(+ Hippo) God saves the shrink

« Je crois que c’est Sainte Mangouste qui se fout de la charité, ouais ! Toi, t’as bien fusillé du regard le facteur l’autre jour… bon, j’avais un décolleté un peu trop abusé, je te l’accorde » éclata-t-elle de rire avant que son sourire ne s’agrandisse tandis qu’Hippolyte ouvrait la porte de l’appartement. « Tu me connais, j’aime bien tout prévoir… puis qui dit maison dit serre, non ? Tu auras un vrai endroit à toi comme ça… si tu es pour l’idée, je veux te montrer mes plans et que tu réserves le terrain… j’appellerai les constructeurs et autres chefs de chantier que je connais dès demain. »

« Il n’arrêtait pas de te reluquer et toi, tu ne fermais pas cette foutue porte ! » grommelais-je alors j’avais pris les devants et lui avait claqué la porte au nez. Je t’en foutrai de s’afficher devant le facteur ! Je soupirais pour faire redescendre la pression histoire de ne pas m’enflammer pour rien. A la place, parler de la maison me paraissait une bonne idée. « Je suis pour l’idée… Allez montre-moi ces plans pendant que je… Ah ben non, c’est toi qui cuisine. Tu ne veux pas qu’on se fasse livrer grec ?! On pourrait ainsi ne pas se prendre la tête pour le repas »

« Bah tu arrêtais pas de répondre à des coups de fil, moi j’avais envie d’un câlin alors du coup… ça a été on ne peut plus efficace ! » admit-elle en bombant fièrement la poitrine, contente du résultat de sa petite manœuvre. « Appelle le livreur, je rassemble mes plans effectivement ce sera plus simple ! » avoua-t-elle pour mieux s’affairer à ouvrir sa grande pochette format raisin afin de lui montrer déjà la forme extérieure de la maison. Grande véranda, porche avec colonnes pour lui rappeler la Grèce, plusieurs chiens assis parsemés sur la toiture… Elisandra avait vu les choses en grand. « Qu’est-ce que tu en penses ? »

« J’y crois pas, tu fais exprès de te faire reluquer tout ça pour que j’en vienne à m’occuper de toi ?! Tu sais que c’est très manipulateur de ta part ? » secouais-je la tête de droite à gauche en attrapant mon portable. « Le pire, c’est que je te trouve très sexy quand tu as ce genre de comportement » plaisantais-je avant de passer commande. Je connaissais bien le gérant du petit restaurant grec situé à quelques centaines de mètres et c’est donc dans ma langue natale que je lui parlais, prenant des nouvelles de sa petite famille au passage. Je regardais donc ses plans et je devais dire qu’elle n’avait pas lésiné sur les détails. « J’aime beaucoup ce rappel à la Grèce… Tu sais que je suis friand de ce genre de détails »lui souriais-je.

« Disons que j’ai été à très bonne école avec un certain homme d’affaires de ma connaissance… » Elisandra le regardait avec hilarité car il n’y avait aucune méchanceté dans ces agissements, juste un goût prononcé pour le jeu mais ça, Hippolyte l’avait sûrement compris depuis le temps. « C’est vrai tu me trouves sexy ? Bon à savoir » murmura-t-elle en mordillant son oreille avant de rassembler ses plans et de lui montrer le premier. « Je sais… je suis très attachée aux détails moi-même, voilà pourquoi la toiture rappelle la Norvège et tout le porche la Grèce… ça fait un savant mélange je trouve. »

« Oui mais ce n’est pas une invitation à te faire reluquer par tous les hommes de cette planète ! » l’interpellais-je non sans lui claquer une main aux fesses pour la punir de son petit mordillement de l’oreille. Elle était allée à trop bonne école ma foi ! « Oui, tu as bien marié nos deux origines. Tu as prévu combien de chambres ? J’aimerai bien un bureau qui donnerait pourquoi pas sur ton propre atelier… Cela pourrait être intéressant de pouvoir garder un œil sur toi quand tu bosses sur des plans »la taquinais-je car dieu seul savait que plus rien n’existait en dehors de ses travaux quand elle s’y plongeait.

« Mais tu n’as pas encore compris que seul le reluquage d’un homme m’intéresse » avoua-t-elle en lui rendant sa claque sur le fessier pour faire bonne mesure. Tout était une question d’équilibre, surtout pour Elisandra. « A priori quatre chambres pour l’instant, tout dépend si tu veux plus… après, je t’ai prévu un grand quartier fonctionnel, que voici, justement en face de mon bureau à moi. Mais pourquoi tu veux me surveiller, dis-moi ? »

« Et cet homme, j’espère bien que c’est moi ! » lui dis-je avant de sourire quand elle me claqua une fessée en retour. « Tu mériterais que j’en mette une mais déculottée pour t’apprendre la vie jeune fille ! » plaisantais-je non sans lui voler un baiser passionné. « Cela fait une suite parentale, une chambre pour Archi et deux chambres d’amis. Rajoute-en deux autres dans ce cas » lui demandais-je car je savais qu’Elisandra avait toujours voulu une famille nombreuse. C’était une façon comme une autre de lui dire que je n’avais pas oublié ce détail. « Oui, pour te rappeler de manger de temps en temps mais aussi parce que tu as tendance à te pencher sur tes plans et que j’aime la vue que ça m’offre »

« A ton avis franchement ! » fit-elle non sans lui rendre son baiser d’une rare passion la seconde qui suivit. « Rhooo tu n’oserais pas t’attaquer à une pauvre innocente telle que moi, si ? » Elisandra fut néanmoins très surprise des propos suivants d’Hippolyte. Non seulement il n’avait pas oublié la demande qu’elle lui avait faite au sujet des enfants mais il en rajoutait, même… « Tu sais, ce n’est pas parce que je veux une famille nombreuse que tu es obligé de céder à cette envie, chéri » avoua-t-elle d’une voix douce en lui montrant plusieurs plans potentiels de chambre et notamment la suite parentale. « Tu aimes bien me scruter quand je bosse ? Pourtant tu me déranges jamais alors que je demande pas mieux, des fois… »

« Une innocente aux mains pleines ! » rétorquais-je dans un sourire avant de redevenir sérieux. « Elisandra, je ne suis pas prêt à être père. Je ne sais même pas si j’en suis un vraiment mais je ne veux pas te priver de cette famille dont tu as tellement rêvé. Je sais que tu m’apprendras à être un bon patriarche mais je n’ai pas envie que le cauchemar recommence et pour le moment, je t’avoue que je suis un peu bloqué sur le : félicitation, voici votre fils et le nous sommes désolés mais malgré nos efforts, votre femme est plongée dans le coma. Le jour qui était censé être l’un des plus magiques s’est transformés en véritable cauchemar et je suis pas encore prêt à le subir à nouveau mais je sais que j’arriverai à passer outre et à t’offrir cette famille » tentais-je de lui expliquer tout en la rassurant au passage. « La question ne se pose même pas, j’aime te regarder tout court »