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Pour Cody, la soirée se terminait là. Aussi mal qu’elle avait commencé. Il lui semblait qu’il n’y avait aucune bonne issue possible, même s’il y avait mis tout son cœur pour arranger les choses avec Dia. Non, là, clairement, il n’avait rien fait pour la comprendre, pas un gramme de compassion ne s’immisçait dans sa voix, même quand il désigna les loges pour qu’elle puisse passer son visage sous l’eau et effacer les résidus de peinture. Il parlait plus à une malpropre qu’à la nana avec qui il avait passé une nuit féérique quelques jours plus tôt. Il ne vit même pas qu’il fit couler sa première larme. Merde. Ils n’étaient même pas ensemble, en fait, ils ne représentaient rien l’un pour l’autre et déjà il la blessait … Cody devrait sérieusement remettre en question sa condition humaine. Est-il un homme ? Ou est-il un oignon ? That’s the question. Peut-être que Dia aurait dû boire de l’eau avant de rejoindre Cody, il paraît que ça évite de pleurer au contact de l’oignon. Conseil de mère-grand. « Rien Dia, t’en as assez dit, assez fait ! » répliqua-t-il froidement en disparaissant à l’extérieur des coulisses … Ou presque. Dès lors qu’il entendit un bruit métallique dans son dos, il se retourna, comme averti qu’une merde était en train de se préparer. A peine fit il volte-face, Dia avait disparu. Le bruit s’était déplacé et Cody leva la tête pour apercevoir l’Eliot qui se hissait – non sans difficulté – au sommet des poutres en acier qui surplombaient le plafond. « Qu’est-ce que tu fous Kova ?! Descends, merde ! Tu vas te blesser ! » Ou déchirer sa robe de princesse quoi … AHAAAAH, ben à en juger par le craaaaaac qui résonna, c’était fait. Et cette fooooois ce n’est pas la faute à Cody heiiiiin. De son discours, Cody retint deux choses ; elle flippait et … Elle flippait. Le vertige, sans conteste, la gravitation terrestre la poussait inexorablement vers le sol, elle craignait de s’effondrer, elle craignait de lâcher prise, sa voix en témoignait. Et elle flippait. Cody Bleeker la faisait flipper. Ce qu’elle ressentait pour Cody Bleeker la faisait flipper. Parce que ce n’était pas normal de virer aussi gaga pour Cody Bleeker. Il conserva une boule au fond de sa gorge qu’il peinait à avaler. Il ne savait pas quoi dire. Ce n’était qu’une nuit. Et ils étaient si différents l’un de l’autre. Et il ne le prenait pas comme une victoire, de la rendre vulnérable. Il refusait l’idée d’être celui qui rendait vulnérable qui que ce soit. Il refusait l’idée d’avoir le pouvoir de blesser quelqu’un en un claquement de doigt. Il n’aimait pas ce pouvoir. Il le refusait. « Danae, je … » Qu’est-ce qu’il racontait ?! « Diana … » MERDE. « KOVA. Bouge pas, je viens te chercher ! » Ouais, ça, se tromper de prénom allait vachement aider ses affaires. N’empêche qu’il se lança à sa poursuite et gravit l’échafaud. Il arriva à la poutre sur laquelle était bloquée Diamantika, enlacée à une autre poutre, verticale cette fois-ci. Il fit de grands pas pour arriver jusqu’à elle et compta sur son équilibre. Elle ne lui avait pas facilité la vie la donzelle ; au lieu d’emprunter la passerelle aménagée en hauteur comme le ferait tout bon technicien, elle s’était aventurée sur des sentiers impraticables. Mais il la sortirait de cette merde. Il se plaqua contre son dos, diffusant by the way sa chaleur naturelle dans chaque pore de la peau de Dia. Et il échangeait sa chaleur contre une groooosse trace de peinture violette mais ça vaaaa, Lowell powaaaah. Il avait attrapé une des cordes qui pendait et, de l’autre côté du poteau, posa ses mains sur les siennes avant d’entrecroiser ses doigts au sien. La corde, il la glissa dans la main droite de la jeune femme. Posant sa joue contre la sienne et regardant droit dans la même direction qu’elle, il lui souffla ; « On va arrêter cinq minutes de se disputer, OK ? Et tu vas m’écouter. Sur ta droite, tu as le vide. De l’autre côté du vide, tu as une passerelle bien plus large sur laquelle tu pourras te poser. Elle se trouve à … » Il tourna la tête, jaugea la distance. « Moins d'un mètre de toi. Il suffit d’enjamber le vide. Y a aucun risque que tu tombes si tu te tiens à la corde. Et j’serai là pour te tenir, quoiqu’il arrive. » Il serait bien resté en maman Koala contre Diamantika encore longteeeempsss. Son odeur, sa chaleur, ses palpitations, ses spasmes, son souffle coupé, ses murmures de terreur, ses mains moites. Et sa boule au ventre quand il se trouvait si près d’elle. Et, pour une fois, cette boule lui faisait du bien. Cody ne serait peut-être qu’un remède contre son vertige. Mais elle, ni l’un ni l’autre n’imaginait les plaies qu’elle était dotée de panser. Elle était son remède.
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