¸¸ Why ? ─ MAY [HOT]

Elle rougissait. Il se demanda pourquoi durant les premières secondes, puis c'est quand elle claqua la porte qu'il compris. Ah oui, parce qu'il était nu comme un ver. Il baissa les yeux, se regarda ; il n'avait, selon lui, rien d'exceptionnel qui nécessite de la gêne. Son approche de la pudeur avait toujours été un peu particulière, de toute manière.

Profitant du fait qu'elle n'allait pas revenir de sitôt dans la salle de bain, il continua de se laver, faisant bien attention à ne pas se faire saigner davantage ou se faire mal. Et une fois fini, il galéra quelques courtes minutes pour se mettre plus ou moins correctement le bandage avant de finalement abandonner. A la place, il préféra mettre la compresse et la bloquer avec un bonnet. Oui, un bonnet. Tant pis s'il avait l'air encore plus con que d'habitude.

Il entendit May l'inviter à venir manger, et là Kakeru réalisa. Mais... qu'est-ce qu'elle fout encore ici ? Un peu long à la détente, oui. Enfin, il en avait rien à foutre. Serviette autour de la taille, il sortit.

« Ouais ouais, deux minutes. »

Et il fila dans sa chambre pour se changer. Il enfila des fringues à l'arrache et se retrouva avec un t-shirt noir, simple, sans logo, et un short de basketball qu'il utilisait pour dormir. Lorsqu'il revint dans la pièce principale, il s'approcha de la cuisine et regarda ce qu'avait préparé May. Puis il posa son regard sur elle et croisa les bras, affichant un sourire.

« Tu fais ça souvent, de visiter l'appartement d'une personne rencontrée dans la rue une heure auparavant ? »

Et pour une fois, il n'y avait nul reproche. Juste de l'amusement.

J'essayais d'oublier le fait que j'l'avais vu nu, de haut en bas, j'sais pas ça me restait en tête, pas que ça m'avait troublée mais presque... Enfin bon ça avait été rapide, mais j'me sentais encore gênée... On s'connaissait depuis même pas une heure, mais j'avais pas envie d'me prendre la tête avec ça. Une rencontre pas comme les autres ça c'était clair, mais au fond j'avais peut-être besoin de ça pour pimenter ma vie devenue drôlement monotone...

J'le voyais sortir ( en serviette cette fois-ci ) de la salle de bain, et je ne pu m'empêcher d'afficher un sourire, et j'le laissais prendre son temps pour se changer et revenir vêtu ce coup-ci.

J'étais pas encore installée à table, et puis lorsqu'il me sourit ( pour la première fois d'ailleurs ), j'me sentais rougir, j'sais pas, son sourire était parfait contrairement à son caractère de merde.

" Waouh... tu sais sourire, alors là, j'm'y attendais pas du tout ." fis-je en souriant à mon tour à Kakeru, puis grâce à son sourire, ma peine s'était plus ou moins envolée.

" Et non je ne fais pas ça souvent, c'est d'ailleurs la première fois. J'dois être aussi barrée que toi. Sexy au fait le bonnet et la compresse. Tu veux que je bande ta plaie ou y'a pas besoin ? " osais-je demander finalement, parce que là, il ressemblait à un clown, et je souriais une deuxième fois.

Elle semblait se détendre. Comme si ses sautes d'humeur semblaient aller et venir. Un état instable ? Quoiqu'il en soit, son comportement sortait à elle aussi de l'ordinaire et il l'avait bien remarqué. Kakeru afficha un sourire en coin puis lui tourna le dos pour partir en direction de la table.

« Pour que tu deviennes rouge pivoine en réalisant que tu seras proche de mon visage ? Me fais pas rire. »

Petite moquerie. Il avait bien vu qu'elle rougissait, oui. Mais elle n'avait pas fui. Devait-il comprendre que cela ne la rebutait pas, ne la choquait pas ? C'était bien la première qui n'était pas partie en claquant la porte de rage. Autant en profiter, tâter le terrain, voir ce qu'il en était vraiment.

« La compresse tient bien comme ça. Te dérange pas. »

Pour rester poli. Mais il refusait surtout qu'elle le touche à nouveau, car il prédisait de nouvelles surprises, de nouveaux actes brusques, et peut-être que là, les choses finiraient par aller -trop- loin.

"Pour que tu deviennes rouge pivoine en réalisant que tu seras proche de mon visage ? Me fais pas rire."

Il marquait un point et avait malheureusement ( pour moi ) grillé que j'avais rougi, et au fond de moi, ça me faisait sourire. Est ce que ça voulait dire qu'il m'observait malgré tout ? Je ne savais pas comment réagir à sa pique, mais je ne voulais pas me prendre la tête et levais les yeux au ciel.

" Haha n'importe quoi." mais en fait non, ça n'était pas n'importe quoi, il avait raison, j'allais rougir en ayant mon visage encore plus près du sien. Du coup ça m'arrangeait de ne pas à avoir à lui bander la plaie, et on pourrait manger tranquillement.

" Viens pas te plaindre après si ta compresse tombe dans ton assiette." rajoutais-je avant de le rejoindre pour aller m'installer à table en face de lui. J'avais encore les yeux rouges à cause des larmes, mais la fatigue se faisait sentir. Je bu une gorgée de bière avant de commencer à manger, fallait que j'trouve quelque chose à dire, parce que là, le silence devenait gênant...

" Tu es étudiant à Harvard pas vrai ? " demandais-je en brisant le silence, fallait bien faire connaissance, même si c'était un peu tard pour ça, non ?

« Si elle tombe, je te l'envoie sur la gueule. »

Regard bref, taquin, puis il détournait les yeux.
Ce qu'il avait surtout vu, c'était qu'il ne la laissait pas indifférente. Pourtant, il n'était pas sous son meilleur jour ─ loin de là même. Assis sur sa chaise, un coude sur la table, Kakeru regarda son assiette sans la juger. Un plat simple, rapide, qui cale. Comme il aimait. Il ne se fit alors pas prier et commença à manger.

Si le silence ne semblait pas le dérangeait, il apparaissait que pour May c'était un peu différent. Sans décrocher le regard de son assiette, Kakeru attendit d'avoir fini sa bouchée pour lui répondre.

« Ouais. Pourquoi ? On s'y est déjà croisés ? »

Il releva les yeux et se laissa aller contre le dossier de sa chaise, attrapant la bière pour en boire une gorgé. Son regard était à nouveau fixé sur elle qu'il regardait avec curiosité.

"Si elle tombe, je te l'envoie sur la gueule."

Je fis mine d'être choquée et je lui tirais la langue, ouais un geste super puéril, et là, ça donnait l'impression qu'on se connaissait genre depuis super longtemps et c'était comme si il n'y avait jamais eu cet épisode où il m'avait blessée et encore moins comme si je l'avais giflé. C'était bizarre, j'me sentais parfaitement à l'aise, mais j'avais zappé que mon tee shirt était déchiré. J'le regardais manger puis il me demandait si on s'était croisés dans les couloirs de l'université. Je l'avais déjà vu, ouais mais de loin dans la bibliothèque principale du campus, mais jamais j'aurais pensé le revoir ce soir là.

" Je suis pas certaine, mais j'pense t'avoir vu deux ou trois fois à la bibliothèque." répondis-je en continuant de mangeant, manquant de rater ma bouche quand il posa encore son regard sur moi. Boudiou, qu'est ce que j'avais à être perturbée de la sorte ? Ce n'était pas dans mes habitudes, généralement les mecs je les fuyais, enfin pas au point d'être lesbienne, c'était juste que les seuls envers qui j'étais vraiment proches étaient très rares.

Il avait un regard à m'en faire frissonner, mais ça, je ne le lui dirais jamais, je ne voulais pas tomber ( de suite ) sous son charme. Hors de question, il m'avait blessée, et je crois bien qu'il se mangera à l'avenir plusieurs claques ou phrases cinglantes à la figure. Mais là il était tard, et je commençais même à bailler .

"Quoi ? J'ai un truc sur la tronche ? " lui demandais-je , parce que oui son regard me mettait mal à l'aise.

La bibliothèque... oui, très certainement. Il s'y trouvait souvent. De temps en temps avec Torrey d'ailleurs, pour bosser. Malgré son caractère de gros con, il restait un Dunster et il ne lésinait pas lorsqu'il s'agissait des études.
Mais ce soir, il ne pensait pas trop à ça. Il était plutôt intéressé et intrigué par la jeune demoiselle en face de lui. La logique de Kakeru fonctionnait à plein régime ; garçon qui se bat sauvagement > fille qui le sépare de sa victime > elle l'aide malgré le mec > ils se retrouvent seuls chez lui > il l'envoie chier, elle pleure > allusion au copain, cause des larmes ? > rupture récente et/ou violente dispute > instabilité. Bref, le cheminement était déjà tout fait.

« Non, je te regarde juste. »

Normal. Il ne décrocha pas son regard pour autant. A quoi pensait-elle ? Pour quelles raisons était-elle encore là ? Enfin, c'était peut-être trop tôt pour ce à quoi il pensait. Il se redressa alors au bout de quelques secondes et abaissa son regard sur son assiette, reprenant à manger dans le silence. Il pouvait se montrer chiant et râleur, il était aussi étonnamment calme.
C'était surtout qu'il avait mal au crâne.

A peine eut-il pensé à ça qu'il se leva sans rien dire et retourna dans la salle de bain.

"Non je te regarde c'est tout."

Il était calme et sa réponse me troublait encore plus. J'me mordais la lèvre histoire de ne pas me laisser aller, enfin histoire ne pas rougir une fois de plus. A force il me surnommerait l'écrevisse et ça allait me coller à la peau encore longtemps. J'me demandais pourquoi j'étais encore là, il devait aussi se le demander et mon regard croisa le sien. Grillée, à tous les coups, c'était obligé. Je finissais ma bière d'une traite mais je n'avais plus faim, ce regard m'empêchait de manger correctement. Et lui à quoi il pensait ? Moi je pensais surtout à Jae, je savais que lui et moi c'était terminé et ça me faisait encore mal...

Il se leva brusquement, se dirigeant encore vers la salle de bain... Qu'est ce que j'avais fait ? Je restais là, assise seule à la table, j'me sentais abandonnée... J'aimais pas être seule et encore moins me sentir abandonnée. Je ressentais une douleur au niveau du coeur, j'sais pas j'me sentais pas bien. J'étais fatiguée, j'hésitais à le rejoindre dans la salle de bain, qu'est ce qui se passerait si j'y allais ?

Je récupérais les assiettes et les mettait dans le lave vaisselle, ainsi que le reste , et puis une fois ça de fait, j'me dirigeais à mon tour d'la salle de bain. Je frappais deux coups.

" Kakeru ? Quelque chose ne va pas ? "

Dans la salle de bain, la porte ouverte, Kakeru se mit à fouiller. Il ouvrit son placard avec des médicaments, mais ne trouva pas ce qu'il cherchait. Il grogna quelque chose en japonais, puis quelques secondes après, May apparaissait à la porte. Kakeru tourna la tête vers elle une petite seconde, puis reprit ses recherches.

« Je cherche des capotes. » Il la laissa se faire des idées quelques secondes, puis corrigea son mensonge. « Détends toi, je déconne. J'ai juste plus d'aspirine. »

Il referma le dernier tiroir dans lequel il fouilla, puis soupira d'un air blasé. Il allait se payer son mal de crâne, mais c'était pas bien grave. Se tournant vers May, il la regarda un instant puis s'avança pour sortir, jetant un bref coup d'oeil au bras dénudé de la demoiselle. Quelle fille se déchirerait les fringues pour ça ? Pas beaucoup, selon lui. Voire aucune. Mais elle l'avait fait. Était-elle du genre trop bonne trop conne ?
Finalement, au lieu de s'éloigner, il se retourna à nouveau vers elle et lui attrapa les deux bras avant de la coincer contre le mur.

« J'espère que tu ne t'as pas cru ne serait-ce un seul instant que tu allais quitter l'appartement sans qu'on ait rien fait pour s'amuser, hein ? »

Jeu ? Ou pas jeu ? Toujours est-il qu'il avait braqué son regard dans le sien et qu'il semblait sérieux.

"Je cherche des capotes."

J'crois que c'est là où j'ai pris conscience de la chose, que j'étais une femme dans l'appart d'un mec, que ce mec en question était assez sexy et que moi j'avais les fringues ( enfin mon haut ) déchiré. J'ai eu comme un bug l'espace de quelques secondes et j'n'avais pas entendu la suite de sa phrase comme quoi il cherchait de l'aspirine.
Il commençait à sortir de la salle de bain, ouf, je pouvais à nouveau respirer normalement, mais avant de dire quoi que ce soit , j'me retrouvais coincée contre le mur d'la salle de bain, bras coincés, j'étais sous l'emprise de Kakeru.

J'avais peur. A ce moment précis, j'eu une sorte de flash back dans ma tête, la nuit où j'avais été violée revenait me hanter, je fermais les yeux juste après que Kakeru me fixait, je tremblais. J'ouvrais pourtant à nouveau mes yeux et fixait à mon tour le garçon.

"J'espère que tu ne t'as pas cru ne serait-ce un seul instant que tu allais quitter l'appartement sans qu'on ait rien fait pour s'amuser, hein ?"

Il semblait si sérieux, son regard en disait long, un regard encore plus intense, j'en avais des frissons, je ne savais pas si il me testait ou quoi... Son emprise sur mes bras commençait à me faire mal, j'essayais d'me dégager mais en vain.

" Arrête. Lâche moi !"

J'essayais d'me débattre, là j'avais de plus en plus peur, mes jambes allaient me lâcher, je sentais mes yeux me piquer, j'sentais encore ces foutues larmes revenir... Au secours...