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MC Bleecoeur au micro, c’était son heure, heeee haaaas the time of his lifeeeeeee pour parler, enfin, pour s’exprimer, pour dire tout ce qu’il avait sur la patate. Et y en avait, gooosh. Bien sûr, Cody Bleeker ne disait pas ’je t’aime’ ou ’tu me manques’, ni même ’tu es indispensable à ma vie’. Lui, parler d’amour passait par un discours sur la reproduction des coléoptères ou, dans le cas présent, par la résolution d’une équation à une inconnue. Une seule. Il y avait peut-être des constantes, des variables, des nombres complexes, des polynômes aussi, pourquoi pas, sinon c’est pas drôle. Mais ça ne changeait pas qu’elle était la seule inconnue qui équilibrait l’équation, qui donnait à Cody une raison de plus pour se battre. Il se battait pour sa fille, pour ne pas être renvoyé au fin fond du grand nord canadien loin d’elle. Mais vous l’imaginez être séparé de Dia ? Il se surprenait à trouver une deuxième raison à pourquoi rester à Harvard. Avant, il n’y avait que Jess. Et maintenant, Diamantika. Il s’en voulait de se montrer si faible face à elle, aussi à poil. Sentimentalement à poil. Il n’avait jamais été un naturiste du cœur mais, aujourd’hui, il semblait qu’il n’avait plus le choix. Il se sentait forcé, contraint, comme s’il venait de mettre les pieds dans un camping de nudistes sentimentaux avec des règles bien strictes. Il tremblait, il avait peur de la perdre, peur de ce qu’il pouvait ressentir pour elle, peur d’elle, peur qu’elle le laisse tomber, peur qu’elle se joue de lui … Et si tout ça n’était que mascarade ? Merde, que ferait Diamantika Kovalevski la perfection incarnée avec Cody Bleeker, l’abruti congénital ? La petite princesse au sang chaud avec le dingue qu’on fixe toujours de travers aux soirées ? Il voulait bien croire que les opposés s’attirent mais là, il était le Pôle Nord et elle était le Pôle Sud. Il était la banquise, elle était la terre. Il était un ours blanc, elle était un orque. Il était une peluche, un prédateur au cœur tendre, elle était une espèce rare, menacée, sauvage, indomptable. Ils étaient si différents. Il en avait peur. Il la serrait dans ses bras, tentant de ne pas perdre totalement pied, profitant de cet instant comme s’il était le dernier qu’on lui offrait. « Merci. » geint-il, se disant qu’il n’était qu’un con, qu’il ne méritait même pas qu’elle l’attende, qu’elle attende qu’il accepte ses sentiments à elle, tout comme ses sentiments à lui. Il s’esclaffa quand elle annonça qu’il avait une drôle de façon d’expliquer les choses. Héhé, le Bleekerstyle on l’a ou on ne l’a pas. Ses lèvres se liaient aux siennes et avant même qu’il ne réalise ce qu’il se passait, il se retrouva plaqué au sol. Il ne bougea pas, fixa le plafond face à lui, esquissant un léger sourire. L’adrénaline retombait et il sentait petit à petit la douleur à sa main. Il avait une blessure à vif et ce ne serait pas les quelques baisers de Diam qui anesthésierait la plaie. De son autre main, il caressa la lèvre rougie de la jeune femme à l’aide de son pouce, tentant d’effacer les marques laissées par son sang. « Range tes crocs Dracula, j’ai mangé un sandwich à l’ail toute à l’heure et je n’hésiterais pas à me servir de mon haleine contre toi. » Noooon, j’déconne, il avait une haleine qui sentait la menthe fraîche, l’eucalyptus, comme un petit koala. Quand il trouva le courage de se lever, il le fit et indiqua à Kovache ; « Y a une infirmerie là-bas, viens. » En effet, comme les entraînements amenaient son lot de petite blessure, il y avait une petite pièce aménagée avec le nécessaire pour soigner les plaies les plus bénignes. Il s’assit sur le petit lit d’hôpital, les jambes pendant dans le vide, et posa sa main sur sa cuisse, la paume vers le ciel. Il espérait qu’il n’y avait rien à recoudre, surtout qu’en examinant de plus près il remarque un petit bout de verre enfoncé dans sa peau. Ça allait faire mal. « C’est pas cet endroit que je voulais te montrer. Pas un hall pourri, pas une infirmerie, pas ce gymnase dix fois trop grand. J’espère que tu me laisseras t’amener là où j’aimerais t’amener. » soupira-t-il en serrant les dents. Il avait mal maintenant. Physiquement.
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