(+ Sam) today will be epic... et pique et colegram

Thaïs émit un petit sourire : innocente n’était pas toujours son deuxième prénom, bien que les trois quart du temps elle ne pense jamais à mal ou de façon manipulatrice d’ailleurs. Mais cela ne l’empêcha pas tout de même de se retenir de tousser lorsque son propre père lâcha THE boulette : ce qu’il ignorait, c’est que le mal était déjà fait. Il y a plusieurs années, la femme avec laquelle l’irlandaise avait couché n’était autre qu’Anna, avec huit ans de moins et beaucoup de folie en plus. « Tu aimerais une anecdote sur quoi exactement, sur mes déboires pour trouver un boulot au garage ? Non parce que c’est limite si je n’ai pas supplié le responsable de me prendre à l’essai ! Il ne l’a pas regretté, mais quand même… » souffla-t-elle non sans posséder un étrange sourire ému sur les lèvres. Cette période lui manquait… sincèrement. « Je ne dis pas que je vais les adorer mais j’ai besoin de connaître maman. Ça m’aidera à savoir d’où je viens à défaut d’avoir réellement une maman et un modèle. Mais j’irais avec Sio et Caleb, et en rentrant je passerai te raconter, ça te convient ? »

« Va pour une anecdote sur ton boulot ! » lui répondis-je ayant envie de la connaitre pleinement sous le regard du père et non sous celui de l’oncle. La différence était minime mais pour moi, elle s’apparentait au gouffre du grand canyon. Je sentais Thaïs vraiment nostalgique de cette période et je voulais bien la croire car du peu que je savais, elle avait été heureuse. En tous les cas, je l’espérais fortement car j’étais bien capable d’aller prier tous les saints pour que ce vœu somme tout égoïste soit exaucé. Tout ne pouvait pas avoir été noir dans sa vie ?! « On va faire comme ça ! Tu sais, je ne veux pas t’influencer, ils ont surement changé et mes rapports avec eux n’ont pas à influencer les tiens, tu vois ce que je veux dire ?! Je n’ai rien contre que tu les rencontres ou même que tu les apprécies. Ces personnes sont différentes de celles que j’ai côtoyées par le passé d’après le peu que j’ai entendu au téléphone. Vingt-quatre années se sont écoulées » soupirais-je conscient de me contredire mais je voulais qu’elle puisse leur donner une chance, celle dont j’étais incapable de fournir parce que ce n’était pas eux qui avaient assisté à la mort de Mallory. Ce n’était toujours pas eux qui l’avaient tenu dans ses bras jusqu’à son dernier souffle, trop épuisée par une hémorragie. « Et sinon, vous avez un peu parlé éducation avec Caleb au sujet du bébé ? »

« Tu veux des détails sur le fait que j’ai décidé un pro de la course de bagnoles de me confier sa Porsche pour que je la rénove suite à un accident technique ou comment on en est arrivés à faire une bataille de peinture dans les vestiaires avec Fred ? Bon a dû tout nettoyer après, c’était moins fun de suite… » ajouta-t-elle avec malice, Thaïs regrettant fortement cette période car il s’agissait de la toute première fois où elle s’était sentie libre, aimée, voulue et à sa place y compris professionnellement. Mais elle n’en parlait jamais… c’était son jardin secret. « Ou comment j’ai réparé la caisse d’Anna quand j’ai fais sa connaissance ! Elle avait juste huit ans de moins » poursuivit-elle avant de ne prendre un air légèrement plus sérieux aux propos de son père. « Tu sais très bien que je suis quelqu’un qui n’en fait qu’à sa tête… j’ai besoin de connaître vraiment ma mère. D’ailleurs tu m’amèneras un jour sur sa tombe ? Je n’en parlerais que si tu veux que je te donne des détails, par contre. Et concernant Caleb, bah… le problème c’est qu’il est très occupé en ce moment avec ses révisions alors je le vois peu ou pas et le soir, quand il rentre, il s’écroule littéralement pour dormir en me prenant pour un coussin. »

"Je vois le genre, tu es bien la digne fille de ton père va ! Mais raconte moi un peu cette histoire de bataille de peinture" souriais-je car je savais combien ce garçon avait compté dans la vie de Thaïs et peut-être que se souvenir des choses heureuses pouvait lui être bénéfique. Du moins, je l'espérais pour elle car j'étais bien placé pour savoir que les souvenirs n'amoindrissaient pas la sensation de perte en l'ayant vécu avec ma sœur jumelle. Chaque jour, je me levais en pensant à elle. La douleur était toujours aussi vive dans mon cœur. "Tu sais, je vais finir par comprendre que tu connais Anna depuis longtemps !" rigolais-je par la suite car je sentais que Thaïs était fière de connaître ma compagne mais quand même, à ce point-là, ça frôlait l'admiration songeais-je avec humour et tendresse. "Pour la tombe... Il faudra malheureusement aller en France. Elle est enterrée à Paris. Je n'y suis pas allé depuis des années" soupirais-je. L'ironie voulait que je passais mon temps à chercher des tombeaux, des choses appartenant au passé mais que j'étais incapable de me rendre sur de simples tombes des êtres de mon propre passé. "par contre, pour ton homme, prends ton mal en patience et dis toi que cela aurait pu être pire, il aurait pu choisir médecine... Anna est jamais à la maison ou presque ces derniers temps" boudais-je en me sentant délaissé. "Je crois que je deviens un desperate housewife ! Bordel, il y a encore quelques mois, je faisais la fête presque tous les soirs et maintenant, je prends des cours de cuisine en douce"

« La peinture ? Ben en fait on avait bossé quarante huit heures sur un moteur de bécane sans se reposer et en bouffant sur le pouce, résultat quand on a eut fini avec Fred bah… on était juste mortibus et donc, comme mon jeu préféré à l’époque c’était les « fléchettes peinture », on y a joué avant que ça parte en couille et qu’on salope l’intégralité d’un couloir… on a prit le savon du siècle mais on s’est éclaté pour trois semaines ! Et pour infos je connais Anna depuis huit piges donc ouais, on peut dire que je la connais depuis longtemps ! » précisa Thaïs, à moitié hilare de constater à quel point Samuel ne semblait pas avoir raccroché les wagons à ce sujet. Bah, il était perturbé par la situation, à sa décharge… « Tu voudras qu’on se pousse jusqu’à Paris un jour ? Quant à Caleb je prends mon mal en patience mais Anna faudrait peut-être qu’elle lève le pied… et dire qu’elle me fait chier dès que je fais quatre heures d’entraînement de danse ! Tu veux qu’on fasse une soirée crêpes ce soir ? Comme ça tu seras plus si desperate mon papounet joli ! »

« Mais c’est qu’elle me prendrait pour un con en prime ! J’ai bien compris justement que tu connaissais Anna depuis des années, tu n’arrêtes pas de me le dire justement. Je crois que personne d’autre à part toi ne me parle autant de ma compagne. Je vais finir par me demander si tu ne serais pas justement amoureuse d’elle. Je te le dis de suite, je me battrai jusqu’à la mort pour cette femme alors reste donc avec ton Allemand ! » fis-je faussement grogneur avant de changer de sujet pour parler de sa mère et donc de la première femme que j’eu aimé dans ma vie. Mallory restera toujours au fond de mon cœur même si désormais celui-ci appartenait pleinement à Anna. Elle était la mère de ma fille et à ce titre…elle serait toujours irremplaçable. « On ira tous les deux mais je te laisserai aller seule sur sa tombe. Je n’y arrive pas, c’est au-dessus de mes forces » murmurais-je en montrant pour la première fois à ma fille combien j’étais un homme fragile et brisé par les différentes pertes auxquelles, j’avais du faire face. « Pourquoi pas pour ce soir… Quant à Anna, si tu arrives à lui faire entendre raison, je te vénérerai jusqu’à ma mort ma petite pupuce » soufflais-je en essayant de reprendre pied et de revêtir mon masque de clown joyeux.

« Tu vas me baffer si je te dis que je t’y prends pas je t’y laisse ? Pas ma faute, c’est toi qui joue au couillon ! » protesta-t-elle avant d’éclater de rire et de se faire pardonner pour son insolence d’un bisou sur la joue. Samuel la connaissait depuis le temps, il savait que sa fille n’était jamais sérieuse plus de trente secondes ! On se demandait bien de qui Thaïs pouvait bien tenir à ce propos… « Je ne suis pas amoureuse d’elle non mais n’importe quoi dans le désordre ! Pas envie que tu me refasses le portrait façon puzzle, merci… pas grave pour la tombe, je te raconterai tout ce qu’on s’est dit… » lui promit-elle sans lâcher sa main d’une semelle, dont elle caressait délicatement le dos en lui souriant doucement. « Hey, tu n’es pas obligé de foutre un masque devant moi, je ne vais pas me moquer ! Puis tu sais… je crois qu’on est aussi brisés tous les deux. Mais je te promets de faire pression sur ta femme, crois-moi, elle m’écoutera. »

« Je ne joue pas au couillon, c’est toi qui fait ta blonde ! Et puis respecte un peu ton père sinon, vingt-quatre balais ou pas, tu auras le droit à une fessée déculottée jeune fille… Rahhh j’ai toujours voulu dire ça un jour, je suis trop bon, je m’aime !! Tu as vu cette autorité ? On y croirait !! » fanfaronnais-je presque en sautillant sur le banc où nous étions assis. J’avais effectivement toujours plus ou moins rêvé de jouer mon rôle de père mais là, c’était juste jouissif. Je redevins néanmoins rapidement sérieux quand nous abordions le sujet de Mallory. Je n’étais toujours pas prêt à aller sur sa tombe car c’était un peu comme lui dire au revoir une seconde fois et malgré tout l’amour que je portais à Anna, je n’étais pas prêt à dire au revoir à cette adolescente qui avait été mon premier amour. « J’aurais aimé que tu ne le sois pas. J’ai l’impression d’avoir échoué… Je suis ton père, j’aurais dû te protéger et au contraire, je t’ai laissé auprès d’eux sans me douter une seule seconde du traitement qu’ils t’infligeaient. Je crois que je ne pourrais jamais me le pardonner »

« Papounet joli, sérieusement si tu n’existais pas il faudrait t’inventer ! Tu es au courant que tu vas pouvoir pouponner en paix trèèès bientôt ? Moi je mérite pas de fessée, na, sinon j’te boude pendant au moins trois heures ! » Thaïs était complètement hilare face à la menace de son père car d’une elle n’avait jamais vraiment voulu lui manquer de respect, tout ceci n’était qu’humour mais en prime, le jour où ils s’engraineraient vraiment, les poules auront des Nike et c’était tant mieux. La blondinette ne voulait pas le perdre, à aucun prix… « Ouais mais justement tu viens de dire un truc capital dans ta phrase : tu ne savais pas. Avec des si, on pourrait refaire le monde et moi j’ai plutôt tendance à penser que le présent compte avant tout, parce que lui tu peux le modeler, le changer. Le passé, à part te déprimer, tu ne pourras rien faire avec… tu as plein de raisons de sautiller et de danser la lambada non ? Moi aussi, et c’est à ça que je m’accroche. Parce qu’en plus t’es mon papounet à moi toute seule. »

« Oh oui, d’ailleurs, à ce sujet, j’ai prévu plein de choses pour eux mais tu ne dois rien dire à Anna mais j’ai loué un petit local en ville pour pouvoir créer leur chambre de mes propres mimines. Tu sais combien j’adore travailler le bois alors je me suis dit que leur faire une chambre rien qu’à eux, ce serait une façon comme une autre de dire à Anna combien je suis heureux qu’elle soit enceinte mais tu es et resteras mon premier bébé… un bébé boudeur va ! » rétorquais-je avec un grand sourire car je voulais absolument qu’elle comprenne que je ne l’oubliais pas une seule seconde qu’elle avait été mon premier bébé et qu’en tant que grande sœur, elle aurait toujours sa place dans la famille que je fondais avec Anna. « Oui, je suis ton papounet… D’ailleurs, tu fais chier d’être enceinte, on ne peut même pas aller se murger un bon coup dans un pub irlandais. Il y en a un qui vient d’ouvrir en ville… Ah merde, j’ai oublié que je voulais arrêter de boire ! Un irlandais aux alcooliques anonymes, je fais pitié mais bon, je peux rien refuser à Anna… ça te dirait qu’on aille s’acheter un truc à grignoter ? Les émotions ça creuse ! »