¸¸ Why ? ─ MAY [HOT]

Trois heures de sommeil, ça suffisait. En temps normal. Là, Kakeru ne savait même pas combien de temps il avait dormi, car il n'avait aucune idée de l'heure à laquelle il s'était couché. Ce qu'il savait juste, c'était qu'en se levant, il avait eu envie de fumer. Sauf qu'il ne fumait pas dans sa chambre, ni dans son appartement.

C'est de cette manière qu'il se retrouva en bas du bâtiment, assis sous le porche, en train de fumer en regardant le ciel d'un air absent. Calme, posé, zen. Toujours un peu mal au crâne, mais ça allait mieux. Et May ? Elle était en train de dormir quand il avait quitté l'appartement.

Écouteurs dans les oreilles, Kakeru était dans son petit monde. Mieux encore ; il avait des lunettes sur le nez et un bouquin posé à côté de lui. Bouquin sur le java. Fallait pas s'attendre à autre chose, évidemment. Écoutant du Motohiro Hata histoire de rester zen en toute circonstance, il écoutait sa version de Nagori Yuki, une chanson traditionnelle. Des souvenirs lui revinrent en mémoire et il soupira, fourrant ses mains dans les poches de sa veste. Et les bruits de pas dans son dos ? Il ne les entendait pas, étant trop focalisé sur la musique.

J'pensais pas que j'le reverrais de si tôt, il était quatre heure du mat' et franchement j'avais pas envie d'partir, parce que rien que dans les escaliers j'sentais le froid de l'extérieur. Enfin t'façon c'était trop tard puisque j'avais fermé la porte derrière moi, et j'allais pas sonner parce que j'savais que ça allait le réveiller.
J'fouillais dans mon sac histoire de récupérer mon bonnet que j'mettais direct sur ma tête, j'refermais bien mon manteau et je descendais les escaliers, un à un, en faisant bien attention d'pas tomber.

Arrivée au rez de chaussée, j'me retournais une dernière fois, j'hésitais vraiment à remonter, puis finalement je sortais, ouvrant la porte, me retrouvant pile poil derrière Kakeru. Merde, qu'est ce qu'il faisait là lui à cette heure-ci ? Ça sentait la clope, il fumait, bon après tout il faisait c'qu'il voulait d'sa santé, je me surprenais même à sourire. J'voyais qu'il avait les écouteurs dans les oreilles, du coup, il ne m'avait certainement pas entendu venir. J'allais pas le déranger, puis le connaissant, il aurait sursauté, esquivé mon geste et serait tombé, ou bien deuxième choix, m'aurait gueulé dessus dès le matin.

Je le contournais, mais j'voulais quand même le remercier de vive voix et me penchait vers lui, pas trop près non plus, parce que j'voulais pas piquer un fard dès le matin.
J'lui souriais et lui lançait un " T'es matinal toi aussi."

Il fallut que May passe à côté de lui pour qu'il la remarque. Kakeru haussa brièvement les sourcils, un peu surpris, mais qu'à moitié. Après la nuit qu'ils avaient passé, qu'elle dorme comme un bébé l'aurait encore plus étonné. Ce qui était sûr, c'était qu'elle se serait effectivement barrée en silence, en laissant la surprise d'un salon vide au réveil du jeune homme. Enfin, dans le fond, il s'en foutait. Il ferait la même chose, très certainement.

Retirant un écouteur de son oreille, il tourna la tête vers elle. Elle souriait et lançait plus ou moins une discussion. Kakeru se demanda si elle comptait vraiment lui faire la causette, ou si c'était uniquement par politesse et qu'elle allait ensuite prendre congé. Enfin, tant qu'elle était là, autant l'emmerder. Le coin de sa bouche se releva légèrement, le faisant esquisser un sourire, et il lui répondit en expirant la fumée de sa cigarette.

« Non, je suis très nocturne. J'ai juste pris une bouteille dans la gueule. » Le mal de crâne, lui, se faisait toujours un peu sentir. « Tu te barres déjà ? J'comptais sur des remerciements en bonne et due forme. »

Petite provocation pas bien méchante. La voir râler était assez drôle en soit, car elle ressemblait à une gamine. Et pour quelqu'un de gamin comme Kakeru, c'était plus amusant qu'autre chose. Elle ne le prenait pas de haut parce qu'il jouait au con, et ça lui donnait envie d'en profiter.

Ma phrase était conne en soi, c'est vrai qu'il s'était pris un coup sur la tête, et que forcément la douleur était toujours là. J'avais d'l'aspirine dans mon sac, c'était ça que j'voulais lui dire hier soir, mais après son rapprochement direct, j'avais complètement oublié ça.
J'aimais son petit sourire, bref et court, mais ça restait un sourire.
La fumée de sa clope venait vers moi, mais je ne disais rien, puis il me demandait si j'me barrais déjà, et qu'il attendait soi disant des remerciements.

C'était l'hôpital qui s'moquait d'la charité, puis franchement j'avais pas la tête à ça et surtout pas à quatre heures du mat. Soit je décidais de rentrer dans son jeu, soit je l'envoyais chier comme lui avait si bien l'habitude de le faire.
Je retirais mon bonnet, secouais mes cheveux afin qu'ils retombent sur mes épaules, j'étais décidée à lui montrer un côté mignon de moi. J'me mordais les lèvres, j'voulais pas non plus trop l'aguicher et j'lui souriais malicieusement .

" Et tu t'attendais à quel genre de remerciements ? Que j'te saute au cou, que j'te grimpe et qu'on fasse l'amour sauvagement comme des bêtes ? "

Le spectacle que lui offrit la demoiselle était plutôt inattendu. Cherchait-elle à l'aguicher ? Si oui, il devait bien avouer qu'effectivement, ça marchait. Il n'allait pas lui sauter dessus et lui arracher ses vêtements, mais l'idée de les lui retirer lui traversait effectivement l'esprit. Néanmoins, quelque chose clochait et c'est un rire qui s'échappa brièvement de ses lèvres alors qu'il écrasait le mégot de sa cigarette contre la marche.

« Je t'ai dit que je coucherai pas avec toi. » Il expira tranquillement la fumée de ses poumons alors qu'il regardait la rue quelques secondes, puis il regarda May à nouveau. « L'idée de servir de bouche-trou me tente pas des masses. Même si l'envie est là, je le ferai pas, parce que c'est pas à moi que tu penserais, mais à un autre mec. »

Connard, oui, mais avec un minimum de principes. Dès l'instant où il avait compris qu'un autre mec était dans l'histoire, il avait été hors de question qu'il la touche. Ne connaissant pas la situation de la jeune fille, il avait préféré ne pas la toucher. L'emmerder oui, c'était une chose, mais dépasser les bornes, non. Ses deux mains vinrent dans ses poches et il poussa un long soupir, levant le nez pour regarder le ciel alors qu'il se relevait.

« Cela dit, c'est clair que le faire comme des bêtes aurait été au programme sinon. »

Puis il reposa son regard sur elle, très léger sourire aux lèvres. Elle savait pas ce qu'elle ratait.

"Je coucherais pas avec toi.
L'idée de servir de bouche-trou me tente pas des masses. Même si l'envie est là, je le ferai pas, parce que c'est pas à moi que tu penserais, mais à un autre mec."

Bien ça avait encore le mérite d'être clair, et en fait, il avait un côté gentleman que je ne lui connaissais pas. Déçue ? Non puisque de toute façon je n'avais pas l'intention de lui céder comme ça, puis le fait de penser à un autre mec... Je n'savais plus trop, j'savais que Jae & moi c'était terminé, et qu'il fallait que j'arrêtais d'penser à lui.
Je jouais avec mes cheveux, mais c'était plus un tic qu'autre chose, et puis j'étais gênée, parce que j'venais d'me taper la honte. M'enfin au moins il n'allait pas arracher mes vêtements et sa dernière réponse me fit rougir, mais j'trouvais ça agréable en fait. Son sourire me plaisait de plus en plus, j'devais garder la tête sur les épaules quand même et j'lui tirais la langue.

" Tu peux toujours courir pour voir ce corps de rêve sans vêtements." fis-je en le taquinant.
" Oh et puis pour c'qui est de l'autre mec en question... J'ai jamais couché avec lui, et c'est terminé maintenant, mais j'pense que ça, tu t'en fous..."

Ah, donc c'était ça... une relation terminée avant même qu'elle n'ait pu vraiment commencer. Kakeru hocha légèrement la tête, signalant qu'il avait bien compris. Il resta alors silencieux quelques secondes, repensant à sa première phrase. Puis une idée lui traversa l'esprit et il s'avança vers la jeune fille, gardant les mains dans les poches. Il se pencha vers elle, vers son oreille, et lui susurra quelques mots.

« Je n'ai pas besoin de courir pour l'imaginer. » Il ne la touchait pas, mais son souffle lui, descendit juste dans son cou, laissant sa chaleur courir sur sa peau. « Et toi-même tu n'as aucun mal à imaginer les soupirs, les gémissements et les sensations que ça te procurerait. » Il releva le visage devant le sien, se délectant de leur proximité. « N'est-ce pas ? »

Elle pouvait faire celle qui lui résistait ou qui était insensible, il avait bien vu durant la soirée qu'il ne la laissait pas indifférente. D'autant plus qu'elle pouvait, elle, l'imaginer de la tête aux pieds. Elle l'avait vu, après tout. S'il se sentait gêné ? La pudeur n'étant pas une des priorités de Kakeru, cela l'amusait même qu'elle s'imagine certaine choses à son sujet. Probablement parce que c'était comme ça qu'il savait qu'elle n'imaginait pas un autre lui faire ce genre de choses.

"Et toi-même tu n'as aucun mal à imaginer les soupirs, les gémissements et les sensations que ça te procurerait. "

L'enfoiré, il m'avait eu dans mon propre jeu, et rien que sa façon d'murmurer à mon oreille et sa respiration dans mon cou, ça me rendait toute chose. J'avais trois heures de sommeil dans la tronche, même pas je dirais, mais rien que c'qu'il venait de me dire me coupa toute envie de dormir... J'pouvais pas craquer dès une première rencontre, j'pouvais pas, et j'voulais pas non plus passer pour une fille facile.
Je frissonnais, je n'savais pas si c'était un frisson de plaisir, mais en tout cas il avait réussi. Sa phrase avait fait l'effet qu'il attendait et nos visages étaient super proches l'un de l'autre... Putain il a de ces yeux...

J'le revoyais dans la salle de bain, nu, bref, un corps parfait quoi... J'imaginais chacun de ses muscles se contracter en me prenant dans ses bras... J'me mettais une claque pour arrêter d'imaginer tout ça.

" Salaud..." murmurais-je doucement à son oreille à mon tour avant de m'éloigner un peu de lui. Il ne m'aurait pas. Du moins pas comme ça et pas de suite.

Elle l'insulta, le traitant de salaud, et Kakeru sentit son sourire s'agrandir. Serait-ce le début d'un petit jeu ? Je suis le chat, tu es la souris. Kakeru savait qu'elle était déjà dans ses filets, et qu'il ne lui restait plus qu'à la faire venir à lui. Son côté salopard lui hurlait de se foutre des sentiments de la jeune fille et de la forcer à remonter à l'appartement, mais le côté joueur, lui, l'incitait plutôt à poursuivre ce petit numéro pour voir combien de temps elle lui cèderait.

La regardant s'éloigner légèrement de lui, Kakeru redressa légèrement la tête, son sourire se faisant plus discret. Il ne se gênant pas pour la détailler du regard, de la tête aux pieds, prenant bien son temps pour qu'elle se sente observée. Limite nue. Et puis, il eut une pulsion.

« C'est pas comme si t'aimais pas que j'en sois un. »

Deux pas, et il était à nouveau face à elle. Mais cette fois-ci, il alla plus loin et ses deux mains se posèrent de chaque côté du visage de la demoiselle. Elle pouvait penser qu'il allait l'embrasser, mais il n'en fit rien. Presque rien, en fait, car ses lèvres frôlaient les siennes. Jouons ! Lui aussi n'avait qu'une envie ; céder. Cela faisait un moment qu'il n'avait pu avoir une fille dans ses bras, et rares étaient celles qui lui faisaient envie de toute manière...

« T'en as pas envie ? » murmura-t-il dans un léger sourire, les yeux mi-clos.

J'me sentais observée, j'avais l'impression qu'il me caressait d'un simple regard, c'était gênant et délicieux à la fois. J'étais prise au piège et je ne savais pas comment j'pourrais m'en sortir. J'devais lui résister, j'pouvais pas. J'pouvais pas le laisser faire et encore moins lui donner l'impression qu'il avait gagné. Et s'il avait gagné, j'devenais sa proie préférée, sa conquête d'une journée, et j'voulais pas être traitée comme tel.
J'voulais qu'il en ait vraiment envie, j'voulais pas que ça soit qu'un simple jeu entre lui et moi...
"C'est pas comme si t'aimais pas que j'en sois un."

Je souriais à sa remarque et le reste fut trop rapide que j'eu presque peur pendant une fraction de seconde...
Nos visages étaient à nouveau proches l'un de l'autre, décidément ça allait presque devenir une habitude, bien que ça ne me dérangeait pas. J'pouvais observer ses traits, il avait un visage parfait, bon mis à part les bleus qui commençaient à apparaître, mais à part ça, il était parfait...

Je piquais un fard, il me troublait et j'aimais ça. J'devais pas craquer, j'me le répétais sans cesse, ça tournait en boucle... Nos lèvres étaient proches, j'pouvais sentir son souffle sur les miennes, mon coeur battait carrément plus vite que la normale...
"T'as pas envie ?" qu'il me demandait en souriant légèrement.
Mon coeur me disait oui, cède, mais ma raison me disait de ne pas lui céder. J'étais perdue et pendant un moment j'pensais même qu'il se moquait de moi.

" J'sais pas..." fis-je en me mordant les lèvres.
" Tu m'perturbes c'tout...qu'est ce que tu feras si j'disais oui ? "