(+Thais) Un Weyss peut en cacher un autre.

« Je pense que je ne suis pas à ça prêt hein ! J’ai du faire avec six mois de souvenirs : le départ d’Eventine, notre mariage, et tout le bordel qui va avec. » soupirais-je comme si rien de pire pouvait m’être annoncé. Je ne voyais pas vraiment et pourtant, je ressentais comme une pointe de nostalgie, comme si, j’avais eu le souvenir de quelque chose d’important, de magique sans pour autant mettre le doigt dessus. Je me crispais cependant rapidement quand elle m’annonça être au courant de tout que je me mis quelques instants avant de pouvoir être en mesure de prononcer d’autres paroles. Les agressions sexuelles que j’avais subies par le passé restaient toujours un sujet à vif en moi car si j’étais aussi froid avec les gens, si j’étais aussi méfiants, ce n’était pas pour rien. Un jour, un homme avait abusé de ma confiance et de mon corps mais pire que tout, il m’avait volé un ami, un frère. Raphaël était un fantôme de mon passé qui n’aurait de cesse de me hanter. « Je.. Non » marmonnais-je avant de détourner la tête, en rougissant. « C’est pas ce que tu crois… j’ai pas bloqué à cause d’une faiblesse. Je crois que j’ai simplement eu des flashs de nous et ils n’avaient absolument rien de catholique. Le moins qu’on puisse dire c’est que nous avions une vie sexuelle des plus actives » baragouinais-je avant de la reposer sur le canapé, restant debout devant elle comme un con.

« Peut-être mais là crois-moi ça n’a strictement rien à voir… » bafouilla-t-elle sans trouver les mots pour lui annoncer la chose alors que Thaïs y était si facilement parvenu la première fois… mais Caleb était en pleine possession de ses moyens, de ses souvenirs et ils désiraient autant l’un que l’autre ce bébé. Il était arrivé comme un merveilleux cadeau du ciel, le plus beau cadeau de Noël qu’ils aient jamais eu. « Oh… et tu te souviens précisément de ces flashes ou pas du tout ? » demanda-t-elle avant d’esquisser un petit sourire amusé, même si elle poussa également un gémissement de douleur car désormais, ses pieds lui faisaient un mal de chien. « Je confirme nous n’étions pas des moines… et tu as eu ces flashes à cause d’une raison particulière ? J’espère qu’ils t’ont parut agréablement au moins ! » plaisanta-t-elle histoire de lui ôter de la tête les sévices sexuels qu’il avait malheureusement vécus. « Pourquoi tu restes debout ? Je sais garder mes mains chez moi je ne vais pas te mordre tu sais… »

Si je me souvenais des flashs ? Ils m’obsédaient littéralement depuis qu’ils m’étaient apparus avec la force d’un uppercut digne des plus belles droites de Bambi. « Si je te dis oui, tu mesures ce que je suis en train de subir ou pas ? » marmonnais-je avant d’écarquiller les yeux. Elle me demandait vraiment ce qui avait pu me pousser à avoir ce genre de flash ? Elle n’était pas aussi innocente que ça quand même ? Non parce qu’à voir ce dont je m’étais souvenu, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’était pas une vierge effarouchée. « Tu me poses vraiment la question ? Non parce que là… quand même ! ça me parait des plus évidents ! » ajoutais-je par la suite. La vision de sa poitrine à demi-dénudée, sa peau contre la mienne, sa façon d’être jalouse et possessive, bordel, rien que d’y repenser, ça me donnait envie de lui sauter dessus. « C’est plutôt le contraire que je crains car pour le moment, je n’arrive pas trop à me sortir ces images en tête et notamment un foutu tailleur blanc ! » gromelais-je en me laissant tomber à côté d’elle sur le canapé. C’était une véritable torture. « Tu as besoin de moi ou je peux aller prendre une douche ? »

Thaïs avait beau avoir une vie sexuelle des plus actives avec son mari, du moins avant qu’il ne perde la mémoire et n’oublie totalement qu’il était marié avec elle, la jolie irlandaise n’en restait pas moins innocente, fragile et… diablement peu manipulatrice en la matière. Voilà pourquoi elle se mit violemment à rougir en comprenant où il voulait en venir. Pourquoi cela la gênait alors que normalement, elle trouvait cela diablement flatteur ? Tout simplement parce qu’elle n’avait pas l’impression d’avoir son mari en face d’elle… « Oh… je suis désolée avec tout ça je ne me suis même pas couverte ! Peut-être que si je m’habille de façon plus catholique ce sera mieux ? » avoua-t-elle en grimaçant, littéralement honteuse car d’ordinaire, cela ne les aurait gênés ni l’un ni l’autre. « Avant tu m’adorais avec ce tailleur blanc… mais tu sais ce n’est pas un crime si tu me désires, ceci dit tu peux aller prendre une douche je pense que je vais pouvoir m’habiller toute seule » fit-elle en tentant de se mettre debout, souhaitant aller vers la chambre pour choper quelque chose pour s’habiller, mais la donne était… approximative et douloureuse.

La situation était plus ce que gênante tant nous n’étions plus vraiment un couple. Sûrement Thaïs aurait l’impression de trahir son mari et moi, de coucher avec une femme mariée. C’était tellement complexe d’un coup que même ses rougissements n’eurent pas l’effet escompté. Je la désirais bien trop à ce moment-là pour ne pas songer que j’étais prêt à oublier mes principes et la séduire comme si de rien n’était. Je savais que j’en avais la capacité mais ce serait jouer avec ses sentiments et il n’en était pas question. « Pour sûr que j’avais l’air d’aimer ce tailleur… On a fait l’amour dans une cabine d’essayage ou c’est une impression ? » lui demandais-je avant de secouer la tête, soupirant. « Attends, je t’amène dans la chambre » marmonnais-je avant de la soulever pour mieux la déposer quelques instants plus tard dans notre chambre, sur notre lit. « Dis-moi ce que tu veux porter, je t’amène tout ça après… si ça te dérange pas d’attendre que je finisse de prendre ma douche, je te ramènerai dans le salon. D’ici trois jours, tu pourras peut-être remarcher si en attendant, tu reposes tes pieds » lui proposais-je même si, j’aurais l’air d’un con si elle me demandait de farfouiller dans ses sous-vêtements.

La situation était complexe, c’était le moins que l’on puisse dire ! Pourtant, Thaïs était à la fois gênée et à l’aise, comme si on la dépossédait même de sa possibilité de penser normalement. Elle aurait voulu qu’une telle tragédie ne leur arrive jamais et qu’ils puissent continuer à écouler des jours paisibles, comme ils le méritaient… mais on avait pas entendu sa prière en la matière, semble-t-il. « En Suisse, lorsque je l’ai acheté… tu étais réticent et puis finalement tu t’es prêté au jeu » fit-elle d’un ton à la fois amusé et triste, comme si elle parlait d’un autre homme et non pas de Caleb. Comme il fallait s’y attendre, il la souleva bientôt dans ses bras, la conduisant jusqu’à la chambre en lui proposant même de lui tendre ses vêtements mais Thaïs fut incapable de lui répondre car ses larmes la reprirent. « Je crois que mes vêtements peuvent attendre… Caleb tu ne t’en souviens pas mais je suis enceinte… de trois mois. D’un petit garçon… » Sa respiration était devenue haletante tant elle sentait le stress monter en même temps que les flots de larmes. Pourquoi avait-elle l’impression de lui avoir menti alors qu’en théorie, il avait été le premier au courant à la base ?

« Je ne demanderai même pas pourquoi je me suis prêté au jeu, je pense avoir la réponse » plaisantais-je avant de la soulever dans mes bras pour la conduire dans la chambre, prêt à jouer les porteurs pour l’aider à se changer. Il valait mieux pour ma santé mentale qu’elle soit un peu plus couverte mais une nouvelle fois, elle se mit à pleurer. JE ne comprenais vraiment pas grand-chose car soit, elle était réellement émotive, soit c’était une pleurnicheuse et je doutais de pouvoir supporter cela à longueur de temps. L’explication fut rapide : elle était enceinte. « Oh bordel de merde » lâchais-je en me laissant tomber sur le lit. Je me sentais con pour le moment et le pire, c’est que je n’osais pas exprimer la première question qui me venait à l’esprit. « Je suis désolé de te poser cette question mais… notre mariage, c’est parce que tu es enceinte ? » lui demandais-je en me passant une main dans les cheveux. Cela expliquerait pourquoi nous nous étions mariés aussi vite et que c’était une « évidence ». Je ne pensais pas qu’un jour, je puisse vouloir être père. Je ne savais même pas d’où je venais alors avoir un enfant à mon tour, tout cela était trop perturbant. « Ce n’est pas possible que j’ai voulu un enfant, je veux dire, je ne sais même pas qui sont mes véritables parents ! » m’emportais-je légèrement mais sans colère, juste avec une bonne dose de désespoir.

« Quoi ?! » s’étrangla à moitié Thaïs face à la question de Caleb comme s’il venait de prononcer la pire absurdité de la création. Comment pouvait-il lui demander une chose pareille ! La jolie blonde voulait croire qu’il ne l’avait pas épousée pour cela, et d’ailleurs elle refusait d’y croire tant cela ne sonnait pas comme son mari. A croire que ce jeune homme à côté d’elle ne soit définitivement pas son mari car jamais le vrai Caleb, celui dont elle était tombée éperdument amoureuse n’aurait été aussi franc sur un sujet aussi sensible. « C’est ça que tu penses de moi ? Que tu m’as mise enceinte par accident et épousée après pour rentrer dans les bonnes mœurs ? » s’emporta-t-elle vivement, essuyant toute trace de larme de son visage dans un geste plutôt rageur. « Je ne sais pas c’est quoi cette histoire avec tes parents et je suppose que je n’en saurais pas plus mais… » Thaïs se releva, marchant jusqu’à l’armoire pour essayer de se trouver des vêtements. Mais ses mains étaient si tremblantes de colère et de frustration qu’elle peinait à y parvenir normalement.

Je l’avais mis en rogne à cause de ma question mais à ma décharge, elle venait de m’apprendre qu’elle attendait un enfant de moi. Il y avait de quoi se poser des questions car n’ayant pas le même passif qu’elle dans notre « couple », je me sentais en droit de la lui poser. « Je ne voulais pas te blesser mais ça aurait pu très bien être le cas. Ecoute, j’essaie simplement de comprendre Thaïs, je n’émets aucun jugement. Je veux simplement comprendre, additionner A+B, trouver un cheminement à notre relation. On s’est marié après très peu de temps de relation, tu es déjà enceinte, il me semble que ma question était légitime mais cela n’enlève rien au fait que je devais très certainement t’aimer » soupirais-je avant de lui prendre le poignet. « Arrête de marcher bon sang, tu te fais mal pour rien. Thaïs, je vais commettre sûrement des bourdes plus grosses que moi mais il ne faut pas les vivre au drame de cette manière. Je…. Je veux juste comprendre, c’est tout ce que je demande » ajoutais-je avant de me passer une main dans les cheveux. « Je pensais que je t’avais parlé de cette histoire mais je présume que mon expérience avec Mary a du me doucher car nous n’arrêtions pas de nous disputer à ce sujet. Bref… pour faire court, les Weyss ne sont pas mes vrais parents. Je ne sais pas d’où je viens et je me suis toujours refusé à avoir des enfants dans ces conditions »

Caleb commettait peut-être des bourdes mais ça n’en n’était pas moins douloureux car au final, Thaïs se sentait plus esseulée que jamais. Cela lui faisait goûter l’amertume d’une colère sans bornes et pourtant, dieu sait combien elle savait que ce genre de sentiment pouvait être néfaste au bébé. « Ne pas les vivre au drame ?! Tu es une victime dans cette histoire et je l’ai bien compris mais moi, je me retrouve toute seule, avec un bébé, des complications de grossesse et la quasi certitude que je ne pourrais pas gérer à cause de ma cécité s’il arrive une merde. Au nom du ciel tu peux me dire comment je suis censée ne pas prendre ça au drame ?! » s’emporta-t-elle en refusant d’aller s’asseoir. Limite, la douleur l’aidait presque à garder la tête froide. « Tu ne m’avais jamais parlé de ça et je ne t’aurais pas crié dessus en le sachant, pas alors que j’ai découvert récemment qui était mon vrai père… mais Caleb, ce n’est pas logique, c’est toi qui m’a proposé qu’on essaye d’avoir un bébé parce que tu connaissais mon désir de fonder une famille ! »