Noël avant l'heure • PRIALYA

« Ma mère ne le sait pas Priape... J'ai pas la force de lui annoncer, ça va la détruire... Et puis quand on est revenues il avait quitté la mère d'Andrea... Mais je crois qu'ils se revoient... J'en sais rien en fait, je suis perdue. » Mon père me décevait tellement, je comprenais la déception que Priape avait pu avoir à mon égard, elle était surement aussi grande que la mienne. Ouai j'étais déçue par mon comportement alors en ajoutant la tristesse et l'énervement de la tromperie plus le manque de respect, il m'était plus facile de comprendre pourquoi il ne me pardonnait pas. D'ailleurs quelques mots qui auraient surement dû rester dans ma tête dépassèrent le seuil de mes lèvres : « Je comprends que tu ne veuilles pas me pardonner... » Lâchés comme cela sans raison il aurait pu se demander pourquoi je disais ça mais avec l'histoire de mon père dictée juste avant, il allait surement comprendre. Je finis par me blottir plus près de Priape si c'était encore possible et je passais ma main sur mon ventre pour faire passer cette envie de me gratter, cette sensation de chatouille que je ressentais parfois comme si j'avais des fourmis. « Je ne suis pas aussi forte que tu ne le penses... » J'avais dit cela dans un souffle, une respiration, prête à m'endormir alors que mes yeux se faisaient de plus en plus lourd et que j'étais confortablement installée, bien au chaud. J'avais peut être cette apparence de femme forte qui arrive à tout gérer mais il n'en était rien. Et puis j'avais su gêrer deux deuils et un bébé oui mais il ne fallait pas oublier toutes les précieuses aides que j'avais reçu alors pour gérer, deux deuils non terminés, un bambin, un bébé et une rupture... « Je suis la seule à décider de ma vie, je ne priverais jamais mon bébé de son père, je sais trop bien ce que ça fait que de grandir sans père... Puis je n'ai aucune envie de te sortir de notre vie... » J'avais eu bien du mal à finir ma phrase à cause de la fatigue et pas sûre que j'entende la réponse de Priape. Ma main vient se déposer sur la sienne, mes doigts s'enlaçant aux siens, c'était surement tout ce qu'il me manquait pour m'endormir.

« C’est pas à toi de le lui dire c’est à ton père… L’apprendre par quelqu’un d’autre que son partenaire crois moi ça fait mal… » J’en savais quelque chose. Quand Matthéo m’avait avoué leur aventure après plusieurs semaines de mensonge de la part de Talya, je n’avais même pas cru le mather c’était pour dire. Alors il valait surement mieux pour la jeune femme qu’elle reste en dehors des histories de ses parents, même si c’était surement lourd à porter pour ses épaules. Elle dut également faire le lien entre la situation de ses parents et la notre, même si ce n’était pas complètement la même chose, puisqu’elle lâcha qu’elle comprenait pourquoi je ne voulais pas lui pardonner. « L’important c’est que toi tu arrives à te pardonner et à avancer… » Même si on n’était plus ensemble, même si je lui en voulais terriblement, même si son erreur avait tout foutu en l’air, j’espérais qu’elle trouverait la force en elle de recommencer, de retrouver quelqu’un avec qui être heureuse, et surtout quelqu’un avec qui elle ne referait pas la même connerie. Mes paupières se fermaient pas intermittence mais j’étais encore suffisamment éveillé pour écouter ce qu’elle me confiait. Elle m’assura que c’était elle qui prenait ses décisions, et qu’elle n’avait pas l’intention de laisser notre enfant grandir sans père. Ma main se balada à nouveau sur la peau de son ventre… « Je serais là alors. » Qu’importe ce qu’en dirait Andrea, ce qu’en diraient les autres, j’allais rester dans sa vie même si ça compliquait carrément les choses. Je sentis bien vite à la respiration de la jeune femme qu’elle s’était assoupie et je ne tardais pas moi même à succomber, me laissant submergé par un sommeil lourd et réparateur largement mérité après ce voyage et cette journée bien chargée.

« Je suis désolée... » La situation de mes parents remettaient notre situation sur le tapis mais de manière détournée. Les mots qui sortaient de ma bouche étaient plus que pensés même si j'avais bien du mal à les dire à cause de la fatigue qui s'emparait de plus en plus de moi. J'étais désolée qu'il l'ait appris par Matthéo, désolée qu'il l'ait appris comme ça en fait, désolée aussi de ne pas avoir eu le courage de lui dire avant mais comment avait il voulu que je fasse ? Merci Priape pour le saut en parachute mais j'ai couché avec Matthéo ? Non impensable ! Et Sienna ne m'avait pas aidé en encourageant Priape dans son idée, mais je ne lui en voulais pas. « Je n'y arriverais pas, je le ferais le jour où tu m'auras pardonnée et que tu seras heureux. » J'étais bien trop altruiste pour y parvenir avant, pas assez égoïste pour m'autoriser à être heureuse alors qu'il ne l'est pas à cause de moi. Mes paupières se fermèrent comme ma main sur la sienne et je finis par sombrer. Priape ne tarda pas à en faire de même. Nous devions être beaux là tous les deux... Et ça devait être le cas puisque mes yeux ne s'ouvrirent qu'au petit matin, alors que le soleil était déjà monté dans le ciel bleu et que les oiseaux chantaient. Tous mes amis avaient dû rentrer en passant devant nous et n'avaient surement pas osé nous réveiller. Je commençais à me réveiller et Priape aussi. C'était dur et j'avais une partie du corps légèrement endoloris. « T'as bien dormi ? » Dis je en tentant de garder les yeux ouverts pas facile après une nuit à la belle étoile et en m'asseyant sur le transat.

On avait finit par s’endormir ainsi, Talya tout contre moi, sa main s’était glissée dans la mienne, nos doigts s’étaient tout entrelacés, et la fatigue nous avait emporté. Et comme l’endroit était calme, rien en nous avait tiré de notre sommeil. Peut être parce qu’il n’y avait rien de plus agréable que de dormir contre Talya… Mais la luminosité du jour qui s’était levé ainsi que les mouvements de la jeune femme qui s’éloigna de moi me réveillèrent finalement. Je plissais des yeux en émergeant et en découvrant mon ex assise sur le bout du transat, me demandant un instant où j’étais. Je me refis mentalement le fil de la soirée de la veille. « Hum, oui bien dormi… » J’essayais de bouger un peu et une douleur m’élança dans le cou. « Aïe ! Enfin ça vaut pas un matelas… » grognai-je en m’asseyant également et en massant rapidement ma nuque. « Toi ça va ? Tu étais bien installée ? T’as pas mal au dos… » Manquerait plus qu’elle contracte à cause de notre nuit à la belle étoile. « J’arrive pas à croire qu’on se soit endormi ici, on devait vraiment être naz… » m’étonnai-je. « Je devrais y aller, Elia va se demander ce que je fabrique… » Et surtout, elle allait avoir peur que j’ai découché pour une toute autre raison…

« Un peu engourdie mais ça va ! Mon dos s'en remettra et ta nuque aussi on est jeune ! » Je rigole en le voyant se tortiller dans tous les sens pour réveiller ses membres, c'est clair que rien ne vaut un bon matelat mais pas sûr que l'un comme l'autre nous aurions vu du même oeil de nous allonger dans le même lit l'un contre l'autre comme on l'avait fait là. « Naz ou bien... » Marmonais-je dans ma barbe parce que moi j'étais reposée depuis le temps que j'étais là malgré les folies nocturnes du bébé mais lui il était surement juste fatigué... « Ouai tu devrais surement y aller... On se retrouvera plus tard pour que tu vois Charlie, ils ont dû la coucher sans vouloir me réveiller... » J'avais entière confiance en mes amis alors je ne doutais pas que ma fille soit au chaud dans son lit. « T'en profiteras pour rassurer Elia sur notre nuit. » Je lui fis un clin d'oeil, je n'étais pas folle sur ce qu'elle allait pouvoir penser.

J’avais passé une bonne nuit et toutes les courbatures du monde le valait bien. Et c’était sur que si Talya m’avait dit de rester dormir tout contre elle dans son lit, j’aurais refusé… Le transat avait été l’excuse et l’alternative pour l’avoir un peu plus longtemps dans mes bras. Il fallait vraiment que j’arrête de jouer à ce petit jeu là… On allait se faire plus de mal que de bien. Je finis par me mettre debout, je me frottais les yeux un instant, ébloui par le jour. Il me fallait un café pour émerger complètement. Mais un petit déj ici, c’était hors de question, avec ses chers colocs, Sienna et Matthéo qui me détestaient, Andrea qui me provoquait et Maxime qui ne devait pas en penser moins, non merci. J’avais que Chase comme allié ici. Et puis je devais voir Elia. « Je crois qu’il vaut mieux que je ne lui dise rien si je veux la rassurer… » Parce que si je lui racontais notre soirée, elle allait surtout s’inquiéter, ou alors il fallait que je squeeze le passage de la piscine et celui où l’on dormait collés l’un à l’autre. « Allez j’y vais… A tout à l’heure. » Je me penchai vers elle et déposai un rapide baiser sur sa joue avant de partir en direction du chalet des futurs mariés.

Roh quand même hein. Vraiment Elia devait arrêter de trop se mêler de la vie de Priape, de vouloir la contrôler et de le réprimander... Il ne lui disait pas quoi faire avec Théo même s'il ne l'aimait pas et qu'il préfèrerait qu'elle soit avec quelqu'un d'autre alors qu'elle le laisse faire ses propres choix. Bref je ne disais rien car ce serait surement sujet à une dispute entre nous et je ne voulais pas ça. « A tout à l'heure. » Je le laissais déposer un baiser sur ma joue puis me diriger vers l'intérieur du chalet, j'allais aller finir ma nuit dans mon lit. Charlie dormait paisiblement et personne n'était debout encore, parfait pour retourner dormir.