(+ Hippo) God saves the shrink

« Ben… techniquement il manque cruellement de déco, pour moi ça manque cruellement de fonctionnalité, de bonne isolation et je t’en passe. Je pourrais te faire une liste longue comme le bras mais plus important : j’ai envie qu’on fasse un truc à deux. Un vrai foyer où Archie pourra grandir, jouer dans le jardin… et pourquoi pas… où on pourra élever d’autres mini Holmes ? » Elisandra était bien moins pragmatique qu’Hippolyte sauf sur son futur boulot d’architecte. Là, l’efficacité était son premier souci et dieu sait qu’elle était dure en affaires à ce niveau là. « Tu adores que je t’allume ! Mais en parlant d’allumer… t’avait un portable de rechange ?? » s’étonna-t-elle avant de mettre son sac en bandoulière et de s’emparer aussitôt de sa main. « On part par la grande porte ou comme des voleurs ? »

Aïe. La discussion que je redoutais depuis qu’elle avait retrouvé son fils : avoir un autre enfant. Je n’étais pas encore prêt à franchir le pas surtout que je venais à peine de la retrouver. Egoïstement, je n’avais pas envie de la partager avec qui que ce soit. « Si tu veux une maison, je suis partant, il n’y a pas de souci »bottais-je en touche pour éviter d’aborder le sujet des enfants. Je l’embrassais alors avant d’attraper sa main. « J’ai toujours des portables de rechange mais je t’assure, celui-ci restera fermé jusqu’à ce soir »lui dis-je aussitôt avant de sourire et de passer par la grande porte. Je n’avais pas honte de notre relation même si je n’aimais pas m’afficher en public mais là, j’étais sur mon territoire alors c’était différent. « Je viens de penser qu’on a même pas déjeuner »

Il ne fallait pas prendre Elisandra pour une idiote : elle avait bien sentit que la discussion sur les enfants l’avait mis mal à l’aise et cela la travailla jusqu’à ce qu’ils soient sortis de l’agence à vrai dire. « J’ai fais une boulette en parlant d’autres enfants, pas vrai ? Tu sais, tu peux me dire quand je commets une couille, je suis pas un pauvre petit animal perdu ça va ! » s’exclama-t-elle même si au fond… ça la blessait de savoir ça. Elie avait l’impression que ce n’était jamais le moment pour rien. Il fallait qu’elle attende que son frère soit prêt, que ses parents daignent lui accorder du temps, et maintenant qu’Hippolyte ne fasse pas de blocage… autant ne plus s’attendre à rien. « Je peux cuisiner une fois à l’appart, de quoi as-tu envie ? » changea-t-elle de sujet, résolue à éviter de montrer ses vrais sentiments actuels.

Pourquoi fallait-il qu’elle soit aussi perspicace ?! « Ce n’est pas tant que je refuse dans discuter mais pour le moment, c’est juste trop tôt pour moi. Je veux dire, nous venons de nous retrouver, tu as toute une relation avec Archi à construire, je n’ai pas envie que nous nous rajoutions une grossesse sur les bras. J’ai égoïstement envie de profiter de toi avant » tentais-je de me montrer le plus délicat possible pour ne pas que cela se transforme en terminus tout le monde descend. Je ne fermais bien sûr pas la porte à la discussion mais pas de suite. « Tout ce que tu veux »lui dis-je pour ne pas envenimer les choses. Je l’arrêtais soudainement dans la rue pour la rapprocher de moi. « Nous aurons d’autres enfants Elisandra… Je tiens à ce que tu le saches mais rien ne presse ! Nous sommes jeunes et en bonne santé alors on peut s’accorder quelques mois pour nous redécouvrir »

« Bah non, dis-moi ce que tu préfères aussi » tenta-t-elle de botter en touche à son tour avant qu’Hippolyte ne comprenne la chose et ne l’arrête en pleine rue. Elisandra l’écouta avec attention avant de laisser échapper un petit soupir. « Je n’ai pas dit que ça devait être pour tout de suite, j’ai émis l’hypothèse, c’est tout ce que j’ai fais. Mais même pour la maison, si tu penses que tu es trop pris par ton agence on n’est pas obligés de le faire tout de suite. Je veux juste pouvoir avoir la possibilité un jour, okay ? » tenta-t-elle de couper la poire en deux à son tour.

« On peut faire de rapides courses et que tu cuisine à la maison. Je pourrais essayer de t’aider » lui dis-je et autant dire que je faisais un exploit car la cuisine et moi, ça faisait vraiment pas bon ménage –un peu comme la patience et Elisandra. Je l’attirais dans mes bras, me fichant bien pour une fois d’être en pleine rue. « Trésor, je suis on ne peut plus partant pour la maison, si tu veux qu’on déménage, je serais d’accord car je veux que tu sois bien là où tu vis et puis, je dois avouer que je suis curieux de connaitre les plans que tu as en tête… Pour le bébé, je ne rejette pas l’idée ok ?! » lui dis-je avant de faire l’effort ultime en l’embrassant en public.

« J’ai hâte de te voir avec un petit tablier tiens ! » répondit-elle, manifestement très intéressée par la chose. Elisandra fut néanmoins d’autant plus surprise qu’Hippolyte la prenne dans ses bras en pleine rue… il ne le faisait jamais d’ordinaire, et l’embrasser devant témoins encore moins. « Okay, j’ai bien noté… je pense que la prochaine fois, je te laisserai en parler, comme ça tu choisiras le moment… j’ai déjà quelques petits plans potentiels pour la maison, je peux te montrer tout ça une fois à la maison » fit-elle en l’embrassant à l’aide d’une rare tendresse.

« Tu es consciente que tu risques de devoir me surveiller sans quoi on finira aux urgences ? » plaisantais-je en usant de l’autodérision. Je n’étais vraiment pas doué en cuisine et ce n’était pas faute d’essayer de m’y intéresser. La seule chose que je savais faire, c’était de cultiver les plantes aromatiques. « Cela marche… tu as déjà un terrain en vue ? Ou tu aimerais que nous cherchions ? J’ai fait quelques recherches sur ton frère et il s’avère qu’il y a un terrain libre de l’autre côté du lac près duquel il vit… ce serait une façon de rester proche de lui, qu’en penses-tu ? » lui proposais-je bien décidé à faire en sorte de la rendre heureuse à défaut de pouvoir lui offrir son enfant.

« Ne t’en fais pas chéri, je te surveille toujours comme du lait sur le feu… déjà à cause des femmes qui gravitent autour de toi alors ce sera une sorte de manœuvre habituelle… » avoua-t-elle en reprenant la marche, non sans déposer un baiser contre sa joue pour apaiser sa propre dérision. « A vrai dire transmission de pensée, c’était justement ce terrain que je convoitais. Cerveau siamois hein ! Il y a la meilleure terre meuble de la région, idéale pour la culture de tes plantes. »

« Tu sais que tu n’as pas besoin de me surveiller concernant ces femmes… Elles ne m’intéressent pas le moins du monde mais connaissant notre jalousie mutuelle, je présume que c’est l’hôpital qui se fout de la charité ? » répondis-je avec un certain amusement. « Tu avais tout prévu n’est-ce pas ? Tu sais que je trouve adorable le fait que tu ais songé à ma passion ? »avouais-je avec tendresse alors que remontions vers l’appartement. Archi était encore à la maternelle, nous avions donc tout le loisir de parler librement –et pas seulement avec notre voix. « Je peux mettre une option dès maintenant si tu veux » repris-je en parlant dudit terrain.