(+ Sam) today will be epic... et pique et colegram

« Ouais enfin… tu pouvais aussi te contenter du plus beau compliment de ta pupuce aussi ! » maugréa-t-elle mollement avant de lui lancer un air d’autoroute numéro trente-toi bis dont elle avait le secret. « Bah c’est peu ça ouais… mais le pire c’est que je suis certaine qu’il se languit de nos étreintes ! Heureusement ou malheureusement, là pour le coup je ne sais pas trop sur lequel me fixer, je vais épouser quelqu’un de très sérieux ! Et comment ça, Anna est… sage ? » demanda-t-elle aussitôt, une large expression étonnée prenant place sur son visage. Ça par exemple ! Elle avait connu une russe des plus délurées et dieu sait combien elle était étonnée de cet état de fait… si elle avait bien lu entre les lignes. « Mouais… tu proposes à une nénette qui n’est même pas ta fille un voyage à Paris et même pas à moi, bonjour le scandale ! » fit-elle d’un ton profondément désapprobateur. Finalement, Samuel n’allait pas craindre uniquement la jalousie de sa femme…

A voir la réaction de ma fille, le fait que ma compagne soit sage relevait de l’aberration la plus totale, ce qui, intérieurement, me fit baliser. Et si elle s’ennuyait avec moi ? Et si fatalement, je n’étais pas l’homme de ses rêves ? Je commençais à douter de moi mais surtout de ma capacité à la rendre heureuse et comblée. « Bah elle est sage. Je veux dire, je sens toujours une réserve chez elle mais à voir ton expression, ça vient peut-être de moi le problème. Elle me trouve peut-être trop vieux ou, je suis peut-être un mauvais coup… Je sais pas quoi faire pupuce… Je ne veux pas la perdre mais si jamais je ne suis pas l’homme qu’il lui faut, je dois faire quoi ? » demandais-je conseil à ma fille car j’étais paumé. Je n’avais vraiment plus l’habitude des relations sérieuses mais plus que tout, je ne souhaitais que le bonheur de la femme qui partageait aujourd’hui ma vie. En parlant de ça, je parlais de mon projet de voyage à Paris à Thais et à en juger de sa réaction, j’avais commis une boulette. « Je viens de te le proposer. En fait, on a prévu un week-end de shopping pour la relooker et quoi de mieux que Paris mais si tu ne veux pas venir, je comprendrais ! »

« Hey pas la peine de baliser parce que j’ai été étonnée ! » se rattrapa-t-elle aussitôt aux branches, craignant d’avoir fait une boulette. « J’ai connu Anna il y a huit ans et en huit ans, il s’en passe des choses je suis très bien placée pour le savoir ! Alors oui elle était plus délurée à ce moment là mais je crois savoir que c’est sa première relation aussi longue et peut-être qu’elle n’a tout simplement pas confiance en elle… peut-être qu’elle voudrait te combler au-delà des mots et essayer d’être aussi folle que toi mais que ça l’effraie ? Surtout si elle a déjà des rondeurs de grossesse, c’est pas évident à gérer… tu lui fais des avances un peu folles toi de ton côté ? En tout cas arrête tes conneries parce qu’entre toi qui te trouves trop vieux et Nana qui se trouve pas assez belle pour toi, j’vais en prendre un pour taper sur l’autre ! » reprit-elle d’un ton faussement désapprobateur mais c’était avant tout pour rassurer son père, lui faire comprendre qu’ils étaient faits l’un pour l’autre mais bien trop aveugles pour s’en rendre compte, voilà la vérité. « Nan, nan tu m’en parles après, c’est pas la même chose ! Et puis tu m’as jamais proposé à moi de me relooker ! Puis merde Paris quoi… c’juste un scandale scandaleux » marmonna-t-elle dans sa barbe inexistante, manifestement contrariée au-delà des mots. Thaïs avait une fâcheuse tendance à être jalouse de nature mais là, en prime, elle avait surtout peur qu’il trouve une meilleure fille et ne l’abandonne. Sentiment crétin mais sentiment existant tout de même. « T’attends surtout que je te laisse manœuvrer tranquille ouaip ! T’inquiètes, je dérangerais pas !! »

Thais n’avait pas tout à fait tort, je ne faisais guère de folie pour Anna mais en même temps, je la sentais si réservée, si terre à terre que je craignais de me prendre un vent voire une tempête cyclonique avec mes délires de grandeurs. Je ne savais rien faire comme le commun des mortels. J’étais le genre à acheter un lapin géant plutôt qu’un petit nounours de rien du tout. Je ne connaissais pas de limite à la connerie mais avec Anna, je bloquais. Je n’osais pas. « J’ose pas… Fous toi de ma gueule mais je n’ai pas envie qu’elle me considère comme un gamin capricieux et immature –ce que je suis dans le fond ; En fait, je ne sais pas trop sur quel pied danser avec elle » regrettais-je. « Tout est différent depuis que nous sommes à Cambridge, c’était plus simple entre elle et moi dans le Connecticut » lui confiais-je avant de lui parler de mon projet de week-end shopping avec Emma, une de mes protégées. « Hey qu’est-ce qui te prend pupuce d’amour ? » fronçais-je les sourcils, ne comprenant pas trop pourquoi elle était aussi virulente sur le sujet. C’était à croire qu’elle était jalouse ma parole… Minute papillon… « T’es jalouse ?! Mais ma parole Thaïs, t’es ma fille adorée, tu sais très bien que tu seras toujours la première dans mon cœur de père… Dis-moi ce qui te tracasse réellement ! » exigeais-je de suite après. Telle que je la connaissais, elle allait ruminer durant des semaines autant crever l’abcès tout de suite.

« Mais peut-être qu’elle attend que ça justement, que tu fasses preuve d’un tout pitit peu de folie ! » s’exclama Thaïs tout en sachant que même si elle le cachait bien, Anna était sûrement un brin frustrée de ne pas voir Samuel être aussi fou avec elle qu’avec beaucoup d’autres personnes. « Peut-être que dans le Connecticut elle était ni prof ni médecin et que forcément elle pouvait plus se lâcher… » supposa-t-elle avant que son propre esprit ne devienne un véritable champ de bataille ravagé par la jalousie. Oui, Thaïs jalousait atrocement la relation de cette nénette avec son père même sans la connaître, parce que c’était purement et simplement plus fort qu’elle. « Ça… ça m’énerve c’est tout ! » grogna-t-elle puissamment comme si elle s’était réincarnée subitement en Caleb bis. « T’as jamais fait ça avec moi ! Le relooking j’veux dire… j’ai pas envie de te partager, c’tout. Peut-être que je suis toujours la première pour toi dans ta tête mais moi ça fait pas longtemps que je sais que c’est toi mon père ! Vais faire quoi moi hein ? Caleb il est jamais là, toi tu vas te barrer à Paris et pour voir Anna faut prendre rendez-vous trois mois avant, z’êtes juste qu’une bande de lâcheurs ! »

« Oui, tu as peut-être raison » soupirais-je, songeur. L’affaire était à méditer mais pour l’heure, j’avais d’autre chat à fouetter comme une fille en pleine crise de jalousie et de possessivité. « Je vois bien que cela t’énerve ! » répondis-je sans me douter que j’allais vraiment avoir à faire avec une Thais en mode, le monde entier est contre moi. « Tu as fini ou je dois attendre avant d’en placer une ? » lui demandais-je pince sans rire avant de prendre sa main dans la mienne. Je ne savais pas trop quoi dire pour la rassurer, je n’avais jamais été très doué en la matière mais je savais une chose : je l’aimais plus que ma propre vie et je refusais qu’elle puisse croire que je l’abandonnerai. « Je t’ai proposé de venir à Paris et combien même cela ne fait pas longtemps que tu sais que je suis ton père, je pense que même en tant qu’oncle, je ne t’ai jamais abandonné n’est-ce pas ?! Anna attend des jumeaux, tu devras forcément me partager entre ton frère et ta sœur mais cela ne m’empêchera jamais de t’aimer ma puce tout comme je serais toujours présent pour toi, d’une manière ou d’une autre. Tu sais, rien ne nous empêche de faire des choses ensembles, tu es en droit de me réclamer quand tu veux passer du temps avec moi seule à seul. Alors arrête de jouer les capricieuses car ça ne te va vraiment pas au teint ! » lui souriais-je avant que le serveur n’arrive pour prendre notre commande. « Tu veux manger quoi ? »

Thaïs était d’une nature extraordinairement jalouse mais là, en prime, la peur d’être évincée s’exprimait d’autant plus violemment. Elle craignait que son père ne trouve meilleure fille ailleurs et parte du principe qu’un boulet aveugle bah… ça ne vendait clairement pas du rêve. « Mais avec Anna c’est pas pareil ! Ce sont mon frère et ma sœur, enfin je veux dire on partage un lien de sang ! C’est pareil, je ne jalouse évidemment pas Anna parce qu’à mes yeux c’est ta femme… mais cette nénette, je sais pas qui c’est, jusqu’à aujourd’hui je n’avais jamais entendu son prénom de ma vie et je n’ai pas envie de laisser ma place, c’est tout… ou même tenir la chandelle parce que franchement, tu peux me dire de quel secours je vais être à Paris ? Pour du shopping en plus… elle serait habillée sexy ou en sac à patates que je ne ferais même pas la différence ! » poursuivit-elle, incapable de se calmer justement. « Je fais un caprice si je veux, fais-moi péter la gaufre qui déborde de Nutella et si je réclame ta présence pendant ton weekend à Paris je vais passer pour une saloperie alors merci mais j’ai pas tant d’options ! »

Je ne comprenais pas trop la réaction de Thais, ne voyant pas le mal à inviter une jeune femme que j’appréciais à faire un week-end shopping à Paris. Je veux dire, Thais était grande, elle avait une vie, des amis alors pourquoi une telle réaction surtout que je ne l’oubliais pas pour autant et qu’elle restait ma fille quoiqu’il advienne. « Mais qui te demande de laisser ta place voyons ?! » lui demandais-je en fronçant les sourcils « Ma puce, tu es MA fille et rien ni personne ne changera ça… Pour tout avouer, j’ai toujours refusé l’idée d’avoir d’autres enfants tant que tu ne saurais pas la vérité. Je ne voulais pas te remplacer ni même jouer au père heureux alors que ma fille ainée ignorait tout de notre filiation alors ce n’est pas Emma qui me fera changer d’avis d’accord ? » tentais-je de la rassurer avant de passer commander pour elle et moi, commandant la même chose. « Nous pourrions en profiter pour passer par le cimetière où est enterrée ta mère, je ne pense pas qu’Emma nous en voudra si on la laisse quelques heures pour passer du temps tous les deux »

Personne ne lui demandait de laisser sa place mais pour Thaïs, cela était devenu un réflexe avec la force des choses. « Disons que pendant des années on m’a forcée à être invisible et à m’effacer donc j’ai du mal à agir autrement » soupira-t-elle non sans écouter son discours pour autant : son père avait raison, nul ne le savait mieux qu’elle mais la jolie irlandaise avait tout de même du mal à accepter que quelqu’un d’autre soit proche. Elle possédait l’insupportable impression qu’on lui volait des moments précieux avec son géniteur et ça… ça n’était que plus difficile à avaler. « Je pensais que tu voulais une famille nombreuse pourtant, c’est ce que tu m’avais toujours dit… je n’ai jamais eu l’impression d’être remplacée même quand tu m’as dit que tu allais être papa. Avec Anna, c’est pas la même, ça fait une plombe que je la connais, je la connais même sûrement mieux que toi ! » expliqua-t-elle en tâchant de se détendre, chose qui fut plus aisée face à sa dernière proposition. « Tu veux que je vienne à Paris ? »

Je me levais pour tirer ma chaise et m’installer à côté de ma fille, prenant une de ses mains dans les miennes pour attirer son attention. « Thaïs, moi vivant, jamais je ne te demanderai d’être invisible ! Tu m’entends quand je te dis ça ? Le passé est le passé, aujourd’hui, regarde tout ce que tu as réussi à entreprendre ? Tu as séduit l’homme de ta vie, tu vas avoir un enfant, toi qui en rêvait et en prime, nous sommes réunis tous les deux. Je crois que tu mérites amplement ta place au soleil alors je suis sérieux quand je dis que jamais, je ne laisserai quelqu’un te remettre dans l’ombre. J’ai été tenu à l’écart de ton passé mais je ne laisserai plus jamais personne te menacer ou te faire souffrir quitte à ce que je leur montre de quel bois se chauffe un irlandais en colère » lui assurais-je avant de glisser une main sur sa nuque pour déposer un long baiser sur son front. Ma fille, ma bataille, rien ne m’empêcherait de la protéger. « Oui, j’ai toujours voulu une famille nombreuse mais c’était compliqué. Je n’avais pas trouvé la bonne mère et puis, je refusais de connaitre ce bonheur alors que tu ignorais tout de tes véritables origines. Je sais que tu la connais mieux que moi, et même si j’ignorais ce fait, tu me le répètes tant de fois que je risque de finir jaloux de votre relation. C’est vrai, je veux pas que tu l’aimes plus que ton papounet moi » plaisantais-je pour dédramatiser avant d’hocher la tête même si elle ne pouvait guère le voir. « Oui ! Je veux que tu viennes pupuce ! »