TG #3 ► la piste de danse

Le temps était long, s'étirait dans la démesure comme si j'allais passez la prochaine éternité à mourir de solitude. Je n'avais personne à qui parler, aucun chaleur pour tenir mon coeur au chaud. Je suis amoureux, mais de la mauvaise personne, elle me regarde sans me voir, elle ne peut même s'ouvrir à la possibilité d'un nous véritable, trop fidèle pour me laisser ma chance. Alors je suis seul, surtout malheureux. D'humeur masochiste, je me redis au bal hivernal dont j'avais entendu les rumeurs, habillé d'une chemise et d'un noeud papillon de la couleur de mes yeux. Je soupirais ma déception dans un coin, observant les couples se mouvoir sur la piste de danse, le regret sur le bord des lèvres. Mon regard accrocha une jeune femme, grande, brune, surtout belle à en perdre la voix. Au moment même où je décidait de l'aborder, un autre homme se l'appropria, s'interposant entre elle et mon regard... elle ignorait même que j'existais. Elle ressemble à s'y m'éprendre à celle qui détient mon coeur, c'est peut-être pour ça que mon coeur en soupire déjà sa malchance. Je les observe se confier, se coller, danser comme s'ils s'étaient toujours connus. Mes yeux brûlent. Ma mâchoire se crispe. Pourquoi lui, mais pas moi? D'un élan de folie je m'avance vers le couple, posant une main sur l'épaule du brun (Danny), mais les yeux dévorant seulement les étoiles brillantes au fond du regard foncé de cette femme (Orlane)... «Puis-je?» Soufflais-je, la voix à moitié enrouée. Je ne voyais plus qu'elle, elle devait m'appartenir, j'en avais de besoin ce soir.  

Danny et moi étions entrain de danser sur les musiques rythmées qui défilaient. Je passais du bon temps avec un homme que je ne connaissais pas plus que ça mais que j'allais très vite connaître d'avantage. Sauf qu'un gars vint s'interposer entre notre danse. Je ne le connaissais pas, je ne pense même ne jamais l'avoir vu, mais il était pas déplaisait à regarder. Il s'était approché de nous, voulant danser avec moi à son tour. Je ne savais pas trop comment réagir face à cette situation. Ce rebondissement ne semblait pas être au goût de Danny qui ne se gêna pas pour lui faire comprendre qu'il était là avant lui. Je me contentais de les regarder à tour de rôle, ne sachant pas quoi dire pour ma part. D'un côté j'avais envie d'accepter la demande de l'inconnu. Il me plaisait, je ne pouvais pas me le cacher. Mais d'un autre, c'était le cas aussi pour Danny. « Tu le connais ce bouffon ? » Je regarda Danny. « Heu... non » lui répondais-je avant de reprendre. « Enfin j'pense pas... » enchaînais-je d'un ton hésitant. Je ne savais pas vraiment si je le connaissais à vrai dire. De mes souvenirs non, mais maintenant je pouvais me tromper et ne pas le reconnaître -ce qui serait bien étonnant, ça ne s'oublie pas un visage pareil. Puis parfois quand on boit de trop et qu'on fait des rencontres lors d'une soirée, il nous arrive d'avoir des trous de mémoires le lendemain matin.

(EFFACÉ PAR MON ERREUR!   )
 

La situation était plutôt flatteuse. J'avais là devant moi deux beaux jeunes hommes qui se "disputaient" à savoir avec qui j'allais passer la soirée. L'arrivée du bel inconnu avait été inattendue, et assez suspecte à vrai dire. Mais peu importe, je ne me posais pas plus de question à ce propos. Je me contentais tout simplement de regarder ces deux hommes s'échanger des propos qui volaient haut. J'étais dans une mauvaise position. Je ne savais pas si je le connaissais et vraisemblablement non. « Oh non, chérie, nous ne nous sommes connus que dans mes rêves. » Sa manière de parler était assez intriguant, ou alors jouait-il tout simplement un rôle? « Comme tu peux le voir, nous sommes tous les deux très intéressés, alors je suppose que l'unique chose qu'il reste à faire... c'est de te laisser choisir. » J'étais légèrement dans la merde. J'étais dans une sale position et devait choisir entre deux beaux mâles. Choisir était difficile pour moi, surtout lorsque ça concerne deux personnes qui me plaisent toutes les deux. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais choisi les deux. « Je te rend ta liberté. Si jamais tu t'emmerde trop, je suis dans le coin ma belle. » Danny avait décidé à ma place. A vrai dire, il me rendait la tâche plus facile, bien que je ne voulais pas pour autant le voir partir. Je le regarda tourner les talons et retourner au comptoir. Son invitation tenait toujours malgré tout. Je me retourna vers l'inconnu. « Et bien, faut croire que tu m'as gagnée. » avais-je tout simplement dit. A croire que je n'étais qu'un maudit lot que l'on tentait de s'approprier. « Je peux savoir qui tu es? » Maintenant que nous n'étions plus que deux, peut-être allait-il enfin se décider à se présenter.

« Hey mec, sors un peu de ton monde. Tu viens la sauver de rien du tout ouais. On est pas dans cendrillon ! Justement tu vas l'emmerder avec tes phrases de drague du moyen-âge. » J’avais apparemment réussi à le mettre en colère, mais il était de plus en plus clair pour moi que ce n’était pas par affection pour la jeune femme qu’il m’en voulait, mais plutôt pour avoir heurter son ego. Il me sourit, lui sourit, puis prit la décision à la place de la brune, en dépit de mon désir de la voir choisir. « Et bien, faut croire que tu m'as gagnée. » J’étais toujours perplexe, je m’attendais à tout les coups, en haut ou en bas de la ceinture, mais à son départ? Jamais.  «Par défaut, ce n’est pas aussi amusant.» Je souris malgré tout, glissant mes doigts à travers les siens, mon bras lui entourant la taille de manière polie. Ce n’était pas la musique idéal pour ce genre de danse, mais je voulais la voir, être assez prêt pour communiquer, la toucher surtout. « Je peux savoir qui tu es? » J’osai les épaules. «À quoi bon? Après ce soir, tout ceci ne restera plus qu’un souvenir.» Je collé mes pieds aux siens, l’entraînant avec moi, la faisant tourner sur elle même. Mon bassin accosta le sien. Quelqu’un cria une bêtise non loin, je tournai la tête deux secondes avant de me reconcentrer sur ma partenaire. « Tu ne recherches rien de sérieux, pour t’intéresser à des hommes comme lui, je me trompe? Je serai qui tu voudras ce soir, à toi de me trouver le nom juste. »

 

Le départ de Danny m'avait étonné. Je pensais qu'il aurait rivalisé d'avantage avec le jeune homme, mais il avait préféré se retirer pour se faire un tête à tête avec un verre. Je le voyais nous regarder d'où il était. « Par défaut, ce n’est pas aussi amusant. » Je n'ajouta rien à sa parole et me contenta tout simplement de lui acquiescer un sourire. Ce dernier s'avança vers moi de manière à danser tout contre-moi, glissant ses doigts entre les miens, posant une main sur ma taille. « À quoi bon? Après ce soir, tout ceci ne restera plus qu’un souvenir. » Sa manière de répondre à mes questions me laissait perplexe. Ce jeune homme était mystérieux, ne voulant rien dire sur son identité ou quoi que ce soit. Je n'avais pas l'habitude de faire face à des hommes dans son genre. D'habitude j'avais droit à des réponses directes et on ne peut plus claires. Mais bizarrement sa manière d'être ma plaisait et me donnait envie d'essayer de percer le mystère qu'il cachait sous ce visage charismatique. Je le laissais mener la danse, tournant sur moi-même, me laissant guider par ses pas. Notre attention fit attirée par l'apparition subite d'un homme criant haut et fort un une joyeuse année avant de filer aussi vite. Mon regard se reposa sur l'inconnu qui ne me laissait pas indifférente. « Tu ne recherches rien de sérieux, pour t’intéresser à des hommes comme lui, je me trompe? Je serai qui tu voudras ce soir, à toi de me trouver le nom juste. » En plus d'être mystérieux, le voila dans le voyeurisme. « Je vois que tu as l'oeil. » dis-je toujours le sourire aux lèvres. « Cette idée n'est pas déplaisante. Devrais-je déjà essayer de savoir qui se cache sous ce regard énigmatique. »

À travers les ans, j’avais appris à me faire un système, à auto-contrôler ma folie. Je me devais de ne rien dire pour ne pas m’attacher. Cette femme était le danger en soi, exactement le genre de beauté qui blesse. Elle était inateignable, ne se laissait même pas approché, un peu comme moi, sans la pathologie. Son corps se moulait au mien avec perfection, je n’étais ni mal à l’aise, ni étranger à son parfum, il arborait une familiarité qui me plaisait, elle me plaisait pour une raison qui ne se justifie pas de mots, mais de sensation. J’avais envie de sourire et de ne plus m’arrêter. «Je vois que tu as l’oeil.» Souffla-t-elle, sans doute loin de s’imaginer ce qui justifiait réellement mon besoin de ne rester qu’un vague souvenir. J’avais besoin de promesses d’un lendemain pour me confier, autrement je jouais qui je voulais, devinais ce qui plaisait et m’exécutais avec le talent d’un acteur primé. « Cette idée n'est pas déplaisante. Devrais-je déjà essayer de savoir qui se cache sous ce regard énigmatique. » De dangereuses paroles. «N’essaie même pas.» Ça ne sert à rien, je suis impénétrable quand il s’agit de ma sécurité, je ne faux jamais. «C’est à ton tour. Qu’est-ce qui fait de toi la femme la plus désirable dans cette pièce? Qui es-tu?»