Holly&Thaïs + we know each other, oh yeah we do !

Sitôt après avoir trinqué, Thaïs se jeta littéralement sur son cocktail qui sentait si bon qu’il aurait été réellement criminel de ne pas le goûter encore et encore. Définitivement, elle risquait de vouer un véritable culte aux fruits rouges à l’avenir, pour son plus grand plaisir : l’alliage de plusieurs types était purement divin et lui donnait de nombreuses idées de jus à faire chez elle, même s’il lui faudrait hélas l’aide de Caleb pour le faire, c’était l’évidence même. « Tu présumes très bien ! » reprit-elle en essayant néanmoins de déguster ledit cocktail, pour éviter de tout boire en l’espace de deux minutes et se ruer aux toilettes dans les deux minutes qui suivraient : nouvel inconvénient de la grossesse, même si elle n’en n’était qu’au début et ne souhaitait surtout pas en faire mention à table, Thaïs avait sans arrêt envie d’aller aux commodités… « A vrai dire je ne me suis jamais entendue avec eux. Il faisait en sorte que je passe pour la fille modèle ultra heureuse mais ça n’a jamais été le cas. Puis le fait qu’ils ne m’aient pas aidée et soient à l’origine de la perte de ma vue, bah… je n’arrive pas à passer outre. C’est peut-être con ou cruel de ma part mais c’est au dessus de mes forces. »

« Tu présumes très bien ! » Je souris et je reposais mon propre cocktail devant moi, interloquée par ce que la demoiselle venait de me dire. Fâchée avec ses parents au point d’avoir peur de retourner en Irlande ? Dans mes souvenirs, tout n’était pas rose avec eux, mais à ce point.. ? J’veux dire, on était des jeunes adolescentes, et les jeunes ados sont toujours en conflits avec leurs parents. Sauf que là, ça semblait plus sérieux que ça. « A vrai dire je ne me suis jamais entendue avec eux. Il faisait en sorte que je passe pour la fille modèle ultra heureuse mais ça n’a jamais été le cas. Puis le fait qu’ils ne m’aient pas aidée et soient à l’origine de la perte de ma vue, bah… je n’arrive pas à passer outre. C’est peut-être con ou cruel de ma part mais c’est au dessus de mes forces. » Je grimaçais. Ah ouais, quand même.. mais je finissais cependant par secouer la tête. « Non, il n’y a rien de cruel là dedans… j’veux dire, certes, nos parents sont importants mais çe ne leur donne pas le droit de faire n’importe quoi sous prétexte qu’on finira forcément par leur pardonner parce qu’ils sont nos parents.. » Je soupirais et je commençais à manger le plat devant moi, ajoutant, « Par exemple. À mes 18 ans, j’ai appris que mes parents avaient eu un fils deux ans avant moi, mais que, ne pouvant pas en assumer la responsabilité parce qu’ils n’étaient que deux junkies irresponsables, ils l’avaient abandonné… et ça m’a mise folle de rage parce que j’ai toujours souffert d’être fille unique, et j’apprends que mes parents ont abandonné mon frère ! Encore aujourd’hui je leur en veux un peu… donc je te comprends, vraiment. »

La conversation se déroulant actuellement entre les deux demoiselles s’orientait progressivement vers quelque chose de bien plus sérieux, et si au départ Thaïs était réticente à la simple idée d’évoquer pareil problème avec Holly, elle fut vite détrompée par cette dernière : non seulement la jolie blonde n’était pas la seule à être en colère contre ses parents mais bien loin de lui jeter la pierre, son acolyte de vacances semblait même en mesure de la comprendre. « Je ne suis pas quelqu’un de rancunier de nature en fait, il m’en faut énormément pour que je me mette en pétard mais là… j’ai l’impression qu’on m’a volé ma putain de vie. C’est horrible à dire, on pourrait croire que je me suis parfaitement reconstruite comme ça et que tout va bien mais je reste quand même aveugle. La plupart du temps je ne le vis pas trop mal à défaut de le vivre vraiment bien, mais ça me pèse tout de même… » avoua-t-elle en toute sincérité, son visage s’étant subitement transformé en une expression diablement sérieuse et non moins sincère. « Oh putain j’avoue !! L’excuse d’avoir été des junkies irresponsables n’explique pas tout, ils ont quand même abandonné un petiot dans la nature… tu as essayé de le chercher ou pas du tout ? »

color=#666699]« Je ne suis pas quelqu’un de rancunier de nature en fait, il m’en faut énormément pour que je me mette en pétard mais là… j’ai l’impression qu’on m’a volé ma putain de vie. C’est horrible à dire, on pourrait croire que je me suis parfaitement reconstruite comme ça et que tout va bien mais je reste quand même aveugle. La plupart du temps je ne le vis pas trop mal à défaut de le vivre vraiment bien, mais ça me pèse tout de même… »[/color] J’hochais la tête en l’écoutant parler. C’est bien ce que je pensais. Même s’il ne faut pas se morfondre et qu’il faut aller de l’avant, il devait bien y avoir des jours où le moral n’était pas au top, et c’était parfaitement normal. Mais il y a quelque chose que je ne comprenais pas, alors j’osais poster une question, espérant que ça ne la faisait pas trop chier qu’on parle de ça. « Mais… enfin, si j’peux me permettre hein.. en quoi tes parents sont responsable de la perte de ta vue.. ? » Soit j’avais loupé un épisode, soit elle ne me l’avait pas dit en m’expliquant le pourquoi du comment. J’enchainais en lui racontant les conneries de mes propres parents, contre qui j’étais encore à moitié fâchée. « Oh putain j’avoue !! L’excuse d’avoir été des junkies irresponsables n’explique pas tout, ils ont quand même abandonné un petiot dans la nature… tu as essayé de le chercher ou pas du tout ? » J’haussais les épaules en soupirant, « Ouais… ils disent que c’était pour qu’il soit plus heureux mais ça n’était pas forcément le cas. J’veux dire… il a pu être refourgué de maisons d’accueil en maison d’accueil et ne jamais avoir une vraie famille.. s’ils l’avaient gardé, ils auraient peut-être changé de vie même, qui sait ? » Je marquais une pose pour prendre une fourchette de mon plat. Je mâchais, j’avalais et je reprenais. « Ouais… ça fait trois ans que en dehors de la fac, je bosse au Luna Caffe pour payer un détective privé et il l’a retrouvé en Septembre.. mais j’l’ai pas dit à mes parents, parce que j’pense pas qu’ils seraient ravis que j’ai fait ça dans leur dos.. »

Il ne fallait rien exagérer, les moments où Thaïs sombrait dans la déprime et donc dans le chocolat histoire de faire bonne mesure étaient relativement rares. Elle pouvait se féliciter d’avoir une force de caractère suffisamment grande pour savoir à peu près maîtriser ses coups de mou et attaquer bi en tête lesdits instants dès qu’ils avaient le malheur de se présenter. « C’est un peu compliqué… mais pour faire simple, ils ont privilégié leur fille qui n’avait aucun pronostic vital engagé à ce moment là en me privant moi d’une opération qui aurait pu m’empêcher de perdre la vue. Je dis que c’est compliqué parce que ceux que tu considères comme mes parents, ben ce ne sont pas mes vrais parents. Ce sont mon oncle et ma tante. J’ai appris ça récemment… mon père m’a eue à quatorze ans en fait, et il s’est toujours fait passer pour mon oncle dans l’ombre, sans avoir le choix, mais c’est bien le seul à ne m’avoir jamais lâchée » expliqua-t-elle en haussant légèrement les épaules, très sérieuse, buvant au passage une gorgée de cocktail histoire de se remettre de ses émotions. « En même temps ils n’ont pas forcément à le savoir, c’est ton initiative… et alors, tu as initié un rapprochement quelque chose ? Désolée, tu n’es pas obligée de répondre, je suis peut-être un peu trop curieuse. Mais ça me ferait plaisir que tu retrouves ton frère. »

« C’est un peu compliqué… mais pour faire simple, ils ont privilégié leur fille qui n’avait aucun pronostic vital engagé à ce moment là en me privant moi d’une opération qui aurait pu m’empêcher de perdre la vue. Je dis que c’est compliqué parce que ceux que tu considères comme mes parents, ben ce ne sont pas mes vrais parents. Ce sont mon oncle et ma tante. J’ai appris ça récemment… mon père m’a eue à quatorze ans en fait, et il s’est toujours fait passer pour mon oncle dans l’ombre, sans avoir le choix, mais c’est bien le seul à ne m’avoir jamais lâchée » J’entrouvrais la bouche en la regardant. Ouais, j’étais bouche bée. Elle avait apprit que ses parents n’étaient en fait, pas ses parents. Ça devait être comme une trahison.. enfin.. ça n’avait pas du être facile à digérer. « Wow… quand même… j’peux comprendre alors… » Je me raclais un peu la gorge, « Mais… ils savent pour ta grossesse ? » Je me sentais intrusive à poser autant de questions, mais c’est ça, rattraper le temps perdu, non ? « En même temps ils n’ont pas forcément à le savoir, c’est ton initiative… et alors, tu as initié un rapprochement quelque chose ? Désolée, tu n’es pas obligée de répondre, je suis peut-être un peu trop curieuse. Mais ça me ferait plaisir que tu retrouves ton frère. » J’hochais la tête en prenant encore une bouchée de mon plat qui, soit dit en passant, était délicieux. Je bus une gorgée de mon cocktail avant de répondre. « Oui, je l’ai rencontré et.. on apprend à se connaître. Mais le courant passe super bien alors.. j’suis vraiment heureuse.. Et ne t’excuse pas de poser des questions, je ne fais pas tellement mieux ! » Je ris un peu, tout ça n’était pas un secret de toute façon.

C’était la première fois depuis… très longtemps que Thaïs se confiait sur la question à vrai dire. D’ordinaire, elle se contentait de sortir que sa famille et elle, ce n’était pas l’amour fou, point barre au revoir rideaux. Mais Holly la connaissait depuis suffisamment longtemps pour qu’elle ne craigne pas le jugement, surtout pas avec ce que cette dernière venait de lui confier. Quelque part, bien que la situation soit moche et révoltante, Thaïs était presque soulagée de ne pas être la seule nénette suffisamment cruelle pour tourner le dos à sa famille, que celle-ci soit aimante ou pas d’ailleurs. « Non… j’évite Minnie, ma « sœur » si je peux l’appeler comme ça même si techniquement parlant c’est surtout ma bitch de cousine et une saloperie de première, car je sais qu’elle vendrait la mèche. J’ai coupé les ponts et c’est très bien comme ça » avoua-t-elle sans hésitation, d’un ton presque tranchant. Mais ce n’était pas après Holly qu’elle en avait, bien au contraire… « Je crois plutôt que c’est un échange de bons procédés ! Je cache ça depuis des plombes sans jamais en parler à personne et ça me pèse, en parler avec toi me libère. Ceci dit je suis trop happy pour toi si jamais le courant passe bien !! Au moins c’est toi qui a pris la décision de faire sa connaissance et c’est un peu une revanche… au moins tu lui offres une famille. J’vous souhaite que ça reste comme ça ! » fit-elle non sans lever son verre à l’attention de Holly pour accompagner le geste à la parole.

« Non… j’évite Minnie, ma « sœur » si je peux l’appeler comme ça même si techniquement parlant c’est surtout ma bitch de cousine et une saloperie de première, car je sais qu’elle vendrait la mèche. J’ai coupé les ponts et c’est très bien comme ça » Bah oui, forcément du coup, Minnie n’était plus sa sœur, mais elle était sa cousine. Ça changeait… presque rien au final, au fond elles avaient été élevé ensemble. Je soupirais tout de même, osant demander, « Mais… ça ne te manque pas… ? Les grandes plaines vertes, la nourriture Irlandaise.. ? » Les paysages étaient tellement magnifiques là-bas. C’était ce qui m’avait toujours marqué quand je venais en vacances près de chez Thaïs. « Je crois plutôt que c’est un échange de bons procédés ! Je cache ça depuis des plombes sans jamais en parler à personne et ça me pèse, en parler avec toi me libère. Ceci dit je suis trop happy pour toi si jamais le courant passe bien !! Au moins c’est toi qui a pris la décision de faire sa connaissance et c’est un peu une revanche… au moins tu lui offres une famille. J’vous souhaite que ça reste comme ça ! » Un large sourire se dessina sur mes lèvres, « Ouais t’as raison. Tant mieux si ça te libère, vraiment. » Je prenais une autre bouchée, puis une nouvelle gorgée de mon cocktail, « Même pour moi ça me donne plus l’impression d’avoir une famille.. et du coup ,je me suis découvert pas mal de cousins et cousines sur le campus ! Parce qu’une partie de la famille à ma mère l’avait un peu… « reniée » lors de sa période noire, du coup j’ai jamais connu mes cousins et cousines de ce côté là de ma famille.. »

Aux yeux de tous les autres, cela ne changeait rien mais pour Thaïs, savoir que cette saloperie de Minnie n’était pas sa sœur mais juste sa cousine, autant dire que cela changeait TOUT. Notamment le fait qu’elle pouvait plus encore la considérer comme quantité négligeable et ce n’était pas plus mal… « Si, cela me manque, tout comme de me rendre sur la tombe de mon meilleur ami mais je crois que j’ai encore plus peur de les croiser que cela me manque, en vérité » avoua-t-elle, non sans hausser les épaules d’un air véritablement désolé car rien ne l’empêchait d’avoir ses origines chevillées au corps et de célébrer, entre autres, la Saint Patrick à Cambridge comme si elle était encore à Dublin. « Ah ouais carrément ! Perso si j’ai des cousins je ne les connais pas vraiment. Il faut dire que je n’ai pas une histoire forcément facile moi non plus donc pour découvrir tout le monde… c’est plus qu’un détective qu’il me faudrait. D’autant que mon père biologique est ici, à Harvard, il est prof d’archéologie. Je le vois tout le temps et je l’adore… je crois qu’en fait ça me suffit comme famille. Mais si comme toi je n’avais pas su où il se trouvait, je l’aurais recherché je pense. »

« Si, cela me manque, tout comme de me rendre sur la tombe de mon meilleur ami mais je crois que j’ai encore plus peur de les croiser que cela me manque, en vérité » Je me pinçais la lèvre et j’hochais la tête. Je pouvais comprendre ça. Parfois (souvent même), le Colorado me manquait. C’était tellement différent d’ici, alors que c’était dans le même pays. Alors je n’osais pas imager son dépaysement à elle d’avoir changé carrément de pays. « Ah ouais carrément ! Perso si j’ai des cousins je ne les connais pas vraiment. Il faut dire que je n’ai pas une histoire forcément facile moi non plus donc pour découvrir tout le monde… c’est plus qu’un détective qu’il me faudrait. D’autant que mon père biologique est ici, à Harvard, il est prof d’archéologie. Je le vois tout le temps et je l’adore… je crois qu’en fait ça me suffit comme famille. Mais si comme toi je n’avais pas su où il se trouvait, je l’aurais recherché je pense. » je souris, « C’est déjà pas mal si tu le considères comme de la famille… j’pense que ça sera important pour ton bébé d’avoir aussi au moins un grand père.. » Je restais silencieuse quelques secondes. « Allez, changeons de sujet, j’veux pas te foutre le cafard ! » Je ris un peu et je lui demandais, « Comment tu trouves ton plat ? Parce que le mien me procure un orgasme gustatif là ! » Je ris légèrement en finissant rapidement mon assiette. Je n’étais pas déçu en tout cas !