Noël avant l'heure • PRIALYA

Prendre des risques cela pimente la vie. Le piment c'est bien, c'est bon, il ne faut juste pas prendre trop de risques parce que certains risques gâchent la vie. J'en avais fait l'expérience, mais après tout notre baignade nocturne n'avait pas bouleversée nos vies au mauvais sens du terme non ? « Me voila rassurée, rassurée d'être escortée jusqu'à mon chalet, et rassurée de savoir que je vais me coucher avec une histoire. » Je souris puis il s'arrête devant son chalet, entre pour y prendre des affaires et en ressort aussi tôt. « Tu sais que t'aurais pu prendre le temps de te changer hein ? Je n'allais pas mourir de t'attendre quelques minutes. Surtout que notre chalet est à l'autre bout du camping donc tu vas rester mouillé encore un petit moment. » On file finalement jusqu'à mon chalet, et une fois arrivée, sans attendre je l'invite à entrer. Il n'y a personne. J'entre dans ma chambre pour me changer mettant des sous vêtements secs, un haut à manches longues et un jogging sec puis je retourne dans le salon, après avoir chopé une grande couverture polaire que j'ai aspergé de citronnelle pour aller s'enrouler dedans dehors sur un transat: « Prêt ? » Je vois un Priape à moitié changé devant moi et pour le respect que je lui porte je me tourne. « Je n'ai rien vu je le jure. » Je n'ai aucune envie qu'il me prenne pour une profiteuse après ce qu'il s'est passé entre nous dans l'eau à la piscine.

Je ne voulais pas la laisser trop longtemps attendre, trempée, avec la fraicheur de la nuit qui commençait à arriver, voilà pourquoi j’avais juste attrapé mes affaires. « Je voulais pas réveiller Elia et Théo… » lançai-je comme excuse avant de reprendre le chemin de son chalet, à l’autre bout du camping. C’était bien que ça soit loin, j’allais être moins tenté de venir espionner ce qui se passait dans sa chambre et celle du mather. Une fois là bas, Talya s’éclipsa, je restais dans son salon pour me changer. Mais la porte se rouvrit quelques instant plus tard, au moment où je venais juste de remettre un boxer sec. Talya apparut et se tourna aussitôt en s'excusant. J’avais envie de répondre qu’elle m’avait vu dans cette tenue, qu’il y avait un quart d’heure de cela j’étais comme ça quand on était dans l’eau ensemble, mais je savais que dans le fond, la réaction adéquat et logique c’était la sienne : le bain de minuit, ça avait été de trop, passer du temps en sous vêtement ensemble, c’était de trop… On se mettait en difficulté lors de telle situation, enfin moi je me mettais en difficulté. « C’est toi qui es super rapide ou moi qui ai deux de tensions ? » demandai-je en finissant de me rhabiller. Je passai une jambe, puis l’autre dans mon short, je le refermai, puis je passai rapidement mon T shirt, que je mis à l’envers sans m’en rendre compte. « C’est bon. »

 « Pas de souci, on va se dépêcher alors histoire de ne pas prendre froid. » Et on avait du chemin à faire car comme toujours j'avais la poisse et j'avais récolté le chalet le plus loin du camping, entrainant tous mes amis avec moi, dommage pour eux, moi j'aimais bien marcher et puis on était plus tranquille tout au fond il fallait le reconnaitre. Arrivés, je filais me changer et il en fit de même, je me tournais le voyant à moitié nu, pas pour mes yeux mais plus par respect pour lui.  « Je commençais à avoir froid, et je n'ai pas le jetlag dans les pattes ! » Je lui fais un petit clin d'oeil et l'entraine dehors. Il y a plusieurs transats sur la pelouse.  « Chacun le sien ou le même ? Je pense qu'on peut tenir à deux sur le même et tu pourras profiter du bébé, mais je ne veux pas te forcer... » Avec ce qu'il venait de se passer, j'étais apte à comprendre qu'il ne veuille pas qu'on soit si proche même si notre discussion m'avait coupé tout envie de renouveler l'expérience du baiser pour le moment, pour ce soir.

Une fois rhabillé et au sec tous les deux, Talya m’entraina dehors, dans un petit coin détente avec de confortables transats auxquelles je jetais un regard méfiant : « T’es sûre qu’on peut monter à deux là dessus ? » Parce que mon envie de ne surtout pas déraper à nouveau comme tout à l’heure, je voulais également profiter du bébé, et effectivement être assis dans des sièges différents ne nous le permettrait pas vraiment. Je m’approchai de l’un des transats et appuyai dessus, comme pour tester sa solidité, l’air suspicieux. Je ne voulais pas qu’on se retrouve aux urg de la maternité du coin pour chute de transat. « Ca m’a l’air plutôt solide… » approuvai-je après ce petit test. Je m’assis, me décalai sur le côté pour laisser de la place à la jeune femme, écartant le bras. « Tu crois que le petit veut qu’on lui chante une berceuse ? » demandai-je avec un petit sourire. Moi, en tout cas, j’allais surement pas avoir de besoin de berceuse pour m’endormir. Effectivement avec le jetlag, j’étais complètement déphasé.  

  « Sienna et Chase passent leur temps enlacés là dessus et je suis sûre que Maxime et Andrea ont déjà essayé de faire autre chose là, alors oui ils sont solides ne t'en fais pas. » Je le laisse t'installer rigolant à mes anêries, mais en même temps ça ressemble tellement à mes amis ce que je viens de dire. De moi côté, j'ai testé le transat seule avec bébé et un bouquin et il n'a pas bougé alors je ne vois pas pourquoi avec Priape il le ferait alors que d'autres couples l'ont fait. Je ne suis pas plus lourde qu'une autre, juste plus volumineuse. Je m'installe sur le côté et viens déposer ma tête dans le creux de l'épaule de Priape, mettant la couverture sur nos jambes et la tirant jusqu'au dessous de mes bras. L'une de mes mains resta bloquée au vue de la position et la seconde se déposa sur le bas de mon ventre, mon tee shirt légèrement relevé, tout était calme. « Si tu chantes une berçeuse, c'est moi qui vais dormir... Et t'as plein de choses à me raconter je te rappelle ! Mon père fait pas trop des siennes ? »

Bon Talya semblait assurée de la solidité de ces trucs alors autant s’y installer. Mon bras se resserra doucement sur la jeune femme qui se cala contre moi. Un instant, je repensais à notre proximité lors du film, puis dans la piscine, et comment avait tout dérapé ensuite et je me fis la réflexion que l’option chacun son transat aurait surement été plus prudente. Il fallait croire que j’aimais me mettre dans des situations compliquées. Mais j’avais vraiment envie de profiter du bébé et ma main vint naturellement se poser sur le petit bidon de mon ex qui, plutôt qu’une berceuse, me réclamait les potins de l’hôpital. « J’ai pas eu le temps de beaucoup croiser ton père. On a pas mal de taf en ce moment, et comme si ça suffisait pas ils ont embauché des petits jeunes qui n’y connaissent rien et qu’il faut qu’on forme de A à Z. » D’ailleurs, j’étais étonné qu’Andrea n’ait pas raconté à Talya qu’elle m’avait croisé en train de –flirter- avec l’une de ces petites stagiaires. « J’ai vu Andrea l’autre jour, elle te l’a pas dit ? » J’attendais de voir ce que Talya allait répondre, prévoyant déjà mentalement ma défense. Faut dire que j’avais pas beaucoup de fan parmi les copines de mon ex. Entre Kyla, Andrea, Sienna ou même Cora, je crois qu’elles voulaient toutes ma tête sur un piquet.

Je suis au chaud dans ses bras, contre lui et j'en oublierais presque tout en humant l'odeur de ses vêtements, son odeur corporelle. C'est là que je me rends compte que tout me manque chez lui, comme si je ne savais pas déjà qu'il me manque assez comme ça. Je ferme les yeux et me concentre sur deux choses, sa voix et mon bébé alors que sa main vient elle aussi se placer sur mon ventre pour en profiter. Il me parle de mon père et bien vite d'Andrea. Je relève la tête vers lui et ouvre les yeux : « Tu sautes de mon père à Andrea, je suppose que t'as appris pour le grand chef Blackburn et sa mère ? » Puis je referme les yeux et me réinstalle confortablement. « Des petits jeunes... Il ne manquait plus que ça, comme si en étant en sous effectif vous aviez le temps de former encore plus de gens... » Je soupire, la logique de l'hôpital est vraiment à revoir mais il se voulait être un hôpital universitaire, un hôpital d'apprentissage alors il faisait tout pour, même si cela m'était dans la panade le reste du personnel. « T'as croisé Andrea quand elle est rentrée pour sa jambe ? » Il faut comprendre là dedans que non la jolie future mannequin ne m'a rien dit de leur entrevue.

Elle releva la tête vers moi, devinant que si j’avais si facilement fait le lien entre Andrea et monsieur Blackburn, c’était que je savais. « Oui, elle me l’a dit. Pourquoi tu m’en as pas parlé ? » Peut être parce qu’on s’engueulait tout le temps à ce moment là… « Tu sais que si t’as besoin de te confier j’suis là aussi… Faut qu’on communique quand ça va pas, qu’on se dise quand des choses nous préoccupent, qu’on sache qu’on peut compter l’un sur l’autre… » Parce qu’on allait avoir un bébé ensemble. Agir comme un couple ou comme de très bons amis alors qu’on était que des exs, ce n’était pas naturel et spontané, mais vu qu’on allait élever un enfant ensemble, il allait bien falloir qu’on le fasse. J’acquiesçai pour Andrea : « Oui c’est ça… Elle m’aime pas beaucoup hein ? » demandai-je avec un petit air pincé. L’avis d’Andrea je m’en fichais un peu, mais si toutes mes potes de Talya se mettaient à vouloir me rayer du paysage, je ne voulais pas que cela me fasse perdre ma place de père. « Elle m’a dit que je devrais soit me remettre avec toi, soit sortir de ta vie… Elle est vraiment cash comme nana. » confiai-je alors, tout en me demandant si cet avis très tranché était partagé par Talya.

« Je l'ai appris quand mon père me gardait à moitié droguée à l'hôpital... Tu m'as aidée à sortir, j'ai repris ma vie, on s'est rapprochées elle et moi grâce à Nina et Sienna et j'ai occulté tout le reste... Mon père compte peu pour moi après ce qu'il a fait, je veux juste préserver ma mère tu vois ? » Mon père avait déjà fait le mal autour de lui, il était impossible pour moi de revenir en arrière et de lui accorder à nouveau de l'importance, du coup il pouvait bien faire ce qu'il voulait, moi, ma seule inquiétude était de sauvegarder ma mère. C'était un peu d'ailleurs la même situation qui se passait avec les amis de Priape et avec mes amis. Nos proches se fichaient pas mal de ce qu'il se passait, ils voulaient juste nous sauvegarder... « Pourquoi tu penses qu'elle ne t'aime pas ? Elle est franche mais elle ne déteste pas les gens sans raison... » Andrea est quelqu'un de très droit et j'ai vraiment du mal à la voir détester Priape, il n'y a pas de rancœur entre eux alors pourquoi le ferait elle ? « Je crois que nos proches voient juste qu'on est pas très confortables dans notre situation et ils essaient comme on peut de nous aider à avancer, à dépasser les choses... Pas forcément de la bonne manière, pas forcément de la manière dont on le souhaite... » Mais encore faut il avoir envie de souhaiter passer à autre chose...

« Oui je vois très bien. Ca ne doit pas être évident pour ta mère… » Etre la personne trompée à qui l’on ment, je n’avais aucun effort à faire pour l’imaginer. Mais à l’instar de Madame Blackburn et son conjoint, Talya et moi n’avions pas de foyer, de famille à briser au moment de la coucherie de cette dernière. Comment son père avait-il pu faire ça à sa famille ? Comment on peut à ce point tout foutre en l’air ? Ca me dépassait tellement. Enfin, on continua de parler d’Andrea, je fis pars à Talya de mon sentiment selon lequel elle ne m’aimait pas beaucoup. « Je sais pas, c’est une impression… » Talya essayait d’expliquer pourquoi son amie, nos proches en général, se retrouvaient pris au milieu de notre histoire. « J’ai pas besoin qu’on me dicte quoi faire. Je sais que tu peux élever un bébé toute seule, que tu es forte que tu l’as déjà fait. Si je reste, c’est que je le veux. Je veux faire parti de la vie de cet enfant, apprendre à le connaître, participer à son éducation… » Un petit sourire étira mes lèvres et mes doigts caressèrent doucement le ventre de la jeune femme. Je voulais être là, ce n’était pas une obligation, une corvée, un devoir. C’était un rôle et une responsabilité que je prenais très au sérieux et que je choisissais de prendre malgré les circonstances particulières entre Talya et moi. « Laisse pas tes amis me prendre ça s’il te plait… » Je ne savais pas vraiment ce qu’il en était pour Andrea qui m’avait clairement affirmé qu’elle n’était pas anti-Priape malgré son emportement contre moi, mais il y avait aussi toutes les autres amies et amis de la jeune femme.