(+ Caleb) Le jour se lève sur ma peine...

Thaïs leva les yeux au ciel. Elle était maladroite mais Caleb semblait pire… autant dire qu’elle se releva pour mieux s’emparer de son visage et appuyer quelques secondes ses lèvres contre celles de l’allemand. « Peut-être qu’un jour si tu arrêtes de réfléchir ça répondra à ta question. Désolée je sais que tu ne veux pas que je te touche mais je ne pouvais pas faire autrement cette fois... je le ferai plus » fit-elle d’une voix douce avant de se rasseoir et de hausser les épaules. « Personne n’a jamais pris soin de moi et ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer » admit-elle avec amertume avant de descendre légèrement plus sa nuisette sans demander son reste, même si elle rougissait au-delà des mots.

Elle venait de m’embrasser et je restais là comme un con, droit comme un i. Bon sang, Weyss réagit, fais quelque chose. Non, à la place, je lui demandais de se dénuder un peu plus pour pouvoir soigner ses blessures. Dans le genre, je suis un incapable, je me posais en champion. « Et si ça changeait ? »lui demandais-je après m’être raclé la gorge. « Je veux dire si quelqu’un voulait prendre soin de toi… tu accepterais ? »ajoutais-je avant de terminer quelques minutes plus tard son pansement, l’aidant à remettre sa nuisette d’une main tremblante. « Je… hum… Je suis pas très doué avec les filles… Mais je pensais que tu sortais avec ce cr…euh ce mec »

Il n’avait pas réagit, ce qui prouvait définitivement à Thaïs que dans le genre je m’attache à des gens qui ne veulent pas de moi, elle était passée championne. « J’accepterais sûrement mais ça n’arrivera jamais, j’ai la poisse il faut croire » répliqua-t-elle quasi froidement en haussant une nouvelle fois les épaules, comme si c’était devenu une ponctuation avec le temps. « Mike ? Il n’a pas été capable de me regarder une seule fois dans les yeux alors non merci… tu n’es pas le seul à ne pas être doué mais il faut que je me fasse une raison. Merci beaucoup pour mon pansement ! J’ai du travail alors si tu m’excuses, je vais aller à la salle du piano » fit-elle en prenant ses partitions d’un air désespéré, s’apprêtant à quitter la chambre pieds nus.

Je pouvais le faire. Je pouvais faire ce pas vers elle-même si j’étais mort de trouille. Ce n’était pas évidemment pour moi d’aller vers les autres, de rechercher leur contact alors que je me dégoutais. Le viol n’était jamais évident à vivre mais je me demandais si ce n’était pas pire chez un homme. Je me sentais sale et pire que tout indigne d’elle mais son langage corporel m’affirmait que je lui plaisais sans compter qu’elle m’avait embrassé. « Attends »m’exclamais-je en lui attrapant le poignet pour mieux la ramener vers moi. De ma main libre, je remontais le long de son bras pour venir m’échouer sur sa joue alors que je m’inclinais vers elle pour déposer un tendre baiser sur mes lèvres. « Moi aussi… Moi aussi j’ai du mal à te regarder dans les yeux mais…est-ce que je peux t’embrasser à nouveau ? » demandais-je assez timidement. Merde, j’avais l’impression d’être à nouveau dans la peau de cet adolescent timide.

Thaïs était dégoûtée. Pour sûr, elle n’allait jouer que des partitions on ne peut plus tristes, en adéquation avec son humeur du moment. Mais quelle ne fut pas sa surprise en sentant une pression contre son poignet avant que la main de Caleb ne s’échoue contre sa joue et qu’elle ne sente ses lèvres atteindre délicieusement les siennes. La blondinette aurait voulu que ce moment ne cesse jamais, mais il avait été si court, si éphémère… « Mais toi c’est pas pareil… j’ai envie de te plaire à toi, pas à l’autre type mais je croyais que tu ne voulais pas de moi » avoua-t-elle en rougissant violemment, les membres tremblants mais pas de peur, plutôt d’émotion comme l’attestait l’expression de ses yeux. « Ne me repousse plus et embrasse-moi… »

« Tu me plais beaucoup Jen’ » murmurais-je car c’était la vérité. Elle me plaisait énormément mais comment avouer que les rapports avec les autres vous font peur ? Que l’intimité avec une partenaire vous donne des sueurs froides ? Je craignais tellement de lui faire mal si jamais elle me touchait que je devais toujours rester dans un contrôle total. Or, je ne voulais pas de cela avec elle car j’aspirais à pouvoir être simplement moi. « A vos ordres mon capitaine »murmurais-je avant de reprendre ses lèvres dans un baiser d’une grande tendresse qui sous l’émotion se transforma rapidement en baiser passionné qui nous laissa essoufflés. « Tu veux vraiment aller t’entrainer ? »

« Ça veut dire que tu veux de moi en fait ? » demanda-t-elle précautionneusement. Thaïs avait l’impression de marcher sur des œufs et qu’à la moindre connerie, Caleb allait se briser en deux d’un coup d’un seul. Elle souhaitait simplement lui faire du bien, prendre soin de lui, mais cela ne risquait pas d’être aussi facile que cela pouvait en avoir l’air, même s’il lui donna un baiser d’une grande tendresse, qu’elle lui rendit jusqu’à ne plus avoir de souffle. « Non pas du tout… je ne sais même pas si j’aurais pu m’entraîner, je voulais surtout m’éloigner et pleurer toutes les larmes de mon corps… pourquoi ? » fit-elle avec douceur sans le lâcher une seconde des yeux ou s’éloigner d’un millimètre.

« Oui » lui répondis-je avec assurance. Oui, je voulais bien d’elle-même si je n’avais aucune idée de comment la toucher sans la blesser ni même si je serais capable de dépasser mes blocages. L’avenir me paraissait incertain seulement, je voulais y croire. Il s’agissait déjà d’une belle avancée n’est-ce pas ?! « Tu voulais pleurer à cause de moi ? »fronçais-je les sourcils « mais pourquoi ? » lui demandais-je confus avant de la serrer tendrement dans mes bras, veillant à ne pas appuyer sur son dos. « Je me disais..on pourrait peut-être finir la nuit ensemble… en tout bien tout honneur hein »

La question de Caleb fit légèrement baisser le regard de Thaïs comme si elle ne voulait pas le culpabiliser mais que la réponse n’en restait pas moins évidente. « Parce que tu ne voulais pas de moi et que je suis fatiguée qu’on ne veuille pas de moi, d’être seule à en crever et de ne pas trouver une raison à mon existence » finit-elle par répondre en relevant son regard sur lui avant qu’il ne la serre tendrement dans ses bras. « Moi ça me ferait très plaisir mais je pensais que tu n’aimais pas quand je te touchais… »

« Je pourrais être cette raison si tu veux » lâchais-je même si c’était un peu prématuré de parler ainsi seulement je voulais qu’elle cesse d’être triste. Jen’ était bien plus magnifique lorsqu’elle souriait. Je détournais toutefois le regard face à sa remarque. Je n’avais pas très envie de parler de la raison qui me poussait à être ainsi. Seules trois personnes étaient au courant et je trouvais que c’était déjà bien suffisant. « Je suis pas friand des attouchements mais je suis certain que tu peux me faire les aimer » répondis-je avant de m’allonger sur son lit sans la lâcher pour qu’elle puisse venir se blottir contre moi. « Tu as passé une bonne soirée ? »