Noël avant l'heure • PRIALYA

Petite séance de cinéma en plein air, voilà ce que j'avais prévu ce soir. Charlie dormait confortablement au chalet bien surveillée par l'un de ses tontons ou l'une de ses tatas, dans tous les cas elle était entre de bonne main. J'avais envie de passer une soirée d'évasion et le cinéma en plein air sera parfait pour cela. Après la douche j'avais rapidement tressés mes cheveux pour avoir moins chaud, j'avais enfilé un jean et un tee shirt assez cool pour être confortable, je m'étais maquillée et op, mon sac et une veste, un bisou à tout le monde et j'étais partie en direction du cinéma en plein air. Sur le chemin je pensais à tout et à rien, mon téléphone en main, j'envoyais même un sms à Priape, pour le rassurer, mais aussi parce que j'en avais vraiment envie et qu'il me manquait vraiment. Belle journée aujourd'hui, le bébé a été calme et la journée s'est bien passée. Je préfère quand il bouge bien, ça me donne un argument pour te faire venir... Bisous... Quand on restait à Cambridge sans se voir et sans s'écrire ça ne me dérangeait pas de ne pas le voir ou de moins le voir parce que je savais que je pouvais le voir quand je voulais, mais là, on était à des milliers de kilomètres et le manque se faisait vraiment sentir. J'envoyais mon petit message mignon, rigolais en entendant un portable sonner comme si Priape était pas loin de moi et venait de recevoir mon message. Je pris le temps de relire quelques messages des jours précédents avant de ranger mon téléphone et de relever la tête. La surprise due se lire sur mon visage. Priape sur le chemin en face de moi. Est ce que c'était une blague ? Non ça n'avait pas du tout l'air en fait. Mon sourire s'étira sur mon visage et je ne pus m'empêcher de presser le pas pour le rejoindre rapidement et enrouler mes bras autour de lui. C'était peut être déplacé, c'était peut être très inapproprié je m'en fichais, j'en avais besoin. Et puis le bébé nous empêchait d'être collés l'un à l'autre alors bon, il y avait bien quand même cette distance de sécurité. Je finis par relâcher mon étreinte et déposer mes mains sur ses joues en gardant mon visage près du sien, toujours le sourire aux lèvres. « Ca me fait vraiment plaisir que tu sois là... Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu venais finalement ? » J'enlevais mes mains de ses joues pour prendre du recul s'il le voulait, je ne voulais pas lui imposer cette proximité.

Après un vol mouvementé avec Leanne et sa petite puce, j’avais filé directement poser mes affaires dans le chalet d’Elia, ma meilleure amie qui me prêtait gracieusement son canapé le temps de quelques jours. On n’avait des tas de choses à se dire, j’étais usé par le voyage et ces derniers jours à l’hôpital où j’avais enchaîné les heures histoire de pouvoir poser des repos pour venir ici, bref d’excellentes raisons de jouer la larve et de rester buller avec ma BF au chalet pour le reste de la soirée, mais j’avais un tout autre plan en tête : il fallait que je vois Talya. C’était un peu pour elle que je m’étais démené pour venir en Arizona. Enfin pour elle et pour le bébé aussi. Elia m’avait parlé de cette séance de ciné en plein air organisée pour les summer campers, j’allais donc passer là bas, histoire de voir si Talya y participait et sinon j’allais me rendre dans son chalet. Mais j’espérais secrètement qu’elle aurait plutôt choisi de sortir ce soir car l’idée de lui faire la surprise dans l’hébergement qu’elle partageait avec Matthéo ne m’enchantait guère. On risquait d’avoir vite besoin de sortir notre –parachute- J’étais en chemin vers l’endroit où était projeté le film quand la silhouette de mon ex petite amie se dessina devant moi. Je m’arrêtais pour l’observer. Elle était radieuse : elle avait pris des couleurs et son ventre s’était joliment arrondi depuis notre dernière rencontre à Cambridge. Le nez sur son téléphone, elle pianotait un sms apparemment et j’eus un petit rire amusé en entendant quelques secondes après mon propre portable sonner, annonçant l’arrivée de son message. Je m’amusai à lui écrire à mon tour : -Pas besoin d’argument, je suis déjà là.- Mais la jeune femme n’eut pas le temps de recevoir le message, elle m’avait finalement aperçu en relevant les yeux vers moi. Elle s’avança jusqu’à moi pour finalement me serrer dans ses bras, enfin serrer était un grand mot vu que son ventre constituait un certain obstacle à une étreinte totale, ce qui était d’ailleurs surement plus adéquat vu notre situation. « Je voulais te faire la surprise... » répondis-je spontanément à sa question alors qu’elle restait toute proche de moi. Vu la façon dont elle venait de m’accueillir, la surprise était plutôt bonne et réussie. « Et moi aussi ça me fait vraiment plaisir d’être là. Laisse moi te regarder. » fis-je en reculant d’un pas, pour la détailler de haut en bas. Et peut être aussi pour instaurer une sorte de distance de sécurité entre nous. Après plusieurs semaines de séparation, c’était clair que ses mains sur son visage avaient encore plus le pouvoir de me troubler. «Ca te va super bien, t’as l’air en pleine forme. » Elle était superbe,  mais souligner son bon état général était surement moins ambigu.  Mon regard s’arrêta sur son ventre. « Le bébé est plus calme alors ? » demandai-je en me référant à son dernier message, une pointe de déception dans la voix parce que j’avais trop envie de le sentir gigoter une nouvelle fois sous mes mains, une sensation que j’avais eu trop peu de fois l’occasion d’expérimenter.   

Bordel Priape était là et j'avais du mal à le croire. J'étais avant tout heureuse et je me fichais bien de la situation entre nous, du coup j'avais eu du mal à freiner mon élan de sympathie à son égard. Il était là, pour quoi pour quoi je ne savais pas mais savoir que j'avais peut être fait pencher la balance pour qu'il prenne un peu de repos et vienne quelques jours, ça me faisait du bien, ça me rendait heureuse. En fait j'étais juste contente qu'il soit là avec moi. « La surprise est plutôt réussie rassure toi et pas assez choquante pour me faire perdre les eaux... » Non les surprises j'étais habituée avec Sienna qui m'avait annoncé sa grossesse et bébé était bien accroché même s'il me donnait des contractions pour je ne sais quelles raisons. Lorsqu'il voulut me regarder, je fis un pas de recul et écarta les bras tournant sur moi même. « Voilà, voilà, gros bidon et kilos pris un peu de partout, je fais moins pitié qu'au début de ma grossesse non ? » Mon physique était mieux, surtout que j'étais bronzée et qu'avec ma chevelure blonde ce n'était que mieux, que plus avantageux, mais qu'en plus, il pouvait le voir j'étais vraiment mieux moralement. Je profitais du Summer Camp, avec mes amis, et surtout ma fille, sans me prendre la tête, avec ce manque qu'il m'infligeait mais voilà, ce n'était que positif vu les retrouvailles même si je le savais bien, il fallait que je me retienne, me restreigne. « Je suis en forme. Donne moi ta main. » Bébé était calme oui mais sait on jamais. Je me rapproche de lui et prends sa main pour la déposer là où je le sens lover. Je ne sais pas s'il va bouger ou autre mais on peut toujours essayer. « Si tu ne le sens pas essaye de lui parler, peut être que... Moi il entend ma voix toute la journée il doit surement en avoir mare... » J'apprécie ce contact de sa main à la mienne mais je suis surtout contente de le savoir présent si quelque chose ne va pas dans les prochains jours, enfin sur place il se rendra peut être compte que mes contractions ne méritent pas qu'on s'inquiète outre mesure.

J’avais même pas pensé que mon arrivée non prévue pouvait avoir des conséquences obstétricales chez Talya. « Parle pas de perdre les eaux, sinon je repars… » fis-je avant de la regarder de haut en bas. Elle avait l’air en pleine forme, c’était rassurant. Elle le décrivit d’ailleurs elle même plutôt bien. Mais je ne pus m’empêcher de la corriger : « Tu faisais pas pitié arrête… » Oui même pendant son hospit forcée imposée par son père où elle était surement très faible, je n’avais pas réussi à résister et j’avais fini par l’embrasser dans un placard. C’était surement tout sauf de la pitié que j’avais ressenti à ce moment là. Mais en tout cas, elle s’était bien remise. Elle s’empara de ma main pour venir la poser contre son ventre alors que je me désolais du calme actuel de notre enfant. Je voulais le sentir bouger moi. Mes doigts caressèrent un instant l’endroit où Talya les avait guidé, l’endroit sous lequel se trouvait le mini-nous, histoire de le stimuler un peu et de le motiver à se manifester. Mes yeux croisèrent les siens et l’espace d’un instant, cette tentative de stimulation se changea en une caresse plus proche de l’effleurement, essayant de me rappeler la douceur de sa peau, la barrière de son T shirt m’empêchant de la ressentir à nouveau. Mon regard cilla, se baissant à nouveau vers son ventre, essayant de faire abstraction de mon trouble. Depuis quand n'avions nous pas été aussi proches ? Depuis le bal, avant le discours... Et voilà, repenser à ce moment trouble fête suffit à me faire reprendre ma contenance. Elle me conseilla d’essayer de lui parler pour le réveiller. Je me penchais alors, approchant ma bouche de son petit bidon « Coucou bébé. C’est papa. » Toujours rien. « Alors tu fais ton fainéant ce soir ? »  Je me redressais, ma main toujours sur son ventre, je ne pus m’empêcher de m’inquiéter un peu d’autre chose : « Il est toujours tendu comme ça ton ventre ? » Elle m’avait parlé de ses contractions, et là j’avais le sentiment que son utérus n’était pas vraiment souple.  

« Tu ne pourras pas faire demi tour, tu serais bien trop frustré d'avoir fait tout ce chemin pour rien, pour ne pas passer quelques moments avec le petit qui grandit... » J'avais dit cela sans méchanceté aucune, c'était juste une constatation et il savait très bien que je le connaissais assez pour savoir que j'avais entièrement raison. Il n'avait aucune envie de faire demi-tour que je lui parle de perte des eaux ou de contractions. D'ailleurs pour le coup cela me fit rire qu'il n'est pas pensé au fait que la surprise pouvait provoquer ce genre de chose lui qui est si prévoyant et protecteur d'habitude, mais cela fait du bien de le voir un peu lâcher prise, moins prévoir, plus se laisser aller sans tout calculer. D'ailleurs je remarque bien que sa main sur mon ventre, son regard droit dans mes yeux, que tout ça n'est pas calculé, qu'il ne le commande pas, mais il y a toujours ce moment où il revient à lui et où son regard se ferme un peu pour ne plus rien laisser sortir, pour ne plus exprimer ce qu'il peut finalement ressentir et enfouir au fin fond de lui. Il finit par parler au petit mais rien ne bouge, à croire qu'il le fait exprès ou qu'il dort. « T'avais quelque chose de prévu ce soir ? Je comptais aller assister à la séance de cinéma en plein air... On peut toujours y aller ensemble, s'il se manifeste tu seras là... Si j'appliquerais ce que tu m'as dit : je t’appellerais en plein milieu de la nuit. » Ces vacances m'ont reposée, sérieusement reposée et fait du bien, je suis détendue et j'ai envie d'aller vers Priape, d'oublier le passé à nouveau de penser à l'avenir, au futur et avec le manque de lui qui n'a fait que raviver mes sentiments c'est difficile d'être la jeune femme contrôlée qui ne doit pas franchir certaines barrières. « Pourquoi tu me demandes ça Priape ? Oui c'est toujours comme ça depuis quelque temps ? Explique toi tu me fais peur. » Je suis passée de mon cinéma et du monde des bisounours à l'inquiétude et cela doit se voir sur mon visage.

Un petit sourire amusé apparut sur mon visage : parce que oui, je ne comptais pas m’en aller, je voulais profiter de ces quelques jours avec elle et le petit bout qui était dans son ventre. Elle me connaissait suffisamment pour le savoir. D’ailleurs, quand elle me demanda mes plans pour la soirée, me proposant ensuite de l’accompagner pour la projection d’un film en plein air, je n’hésitais pas un instant avant d’accepter : « J'avais rien de prévu alors je viens avec toi, je veux pas rater le moment où il va se réveiller. » Et puis ça me faisait du bien de la voir. Info que je préférais néanmoins garder pour moi. « Et le film c’est quoi ? » Comme si ça avait la moindre importance. « Dans tous les cas, j’suis là pour 5 jours alors profite et appelle moi si tu veux. Je serais qu’à quelques chalets du tien, je squatte le canap’ d’Elia. » Donc je n’aurais pas loin pour venir si elle avait besoin. D’ailleurs, je trouvais son ventre un peu dur. J’étais pas gynéco ou sage-femme, mon domaine à moi c’était la pédiatrie. Mais justement, j’avais encore trop en tête les incub' de réa néo nat, je me rappelais que trop bien mon cours sur la prématurité et les stats inquiétantes de morbi-mortalité au terme de 26 SA. Il fallait qu’il reste encore au chaud ce petit, il était bien trop tôt pour contracter. Mais je regrettais vite ma question, parce que Talya parut inquiète. Bien joué Priape, ça faisait même pas 5 minutes que j’étais arrivé près d’elle et j’avais réussi à l’angoisser. « Viens on va aller s'installer et je suis sûr que ton ventre va s’assouplir un peu. Et puis si les médecins ont dit que ton col était encore long c’est que tout est bon. » essayai-je de relativiser sur un ton plus serein. « Ils t’ont filé des médocs ou quelque chose pour les contractions ? »

« T'en fais pas maintenant que je sais que tu es là, je ne manquerai pas de t'appeler... Surtout si c'est toi qui le demande ce que tu as peu fait ces derniers temps ! » Il est vrai que ces derniers temps le jeune papa s'est tenu plus qu'à distance. C'est cette discussion le jour du bal qui a créé ce fossé entre lui et moi mais surtout entre lui et le bébé, une chose que je peux comprendre mais qui me plait que très peu. En effet, malgré la situation mon but n'a jamais été qu'il ne soit pas proche de son enfant, qu'il ne tisse pas ce lien si important entre un enfant et son papa. « Je ne sais pas ce que c'est le film, je n'avais juste pas envie de rester enfermée au chalet ce soir. » J'adorais mes amis, la vie en communauté et tout, ma fille aussi, mais j'avais aussi besoin de moment pour me retrouver seule. Bon là j'allais me retrouver avec Priape mais ce n'était pas un souci, j'avais plus besoin de reconstruire un semblant de relation posée avec lui que de me retrouver. Non loin du lien de la séance en plein air, on s'y dirige pour de bon, je sors la couverture que j'avais pris dans mon sac et l'installe sur l'herbe avant de m'installer à mon tour dessus. « Je suis désolée, j'ai pas pris la plus grande des couvertures du chalet mais je ne savais pas que j'allais avoir de la compagnie ! » Mais ça va le faire, en se serrant un peu il y a largement de la place pour deux. « Ils ne m'ont rien donné pour le moment, ça passe tout seul. Qu'est ce qui te fait t'inquiéter Priape ? La dernière écho a été rassurante je te rappelle au cas où tu l'aies oubliée dans ta mauvaise humeur, et je sens bien le bébé bouger... Tout va bien... Tu peux me suivre à la trace pendant cinq jours si tu veux pour t'en assurer. » Manière de lui dire que oui j'ai envie de profiter à fond de sa présence ? C'est ça, mais je ne veux pas l'effrayer non plus.

Je sentis dans sa façon de souligner que j’avais peu demandé à voir le bébé ces derniers temps, une pointe de reproche. Mon regard se baissa vers le sol, gêné d’avoir été ainsi aussi distant. Mais je ne pouvais pas lui dire que c’était bel et bien fini, et continuer d’être toujours dans ses pieds, ce n’était pas cohérent… « Ca nous a fait du bien aussi, que je te laisse un peu d’air… » Oui, je me voilais un peu la face. C’était peut être juste une éclaircie avant la tempête. La vérité, c’était surtout que j’avais beau répété que l’on devait tourner la page, j’étais toujours à deux toi de fondre quand on se trouvait ensemble. « J’aime bien les surprises alors ça me va… » répondis-je à propos du film projeté ce soir dont Talya ne connaissait pas le titre. On avança pour aller s’installer, je regardais Talya sortir une couverture un peu riquiqui pour que l’on puisse s’y assoir. « Je vais me mettre par terre sinon ça me dérange pas. » Mais j’essayais quand même pour voir et finalement, en me serrant un peu contre mon ex, on avait de la place pour nous deux. « T’es pas si grosse que ça en fait, j’aurais pu te faire des jumeaux ! » rigolai-je alors, mon regard se reposant ensuite sur son ventre, la seule partie imposante de son corps en fait. Elle était une magnifique femme enceinte. Puis les questions que j’avais laissé échapper lui trottaient dans la tête : j’étais pas fier d’avoir réussi à la stresser. C’était elle d’habitude la zen de nous deux de ce côté là. « C’est ce que je compte faire justement. » La pister pendant ces cinq prochains jours. Et pas pour la fliquer avec Matthéo, ni même pour jouer les sages-femmes, juste pour être avec elle, prendre ma dose de Talya et du bébé avant de retourner là bas. « Ton ventre, je le trouve un peu… tendu. Mais je suis sûre que c’est rien. Viens allonge toi sur moi et je suis sûr qu’à la fin du film il sera parfaitement souple.» Je désignais mes genoux tout en parlant pour qu’elle vienne y pose sa tête si elle le souhaitait avant de rebondir sur la petite référence à l’une de nos dernières disputes en date. «J’ai pas eu l’occasion de te dire que j’étais désolé pour ça au fait… Alors excuse-moi vraiment… » fis-je avec sincérité. « D’ailleurs, tu m’as pas donné la date de la prochaine écho, tu ne veux pas que je vienne c’est ça ? Même si je te promets d’être sage et de ne pas avoir de saut d’humeur ? » ajoutai-je en prenant une petite tête angélique. J’étais pas sûr de pouvoir tenir cette promesse, y’avait trop de sujets sensibles entre nous qui pouvaient très vite déclencher une tempête, enfin maintenant on avait notre code…

Même si je ne suis pas sûre qu'il soit vraiment convaincu par sa phrase, j'ai envie d'appuyer sur le fait que si, ça m'a fait du bien, ça nous a fait du bien et que dans tous les cas, après les paroles dures qu'il a eu le soir du bal et le regard qu'il a posé sur moi, je n'aurais pas pu continuer de l'avoir tout le temps sur le dos sans me retrouver une nouvelle fois à l'hôpital en train de péter un plomb. Certes j'ai vécu des choses, des trucs durs, je m'en suis relevée mais je me rends bien compte que ma capacité à relever la tête n'est plus ce qu'elle était auparavant depuis que je suis maman. « J'avoue que c'était surement la meilleure chose qui puisse nous arriver depuis qu'on s'est séparé. Enfin tu comprends... Puis je serais surement pas aussi contente de te voir maintenant si y'avait pas eu tout ça et cette surprise. Peut être que je vais me mettre à aimer les surprises moi aussi ! » Je rigole puis on s'installe sur la couette et je dois dire que je me sens idiote de ne pas en avoir pris une plus grande. Même seule j'aurais apprécié pouvoir m'enrouler dans la couette si jamais Ô grand jamais il se mettait à faire frais, mais ce n'était surement pas pour demain la veille. « Des jumeaux mais bien sûr... Enfin je suis pas contre à condition que j'en porte un et que tu en portes un tu vois... on les jumeaux c'est trop compliqué à gérer surtout avec ma crevette d'un an même pas devant ! D'ailleurs j'ai hâte que tu vois son évolution ! » Oui j'ai hâte qu'il revoit ma fille, le fait qu'elle marche, qu'elle gazouille, qu'elle rigole, qu'elle soit bien, ce qui lui a surement manqué quand je suis partie en live. Ma petite Charlie épanouie c'est mon petit miracle, ma seule réussite pour le moment alors oui j'aime la brandir comme un trophée même si je ne la montre pas trop pour ne pas qu'on me la pique. « Ca te dérange si tu bouges plutôt ta jambe par là et que je me mets là ? Je serais moins à plat et j'aurais moins mal au dos. Mais sinon je peux aussi restée là à côté hein si jamais... » Je ne veux pas le force à quoi que ce soit mais mon dos sur le sol ma tête sur ses cuisses, je ne suis pas sûre de pouvoir rester très longtemps ainsi, alors que mes fesses entre ses jambes et ma tête contre son torse ça devrait plutôt bien le faire surtout qu'il y avait un genre de petite souche d'arbre ou je ne sais quoi pour qu'il s’appuie juste derrière nous. « S'il n'est pas souple, tu me promets que tu me diras pourquoi ça t'inquiète tant ? Avec les contractions que j'ai eu ces derniers jours c'est surement normal non ? » Je tourne ma tête vers lui pour le regarder prenant grand soin de m'écarter avant de le faire afin que nos visages ne soient pas trop près. « T'es bête, bien sûr que si tu viendras, mais j'ai pas pris le rendez vous encore avec le Summer Camp, la rentrée et tout, j'attendais de voir comment tout ça allait se passer... Je te tiendrai au courant... Puis pour la dernière écho c'est pas grave, on a juste loupé un beau moment avec notre bébé avec nos conneries... » Parce que oui il avait beau être assez fautif, je n'étais pas blanche dans l'histoire non plus.

Oui la distance de ces dernières semaines avait fait du bien c’était certain, je le pensais vraiment. Mais ça m’effrayait aussi un peu parce que cela m’avait fait réaliser une chose : j’avais beaucoup de mal à me passer de Talya. Elle me manquait terriblement, la preuve : elle n’avait pas eu à insister beaucoup pour que je me dépatouille pour venir ici. Bref, cela ne ressemblait en rien au sentiment que devrait avoir un mec qui tournait la page. Mais je choisis de ne pas m’étendre sur le sujet. J’avais encore beaucoup de mal à assumer cette emprise qu’elle avait sur moi, je préférais me dire que c’était pour le bébé, pour les moments que je ratais de la grossesse que je me sentais aussi mal lorsque j’étais loin. Je souris lorsqu’elle me fit part qu’elle allait se mettre à aimer les surprises. Un rire s’échappa carrément de ma bouche lorsqu’on délira sur une potentielle grossesse gémellaire : « C’est clair que deux petites crevettes là dedans, je sais pas où tu les mettrais. » Talya était plutôt fine, son ventre était déjà bien rebondi avec un seul bébé alors deux… « Je viendrais la voir demain. » répondis-je concernant Charlie. « Enfin si tu veux bien, et si tu as rien de prévu… » Je ne voulais pas m’imposer, même si j’avais l’intention de passer un max de temps avec elle. Je comptais quand même aussi passer un peu de temps avec ma meilleure amie qui attendait également un heureux événement. On s’installa ensuite par terre, sur la couverture que Talya avait amené pour l’occasion. « On s’installe comme le bébé et toi vous voulez… » acceptai-je alors, calant mon dos et écartant les bras pour qu’elle vienne se placer entre mes jambes. Profitant de cette position, je respirais un instant l’odeur de ses cheveux, fermant les yeux. Ce genre de moment m’avait manqué. Trop manqué pour qu’il ne soit question que du bébé au final… Mais Talya tourna son visage vers moi, et je rouvris rapidement les yeux pour reprendre un air plus neutre. « C’est du aux contractions oui… Alors détends toi et repose toi. » La prochaine écho allait arriver rapidement, malgré la cata de la dernière fois, elle voulait que je sois présent. J’eus un petit sourire. « Au moins, on sait que ça ne se reproduira plus. » Genre comme si notre code allait nous sauver de tous nos futurs accrochages. Mais j’étais sur mon petit nuage, trop content de retrouver la jeune femme, de passer ce moment avec elle, avec le petit même si il se faisait discret pour le moment. Je passais d’ailleurs mes bras autour de la blondinette pour venir poser mes mains sur son ventre à nouveau.