(+ Mallory) Devenir père est une mission à haut risque...

« Et ton ventre, tu me le prêtes comment ? » plaisantais-je car pour le lire à Junior second du nom, encore fallait-il qu’elle soit présente dans la même pièce que moi. « C’est juste pas évident pour moi d’avoir de la difficulté à lire. J’ai réussi à cacher durant toutes ces années ma dyslexie à mes profs en usant de ma mémoire qu’apprendre à la surmonter, c’est comme un retour en arrière. Je sais bien que ce n’est pas honteux d’avoir un problème de ce genre mais pour moi, ça l’est. On m’a habitué à ne jamais montrer le moindre signe de faiblesse »avouais-je en toute confiance avant de lui rendre son étreinte. « Je tiens le coup mais j’en ai marre… vraiment marre »

« Ah ouais effectivement tu marques un point ! » pouffa-t-elle devant sa propre connerie avant de caresser longuement sa joue alors qu’il se confiait à elle. « Vois la chose autrement… nous deux, on est une équipe, tu te rappelles ? C’est nous deux contre le reste du monde ! Ce n’est pas un signe de faiblesse, pas alors que tu m’as déjà aidée pour des millions d’autres choses… vois ça comme un renvoi d’ascenseur de ta petite femme ? » fit Mallory en lui souriant de façon encourageante. « Je t’en prie craque pas maintenant, on est presque au bout et j’ai tellement besoin de toi… vois le bon côté des choses, ma garce de sœur n’est pas là et à notre retour, je devrai réussir à faire venir mon père ! »

« D’accord, d’accord, je me rends, tu as gagné » plaisantais-je et c’était une façon comme une autre pour moi de lui dire que je voulais bien qu’elle m’aide dans ma démarche même si l’instant d’après, je ne pus m’empêcher de lui confier le mal qui me rongeait. Notre situation. Je n’arrivais plus à lui faire l’amour sans me dire que même cet acte d’amour était entaché par ce mariage bidon. Je ne voulais pas d’elle comme maitresse mais comme épouse et même si j’avais beau nié les choses, j’étais tout de même marié à une autre. « Elle n’est pas là ouais… mais j’en ai ma claque de faire semblant de ne pas être en couple avec toi, de faire style que je ne suis pas raide dingue de toi parce que je suis marié avec elle. Je tiendrais pas encore des lustres sans régler le problème à ma façon et de manière définitive »

Mallory esquissa un adorable sourire alors que Declan rendait enfin les armes. Après tout, quoi de mieux que de faire équipe pour ce genre de choses, hum ? Si cela se trouvait, ses efforts allaient encore mieux porter leurs fruits… mais hélas, la conversation ne demeura pas douce et légère et bientôt, il se lança dans des aveux qui lui arrachèrent une expression attristée. Là résidait tout le problème : que voulait-il qu’elle fasse exactement ? « Qu’est-ce que tu veux m’entendre dire Declan ?! Je t’ai promis de faire venir mon père et de régler le problème dès que l’on rentre d’Hawaï, je ne peux pas aller plus vite que la musique ni faire des miracles ! Mais vas-y, règle le problème façon Western et Hale te foutras en taule de façon tout aussi définitive ! Et je fais quoi moi dans ce cas là ? Je viens t'apporter des oranges en taule avec notre fils sous le bras ? » souffla-t-elle, aussi agacée, culpabilisée et attristée que possible.

« Mais non… Raaah je sais même pas pourquoi je te fais par de mon ressenti, ça finit toujours par une dispute dès que je l’ouvre. Ok, je suis pas doué pour parler mais là pour la peine, ça me donne vraiment pas envie de me confier »soupirais-je car je ne disais pas cela pour la culpabiliser mais simplement pour partager un mal être avec elle. « Note à moi-même, fermer ma gueule » soupirais-je ou alors me confier à une autre personne que Mallory sur nos problèmes de couple parce qu’apparemment, je disais plus de merde qu’autre chose. « Je vais aller me sécher »marmonnais-je tout en sortant de l’eau la tête basse. Je n’avais pas l’habitude de ce genre d’intimité, je pensais naïvement que confier une faiblesse pourrait être bien perçue mais ce n’était pas le cas. Je me sentais un peu con pour la peine.

Autant dire que Mallory poussa un grognement des plus évidents une fois seule dans l’eau, parce qu’elle n’avait pas réussi, de son côté, à faire part de son ressenti. C’était ça le problème, ils se braquaient aussi facilement l’un que l’autre et derrière, Declan serait le premier à ne plus jamais se confier à elle. « Tu n’as pas compris ce que je voulais dire non plus » ajouta-t-elle avec plus de douceur alors qu’elle le rattrapait, lui emboitant le pas. « Je panique, c’est tout ! Je me braque autant que toi, un partout la balle au centre, mais j’ai pas envie que t’arrête de me parler ! Je veux pas que tu fasses une connerie… c’est tout… »

« Alors qu’est-ce que tu voulais dire ?! Mallory, dès fois, j’ai envie d’étrangler des dizaines et des dizaines de personnes, ce n’est pas pour ça que je passe à l’acte. Le fait d’en parler m’aide à extérioriser cette envie »soupirais-je conscient que notre plus gros problème restait la communication. Nous n’étions vraiment pas doués l’un comme l’autre et j’étais fatigué des disputes inutiles. « Dès fois, il serait mieux que je garde certaines choses pour moi, je veux pas te blesser et le simple fait de les dire, bah ça fera exactement l’effet que je ne souhaite pas »

« Juste que je veux que tu attendes que le voyage à Hawaï soit passé parce que je peux pas agir avant, c’est tout ! » s’emporta-t-elle car ça n’avait rien à voir avec le fait qu’elle ne voulait pas qu’il se confie. C’était même l’inverse, bien qu’il ne l’ait pas compris lorsqu’elle s’était exprimée. N’avait-elle pas le droit de dire ces choses de son côté ? « Je n’ai pas envie que tu me caches des choses. Au pire tu me blesses, mais j’encaisse je m’en fous. Je préfère être blessée quelques secondes et avancer avec toi plutôt que tu fasses ta tchoutchouka tout seul dans ton coin ! On est deux, on affronte ensemble, c’est tout. »

« ça j’avais compris merci bien »râlais-je car plus elle s’emportait et plus, ça me donnait qu’une envie : gueuler plus fort. « Ouais génial, je vais me confier, tu vas prendre de travers et au final, on s’engueulera comme on est en train de le faire en ce moment » haussais-je les épaules tout en m’allongeant sur ma serviette, fermant les yeux pour essayer de trouver un certain calme. « Même au soleil, on arrive à être sur les nerfs, on est les rois du monde de la dispute »

Mallory se plaqua la main sur son front. Elle lui offrait une solution, lui jurant au passage qu’elle voulait qu’ils avancent main dans la main et au lieu d’abonder en son sens, il campait sur ses positions, boudant au passage. Magnifique ! « Si tu veux réagir comme un gamin de cinq ans et bouder, libre à toi ! Moi je vais me chercher une glace, j’ai faim » haussa-t-elle les épaules à son tour, coupant court à la dispute de la seule façon intelligente. Elle reviendrait sûrement d’ici une demi-heure en espérant qu’il se serait calmé mais en attendant, elle se calmait en s’avançant au bout de la place vers le camion de glace.[