(+ Caleb) miss you... a lot.

Ca y est, les fêtes venaient officiellement de se terminer et fatalement, il fallait reprendre un rythme de cours normal… normal, comme si ce mot pouvait convenir à Thaïs ! Autant dire que voir Caleb retourner à la bibliothèque pour bosser comme un forcené er ne pas pouvoir profiter ne serait-ce que cinq minutes de lui la tuait littéralement. Par conséquent, de façon très exceptionnelle, la petite irlandaise cabotine se décida à passer à l’offensive : elle revêtit le fameux tailleur blanc relativement moulant qu’ils avaient achetés en Suisse – et qui désormais lui offrait une poitrine disons… presque provocatrice dans un tel habillage – s’était fait coiffer et habiller par Maëlys avant de prendre la direction de la bibliothèque, où il s’était rendu à la première heure ce matin. Il était quasiment dix-sept heures, il ne lui en voudrait pas n’est-ce pas ? « Devine qui c’est ! » murmura-t-elle à voix basse en lui posant ses deux mains sur les yeux, s’étant fait guider jusqu’à lui par la bibliothécaire à qui elle avait montré une photo de Caleb… pratique ! « Je voulais juste passer pour dire que tu me manquais… » poursuivit-elle non sans embrasser sa joue et mordiller son oreille pour mieux se relever et lui esquisser un petit clin d’œil. Si elle avait bien manœuvré, le poisson serait ferré. Si elle avait bien manœuvré…

Qu’on se le dise, les révisions, j’en avais mais alors plein le cul. J’en avais marre, j’avais les jambes raides, les yeux explosés à force de trop bucher et je commençais à en avoir marre de ne plus avoir de vie sociale ni de vie sexuelle tout court. J’étais tellement crevé que j’enchainais les migraines alors oui, de ce point de vue, je n’étais franchement pas performant mais j’espérais sincèrement que Thais comprendrait que ce n’était qu’une passe, que nous aurions tout le temps de nous aimer. Il n’empêche qu’elle me manquait que je sursautais quand deux mains se placèrent sur mes yeux et que cette voix chérie résonna à mon oreille. « Tu lis dans mes pensées ? Je me disais justement combien tu me man… » m’arrêtais-je brusquement en la voyant dans sa tenue. « Oh bordel de merde » lâchais-je en me passant une main devant les yeux. « On est à la bibliothèque chérie… Tu as pas le droit de me faire ça » rigolais-je le plus discrètement possible mais oui, le poisson était bel et bien ferré.

Thaïs ne lisait peut-être pas dans ses pensées mais en tout cas, elle n’était pas peu fière de sa petite mise en scène. « Je ne lis pas dans les pensées mon ange mais en revanche, toi, tu n’as pas quitté les miennes » fit-elle en papillonnant joyeusement des yeux, se retenant de pouffer à l’aide de sa main pour rester aussi discrète que possible car après tout, ils étaient tout de même dans une bibliothèque et elle ne pouvait pas se permettre de sauter de joie, même si le poisson était effectivement ferré. « Bien sûr que si j’ai le droit ! Ou si j’ai pas le droit bah je le prends, fierté d’irlandaise enceinte et flûte ! Ça fait des lustres que tu bûches, je te vois même plus ou alors tu m’utilises comme peluche et je peux même plus être insomniaque en paix vu comment tu me serres fort ! Fallait que je passe à l’offensive donc toi et moi, nous avons une soirée de prévu… j’espère que t’as fini tes machins sur l’Histoire de l’Art ! »

« Ni toi les miennes va pas croire » répondis-je du tac au tac non sans la dévorer du regard. Je me souvenais très bien de l’effet qu’avait produit ce petit tailleur sur ma personne et la voir ainsi habillée, cela me tuait de désir. Seulement, nous n’étions ni à la maison ni dans un endroit relativement intime –bien que je m’étais réfugié dans la partie la plus tranquille de la bibliothèque ; alors je me calmais du mieux que je pouvais. « Mes machins sur l’histoire de l’art ? J’aime comment tu nommes mes travaux de recherche mais oui, j’avais presque fini pour aujourd’hui… Alors comme ça tu n’aimes pas quand je te prends pour une peluche vivante ? » lui demandais-je tandis que je commençais à ranger mes affaires. Je connaissais suffisamment ma future femme pour savoir qu’elle ne lâcherait pas l’affaire alors autant gagner du temps en jouant la carte de la coopération. « Et quelle soirée as-tu prévue pour nous ? » lui demandais-je piqué par la curiosité.

Thaïs esquissa aussitôt un sourire des plus radieux alors que Caleb venait de lui dire qu’elle ne quittait pas ses pensées. Il ne pouvait pas savoir à quel point pareil aveu pouvait lui faire plaisir. « Tes travaux, si tu veux… tu sais très bien que j’y pige pas grand-chose alors disons que je la nomme de la façon la mieux qui soit pour moi ! Et ce n’est pas que je déteste mais l’autre jour tu m’as prise pour une peluche vivante alors que j’avais acheté un ravissant ensemble que je voulais te montrer ! Tu ne m’as pas laissée en placer une, tu m’as serrée contre toi et résultat je me suis endormie comme ça, pas le choix » fit-elle en haussant les épaules, un air malicieux toujours plaqué contre son visage. « N’espère pas que je parle même sous la torture… c’est une surprise ! Et je tiens à ce que tu découvres tout en temps et en heure ! »

Il est vrai qu’en ce moment, je rentrais tard le soir, je mangeais rapidement un truc avant de m’écrouler bien souvent près de Thais. « Je sais mais je suis complétement crevé. Je me suis un peu laissé aller depuis le début de l’année et je dois rattraper mon retard mais je commence à en voir le bout… Tu me pardonnes ? Au passage, tu étais très sexy dans cet ensemble » lui répondis-je non sans boucler mon sac et l’embrasser tendrement. Nous étions seuls, je pouvais décemment me montrer un brin plus tactile que d’habitude et puis, je devais légèrement me faire pardonner. « D’accord, va pour la surprise mais je peux au moins avoir un indice ou pas ? » lui demandais-je complétement rongé par la curiosité. Elle était habillée avec classe, elle sentait bon, elle était divinement belle et je devais rester dans l’ignorance la plus totale ? C’était dur comme traitement ! Elle ne pouvait pas me laisser dans cet état d’errance. « Un petit petit ! »

« Tu es en train de me dire que tu avais bien vu mes efforts vestimentaires et tu as même pas pipé ? Mais c’est scandaleux ! Je le mettrais plus !! » s’indigna-t-elle faussement en lui frappant doucement l’épaule pour lui montrer son mécontentement somme toute relatif. Thaïs était bien incapable d’être en colère contre lui plus de trente secondes, surtout sur ce genre de sujets débiles. « Je sais pas si je te pardonne et encore moins si tu mérites un indice ! » fit-elle, bien que le baiser qu’il lui offrit fut néanmoins un argument de choc jouant en sa faveur. « Tu es sûr que tu peux m’embrasser en pleine bibliothèque ? » reprit-elle d’un air amusé non sans connaître son tempérament pudique en la matière. « Disons que la soirée va être placée sous le signe de la vitesse, de la hauteur et… du romantisme. » Pas sûr qu’il ait d’autres indices mais cela dévoilait néanmoins la soirée.

« J’étais crevé Thais ! » protestais-je en me passant une main lasse sur le visage et je continuais d’accumuler la fatigue. Ce n’était pas faute de dormir pourtant mais il fallait croire que je dépensais tellement d’énergie ces derniers temps entre mes répétitions personnelles pour ma choré en solo ainsi que dans mes révisions. La seule chose que je regrettais, c’était bien de délaisser Thais surtout en ce moment mais je n’arrivais pas à tout gérer. « Rien à battre, si ma tête est pas d’accord, qu’elle aille porter réclamation à mon cœur, tes lèvres me manquent tout comme le reste de ta personne. » répondis-je avant de prendre sa main dans la mienne pour la faire sortir de la bibliothèque. J’étais quand même intrigué par ce florilège d’indice qui ne me mettait franchement pas la puce à l’oreille. « Je dois avoir le cerveau totalement HS parce que je ne trouve pas la solution de l’énigme. Je crois que les artistes du XVIIIème siècle ont eu ma peau aujourd’hui »

« C’est un scandale quand même… » protesta-t-elle mollement avant de ne hausser les épaules à nouveau, finalement toute fière d’avoir donné un indice qui ne dévoilait fondamentalement pas grand-chose du plan qu’elle avait fait sur la comète et ce sans l’aide de personne… juste avec la connaissance qu’elle avait de Caleb. « J’adore quand c’est ton cœur qui prend le dessus chéri… » lui marmonna-t-elle à l’oreille avant de la lui mordiller pour mieux déposer un baiser frêle comme une brise sur ses lèvres tandis qu’ils sortaient de la bibliothèque, puis du bâtiment pour finalement se diriger à l’entrée de l’université où un taxi les attendaient. Thaïs ne perdit pas de temps à donner l’adresse avant de lui lancer un regard des plus malicieux. « L’indice n’était pas censé réellement t’aider » avoua-t-elle sans honte, mais une fois qu’ils furent arrivés à destination, elle dévoila davantage de son plan. « Tu es fatigué mais tu as aussi besoin de te défouler… DONC j’ai appelé le gérant de ce parcours de moto, que je connais bien, pour lui réserver pour une heure… prêt à prendre tes premières sensations fortes de la soirée ? »

Des frissons me procurèrent l’échine quand elle me mordilla l’oreille. J’avais toujours été sensible de ce côté-là. « Profite dans ce cas car ce soir, ma tête est aux abonnés absent » ajoutais-je avant de me laisser conduire jusqu’à un taxi. Je ne disais rien, la laissant faire sans trop me poser de question. A qui mentais-je si ce n’est à moi-même ? J’étais consumé par la curiosité et lorsqu’elle m’expliqua le début des hostilités, j’arquais un sourcil, perplexe. « J’adore l’idée sincèrement mais toi ? Tu feras quoi pendant ce temps-là ? » lui demandais-je n’ayant pas envie de passer une soirée en amoureux loin d’elle. Je voulais qu’elle puisse profiter tout autant que moi de cette soirée. Dans un sens, j’avais quand même hâte de remonter sur une moto et pouvoir ainsi libérer le sportif en moi bien trop muselé par l’étudiant en histoire de l’Art. J’allais réellement finir par croire qu’elle me connaissait mieux que personne et j’aimais cela.