(+Thais) Un Weyss peut en cacher un autre.

« Parce que tu crois que je ne prends pas ça en compte merde ! Je ne suis pas égoïste à ce point. Je comprends d’autant plus combien la situation est difficile pour toi Thaïs et crois-moi, si j’avais une baguette magique, j’effacerai toute cette merde mais je suis là. Je ne suis peut-être pas exactement l’homme que tu as l’habitude de côtoyer mais je suis présent, tu n’es pas seule. J’assumerai comme j’ai assumé il y a trois mois. Arrête de penser que tu es seule, laisse-moi t’aider bordel » m’emportais-je légèrement car certes, la situation était compliquée pour chacun de nous mais il était hors de question qu’elle élève ce gosse toute seule. J’assumerai ma paternité coûte que coûte. Je relâchais son poignet pour commencer à faire les cent pas dans la chambre. « Tu as l’impression que ce n’est pas logique mais c’est normal. Le Caleb qui a pris cette décision, il y a trois mois, n’est pas moi. Raah c’est complexe mais on a vécu des choses ensemble qui ont très certainement dû me faire changer d’avis sur la paternité etc. Je te donne mon ressenti sur le moment, sans notre vécu. Après je ne sais pas, l’envie d’avoir un enfant de toi a été plus forte que mon appréhension… Cela fait deux ans que je garde le silence sur ce secret de famille, mes parents ne sont pas au courant que je sais une partie de la vérité. M’ont-il recueilli ? Enlevé ? Sauvé ? Adopté ? Je n’en ai aucune idée. La seule chose que je sais, c’est que je ne suis pas leur fils biologique »

« Je ne sais pas quoi faire !! D’un côté tu dis que tu veux assumer et de l’autre que tu ne voulais pas d’enfant ! » Thaïs mettant en avant que s’il ne retrouvait jamais la mémoire alors quoi, il allait s’enfermer avec une femme qu’il n’aimait pas ad vitam ? L’irlandaise n’était pas égoïste non plus au point de savoir que la situation risquait rapidement d’être sans issue et pour le coup, ça l’effrayait bien au-delà des mots. Elle aurait voulu que tout redevienne comme avant… et qu’il n’ait pas à vivre ça. « Pourquoi tu ne leur en as pas parlé ? Si ça se trouve ils seraient soulagés que tu le fasses… peut-être qu’ils ont peur que tu les rejette ! De ce que je sais, les Weyss t’ont toujours aimé comme leur propre fils… » Thaïs s’approcha doucement de lui pour le serrer dans ses bras avec tendresse, comme si elle voulait prendre sa peine et la lui ôter à jamais…

« C’est plus compliqué qu’un désir d’enfant ou pas. J’ai toujours voulu avoir un enfant, créer ma propre famille mais je n’osais pas sauter le pas. Que pouvais-je apporter à mon propre gosse si je ne sais pas même d’où je viens. Je sais que pour certains, ça n’a pas d’importance mais pour moi, ça l’est. J’ai toujours donné une grande place à la justice et la recherche de la vérité sans quoi, je ne serais pas devenu flic… Ma vie est un mensonge Thais et d’après ce que tu m’as dit, tu es bien placé pour savoir que lorsqu’on le découvre, on a besoin de réponses mais je ne suis pas certains d’être prêts à les entendre »soupirais-je lui rendant son étreinte en plongeant ma tête à l’abri contre son cou. Je ne voulais pas interroger mes parents de peur de découvrir un secret sinistre. « Je ne veux pas les blesser, je n’ai rien à leur reprocher, ils m’ont apporté et fait de moi l’homme que je suis mais dans un sens, j’aurais préféré ne pas découvrir ce secret, le laissait enterré à jamais… Mary et toi, avaient des réactions différentes. Elle m’a persuadé que je ne devais pas chercher à comprendre, que je ne devais pas déterrer le passé. Dans le fond, je crois qu’elle craignait de découvrir qu’elle n’était pas la fiancée d’un fils d’ambassadeur mais d’un sans le sou… Thaïs, j’ai besoin de savoir une chose, est-ce que tu sais comment ou pourquoi, j’ai pu refaire ma vie aussi rapidement avec toi ? ». Cette question me taraudait d’autant plus qu’elle venait de m’avouer que j’étais à l’origine de cette envie de grossesse.

« Tu n’es peut-être pas prêt mais il faudra bien un jour que tu réussisses à faire face avant que ce fameux secret te bouffe et que tu finisses par détester tout ce que tu as aimé jusqu’ici… et j’entends par là ta famille… » commença Thaïs bien que c’était plus facile à dire qu’à faire. Effectivement, elle était bien placée pour savoir l’effet que cela faisait mais jamais la blondinette n’aurait laissé pareil secret sans réponses. Elle aurait cherché quitte à s’épuiser à la tâche et à s’écrouler à un moment donné, qu’importe, mais elle aurait continué jusqu’à satisfaction. « Je crois te l’avoir déjà dit mais je ne suis pas Mary. Je n’ai jamais su mentir et pour moi, vivre avec un mensonge, ce n’est pas vivre… peut-être était-elle intéressée par un potentiel pécule mais moi je m’en tamponne ! Tu ne t’en souviens pas mais c’est toi que j’ai épousé, pas ton argent, pas ta position, mais toi, ton caractère, notre vécu, la personne que tu me fais devenir quand je suis avec toi. Mais puisque tu me le demandes… le jour de la mort de Mary, tu avais découvert qu’elle était avec son amant, et qu’elle te trompait depuis un moment déjà. »

« Je sais mais je n’y arrive pas. Je n’ai pas envie de découvrir que j’ai été abandonné à la naissance, que mes véritables parents ne voulaient pas de moi. Je crois que dans le fond, j’ai envie de savoir sans en avoir envie »soupirais-je mais il y avait une chose que je désirais savoir : pourquoi avais-je tourné la page aussi rapidement après Mary ?! J’avais été de longs mois dans une sorte de dépression, qu’est-ce qui avait changé la donne pour que Thaïs puisse me mettre le grappin dessus ?! La réponse me laissa sans voix. « Merci pour ton honnêteté »soupirais-je en me détachant légèrement d’elle pour aller m’asseoir sur le lit, prenant ma tête entre mes mains. « Je m’en doutais un peu. Avant sa mort, nous n’arrêtions pas de nous disputer et je la sentais distante. Je ne voulais pas croire qu’après quatre années, elle puisse me tromper mais il faut croire que je faisais une nouvelle fois l’autruche. Je te remercie de ne pas avoir éludé la question… Cela me fait me dire que je crois que j’ai eu toutes les bonnes raisons de tomber amoureux de toi » soufflais-je avant de redresser la tête. « Si je ne retrouve jamais la mémoire… y-a-t-il une chance pour que nous repartions tous les deux à zéro ? »

« Mais si ça se trouve ce n’est pas ça… » Thaïs ne voulait pas le pousser mais ça l’attristait qu’il puisse rester tant en retrait de son passé tout en en souffrant au passage. Vraiment, ça la tuait littéralement sur place car elle se sentait impuissante, de même qu’elle se sentit impuissante quand il s’éloigna, la laissant droite comme un i en s’asseyant sur le lit. La blondinette tira une chaise roulante pour mieux soulager ses pieds endoloris avant de soupirer. « Quand on aime quelqu’un on est toujours tenté de le mettre sur un piédestal… je te l’ai dis, je ne sais pas mentir et je n’ai jamais souhaité de mentir, c’est le cas depuis notre rencontre. Ça me fait mal que ça te fasse mal mais je préfère me dire qu’au moins, tu as toutes les cartes en main et que tu es libre de faire des choix en connaissance de cause… je ne sais pas si c’est une raison de tomber amoureux de moi, mais… » Thaïs demeura cependant bouche bée quelques instants à sa question, ne sachant que répondre. « C’est ce que tu voudrais ? Vraiment ? »

« Si ma tante en avait, on l’appellerait tonton en même temps »marmonnais-je avant de soupirer et de l’écouter me répondre. Thaïs n’avait pas conscience de combien, elle était rafraichissante. Je venais d’un monde très protocolaire où les apparences dominent. Elle était cash tout en conservant une certaine fraicheur et naïveté qui ne la rendaient que plus attendrissante. Je me sentais déjà fondre devant elle et je ne doutais pas qu’il y a six mois, il en avait été de même mais voilà, je n’avais aucun souvenir de ces six mois. « Oui. Je ne vais pas te mentir, je te désire beaucoup et je sais qu’entre nous, ça peut coller. Après tout, nous sommes mariés et tu es enceinte. Je me dis que si je ne retrouve pas la mémoire, toi et moi, on pourrait recommencer à zéro… Cela pourrait être bien non ? »tentais-je bien que j’avais l’impression qu’un deuxième homme se trouvait dans l’équation et ça me rendait dingue. Petit à petit, au fil de cette semaine, j’avais ressenti des picotements lorsqu’elle était dans les parages et je ne voulais pas passer à côté d’une chance d’être heureux. « Je vais aller prendre une douche pour te laisser le temps d’y réfléchir, ça te va ? »

Que Caleb puisse désirer une deuxième chance avec elle la comblait d’une intense béatitude et en même temps, elle avait l’impression de tromper son mari. Thaïs n’était pas dans une situation évidente mais d’un autre côté, elle partageait la même situation avec le bel allemand en face d’elle, lui énonçant des mots délicats et dont elle avait tant besoin… pourquoi se refuser le droit d’être heureuse, surtout s’il ne retrouvait jamais la mémoire ? Une partie d’elle voulait dire oui et l’autre balisait sec. Cruel dilemme… « Tu me désires même maintenant ? Ça me fait étrange, j’ai l’impression que c’est irréel… je vais réfléchir quelques minutes si tu veux bien, le temps de me remettre de mes émotions. » Thaïs le laissa aller prendre sa douche mais ce ne fut pas une crise d’angoisse qui la secoua la seconde d’après : ce furent bien des titillements ! « Oh la poisse ! Pas maintenant ! » murmura-t-elle en serrant les jambes, tentant de contrôler ses gémissements… en vain.

« Oui. Même maintenant. » lui répondis-je avec un sérieux quasi inébranlable tant j’avais l’impression qu’elle doutait d’elle. Cette femme était magnifique, sensuelle, adorable. Il faudrait être fou pour ne pas la désirer mais je comprenais qu’elle avait besoin de temps. Pour ma part, j’étais bien déterminé à lui faire oublier son mari pour qu’elle comprenne que nous deux, nous pouvions aisément être heureux ensemble. Je filais sous la douche, tiède, prenant le temps d’établir un plan de bataille. J’avais séduit des femmes bien plus coriaces qu’elle par le passé, cela ne devrait pas être compliqué de la remettre dans mon lit n’est-ce pas ?! Nous étions mariés après tout. Néanmoins, je ne l’avais pas senti emballée plus que cela par ma proposition et je ne pouvais m’empêcher du coup, de douter de moi. Dix minutes plus tard, je revenais vers elle, une simple serviette blanche me saignait les hanches. « Tu veux que je t’amène sous la douche pour soulager tes pieds ? Par contre, il faudra éviter de mouiller tes bandages » lui proposais-je inconscient qu’elle était en proie à des titillements.

Thaïs était complètement en proie au doute mais surtout à ses titillements. Saloperie, avait-on idée de débarquer dans un moment pareil ! Elle gigotait nerveusement sur sa chaise, empirant la chose plus qu’elle ne la soulageait mais miraculeusement, elle parvint à stopper tout geste une fois qu’il fut de retour dans la chambre. « Heu… oui je veux bien, je crois que j’ai besoin d’une douche froide » fit-elle avec un tantinet d’ironie, car la douche risquait de ne pas être du luxe dans des conditions pareilles… Thaïs eut un mal fou à retenir un gémissement, le transformant en espèce de marmonnement alors qu’elle commençait à se relever pour essayer d’inciter Caleb à la conduire rapidement dans la salle de bain. Dans le cas contraire, elle allait exploser. « La tienne t’a fait du bien ? » tenta-t-elle de s’occuper l’esprit mais l’enthousiasme dont elle faisait preuve était presque trop flag !