(+ Caleb) Le jour se lève sur ma peine...

« Je ne t’oblige à rien tu sais » lui avoua-t-elle car s’il y avait bien une personne sur terre ne souhaitant pas obliger quelqu’un à faire ce qu’il ne souhaitait pas faire, c’était bien Thaïs. Elle accepta néanmoins de s’allonger contre son lit, en compagnie de Caleb, cherchant encore ses marques alors qu’il lui posait une simple question sur sa soirée. « On est pas obligés de se câliner si tu ne le veux pas non plus » fit-elle remarquer avec ironie, restant délicatement allongée sur le dos sans trop oser le toucher. « Bonne soirée du côté copine, un peu moins parce que Mike était plus collant que de la super glue… il a des actions chez UHU tu crois ? »

« Arrête Thaïs… Je fais des efforts mais si tu le prends comme ça, autant que j’aille me coucher »soupirais-je car ce n’était pas évident pour moi d’accepter une étreinte mais si elle me le rappelait toutes les cinq secondes, je préférais de loin la compagnie de mes bouquins. « Si j’ai envie, j’ai envie point barre »marmonnais-je car pour moi avoir envie était une première. « J’en sais rien, je le connais pas mais s’il te colle encore, il va connaitre mon poing dans sa gueule »continuais-je de bougonner en restant assis sur le lit.

« Le prendre comment exactement ? Je n’aime pas déranger et de toute évidence tu n’aimes pas ça, je n’ai pas envie de t’obliger c’est tout… » murmura-t-elle en rougissant, se redressant en position assise en ayant véritablement l’impression de marcher sur des œufs. Désagréable impression, du reste. « Je n’avais pas compris que tu en avais envie, pardon… mais pourquoi tu voudrais lui mettre ton poing dans la figure ? »

Je laissais un soupire m’échapper. Il fallait que j’arrête de sauter à la gorge des gens, cela ne pourrait pas fonctionner avec Jen’ si je persistais à être dans une attitude défensive. « Désolé. Ce n’est pas que je n’aime pas… C’est compliqué et je n’ai pas vraiment envie d’en parler. Sache juste que toi, tu as le droit de me prendre dans tes bras etc. Toi, rien que toi »martelais-je pour qu’elle le comprenne avant d’hausser les épaules. « Il lorgne sur ma petite-amie, c’est un peu normal que je veuille lui casser la gueule » soulignais-je comme s’il s’agissait de l’évidence même.

Effectivement, Thaïs avait une sensibilité sur le ton employé par les gens qui la faisait vouloir raser les murs et disparaître aussitôt. Réflexe de son passé sûrement… « Je suis une VIP alors ! » reprit-elle en souriant cette fois, le regard pétillant avant qu’elle n’embrasse doucement sa joue et ne se colle contre son dos. « Je suis ta petite amie ? » demanda-t-elle d’une voix à la fois touchée et hésitante car elle était diablement flattée de cet état de fait et… terriblement heureuse, comme l’attestait aisément son expression. « Désolée si je donne l’impression d’avoir envie de disparaître totalement dans un trou de souris, mais disons que la personne qui m’a fait ce que j’ai au dos m’en a donné le réflexe. Mais je vais essayer de m’améliorer… pour toi. »

« Oui, on peut dire ça comme ça » lâchais-je dans un sourire avant de me retourner pour pouvoir lui faire face dans cette étreinte, mon regard ancré dans le sien, lisant sa surprise et son plaisir d’être ma petite-amie. « J’ai envie d’aller lui démonter la tronche à lui aussi » râlais-je avant de déposer un baiser sur ses lèvres. « Je ne veux plus jamais que tu souffres et je ne laisserai plus jamais quelqu’un te faire du mal… car oui, tu es officiellement ma petite-amie, va falloir t’y faire. Tu crois que tu y arriveras ? »plaisantais-je.

Thaïs éclata de rire en constatant à quel point Caleb avait envie de démonter la tronche à beaucoup de monde mais à la place, elle embrassa simplement le bout de son nez. « Il ne peut plus m’atteindre ici » avoua-t-elle sans donner davantage de détails avant d’être touchée par l’inquiétude qu’elle lisait évidente dans son regard. « Je crois que je m’y fais déjà… tu vas réussir à te faire à quelqu’un d’aussi tactile que moi ? Je vais essayer de ne pas te faire trop peur mais ça va être difficile » rit-elle de plus belle. « Merci d’être là pour moi. Je n’ai pas l’habitude et ça me touche. »

Effectivement, il ne pourrait plus l’atteindre à moins de vouloir se manger un mur allemand. Cela faisait bien longtemps que j’avais délaissé le garçon timide qui se laissait faire. Aujourd’hui, j’étais du genre à frapper avant et poser les questions par la suite. « Même pas peur… Tu peux me toucher hein.. Je vais pas te mordre ni crier comme une vierge effarouchée »rigolais-je même si nous n’étions pas loin de la vérité. Je redevins pourtant sérieux pour l’embrasser avec douceur. « Merci de m’accorder une chance »

« Si je t’entendais hurler comme une vierge effarouchée peut-être que j’aurais peur ! » éclata-t-elle de rire en se moquant gentiment mais sans méchanceté aucune, il allait sans dire. « Pourquoi je ne t’en aurais pas accordé ? » s’enquit-elle cependant avant d’être possédée par un élan furieux qui la poussa à s’emparer de ses lèvres avec davantage de passion que lors des précédents baisers. Ce n’est qu’une fois sans souffle qu’elle se sépara de Caleb, rougissant de plus belle. « Désolée heu… je n’ai pas vraiment contrôlé ! »

« Je crois que j’aurais peur également »surenchéris-je dans un petit rire avant d’hausser les épaules. « Parce que je suis renfermé, bourru, que j’envoie péter les gens même sans le vouloir bref que j’ai tout l’attirail du parfait grizzli qu’on vient de sortir de l’hibernation »tentais-je non sans humour. Jen’ m’embrassa alors d’un baiser tout ce qu’il y a de plus passionné et dans un réflexe, je l’attirais davantage contre moi, enroulant un bras autour de sa taille. « Ouaw.. Pas besoin de t’excuser sinon je vais finir par croire que c’est un crime de m’embrasser ou un truc du genre »la taquinais-je pour mieux l’embrasser en retour. Elle venait ni plus ni moins d’allumer un feu dont je n’avais franchement pas l’habitude.