(+Thais) Un Weyss peut en cacher un autre.

« Je m’en remets à toi… Tu as bien plus d’expérience que moi »répondis-je tandis que je l’entendais rapprocher sa chaise. C’est fou comme mes oreilles avaient rapidement pris le relai de ma vue pour m’aider à me guider. Je n’étais pas aussi doué que Thais mais j’étais prêt à apprendre autant que possible et puis, d’une certaine façon, cette épreuve me donnait l’occasion de pouvoir me glisser dans sa peau et ainsi bien mieux appréhender son quotidien. « Chaton, tu pleures ? » fronçais-je les sourcils. Je n’avais entendu qu’un fiable reniflement mais pour l’avoir déjà entendu par le passé, je le reconnus sans trop de difficulté. Aussi, essayais-je de la toucher, posant ma main sur la sienne avant de remonter le long de son bras pour mieux venir caresser sa joue, constatant en effet, la trace de ses larmes. « Pourquoi pleures-tu ? » lui demandais-je en voulant l’embrasser sauf que je déposais un baiser sur son nez. « Merde, désolé, pas calibré encore » marmonnais-je avant de l’attirer plutôt dans mes bras, pour un câlin.

« Alors laisse-moi être ta prof… » énonça-t-elle en tentant un petit rire, histoire de dédramatiser surtout et de l’inciter à se fier à elle car Thaïs pourrait bien mieux le guider s’il la laissait faire. Hélas, il savait déjà palier à sa vue manquante par son ouïe et rapidement, il se rendit compte qu’elle pleurait. La jeune irlandaise avait eu beau tenter de cacher la chose, elle aurait dû savoir qu’il s’en rendrait rapidement compte. « Trois fois rien… » lui expliqua-t-elle aussitôt avant de laisser échapper un petit rire arrivant bien à propos lorsqu’il l’embrassa sur le bout du nez, avant de l’attirer dans ses bras, où elle se blottit volontiers en le serrant fortement contre elle. « J’essaye tant bien que mal d’oublier tout ce que tu m’as dit pendant ton amnésie et je crois que de très loin, ce qui m’a fait le plus mal c’est le jour où Isaline est revenue spécialement de Punta Cana et que tu as demandé si le bébé était de toi. J’ai eu l’impression de me recevoir dix poignards dans le cœur et j’en cauchemarde encore… quand tu en as parlé tout à l’heure… c’est comme si j’étais revenue à la case départ. Je suis tellement désolée... »

« Je me livre à toi corps et âme maitre Thais » plaisantais-je avant de me rendre compte qu’elle pleurait même si elle avait voulu être discrète. Combien de fois, ces derniers temps, avais-je entendu ce léger reniflement quand elle pensait que je ne me rendais pas compte qu’elle pleurait dans son sommeil. Cela me brisait le cœur et je savais que j’étais responsable de cette tristesse. Aussi, tentais-je de l’embrasser mais le résultat lui arracha un petit rire avant que je ne décide de la serrer dans mes bras, l’écoutant. « Thais, tu n’as pas à être désolée. Celui qui devrait l’être, c’est moi. Tu as eu tellement de courage et de patience pour rester à mes côtés alors que je n’avais de cesse de te repousser. Une autre femme aurait laissé tomber, serait partie mais pas toi. Tu es restée envers et contre tous, tu as supporté ma méchanceté… J’ai si honte de moi. Chérie, tu es la femme la plus extraordinaire qu’il m’ait été de rencontrer et si tu savais combien je me sens fier et chanceux d’être à ton bras, d’être le père de tes enfants » murmurais-je en la berçant dans mes bras. « Je donnerai jusqu’à ma vie pour pouvoir effacer ces souvenirs de ta mémoire et de ton cœur »

« Maître Thaïs ? Fais attention à ta promesse de corps et âme hein ! » plaisanta-t-elle de bon cœur comme si elle voulait à tout prix que tout ne soit pas si noir en ce bas monde. Le fait est que tout ne l’était pas. Ils étaient sortis plus forts que jamais de l’épreuve précédente mais Thaïs comme Caleb en semblaient encore marqués… d’une façon différente, mais tout de même. La jeune irlandaise aurait donné n’importe quoi pour oublier les paroles emplies de colère et de méchanceté qu’il lui avait envoyées en pleines gencives mais d’un autre côtés, ces dernières l’avait également renforcée elle, en tant que femme et épouse. « Je suis restée autant que j’ai pu parce que c’est là qu’est ma place… à tes côtés. Je ne suis bien ou à l’aise nulle part ailleurs… mais tu as tort Caleb, parce que j’ai tout de même fuit. Et pendant quelques heures maudites, j’ai pensé que le divorce était une solution envisageable… je crois que c’est ça qui me torture le plus, de me demander ce que j’aurais fait si tu ne m’avais pas retrouvée coûte que coûte ! Ça me tue et d’un autre côté ça ne m’en a fait t’aimer que davantage… je crois que la plus fière des deux et celle qui voudrait prendre ta douleur, c’est moi. » Thaïs se plaça à califourchon sur Caleb pour mieux l’embrasser avec passion, à la lumière de son désespoir et de sa douleur. Avait-il plus de sensations maintenant privé de sa vue ? Mystère… « Chéri ne m’en veux pas mais… j’ai envie de toi. »

« Je le suis déjà… Je t’ai épousé amour de ma vie » répondis-je sur le même ton, ravi de voir l’ambiance aussi légère avant de comprendre qu’il n’en était rien. Thais souffrait de ses souvenirs, de ces mots cruels que j’avais osé proférer à son encontre. Je m’en voulais atrocement et je ne savais comment faire pour les lui faire oublier si une telle chose était possible. « Comment pourrais-je t’en vouloir ? Thais, tu as pris la seule décision qui s’imposait pour le bien de notre enfant mais aussi pour le tiens. Penses-tu sincèrement que tu aurais été heureuse auprès de moi ? Même si j’étais retombé sous ton charme, tout ce que nous avions vécu aurait fini par se mettre entre nous. Tu as pris la seule décision viable pour nous quatre et je t’en remercierai jamais assez car c’est ce qui m’a rendu ma mémoire. L’idée de te perdre définitivement a fait sauter le verrou qui emprisonnait ma mémoire… Hors de question que tu souffres davantage. Ne veux-tu pas comprendre que désormais, je ne veux plus t’apporter la moindre souffrance ? » murmurais-je avant qu’elle ne vienne à califourchon sur mes genoux, m’embrassant avec passion et mon aveuglement temporaire multiplia les sensations, me laissant tout simplement surpris et conquis. « Il faudrait que je m’en veuille en premier car j’ai tout autant envie de toi… Question… C’est toujours aussi intense pour toi quand enfin tu vois.. Enfin quand on fait… tu sais quoi » lui demandais-je en arquant un sourcil, me donnait l’air niais au possible.

« Le plus beau jour de ma vie c’est quand tu m’as dit oui, mari de moi » énonça-t-elle avec une sincérité à couper le souffle, n’ôtant hélas pas du tout la tristesse se jouant en arrière plan. Thaïs s’en voulait de remettre ça sur le tapis mais elle savait que si elle gardait tout pour elle, cela finirait par la faire définitivement exploser. « J’essaye de m’en persuader mais je crois que c’est la décision la plus merdique et la plus difficile que j’ai eue à prendre de toute mon existence… je me maudissais… je voulais protéger le bébé et d’un autre côté, je te laissais tout seul, tu parles d’un choix de Sophie à la con ! Je crois que je remercie tous les dieux quels qu’ils soient pour avoir fait en sorte que mon départ te fasse retrouver la mémoire car si je t’avais perdu définitivement je… je ne sais pas si j’aurais été capable de survivre. » Thaïs prit cependant le visage de Caleb en coupe entre ses mains caressant ses joues. « J’arriverai à surmonter tout ça. Je le sais. On va y arriver ensemble » lui assura-t-elle d’une voix forte, pensant chaque mot énoncé avant de lui offrir un baiser d’une rare passion pour mieux éclater de rire. « C’est d’une intensité rare… tous mes sens sont en émoi puissance dix mille pour palier à ma vue manquante. Tu comprends pourquoi c’est une torture de ne pas de toucher ni faire l’amour avec toi ? » fit-elle non sans reprendre ses lèvres, d’abord de façon chaste, pour qu’il découvre de nouvelles sensations toute en douceur, pour mieux approfondir le baiser de façon de plus en plus sulfureuse et furieuse, comme pour l’apprivoiser et lui faire découvrir ses sensations inédites. Ce fut sûrement le summum lorsqu’elle déboutonna légèrement sa chemise pour jouer de ses doigts contre son torse, tandis qu’elle mordillait son oreille et dévorait son cou de baisers.

« Tu ne me perdras jamais Thais. Tous les deux, c’est écrit pour durer sinon, nous nous ne serions jamais trouvés dans la clairière, il y a dix ans. Tu es celle que j’attends depuis toutes ces années » murmurais-je avant de partager un baiser avec elle qui me laissa transit de désir. C’était indescriptible l’effet qu’il me faisait alors qu’il ne s’agissait tout de même pas du premier que nous échangions. « Je crois… C’est étrange d’être privé de sa vue mais pour l’heure, j’ai du mal à m’en plaindre » plaisantais-je alors que je sentais ses baisers et ses caresses sur ma peau. Bon sang, c’était à la limite de la torture ce qu’elle me faisait subir. Doucement, je me relevais en la soulevant dans mes bras. « Je te laisse me guider… canapé, chambre, n’importe quoi fera l’affaire » marmonnais-je sans pour autant oser dire : le plus près serait le mieux. J’étais bien trop sensible à ses attentions pour y renoncer. Non, Thais avait raison, c’était une véritable torture.

« Moi aussi je crois que je te cherche depuis dix ans et qu’au moment où l’on a dansé ensemble dans la salle… c’est comme si j’arrivais enfin au bout du tunnel » avoua-t-elle non sans lui offrir de multiples attentions afin de lui montrer qu’au bout du compte, être privé de sa vue ne comportait pas uniquement des désavantages. Caleb devait ressentir les choses puissance mille, exactement comme Thaïs lors de leurs plus sulfureuses étreintes, et elle comptait bien lui faire comprendre à quel point il lui faisait de l’effet d’un simple effleurement… « Compte sur moi pour te faire tout découvrir amour de ma vie, tu vas encore moins t’en plaindre » avoua-t-elle malicieusement non sans le guider jusqu’au canapé, à trois pas de l’endroit où ils se trouvaient actuellement. Il n’était pas question de faire des pas et des pas alors que la tension était aussi forte pour l’un que pour l’autre… « Juste derrière toi, canapé ! » fit-elle non sans l’embrasser avec passion au passage.

« Je sais que je peux te faire confiance » murmurais-je contre ses lèvres avant de la forcer à nouer ses jambes autour de ma taille pour mieux la soulever. Mes gestes étaient tout de même hésitants à mesure que je me laissais guider par ma femme vers le canapé. En même temps, je n’avais vraiment pas pris le temps de me repérer dans la maison, ne pensant pas m’y retrouver aveugle pendant une durée plus ou moins longue. Je perdais légèrement l’équilibre lorsqu’elle m’embrassa. Bordel, je n’allais pas me transformer en un puceau ayant sa première relation sexuelle ?! Il ne manquerait plus que ça…Thais et moi avions pourtant fait l’amour plus d’une fois dans le noir mais je ne sais pas, tout semblait nouveau si bien qu’en l’allongeant sur le canapé, je ne pus m’empêcher de vouloir redécouvrir son corps. Mes attentions étaient bien plus douces, bien plus lentes qu’à l’accoutumée car je n’avais vraiment plus aucun repère si ce n’est son corps voluptueux sous le miens. « J’ai l’impression d’être à nouveau sans expérience… C’est déstabilisant ! » grommelais-je.

« J’aime quand tu me fais confiance… » murmura-t-elle doucement contre ses lèvres avec le plus grand des plaisirs, se retenant de rire en sentant l’hésitation et la maladresse évidente de Caleb. Thaïs ne désirait aucunement se moquer, bien trop consciente qu’elle était qu’il fut un temps où elle avait fait preuve de la même hésitation et de la même maladresse également. « Mais non, pas sans expérience… sans repères, c’est totalement normal ! Laisse-toi guider par tes autres sens, comme l’ouïe ou le toucher. Laisse-toi guider par mes soupirs et joue les sculpteurs en herbe en redéfinissant le contour de chaque parcelle de mon cœur à l’aide de tes mains… » l’incita-t-elle avant d’inverser les positions pour mieux lui montrer ce qu’elle entendait par là. Une fois qu’il fut installé dos contre le canapé, confortablement allongé, Thaïs déboutonna entièrement sa chemise, dévorant progressivement son torse de baisers tous plus sulfureux les uns que les autres non sans laisser çà et là quelques suçons, pour mieux s’attaquer à sa ceinture et à son jean, souhaitant ne lui laisser que son boxer duquel elle testait l’élasticité.