you and me; friends for life or not

Elle me jeta un journal. Je regardais l'article, alors qu'elle partait dans la salle de bain. Le journal était sur mes genoux, et je le lisais. J'étais sous le choc, oui. C'était pas possible, je ne savais pas quoi faire. Je mis ma tête dans mes mains et je me mis à réfléchir. J'pensais vite, trop vite. J'voulais être avec elle, je voulais la protéger. Je prenais conscience peu à peu de toutes ces choses lorsqu'on était en couple. De ces cicatrices qu'elle avait. Je posais le journal sur le lit, et j'allais devant la porte de la salle de bain. J'appuyai sur la poignet, mais la porte était fermée à clé. Je soupirais avant de déclarer : « Je... Jeanne, écoute, je ... Je t'aime. Je suis désolé... », j'avais dit ça sans réfléchir avant. Je voulais seulement être à ses côtés, seulement la protéger.

Le sang ne voulait pas s'arrêter de couler et je fus prise d'étourdissements. Il fallait dire que j'avais bien enfoncé la lame. Les larmes couler à flots sur mon visage tandis que je me remémorais cette fameuse après-midi où Adèle et moi avions fait du stop dans le but de faire des achats pour une fête. Un cauchemar dont je me souviendrais toute ma vie. Ce cauchemar qui me "permit" d'avoir ma fille à mes cotés. Il m'disait qu'il m'aimait et moi j'pensais qu'il mentait. J'étais pas en état d'lui répondre. J'me dirigeais alors vers la douche et fis couler l'eau tout en me savonnant. Sans doute que ça irait mieux après.. Mais le sang continuait toujours de se déverser à flot et il passait même à travers la chemise de nuit que j'enfilais ensuite. J'voulais en finir, j'voulais mourir. J'ouvris la porte, avec beaucoup mal, certes mais je l'ouvris et fus prise de vertiges.  

Je n'avais pas eu de réponse, mais j'entendis l'eau coulait. Je restais comme un idiot devant la porte en attendant qu'elle m'ouvre. Je lui avais dit que je l'aimais, et dans ma tête, je me répétais sans cesse si c'était vrai, si je l'aimais vraiment. A vrai dire, je n'avais jamais vraiment aimé dans ma vie. Je n'avais jamais eu de premier amour, je ne savais pas ce que c'était en réalité. Mais, Jeanne était la première personne à qui je disais que je l'aimais. Elle m'ouvrit la porte, et ce fut par reflexe que je la rattrapa, elle semblait avoir des vertiges. Son bras était en sang, et sa chemise de nuit en était tachée. « Mais qu'est ce que t'as fait !? », disais-je alors que j'savais très bien qu'elle s'était scarifiée. Je la fis s'asseoir, alors que je pris du coton, de l'alcool pour la soigner. J'avais aucune base en médecine ou même en premier secours. « Ça va piquer... », disais-je alors que je versais de l'alcool là où ça saignait. Je pressais le coton ensuite qui s'imbiba rapidement de sang. Je pris un pansement et je banda son bras. « Essaye de voir un médecin pour ça... », disais-je, puis je m'assis à ses côtés. J'pouvais pas l'engueuler, je savais même pas ce qu'elle pouvait ressentir. Mais, je restais à ses côtés. J'étais là.

J'comprenais à peine c'qui s'passait. J'me retrouvais assise, mon bras bandé. J'avais mal, non pas physiquement mais moralement. " Pourquoi t'as fais ça ? T'aurais dû m'laisser mourir ! " J'éclatais en sanglots. J'voulais plus vivre, j'voulais plus exister. J'voulais même pas qu'on m'sauve. Et j'étais persuadée que si il m'aimait vraiment comme il le prétendait, il me laisserait partir. Raisonnement débile causé par la dépression.

Ces phrases me firent un choc dans ma tête. Elle voulait partir ? Laisser Adèle seule ? Me laisser ? Laisser tout ses amis ? Non. Inconcevable. « Et Adèle ? Tu penses à elle ? Sa mère partie parce qu'elle ne veut pas affronter la réalité ? Je sais que tu vas pas bien, 'fin ça se voit mais bat ton passé pour construire un beau présent avec ta fille ! », je voulais la prendre dans mes bras, mais j'avais tellement peur de paraître brusque. J'étais pas un bon conseiller, un bon soutien, mais j'essayais de faire du mieux que je pouvais. « Donne à ta fille une vie meilleure. Reste pour elle, pour ta famille, tes amis et pour moi... », disais-je.

Ouais j'étais idiote de penser à mourir, j'le savais. " J'y arrive plus .. " je ne cessais de pleurer. " J'aurais dû mourir à sa place .. " J'étais triste, je parlais sous le coup de l'émotion. " J'aime Adèle plus que ma propre vie mais je sais qu'elle serait mieux sans une mère suicidaire.." Même si elle ne sait pas et qu'elle est trop petite pour comprendre ce qu'il se passe pour moi. " Tu m'as dit que tu m'aimais .. " Je levais les yeux vers lui. " Mais personne ne peut aimer une personne comme moi.. " Les gens ne me connaissaient pas suffisamment, alors ils m'appréciaient tel que je paraissais en public.

Je ne pouvais tout simplement pas voir une enfant sans sa mère. Qu'elle soit drogué, suicidaite, pauvre ou riche. Je ne pouvais pas concevoir un enfant sans sa mère, et c'est tout. Je préférais ne rien dire encore, de peur de l'énerver à nouveau. Puis, elle dit que personne ne pouvait aimer une femme comme elle. Je posa ma main sur sa joue, la faisant pivoter pour qu'elle me regarde. Je déposais un doux baiser sur ses lèvres. « Je suis prêt à prendre le risque de te connaître comme t'es vraiment, alors... », disais-je sincèrement. « J'suis là maintenant, toujours.... »

Je me blottissais contre lui tout en pleurant toujours légèrement. Je trouvais ça adorable de sa part de vouloir me venir en aide mais je ne comprenais pas ses réelles motivations. " Pourquoi tu fais ça? " Pourquoi tu t'barres pas en courant, devrais-je dire. Mes idées noires s'étaient envolées pour le moment et je m'étais apaisée. Espérons que ça dure.

La question ne se posait même pas à mes yeux. Je tenais terriblement à elle et je ne voulais pas la voir blesser ou dans cet état à nouveau. Ca lui faisait du mal, et ça m'en faisait aussi. « P'tetre parce que je tiens à toi. P'tetre parce que j't'aime... », murmurais-je à son oreille. Être avec elle, c'était tout ce qui comptait maintenant pour moi.

Je souriais légèrement et tendrement à la fois, blottissant mon visage au creux de son cou. J'me sentais mieux que d'ta l'heure déjà même si c'était pas encore le top. Je fus soudainement préoccupée par un détail. " J'vais aller nettoyer le sang dans la salle de bain..  " Ouais, nettoyer tout ce sang.. Je m'écartais de lui tout en regardant et remarquais qu'il avait remit son caleçon.