Noël avant l'heure • PRIALYA

« Parle pas de malheur ! » Non non je ne voulais pas être enceinte de jumeaux même si ça me faisait rêver ce lien particulier qu'il y avait entre eux. Sauf que là non dans ma situation des jumeaux auraient été synonymes de pendaison. J'avais une petite d'à peine un an d'un papa décédé, et un bébé en cours de formation d'un papa qui ne voulait plus de moi avec la connerie de ma vie, alors avoir deux bébés en cours de formation ? Non, juste non, et penser à des jumeaux pour ma prochaine grossesse ? Impossible non plus puisqu'à l'heure d’aujourd’hui j'étais bien décidée à ne plus avoir d'autres enfants. Bref, les jumeaux ce serait pour quelqu'un d'autres, peut être pour Priape plus tard... Non il fallait que j'ôte cette idée de ma tête car ça allait me rendre maussade et je voulais juste profiter. « Je ne prévois rien ici alors demain c'est très bien. Et même si j'avais eu quelque chose j'aurais décalé, t'es là que peu de temps, je veux profiter autant que toi. » C'était bizarre de lui avouer ça et qu'il avoue vouloir passer du temps avec moi, c'était avouer à demi mots qu'on était incapable aussi bien lui que moi de passer à autre chose en fait. Mais se voiler la face et ne pas céder c'était notre tactique, enfin la sienne du moins. Cependant, avec notre position après qu'il ait remis ses mains sur mon ventre on avait l'air d'un vrai couple... C'était vraiment bizarre qu'on arrive à passer ce genre de moment avec la manière dont on s'était quitté. Comment parvenait il à avoir envie de ça mais à ne pas vouloir simplifier la situation en acceptant qu'on se remette ensemble ? Tout un tas de questions sans réponse et qui n'en trouveraient surement jamais. « Je suis bien là... » J'allais avouer être plutôt contente de notre fameux mot mais les lumières autour de nous s'éteignirent, cette partie du camping était plongée dans le noir et la projection commença. Je vins blottir ma tête non loin de celle de Priape, dans le creux de son cou déposa l'une de mes mains à moitié sur les siennes à moitié sur mon ventre. Les minutes passèrent ainsi, mes yeux fermés profitant juste de ce moment de bonheur. Quand le film commença je rouvris les yeux me concentrant dessus. Après une petite dizaine de minutes, je sentis le petit crapaud à l'intérieur de mon ventre se réveiller, c'était tôt ce soir. Je ne dis rien ne bougeant pas, laissant Priape profiter de l'instant. Mais je ne pus m'empêcher très longtemps de tourner et lever ma tête vers lui, sans vraiment prendre le temps de m'écarter cette fois : « Tu vois... Tout va bien... Et il est content de voir papa... » Mon regard brillant resta planté dans le sien attendant sa réponse, ses impressions.

Délirer sur de potentiels jumeaux me fit rigoler un instant. Non, pour nous, il n’y avait qu’un bébé en route et c’était très bien ainsi. Surtout que Talya avait déjà Charlie. D’ailleurs, je lui fis part de mon envie de venir voir les progrès de la petite dès demain, elle me confirma qu’elle n’avait rien de prévu, ajoutant ensuite qu’elle aurait décalé de toute manière, qu’elle voulait profiter de ces quelques jours où j’étais là. Un aveu qui me fit sourire. Je n’avais pas envie de chambouler tout son programme, mais j’étais inconsciemment content et même flatté qu’elle le fasse. Ca et tout le reste. Ca aurait surement du me faire ouvrir les yeux. La position dans laquelle on s’installa finalement pour regarder le film, voilà une nouvelle illustration de la situation dans laquelle on se trouvait : presqu’un couple en apparence, mais dans le fait je refusais toujours qu’on en forme un. Incapable d’oublier l’incident Matthéo de février dernier. Mais ce soir, je ne voulais pas repenser à tout ça ou me poser de questions, encore plus quand Talya laissa échapper qu’elle était bien, juste avant que la projection ne débute. Mes bras se resserrèrent doucement autour d’elle, une fois que les lumières s’étaient complètement éteintes. Oui, moi aussi j’étais bien. Surement un peu trop pour rendre mon envie de tourner la page crédible. Le film commença, m’empêchant de penser, j’étais concentré sur l’histoire qui se déroulait sur l’écran devant nous, éclipsant ainsi toute méditation de ma part sur notre relation. Mais soudain, des petits mouvements discrets sous mes doigts détournèrent mon attention du film. Mon sourire s’élargit. Mon regard se dévia de l’écran pour se plonger dans celui de Talya qui avait tourné la tête vers moi. Nos visages tout proches, elle me souffla des paroles rassurantes. Je me sentais soudain plus léger, de le sentir se manifester ainsi. « Notre enfant est déjà cinéphile en fait. » plaisantai-je. Je perçus un nouveau petit mouvement très faible, probablement estompé par la barrière de tissu entre ma paume et le ventre de la jeune femme. « Je peux ?» demandai-je en glissant alors mes doigts sous son T shirt pour venir au contact direct de la peau de la jeune femme. Faisant alors de petits mouvements circulaires du bout de mes doigts, un coup plus franc sembla me répondre : « Il est chatouilleux je crois. » murmurai-je avec un petit rire.

Je m'abandonnais pleinement aux bras de Priape repoussant au lendemain ou au d'après ou encore d'après les questionnements sur comment tourner la page en étant si proche. Je m'en fichais, je voulais que mon bébé soit le plus heureux possible, j'étais prête à tout pour cela, prête à me sacrifier, à accepter des choses qu'il ne faudrait pas peut être même. Mais pour le moment, il y avait un minimum de respect entre Priape et moi, même dans les moments de crise alors je ne voyais pas pourquoi je le priverais de quoi que ce soit. J'avais déjà pris la décision de venir au Summer Camp, de le couper normalement du bébé pendant deux mois alors c'était surement suffisant pour lui faire comprendre à quel point j'avais pu être blessée par tout ce qu'il s'était passé depuis ma trahison. Le film était bien mais quand le bébé commença à gigoter, notre attention fut de suite détournée. « Si tu veux qu'il soit cinéphile, il l'est, mais si on part comme ça il est beaucoup de chose parce qu'il aime se manifester qu'importe le moment... » Et là maintenant il avait plutôt bien choisi le moment pour se manifester parce qu'il avait papa et maman rien que pour lui. « Bien sûr vas y. » Il rigolait ? Je n'avais qu'une envie : enlever mes vêtements parce que j'avais trop chaud alors bien sûr qu'il pouvait lever mon tee shirt pour poser ses mains directement sur mon ventre, d'ailleurs heureusement que je n'avais pas mis une robe, ça aurait été compliqué autrement. Priape s'amusa ensuite à le chatouiller du bout des bouts et je ne pus m'empêcher de rire, encore plus lorsque le bébé donna un petit coup. « T'sais que y'a pas que le bébé qui est chatouilleux ? » Je pose ma main là où j'ai pris le coup, calme toi mon petit loup, calme toi, pendant ce temps ma tête va se coller à celle de Priape, nos deux regards partant dans la même direction, notre avenir, le bébé, cet avenir à la fois commun et à la fois non.

Talya me faisait savoir qu’il ne réagissait pas qu’au cinéma, qu’il avait tendance à se manifester quelques soit le moment. « Il s’intéresse déjà à tout… Ca sera un bébé curieux et cultivé voilà tout. Un vrai petit dunster quoi ! » plaisantai-je avec un petit rire. Je laissais ensuite glisser mes doigts directement sur le ventre de Talya, m’amusant à chatouiller le bébé qui ne tarda pas à réagir. Elle me confia alors qu’il n’y avait pas que le bébé qui était sensible aux guilis… « J’avais presque oublié que tu l’étais aussi… » fis-je en recommençant le jeu de mes doigts sur sa peau mais en les laissant glisser un peu plus haut, au niveau de ses côtes cette fois pour la chatouiller elle quelques secondes simplement. «J’arrête, j’arrête… » promis-je en arrêtant mon petit manège, histoire que Talya ne se dérobe pas de mon étreinte. Ma main revint finalement se placer sur son ventre, par dessus son T shirt, ma paume s’appuyant doucement à l’endroit où était le bébé. Les soubresauts de la petite crevette se calmèrent alors et la jeune femme vint coller sa tête à la mienne. « T’as pas froid ça va ? » Mes bras se resserrèrent à nouveau autour d’elle comme pour la protéger des potentiels courants d’air pour le moment inexistants. Je jetais un coup d'oeil au grand écran devant nous, mais j'avais beaucoup de mal à me concentrer sur le film.

« En même temps il a du sang dunster et... du sang dunster alors comment veux tu qu'il soit autre chose ? » Avec un papa et une maman dunsters, il aurait du mal à être mather ou je ne sais quoi d'autre à l'opposé de ce qu'on est, et lui, et moi. Parce que même si nous n'étions plus un couple, nous avions quand même beaucoup de valeurs communes qui faisaient qu'on guiderait notre enfant dans la même direction. Les mains du jeune homme chatouillèrent le bébé puis remontèrent vers mes côtes, là c'était clairement moi qui était visée. Je commençais à me tortiller en rigolant : « Arrête il va avoir le hoquet après ! » Ouai quand je rigole il hoquette de temps en temps, bordel ce que c'est drôle la première fois mais quand ça dure, ça l'est bien moins. Puis je ne voudrais surtout pas avoir des contractions. Il s'en voudrait. On se calme à nouveau et les mains de Priape reviennent à un endroit convenable. Son étreinte se resserre autour de moi, l'une des mes mains va chercher la sienne pour entremêler nos doigts et l'autre se pose sur le bras qui est autour de mes épaules. « Comment veux tu que j'ai froid ici, et encore plus là ? » Ici en Arizona, là dans tes bras, et puis même si j'avais froid, je ne bougerais pour rien au monde pour ne pas casser ce moment entre nous. Si proche de lui, j'hume son parfum, je profite de ses bras rassurant, de sa joue contre ma joue... et finalement je ferme les yeux... C'est comme un rêve... Quand j'ouvre les yeux à nouveau, je finis par murmurer à l'oreille de Priape : « Il se passe quoi dans le film là ? » Et voilà, c'est un aveu que la situation a fait que je n'ai pas suivi.

« J’sais pas t’étais à moitié Cabot au début je te rappelle… » rigolai-je en me souvenant que la jeune femme avait hésité entre notre confrérie et les roses à son arrivée à Harvard. Petit détail que je n’avais pas oublié. Je m’amusais ensuite à chatouiller bébé, puis sa maman, me stoppant rapidement devant ses protestations et gesticulations, profitant ensuite du moment pour resserrer mon étreinte autour d’elle, demandant si elle avait froid,  comme si c’était un bon prétexte pour la serrer dans mes bras de la sorte. Mais ce soir, tout n’était un peu qu’un prétexte pour être avec elle, le film inclus. J’avais bien du mal à suivre l’histoire, j’avais relevé distraitement les yeux sur l’écran, observant un peu l’action qui s’y passait mais ce fut la voix de Talya quelques minutes plus tard qui me tira de ma tentative de concentration. Son souffle au creux de mon oreille m’interrogea sur l’histoire qui se déroulait devant nos yeux, provoquant l'apparition d'un petit sourire amusé sur mes lèvres. Visiblement, la jeune femme était tout aussi attentive que moi. Sauvant les apparences, prenant l’air du mec qui avait tout saisi du scénario, je tentai d’expliquer avec un air convaincant : « Bah le mec là, il vient d'acheter un bijou… Pour l’anniversaire de sa soeur… Oui, tu vois, la brune qui arrive là, c’est sa s… » Mon regard se reporta sur les images qui défilaient devant nous : le mec en question attirai la brune dans ses bras pour lui rouler une pelle. Finalement, c’était surement pas sa frangine. J’avais vraiment rien compris moi. « Non mais Talya, tu m’emmènes voir un film à l’eau de rose et tu ne suis même pas ? Tu vois bien qu’il ne faut pas compter sur moi pour les trucs culculs, j’y comprends jamais rien. » me défendis-je.

« Non non il me fallait un second choix, je l'ai fait... Au mieux... C'était quoi d'ailleurs le tien ? » Je n'ai jamais posé la question et je dois dire que plus je connais Priape, plus je passe du temps à ses côtés, moins j'arrive à le mettre dans une autre confrérie. C'est un parfait dunster, il ne convient qu'à cette confrérie en fait et cette confrérie est faite pour lui, ce n'est pas pour rien qu'il a reçu le prix du meilleur dunster deux années de suite quand même. Après plusieurs minutes blottie dans les bras de Priape, je finis par lui demander où en est le film parce que je n'ai rien suivi. Il tente une explication mais bien vite, celle qu'il qualifie comme étant la soeur se retrouve la bouche collée à celle de son frère, ouai pour le lien frère-soeur on repassera. Je rigole à nouveau, de bon coeur, ça fait longtemps que ça n'a pas été le cas, pas de cette manière là du moins, pas comme si dans ma vie tout tournait rond et allait parfaitement bien. « Je te rappelle que je ne savais pas ce que c'était comme film et que tu étais parfaitement consentant pour venir... Même sans savoir. » Je relève les yeux vers lui en haussant les sourcils. Je n'ai pas envie que ce moment se termine, je n'ai pas envie qu'on bouge et pourtant je propose à Priape : « Tu veux qu'on s'en aille ? » Mes yeux cherchent toujours les siens qui sont pour le moment fixés sur l'écran. J'examine son visage, ses expressions, tout chez lui en fait, j'aime tout, j'aime toujours tout et c'est un drame parce que j'ai l'impression qu'il est comme une drogue dont je n'arriverais jamais à me détacher, et pourtant il le faut. Ma main entremêlée à la sienne exerce une petite pression, je veux qu'il tourne ses yeux, qu'il me regarde, que... Je ne sais pas en fait... C'est dangereux, ça serait douloureux mais voilà... Je ne sais pas ce que je veux, enfin si moi je sais mais je ne sais pas ce qu'il veut.

« Winthrop… » confessai-je avec un petit sourire gêné parce que je passais souvent mon temps à qualifier les rouges de sérial baiseurs… Pas ma faute si y’avait eu tant de winthrops à roder autour de mes ex copines. « A l’époque, Val, mon meilleure pote depuis le lycée, faisait parti de cette confrérie. Emrys, mon grand frère et Denys mon petit frère aussi… Du coup, c’était soit les jaunes. » Avec Caly. « …soit les rouges. » Plus pour être avec mon Valou et mes frangins que par réelle conviction. Au final, vu que plus aucun n’appartenait à la WH, j’avais bien fait d’aller à la DH. « Mais je regrette pas d’avoir été pris chez les jaunes. J’ai fait plein de bonnes rencontres là bas. » Jasp, Charlie, Chase etc. Et puis elle, bien sûr. Peut être qu’en fait, ça avait vraiment été notre destin de nous rencontrer lors de cette soirée entre jaunes. Bon le film, après quelques minutes à essayer de me remettre dedans, Talya me demanda de lui résumer. Ma tentative erronée eut le mérite de la faire rire. « Te moque pas, c’est peut être un film sur les relations incestueuses… » Essayons de sauver les apparences, genre j’avais tout compris. Je finis par reconnaître : « J’avoue, je suivais pas vraiment. » Je souris à la jeune femme, mon regard se porta un instant sur son ventre. Désignons la crevette comme coupable, c’était parfait, il ne pouvait pas encore protester de là où il était. « T’as vu ça, même pas né qu’il nous déconcentre déjà. » Plus tard ça ne serait plus ses galipettes qui nous distrairont mais ses pleurs pour le biberon ou les couches à changer en plein milieu du film. Talya proposa ensuite qu’on s’en aille. « Non mais je vais aller demander au projectionniste qu’il rembobine pour nous. » plaisantai-je alors avant d’ajouter plus sérieusement, mes prunelles se reportant sur l’écran : « En se concentrant, je suis sûr qu’on peut reprendre le fil du film. » Ce genre de long métrage exigeait pas vraiment une trop grande réflexion, même en manquant des passages on allait pouvoir reprendre le visionnage sans être trop perdu. Mais après quelques minutes à fixer à nouveau l’écran, je sentis les doigts de la jeune femme exercer une légère pression sur ma main. Mon attention se reporta alors sur la jeune femme toujours dans mes bras, mes yeux plongèrent dans les siens. On était trop proches, c’était dangereux. Cette intimité entre nous me troublait plus que je ne voulais bien l’avouer. Je repris la parole : « On peut s’en aller aussi si tu préfères… »

Priape Winthrop ? Mon dieu, là je ne peux pas m'empêcher de partir dans un rire franc et de bon coeur. J'ai tellement du mal à le voir se pavaner comme le font la plupart des Winthrops. Il est beau, intelligent, assez confiant quand une fille ne lui fait pas du mal et ne lui cause pas une remise en question sévère alors qu'il n'y a pas lieu, sportif à ses heures perdues, surtout en chambre le sportif, bref il pourrait être un bon winthrop mais non, il ne colle tellement pas à cette image selon moi, il a trop l'étiquette du parfait dunster sur la tête. « Pardon pour le fou rire, malgré tes nombreuses qualités pour cette confrérie, j'ai tellement du mal à te voir ailleurs que dans notre maison ! » Parce que oui, même si cela ne fait qu'un an que je suis chez les dunsters, c'est aussi ma maison maintenant. « La DH c'est vraiment une grande famille... Je ne sais pas ce qu'il en est des autres confréries. » J'hausse les épaules, je ne saurais jamais parce que je ne compte pas changer de confrérie voilà tout. « J'ai du mal à suivre aussi, mais essayons de nous concentrer... sur autre chose que le bébé oui. » Oui oui le bébé est déjà une belle excuse parce que s'il nous a distrait un petit moment, ce n'est surement pas lui qui nous fait si peu porter d'attention au film mais bien notre proximité, l'odeur de chacun de nous dans les narines de l'autre. Jeu dangereux mais tellement bon. On essaye de suivre, mais c'est presque impossible en fait, même en rembobinant je ne suis pas sûre que le film me captive plus que les yeux du beau dunster... Il finit par plonger son regard dans le mien et je sens mon coeur s'accélérer, contrôle toi Talya, contrôle toi... « On fait ce que tu veux, c'est toi qui décide pour ces quelques jours je te l'ai déjà dit... » Sauf s'il choisit de me ramener au chalet pour que j'aille me coucher, là je protesterais, je n'ai pas envie que ce moment se termine.

« Hey… » fis-je avec une moue vexée alors que l’aveu de mon second choix provoquait l’hilarité de la jeune femme. « Ca veut dire quoi, tu te moques ? J’suis pas assez beau gosse pour faire partie des rouges c’est ça ? » grognai-je alors. Talya se reprit, retrouvant son sérieux en s’excusant, m’expliquant qu’elle avait juste beaucoup de mal à me voir ailleurs que chez les jaunes. « J’imagine que chaque confrérie a ses atouts, ses avantages, son ambiance. Je reconnais que je suis vraiment attaché à l'esprit bon enfant et familiale qu’il y a chez nous. » Pas étonnant qu’autant de membres se prennent au jeu de voir en la DH une seconde famille. « J’ai juste un peu peur de perdre ça l’an prochain, maintenant que je vais vivre dans Cambridge et plus dans les locaux de la confrérie. » confiai-je avec une petite grimace. « Et puis sans Jasp’ aux commandes aussi. » Ca faisait deux ans que mon ami s’impliquait avec une énergie remarquable à la tête des jaunes, j’avais du mal à imaginer quelqu’un d’autre que lui en tant que président18.07.2015, même si il y avait surement des tas d’étudiants compétents et motivés dans nos rangs. Reprenant ensuite le fil du film, quelques instants, j’essayais de me concentrer. Mais impossible quand les doigts de Talya se resserrèrent sur les miens. Nos prunelles se croisèrent et je sentis le danger se profiler. Je lui proposais alors de rentrer, tachant de ne pas tenir compte de ce que j’avais véritablement envie de faire, là, tout de suite, maintenant. C’était tellement tentant dans des moments comme ça, où l’on était tous les deux, complices et proches, de se laisser aller. Mais les petits coups qui martelèrent le ventre de la jeune femme à ce moment précis sous la paume de ma main empêchèrent mon esprit de trop divaguer. « Je crois qu’il veut qu’on reste voir le film… Tu vois c’est un cinéphile je te l’avais dit… » fis-je en relevant les yeux vers l’écran pour regarder les deux acteurs s’entrelacer dans une scène que je mourrais d’envie de rejouer avec Talya. Autant arrêter de se leurrer, c’était elle qui m'empêchait de me focaliser sur le long métrage devant nous. « Allez, arrête de me déconcentrer Talya. Je veux comprendre pourquoi ce mec roule une pelle à sa frangine… » fis-je sans lâcher l’écran des yeux, un petit sourire au coin de mes lèvres.