste.. abasourdi. Qu'est-ce que j'avais fait encore merde? Je m'en voulais, je m'en voulais de peut être l'avoir brusqué, de l'avoir poussé à faire quelque chose qu'elle ne voulait pas. Non pour le coup, je savais pas quoi dire. Elle avait juste vécu un des pires trucs qui puisse arriver à une femme, et je pouvais rien y changer. « Je suis désolé » dis-je simplement avant de la prendre dans mes bras, parce que je ne savais pas ce que je pouvais faire de plus. Je savais même pas si je pouvais faire quelque chose de plus car j'étais en état de choc.

C’était sorti, et d’un coup, toute la tension qui s’était accumulée en moi venait de relâcher. Un poids venait de se retirer de ma poitrine. Les larmes coulaient à flot, alors que je peinais toujours à respirer. Quand est-ce que ce cauchemar allait prendre fin? J’aimerai reprendre une vie normale, sans cette peur constante de ne pas réussir à dormir. Qu’avais-je fais pour mériter cette constante vie de malheur? Pourquoi est-ce que mon épée jonglait à nouveau au dessus de ma tête, alors qu’elle avait disparu pour les dernières heures. J’aimerai pouvoir revenir en arrière, repasser ce moment magique avec Hardin. Je n’aurai pu demander mieux pour cette première fois. Hardin me prit alors dans ses bras, pendant que je continuais de pleurer, s’excusant. Je secouais la tête. Pourquoi s’excusait-il alors qu’il avait géré la situation comme il avait pu? Je pris plusieurs minutes pour reprendre mon souffle, essayer de me calmer dans ses bras. Une sensation apaisante, des bras rassurants, je ne voulais plus les quitter. « T’as été parfait ce soir…je n’aurai pu demander mieux… » C’était ma première fois depuis l’incident. Les choses auraient pu tourner d’une manière très différente.

En fait, tout prenait forme. Tout s'éclairait un peu quand à la situation, le comportement qu'elle avait eu quelques heures plutôt. Mais je n'aurais pas pu deviner. Je veux dire.. elle ne laissait rien paraître, elle devait tout garder pour elle et ça avait fini par la rattraper ce soir, et j'avais un instant eu l'impression que j'en étais la cause. Je pouvais pas m'en empêcher c'était comme ça. Je me remets rarement en question, mais quand je le fais, j'ai la fâcheuse habitude de porter beaucoup de culpabilité sur mes épaules. Finalement, je sais que je n'étais pas le problème fondamental, mais j'étais pas à l'aise face à tout ça. On avait quand même fait quelque chose ensemble qui était directement lié à son traumatisme, et je n'ai pas envie que cela ai des répercussions pour la suite. Enfin, la suite.. Si je savais qu'après avoir couché ensemble les choses seraient différentes, la donne était encore tout autre maintenant. J'écoutais ce qu'elle me disait, mais j'étais encore trop choqué pour capter ses paroles. L'atmosphère était un peu pesante, mais je sentais qu'elle avait fini par se calmer et à reprendre une respiration normale. Je prenais une grande respiration, relâchant finalement doucement mon étreinte, mais lui faisant toujours face. « Je suis là pour toi, d'accord ? » Je doute qu'elle ai envie de parler de ça, mais si elle avait besoin de moi, je la laissais pas tomber. « Tu veux retourner dormir ? »