" Je sais ça, Mace, je le sais, mais j'ai pas besoin d'aide, vraiment." C'est pas que je n'en avais pas besoin, c'est que je n'en voulais pas. C'est moi qui allais bâtir ma vie, les autres n'allaient pas le faire à ma place. C'est ce que mes parents m'avaient toujours répété, plus jeune.
« Si tu le dis », avais je alors dit en lachant sa main et baissant la tête. J'étais triste et ça m'en donnait même mal à la tête. Je me levais, me dirigeant alors vers la fenêtre de la chambre. Je regardais, on était assez haut quand même. La vue était vraiment belle, d'ailleurs je pris même une photo avec mon téléphone, mettant Jeanne dans le cadre. « Selfie ! », criais-je. Mace : roi de la détente de l'atmosphère.
Genre il faisait un selfie et j'étais dessus. Nan mais j'suis pas d'accord là. J'éclatais de rire et lui lancer l'oreiller qui se trouvait sur le lit. " Ouais mais nan. " Je continuais de rire, prenant un air angélique. " C'est pas moi, l'oreiller se déplace tout seul. " Je levais les mains comme pour prouver mon innoncence mais ne pus m'empêcher de sourire. Genre l'hôpital était hanté et les objets se déplaçaient tous seuls.
Elle me lança l'oreille, avant de me dire que c'était l'oreiller qui s'était déplacé tout seul. Je m'approchai d'elle, m'allongeant dans le lit à ses côtés. Je riais avec elle, et ça faisait vraiment du bien. Je voulais pas me prendre la tête pour des trucs comme ça, je préférais ne pas gâcher des bons moments. « Attaque ! », disais-je en commençant à la chatouiller.
Je me mis à rire de plus belle lorsque Mace me chatouilla. J'avais une sainte horreur de ça, je ne résistais jamais. J'en pleurais de rire en ce moment même pour vous dire mais si il croyait que j'allais me mettre à genoux pour qu'il arrête, eh beeen nan. " S'il te plait, arrête, j'en peux plus. " J'pouvais plus m'arrêter de m'esclaffer.
Je m'arrêtais à ces supplications, souriant jusqu'au oreilles. La voir rire me rendait tellement bien, j'en avais assez de voir sa tête triste et malheureuse alors qu'elle méritait tout le bonheur du monde. Souriant, je lui disais alors : « T'es super belle quand tu souris, tu sais ça ». Je lui fis un petit bisou. « On va partir d'ici , j'crois, non ? », disais-je en sachant que ça lui ferait plaisir de partir d'ici.
Ca faisait tellement de bien de rire ainsi. Malheureusement, je n'en avais pas souvent l'occasion. Il me disait que j'étais belle et ça me faisait sourire. " J'suis belle tout le temps, de toute façon. " Non, j'avais pas les chevilles qui gonflaient, elles allaient parfaitement bien. On va partir d'ici , j'crois, non ? Oh oui, pitié, j'en pouvais plus d'être ici. Juste espérons qu'il m'parle plus de bouffe. "Le médecin doit venir me voir avant. " Je levais les yeux au ciel, peu enthousiaste.
La voir sourire me rendait heureux, et je savais qu'elle souriait vraiment et ne faisait pas semblant juste pour me faire plaisir. Je lui demandais alors si on partait, elle me répondit que le médecin devait la voir. Je m'étais assis près d'elle, sourire sur les lèvres. Le médecin rentra dans la pièce, s'approchant de ma petite amie. « On peut partir docteur ? », lui demandais-je alors qu'il s'apprêtait à osculter Jeanne.
Le médecin pénétra dans la pièce suivi d'une infirmière et lorsque Mace lui demandait si nous pouvions partir, il lui jeta un coup d'œil avant de me fixer avec dédain. La froideur du stéthoscope sur ma peau me fit frémir. Pas avant qu'elle ait mangé. Il était sérieux lui? Si il croyait qu'il m'intimidait c'était raté. Il était persuadé que de ne pas sortir allait me contraindre à m'alimenter, il se foutait son doigt bien profond ! J'crois pas nan. dis-je d'un air effronté et buté. Je ne voulais pas manger, point. J'avais quand même le droit de faire ce que je voulais d'mon corps. Le regard du vieil homme s'assombrit tout d'un coup : Mademoiselle Baniszewski, j'ai bien été gentil de ne pas vous hospitaliser directement, tout à l'heure. Et si vous n'y mettez pas d'la bonne volonté, je serais dans l'obligation de le faire! M'hospitalisez ? Juste ... J'étais majeure et j'faisais c'que j'voulais! Putain ... marmonnais-je avant de rehausser la voix. Vous êtes bouché ou quoi?! J'ai pas faim ! PAS FAIM ! Ouais, j'commençais à m'énerver sérieusement là et l'infirmière qui portait un plateau de nourriture ne savait plus où se mettre et avait la tête baissée. Et votre bouffe dégueu, vous pouvez vous la foutre dans l'cul ! J'espérais juste qu'il allait me lâcher. J'm'étais donné en spectacle devant Mace en plus, quelle conne, comme ça il pouvait s'rendre compte que j'avais un fort caractère, aha.
Alors que je lui avais demandé quand allait-on pouvoir partir, ce dernier me répondit (sans vraiment me calculer) que quand Mélodie aurait mangé. Mon regard se posait immédiatement sur elle, je savais qu'elle allait pas être d'accord. S'en suivit alors une petite dispute entre le médecin et Mélodie, et je savais pas trop quoi faire. Prendre la partie du médecin allait me faire me disputer avec Mélodie mais c'était pour sa santé, je réfléchissais avant de m'approcher des deux. « On partira, je la ferais manger. Et, on part tout de suite », disais-je alors avec un ton froid et sec, en prenant la main de ma petite amie. « On bouge », disais-je avec une voix dès plus sérieuse.
