(+ Hippo) God saves the shrink

« Comment décririez-vous la fréquence de vos rapports sexuels ? » « Je n’ai pas saisis le sens de votre question… » En fait si, mais Elisandra avait simplement envie de faire un brin l’autruche à ce sujet. Il s’agissait d’un point légèrement tabou au sein de sa relation avec Hippolyte : à chacun de leurs essais, ils étaient toujours dérangés, appelés, en bref interrompus et la frustration de la blondinette commençait à sérieusement se faire sentir. « Echelle de un à dix ? Bah… zéro… »

Je ressentais comme un désespoir profond alors que j’écoutais les questions de notre thérapeute. Comment qualifier notre vie sexuelle ? A part inexistante, je ne voyais pas trop. « On peut au moins dire un pour nos tentatives non ? Genre un point pour avoir participer »protestais-je mollement mais nos tentatives étaient ce qu’elles étaient : des tentatives justement. A chaque fois, nous finissions totalement frustrés et autant dire que les disputes allaient bon train également. « Et comment décririez-vous vos rapports avant cet accident ? » nous demanda-t-elle. Mon premier réflexe avait été de la rectifier. Ce n’était pas un accident mais une agression mais je laissais tomber pour faire un dix avec mes mains. Oui, avant, tout roulait comme sur des roulettes. Mais ça… c’était avant.

« Va pour un point aux tentatives » fit-elle en se retenant de soupirer de frustration à vrai dire. Elisandra était à deux doigts de péter une durite car à chaque fois, il y avait toujours quelque chose pour les déranger en plein vol… merde, à croire que ce soit un crime de faire l’amour à sa tendre moitié ! « Avant mon agression on s’envoyait en l’air quasiment du matin au soir et comment dire… c’était le top du top » avoua-t-elle sans honte aucune, car après tout Elie était épanouie à ce moment là et n’avait pas peur de le dire. Elle fit donc un « dix » avec ses mains sans capter qu’Hippolyte venait de le faire aussi.

Oh oui, avant l’agression, notre vie sexuelle était des plus épanouissante et débridée mais désormais, nous avions du mal à nous embrasser sans déclencher les foudres des dieux. J’étais bien sûr fatigué de ce constat car ma femme me manquait et je voulais pouvoir l’étreindre autant de fois qu’elle le réclamerait ou que j’en ressentirais l’envie. La psy continua de nous poser des questions jusqu’à ce que l’heure de consultation ne s’écoule. « J’ai une réunion en début d’après-midi, tu veux venir déjeuner avec moi à l’agence ? On pourra se prendre quelque chose au traiteur en passant »lui proposais-je une fois que nous fûmes sortis du bâtiment.

Cette fameuse heure chez la psy avait été particulièrement pénible, tant et si bien qu’Elisandra remercia Hippolyte d’un regard tendre lorsqu’il lui proposa de déjeuner avec lui. « Au moins tu pourras pas dire que je me goinfre pas le midi, tu vas le constater ! » dédramatisa-t-elle avant de lui prendre la main pour mieux l’accompagner jusqu’à son bureau où elle poussa un petit soupir. « Vends-moi du rêve, je t’ai combien de temps pour moi avant que ta réunion ne t’arrache de ses griffes acérées ? »

« C’est vrai que cela me changera de te voir grignoter au diner le soir »grimaçais-je. La pauvre essayait de me faire plaisir en dinant avec moi mais elle était toujours nauséeuse si bien que je finissais toujours par avoir pitié d’elle. Je nouais nos doigts ensemble pour commencer à marcher avec elle. Le cabinet de notre thérapeute n’était pas loin de mon agence alors le trajet ne fut pas très long. « J’ai une petite heure devant moi »lui dis-je en l’attirant dans mes bras pour l’embrasser. « Cela me fatigue tout autant que toi de ne pas pouvoir avoir un moment d’intimité en ta compagnie »

« Ah bah là pas de cacheton, pas d’amertume cacateuse, pas de nausée, je peux avoir ZE déjeuner de ouf sans problème ! » fanfaronna-t-elle en bombant fièrement la poitrine avant de laisser échapper un petit rire taquin. Une chance que pour une fois, Hippolyte n’ait pas à avoir pitié d’elle mais puisse profiter de son coup de fourchette redoutable pour un petit bout de femme comme elle… « Je sais… désolée d’avoir dit zéro tout à l’heure mais je pouvais pas mettre dix ! Bon c’est pas faute d’avoir mis une culotte en bonbons tu sais, les colliers croquants que tu aimes bien… mais une heure c’est trop juste, la poisse internationale ! Puis pas envie que ta nouille d’assistante vienne toquer parce qu’elle a pas compris un truc… »

Je souriais de la voir si enthousiaste à l’idée de manger, on peut dire que cela me changeait littéralement seulement je n’étais pas au bout de mes surprises car ce qu’elle m’annonça me donna qu’une seule envie : passer au dessert. « Elle passe cette porte, elle est virée ! » marmonnais-je avant de tout simplement appuyer sur le bouton de fermeture. « Tu crois vraiment que je vais te laisser partir alors que tu viens de m’allumer comme pas deux ?! Rien à battre de cette réunion, ils n’auront qu’à la faire sans moi » ajoutais-je sur le même ton. Je l’embrassais aussitôt avec passion, relevant sa jupe avec mes mains pour mieux attester de la présence de cette fameuse culotte. « A la prochaine séance, tu diras 20/10 ! »

Elisandra éclata de rire à la réplique d’Hippolyte. « Ouuuh que j’aime quand tu grognes comme ça ! » pouffa-t-elle avant de s’étonner d’autre chose. « Tu viens de fermer la porte là ? » Bon, d’accord, elle donnait l’impression d’avoir trois siècles de retard au bas mot mais à sa décharge, quatre ans, c’était une éternité dans le domaine des nouvelles technologies. « Tu crois que j’ai envie que tu me laisses partir ? Attends, j’abats mes atouts pour qu’on réussisse merde ! J’ai pas envie de sortir de ce bureau tant qu’on l’a pas baptisé… » murmura-t-elle non sans lui rendre son baiser avec la même passion dévorante. « 20/10, ça se mérite ! Va falloir que tu me dévores pour ça… »

« Oui grâce à cette petite télécommande. Elle contrôle la lumière, la fermeture et l’ouverture des portes et quelques petits trucs »lui expliquais-je mais ce petit objet était bien le cadet de mes soucis car Elisandra avait prononcé les mots magiques : baptiser le bureau. « Quand j’ai ouvert cette agence, je n’ai pas arrêté de me dire qu’il me fallait un canapé confortable mais aussi un large bureau pour pouvoir te faire l’amour dessus »avouais-je sans aucune honte. D’ailleurs, je ne tardais pas à virer tout ce qui s’y trouvait dessus pour mieux l’asseoir et me glisser entre ses jambes. « Aucune interruption, de tout de manière, je m’en contrefiche, je n’arrêterai pas voyeur ou pas… J’en peux plus, je te veux tellement »