¸¸ Why ? ─ MAY [HOT]

Un ordre ? Kakeru la regarda un instant, se demandant franchement si elle allait le soigner. Apparemment, oui... Mais il n'avait pas envie. Monsieur avait un sale caractère pleinement assumé et elle allait en faire les frais.

« J'ai pas besoin qu'on me materne. Tu veux soigner mes hémorroïdes sinon ? Tss. »

"Chacun sa merde" en gros. C'était sa blessure, son problème, il allait le régler tout seul. Têtu, borné, et pas forcément malin sur le coup, car... il ne pourrait pas voir où se soigner. Mais il voulait le faire tout seul. Comme un grand. Posant son cul sèchement sur le canapé, il lui prit des mains le coton et détourna le visage pour ne pas lui faire face. Et il appuya le coton contre la plaie.

La réaction fut immédiate. Il plissa les yeux fortement et serra les dents, bloquant même sa respiration. Cacher le fait que ça faisait mal était bien raté. Changeant de main pour tenir le coton, son bras droit fut relâché et il se pencha légèrement vers l'avant, son coude se posant sur sa cuisse. La longue cicatrice sur son bras avec la brûlure captèrent son regard un instant, puis il releva le visage vers May.

« J'ai pas besoin de pitié. J'suis largement capable de me démerder seul, ok ? »

Il était désagréable, heureusement que je n'avais pas les nerfs fragiles, parce que ça aurait fait un bout de temps que je lui aurais mis une claque à celui-là... Je le laissais dire ce qu'il avait à dire, comme ça il aurait l'impression d'être un vrai caïd, puis honnêtement ça m'arrangeait aussi parce que je n'y serais pas allée de main morte en le soignant. Il échappait à une véritable séance de torture avec moi parce que j'aurais bien appuyé là où ça faisait mal histoire de lui faire comprendre que je pouvais être une garce quand je le souhaitais.

Il m'ôta des mains le coton, monsieur avait sa fierté et ne voulait pas que je le materne, soit, mais il aurait pu me le dire plus gentiment. Mais apparemment ça ne faisait pas partie de son caractère, donc j'allais me manger d'autres remarques ou phrases cinglantes venant de lui. Je soupirais et le laissais donc faire, bien que la scène était plutôt comique, mais je ne montrais pas mon amusement.

Une vraie tête brûlée celui-là, c'était la première personne que je rencontrais qui était encore plus têtue que moi lorsque je m'y mettais sérieusement.

Puis la phrase de trop sorti de sa bouche, il n'avait pas besoin de ma compassion, alors je n'allais certainement pas lui en donner sur un plateau d'argent, et puis quoi encore ?

" Alors là c'est sur que non, t'en auras pas Kakeru, crois moi. T'es une vraie tête de con, alors si t'as cru que j'allais m'apitoyer sur ton sort, tu te trompes complètement."

J'étais énervée et lui tournais le dos, allant me poser contre la fenêtre du salon. Qu'il aille se faire voir.

La réponse sèche de May le surprit. Il ne s'était clairement pas attendu à ce qu'elle lui réponde. Depuis le début, elle s'efforçait d'être gentille, serviable, un peu autoritaire. Comme un mère quoi. Que là... Il la regarda avec un petite lueur de curiosité dans le regard. Enfin, il était Kakeru, fallait pas s'attendre à ce qu'il ploie devant elle en disant "oui madame". Plutôt crever.

« Alors t'es quoi, stupide ? Si c'est pas par pitié, qu'est-ce que tu fous ici ? » Au même instant il appuya un peu sur la plaie et se fit mal. Il grimaça brièvement puis retira le coton imbibé de sang qu'il regarda. « Putain, c'est pas dans cet état que je vais soigner quoique ce soit... » Il se releva lentement du canapé pour ne pas retomber comme une merde devant elle et s'éloigna vers la salle de bain. « Je vois vraiment que dalle là... Ca me bande cette histoire, mais d'une force... Putain de merde... »

Poussant la porte de la salle de bain, Kakeru y entra mais ne referma pas derrière lui, laissant juste la porte entrouverte. Il jeta le coton dans la poubelle et regarda son pantalon. Taché aussi. Il grogna puis l'enleva, s'énervant un peu sur sa difficulté à se tenir en équilibre, et le balança dans la panière à linge. Se retrouvant ainsi en boxer, il se mit face au miroir de la salle de bain et tenta de voir "où" il avait été blessé. Et May ? Il oublia subitement qu'elle était dans la pièce d'à côté.

La surprise se lisait sur son visage, mais ça n'avait duré que quelques secondes, encore une réplique cinglante venant de sa part, j'avais juste dit ça pour pas qu'il pense que je m'apitoyais sur son sort, ou que j'sois trop maternelle avec lui. Je m'étais retenue depuis la rencontre dans la ruelle jusqu'à cet instant précis et le fait d'me faire traiter de fille stupide pour un rien me blessa énormément.

Je ne savais pas quoi répondre, j'le laisser se soigner comme un grand garçon et le laissait jurer dans son coin, qu'il fasse sa tête de con tout seul tiens, qu'il galère comme un con m'importait peu en ce moment.
Puis il partait vers la salle de bain, parfait, au moins j'aurais pas à l'entendre se plaindre comme quoi il avait mal, ça lui apprendra tiens à se battre avec le premier venu. J'étais blessée et je sentais une larme au coin de mon oeil, hors de question que je me mette à pleurer à cause de ce crétin. J'essuyais d'un geste vif le début de ma larme et me retournais pour voir où il en était. La porte de la salle de bain était entrouverte et je l'aperçu en caleçon, mais là, ça ne me faisait ni chaud ni froid je devais dire...

J'ôtais mon manteau, retroussait mes manches, même si mon haut était plus ou moins déchiré et le rejoignait, poussant la porte de la salle de bain. J'hésitais à lui mettre une claque magistrale, mais finalement je lui retirais des mains le coton à mon tour et lui fit sèchement:

" La fille stupide elle t'emmerde déjà, et puis je suis ici parce que j'en ai envie, et que tu galères comme un con à te soigner les plaies. Laisse moi au moins m'en occuper, tu veux, et j'veux pas t'entendre te plaindre comme quoi ça fait mal..."

Kakeru tourna la tête sur le côté et regarda ses cheveux dans le miroir. Le sang avait déjà coagulé par endroit et faisait de vrais pâtés dans ses cheveux. C'était dégueulasse. En plus, l'odeur de l'alcool mêlée à celle du sang, c'était franchement pas glamour et même s'il n'était pas une chochotte il trouvait ça répugnant. C'est parce qu'il était d'ailleurs trop concentré sur sa tête qu'il ne vit pas venir May lui prendre le coton des mains, le surprenant à nouveau. Il se redressa en fronçant les sourcils.

« Hé !...
- La fille stupide elle t'emmerde déjà, et puis je suis ici parce que j'en ai envie, et que tu galères comme un con à te soigner les plaies. Laisse moi au moins m'en occuper, tu veux, et j'veux pas t'entendre te plaindre comme quoi ça fait mal... »

Kakeru tira une tronche de six pieds de long, l'air de dire "non mais tu me prends pour qui ?" Hors de question de se laisser marcher sur les pieds par une fille. Surtout lorsqu'il se sentait autant faiblard. Ni une, ni deux, il lui reprit le coton des mains.

« Mais t'es vraiment une pète-burne toi ! Qu'est-ce que ça peut te foutre que j'me fasse mal et que je pisse le sang, hein ? » Il refit face au miroir. « Va t'occuper de ton mec plutôt. On a rien à voir ensemble. »

Avec, s'il vous plait, autant de mépris et d'agressivité que possible dans la voix.

J'avais pu enfin en placer une, une réplique cinglante comme il savait si bien faire. Le coton dans les mains, il réagit à son tour, il tira une tête comme s'il paraissait surpris de m'entendre parler de la sorte. Puis ce fut encore à son tour, sauf que cette fois-ci c'était encore plus blessant que les répliques cinglantes précédentes...

"Mais t'es vraiment une pète-burne toi ! Qu'est-ce que ça peut te foutre que j'me fasse mal et que je pisse le sang, hein ? Va t'occuper de ton mec plutôt. On a rien à voir ensemble. "

La réplique de trop certainement, surtout la dernière phrase, comme quoi je devais aller m'occuper de mon mec... Mon coeur se serra, j'allais craquer, j'voulais pas craquer, surtout pas devant lui, manquerait plus que ça...
Il était de nouveau face au miroir, moi mes larmes se mirent finalement à couler, j'sais pas, c'était les nerfs qui craquaient, j'en avais marre. Je le forçais à se tourner pour qu'il soit face à moi et je lui collais une claque magistrale sur la joue.
Il l'avait cherché, et ma main résonna sur sa joue, qu'il essaie de me gifler à son tour et il verra comment je réagirais...

" C'est tout c'que tu trouves à dire espèce de con ?! T'es pitoyable, vraiment, va crever!" lâchais-je, mes larmes me brouillant limite la vue. J'en avais marre et j'avais qu'une envie là tout de suite c'était d'me barrer et de le laisser seul.

Même pas le temps de réagir que la claque venait subitement s'abattre sur sa joue. Manque de chance pour lui, Kakeru n'avait pas encore un très bon équilibre et il fut très facilement déstabilisé. En un rien de temps, il venait d'avoir un vertige. En reculant, il percuta malheureusement le bord de la douche et trébucha vers l'arrière ; et si encore ce n'était que ça ! En tombant, il se rattrapa la poignée d'eau froide. Qu'il actionna. Comme un con. Alors qu'il se retenait de justesse de tomber, empêchant sa tête de frapper à nouveau. Le froid le surpris et il eu un sursaut qui le fit sortir de la douche, allant à côté de May.

« Putain c'est froid ! »

Il croisa les bras par réflexe, puis reposa son regard sur May. Il s'apprêtait à lui gueuler dessus lorsqu'il vit ses larmes.

« C'est quoi ton- !... »

Et il se tut. Son regard demeura sévère, mais il s'abstint de prononcer une quelconque parole de plus. Il avait beau être con, il voyait quand même quand il abusait et quand il merdait. Là, il avait bien compris que dans ses paroles, il avait dû dire quelque chose de relativement blessant pour qu'il se prenne une gifle. Il détourna alors le regard et soupira.

« Ca sert à rien de vouloir laver ma plaie. J'ai la tête pleine de crasse. Tu perdrais ton temps. »

Un ton beaucoup moins agressif, moins assuré, probablement parce qu'il se sentait malgré lui un peu stupide d'en être arrivé là. Mais il y avait certaines choses sur lesquelles il bloquait, et il ne s'excuserait pas, autant qu'il ne lui demanderait pas de l'aide.

La scène qui suivait avait été trop rapide pour moi puisque mes larmes me bloquaient la vue, dans ma tête, j'étais carrément ailleurs en fait, j'étais de retour dans ma ville natale dans les bras de Jae... Mais ça se passait pas réellement, j'étais dans une autre dimension, comme si le temps c'était arrêté et que je n'avais jamais quitté Séoul... J'étais perdue, désorientée, et ce fut seulement le bruit de l'eau qui coulait qui me tira de mes pensées.

Kakeru s'apprêtait encore à me gueuler dessus, mais je sais pas, il eut comme une sorte de déclic et ne termina pas sa phrase, peut-être à cause du fait que je pleurais, j'en savais trop rien et j'me sentais super conne maintenant face à lui. Il avait eu le droit à une douche froide, bien fait pour lui, mais il aurait pu se faire mal et je ne pensais pas qu'il perdrait aussi facilement l'équilibre... Je voulais m'excuser, mais j'avais du mal à sortir des mots, et si je m'excusais encore une fois, j'étais à peu près certaine qu'il me dirait qu'il en avait marre que je m'excuse à tout bout de champ...

Son regard me surprenait, et j'me rendais compte que je pleurais en face de lui, j'me sentais tellement conne et gênée que j'voulais disparaître dans un trou... Il me disait que ça ne servait à rien de vouloir nettoyer ses plaies, je ne me fit pas prier et quittais la salle de bain, ne disant toujours rien... J'avais mal, c'qu'il m'avait juste avant la claque me faisait mal, et je voulais oublier cette douleur ne serait-ce qu'un instant...

Je sortais mon portable de ma poche de pantalon et l'ouvrait, sur l'écran il y avait une photo de Jae et moi, je souriais tristement l'effleurant, puis allait dans la galerie de mes images pour effacer cette photo... Je pleurais toujours, mais je retournais vers la salle de bain voir Kakeru.

" Tu veux que je prépare un truc à grignoter ? " demandais-je bêtement, j'avais vraiment la tête ailleurs...

Il n'eut pas besoin de lui dire une deuxième fois, et May quittait la salle de bain, le plantant là. Kakeru garda le regard rivé sur la porte un instant, songeant qu'elle prenait ses affaires et partait. Il allait être seul et pourrait se détendre. Se laver, se soigner, et ronfler. L'avantage d'être seul, c'est que personne ne se plaignait de ses ronflements ─ oui monsieur était bruyant, en plus d'être chiant. Rien pour lui celui-là.

Il poussa donc la porte pour qu'elle se ferme silencieusement. Mais elle était mal fermée. Un p'tit courant d'air et hop elle s'ouvrait. De toute façon, qui s'en souciait ? Kakeru se déshabilla et balança son boxer dans la panière et avança vers la douche, dos à la porte. Il allait en profiter pour se laver et alluma l'eau chaude. Il attendit quelques secondes que la température de la douche soit bonne, puis s'y engouffra. A peine fut-il sous l'eau qu'il baissa les yeux et constata la teinte rose pâle que prenait cette dernière après avoir coulé sur sa tête. Il plissa les yeux, puis glissa une main dans ses cheveux. Une trainée rouge plus prononcée apparue brièvement, puis disparu. Apparemment, ça ne saignait pratiquement plus et seul le sang qui avait déjà coulé devait être lavé. J'imagine que l'alcool de la bouteille a déjà lavé la plaie... ?

Il attrapa le shampooing et s'en mit dans les mains. Le plus dur allait venir. Il shampouina lentement, doucement, faisant attention, jusqu'à ce qu'il touche la plaie...

« Put- ! ... 'tain... hm ? » Il se tourna légèrement, voyant May à l'entrée de la salle de bain. « Quoi ? » qu'il demanda avant de reprendre son shampouinage ─ oho.

Pudeur, zéro. Kakeru, quoi.

Je ne sais pas vraiment pourquoi je suis retournée dans la salle de bain, puis j'aurais dû deviner qu'après être tombé dans la baignoire, il prendrait une douche. J'aurais dû aussi deviner qu'il serait à poils et que je rentrerais au mauvais moment. La gaffe.
Alors que j'lui demandais s'il voulait quelque chose à grignoter, j'me retrouvais face à un Kakeru tout nu, ouais en tenue d'Adam quoi. Je pique un fard. Un énième de plus. Oups, la gaffe du soir bonsoir. Je referme instinctivement la porte, la claquant presque, et reste dos contre la porte de la salle de bain. Ce soir j'aurais tout vu. Littéralement je veux dire, enfin vraiment quoi.

Pour une tête de con, il était plutôt bien foutu... Mmh? Mais à quoi je pensais moi, merde quoi j'venais d'le voir à poil et c'était tout ce qui me passait par la tête. Crotte.

Je retournais dans le salon, me mordant la lèvre inférieure, j'n'arrivais pas à me l'ôter de la tête, pas son zizi hein, mais lui, enfin Kakeru entier quoi. Je rougissais à vue d’œil, c'était clair.

Je secouais la tête comme pour oublier cette scène et histoire d'me changer les idées, j'me dirigeais vers la petite cuisine style à l'américaine de l'appart et fouinait dans le frigo du garçon. Y'avait de quoi préparer une omelette, j'attrapais les œufs, le poivre, du sel, des épices, je fit bouillir de l'eau, préparais du riz, bref une sorte de riz cantonnais à ma façon.

Je cherchais des assiettes, des couverts, des verres, préparait la table et sortit deux bouteilles de bière du frigo. Le repas était prêt alors qu'il était déjà super tard.

J'retournais vers la salle de bain " Si t'es décent, tu peux venir manger..." fis-je timidement avant de retourner vers la cuisine, toujours gênée.