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« Je ne sais pas si elle est forte, mais tu n’y arriveras pas cette fois » Me répondit la jeune femme avec fierté, me laissant sous entendre que dans un passé pas si lointain que cela et dont je ne me souvenais plus, j'avais peut-être réalisé une telle action avec elle. Quel dommage de ne pas pouvoir m'en souvenir. Néanmoins, sa réplique me refroidi un tant soit peu, et si je m'étais montré aventureux et très entreprenant avec elle, mes avances et mes regards, je décidais de ne plus le faire, optant pour une expression dure et mystérieuse sur mon visage. J'optais ainsi pour l'indifférence, contrôlant les bouffées d'air que je respirais. Je lui demandais donc finalement, de me raconter ce qu'il s'était passé entre nous. « Très bien » Croisant les bras sur ma poitrine avec ma tête à demi-tournée vers elle, je l'observais se mettre à ses aises. « Pour les fêtes de noël, les Dunster, vous ont invité à venir dans une station de ski au Canada. Un soir, on s’est croisé dans un bar du village et on à…on va dire fait connaissance. Le reste est un peu flou, mais on a un peu trop bu. On a fini par vouloir finir la fête dans la cave du chalet et nous avons fait plus ample connaissance… » Le sourire qui apparut sur ses lèvres me laissa perplexe et si mon regard s'était posé sur celles-ci, mon cerveau bouillait seul dans son coin. « Tu te la joue à la Agatha Christie ou tu souhaites que je trouves la fin moi-même ? » Je n'aimais pas les surprises et en général je lisais toujours la fin d'un livre avant de commencer le début. Sa phrase en suspension ne me plaisait pas beaucoup et comme elle m'avait préalablement dit que nous avions un peu dépassés les limites, je voulais savoir ce qui m'avait prit de ne pas aller plus loin avec elle, à moins que ce ne fut le contraire. « C'est quand même bien con de ne pas s'en souvenir. »
J'avais horreur du suspens et généralement lors d'un film, j'arrivais bien à découvrir quel était le meurtrier ou alors tout simplement la fin, avant la fin même de ledit film. Et maintenant que Prudence me faisait des confidences mais qu'elle restait sur l'avant-fin, j'avais du mal à visualiser les choses. Surtout que j'avais finalement face à moi la fille avec laquelle j'avais supposément trompé mon ex-fiancée. J'attendais alors avidement à ce qu'elle me dise la suite, même si elle m'avait dit qu'entre nous, les choses n'avaient jamais été jusqu'au bout. « Je ne te raconterais pas la suite. Tu devras t’en souvenir tout seul et si ce n’est pas le cas, c’est que je ne t’aurais pas marqué » La jeune femme face à moi avait alors posé sa main sur ma cuisse et je tournais entièrement mon visage vers elle sans décroiser mes bras. Pour qui se prenait-elle ? Pour tout mais pas de la merde. Elle se mit à reboire une gorgée de sa bière et je l'observais alors qu'elle avait préalablement posé sa main sur ma cuisse m'arrachant une expression sans émotion. J'avais le sentiment que d'un côté elle jouait avec moi comme je tentais de le faire avec elle. Sauf que je venais lâchement de lâcher l'affaire. « Je ne me souviens même pas de ma propre fiancée, alors il y a peu de chance que je me souvienne d'une fille dans ton genre avec laquelle j'aurais passé une soirée inhibé d'alcool et qui n'est pas non plus mon amie au final. » Elle me fixait de ses yeux verts plus foncés que les miens et je soutenais son regard comme pas possible. J'allais peut-être mettre ma menace mystérieuse à exécution et lui sauter dessus au final ? Mais non, ce ne serait pas correct. Penchant la tête sur le côté, je me passais la langue sur les lèvres, en fixant sa bouche. « Et si tu me parlais un peu de toi, Prudence ? »
« Une fille dans mon genre ? Monsieur est capricieux » Peut-être bien, mais elle tentait de se montrer supérieure et cela me fit sourire ironiquement. Si je me contentais d'un unique mouvement d'épaules pour répondre à sa remarque, sa réplique sur le fait que je lui demandais de parler d'elle m'arracha un froncement de sourcils. J'avais définitivement du la froisser un tant soit peu. « Il n’y a rien à dire de particulier. » Il devait certainement beaucoup à y avoir à dire sur son sujet, elle ne voulait pas me parler voilà tout. Un peu perdu dans mes pensées, je ne remarquais pas le fait qu'elle se levait pour bien se rhabiller. « J’aimerais rentrer. » Ne réagissant pas sur le coup, je levais mon regard vers le sien afin de le rencontrer, me demandant ce qu'elle attendait exactement de moi. Sans m'attendre ni rien, elle détourna les talons et s'évapora, m'arrachant un long soupire. Je fus tenter de la laisser s'en aller comme une voleuse, mais une jeune femme seule dans les rues à cette heure-ci ce n'était pas très prudent, et ma bonne conscience reprit le dessus. Me levant avec rapidité, je sortie à mon tour dehors, pour la voir au loin, attiré par le bruit que ses talons provoquaient sur le sol. Courant pour arriver à sa hauteur, je ne pus m'empêcher de lui dire : « Une fille seule dans les ruelles à cette heure-ci, c'est très dangereux tu sais ? » Enfonçant mes mains dans les poches de mon jean, je constatais qu'elle ne s'arrêtait toujours pas, alors que bordel, je faisais des efforts pour elle là. « Qui fait sa capricieuse maintenant ? » Laissant un sourire flotter sur mes lèvres, je la retins par le bras et la retournait. « Laisses-moi au moins te raccompagner jusqu'à chez toi. » Ayant plongé à nouveau mon regard vers le sien, je m'attendais déjà à ce qu'elle me repousse pour me jeter.
Bon je n'allais pas dire que c'était une garce mais sur le coup, elle se comportait comme telle. Dire que je la coursais dans les ruelles, afin de lui faire comprendre que rentrer seule par une nuit aussi noire, ce n'était pas le plan le plus génial qu'elle eut eu de toute sa vie. Et comme elle m'ignorait, je songeais qu'elle avait la royauté et l'élégance d'une fille mal élevée. Mais je l'avais froissé, le savais parfaitement. La rattrapant par le bras, je la forçais à se retourner vers moi et nos regard s'affrontèrent durant de longues minutes. « Et si je refuse, tu feras quoi ? » J'eus subitement le sentiment qu'elle était en train de m'affronter, d’initier un certain combat entre elle et moi et je n'en compris pas les règles primordiales. Tout ce que je me résolut à faire, fut de partir dans un fou rire sonore et profond. « Mais pour qui me prends-tu ? Pour un détraquer qui va te faire du mal si tu refuse de le suivre ? » D'ailleurs sitôt ces quelques mots prononcés, je lâchais l'emprise de ma main sur son bras non sans pour autant détacher mon regard du sien. « J'essayais juste de me rattraper et d'être galant. » Je préférais amplement marcher à côté d'elle comme son garde du corps pour être sur qu'elle rentre bien à domicile, même si elle décidait d'accepter ma compagnie pour me faire la gueule. « Que se passe-t-il Prudence ? On a peur ? » Me rapprochant d'elle avec un sourire, j'attrapais mon visage en coupe entre mes mains et je déposais mes lèvres sur les siennes. Ce ne fut que brève et chaste mais je me reculais ensuite bien vite, un sourire narquois flottant sur mes lèvres face à son manque de réaction qui ne tarderait pas à venir. J'attendais désormais la gifle monumentale qui m'était probablement déstiné.
« Je n’ai… » Mais encore ? La jugeant dans toute sa splendeur perdue au milieu de cette ruelle en ma compagnie, elle semblait quelque peu perdue et dépitée par mon comportement. Il fallait dire qu'en plus d'être maladroit, elle me donnait le sentiment de passer pour un fou furieux. Et comme elle préférait m'ignorer royalement, je décidais de reprendre le jeu que j'avais délaissé avant de me rapprocher d'elle tel un prédateur et de déposer mes lèvres sur les siennes. Mais alors que le baiser ne dura pas longtemps, je me préparais déjà mentalement à la gifle monumentale qui devait m'attendre. Mais contre toute attente, rien de cela ne se produisit et je perdis cet espèce de sourire narquois qui s'était approprié mon visage en voyant l'humidité qui commençait à se former dans son regard. L'avais-je blessé rien qu'avec un simple baiser ? Je me sentis subitement coupable et alors que j'ouvris la bouche avec l'attention de lui présenter mes plus plates excuses pour mon comportement qui n'était certainement pas digne de celui d'un galant, la jeune femme se précipita sur moi et c'est à peine si un de mes bras eut le temps de se refermer autour de sa taille, alors que la main de la jeune femme se plaquait dans ma nuque et ses lèvres contre les miennes. Fronçant les sourcils, mon accompagnatrice reculait déjà alors que mon cœur ne semblait pas s'emballer à ce que ma raison espérait. Le souvenir d'Elia me revenait en mémoire et ma respiration ralentissait à cet effigie. Ciel, que venait-il de se passer ? Jetant un regard à nos alentours, je lui pris le bras avec douceur. « Viens. » Je ne savais même pas où elle vivait et l'incitant à marcher à mes côtés en silence, je nous dirigeais bien vite jusqu'à mon appartement. Ouvrant la porte je la laissais rentrer en première puis après avoir enlever ma veste et allumer une lampe de chevet, je me tournais vers elle. « Ici c'est chez moi... » Secouant la tête, je me repris : « Ne crois surtout pas que je t'ai entraîné ici pour...enfin tu vois. Tu veux boire quelque chose de chaud ? Tu semble morte de froid. » Puis je fis finalement un signe en direction de sa jupe, qui sentait fortement l'alcool. « Ou je pourrais t'offrir un jogging ? »