A&A ∆ Don't burry me, don't let me down.

J'avais pensivement fixé la tête de lit avant de fermer les yeux pour me concentrer sur les battements du cœur d'Apple, qui commençaient un peu à se calmer. L'émotion intense et la peur se calmait peut-être à petit et nous permettait de retrouver une certaine sérénité. Sauf à moi. Comment pourrais-je être serein ? Ma jalousie était toujours là. Elle m'avait fait penser qu'il y avait un risque avec Hendrix, en arrivant à l'appartement... En tout cas je l'avais perçu comme ça. Je relevai finalement la tête en l'entendant me proposer de parler, de lui dire ce que je pensais. Elle voulait communiquer et ce fut à mon tour de pincer les lèvres et craindre de dire une parole de travers... Je baissai les yeux vers ses lèvres un moment avant de reposer ma tête sur sa poitrine. J'y étais bien. J'étais avec elle... J'ai peur, c'est tout. Aw on pouvait pas être plus explicite, au moins. Je soupirai longuement et refermai les yeux. J't'en fais tellement baver. Tu devrais mériter d'être libre et au lieu d'ça... Au lieu de ça, j'me découvre une jalousie maladive, et j'me dis qu'je supporterais pas que t'ailles voir alors... Alors que toi tu m'l'autorises. Ce serait légitime. Haussant doucement les épaules, je pris sa main dans la main et la levai pour que ses doigts puissent caresser mes lèvres. J'ai pas le sentiment de t'mériter Apple... T'es trop parfaite pour moi. Comment pourrait-il en être autrement ? Elle m'offrait tellement de choses que je ne me sentais pas capable de lui offrir en retour. Oui, j'lui donnais des trucs... oui, c'était avec moi qu'elle voulait être, et oui j'étais amoureux, mais était-ce vraiment pour le mieux ? C'était affreux de se sentir pris entre deux feux comme ça. De ne pas vouloir la laisser me glisser entre les deux, mais en parallèle, ne pas me juger digne de l'avoir. Un peu comme un « Si je ne t'ai pas, personne ne t'aura », finalement. Ouais... j'étais en plein dedans.

Pourtant, il n'y avait aucune chance avec Hendrix... nos ébats ont démarrée à la base parce qu'on se sentait seuls, parce qu'on se comprenaient... mais qu'est-ce que je devais fuir maintenant ? J'étais de nouveau en couple avec Andy... Certes, je n'avais pas l'exclusivité sur tout, mais je l'avais sur la majorité. Et franchement, tant que je l'avais lui, les détails m'importaient peu. Enfin… J’allais certainement m’étouffer dans ma jalousie et avoir constamment peur que finalement, il réalise qu’Briony le suffit à elle toute seule… Mais je voulais prendre le risque. J’savais que j’étais capable de tout pour lui.
Je l'écoutais parler... me dire ce qu'il avait sur le cœur : il était jaloux malgré tout. Il avait peur que je tombe amoureuse d'un autre... et même si je galérais à trouver un moyen de lui prouver que ce n'est pas possible, je trouvais ça mignon qu'il soit aussi... protecteur, possessif, hum. Je caressais encore une fois les cheveux de mon mari et déposai un bref baiser sur ses cheveux. Andy... C'n'est pas une question de mérite. J’pense qu’au stade où on en est… On a tellement tout vécu. Nos hauts, nos bas… C’n’est pas pour rien que mon cœur ne cesse pas de battre pour toi, et réciproquement. Ce n’est pas pour rien que j’m’accroche encore à toi même si tu crois, même si peut-importe qui croit, que tu ne me mérites pas...  Le cœur a ses raisons… Et franchement ça me fait du bien de le suivre. On s'en fou des principes... Après tout, on est le couple le plus déluré, le plus original de Harvard... On s'tape des concours de rots et on fait l'amour dans une montgolfière. Jusqu'à maintenant, on ne s'est jamais soucié de l'avis des autres sur notre relation... Pourquoi est-ce qu'on commencerait ? Je glissais mes mains jusqu'à ses épaules et remontai l’une d’entre elles à sa joue. T'as rien à craindre... j'te le promets. Dis-moi juste comment te l'prouver. Je me penchai pour lui déposer un léger baiser sur les lèvres.

J'me fichais bien de c'que les autres allaient penser... D'ailleurs, heureusement que je m'en foutais, parce que ça ne serait probablement pas très beau. Le con qui trahit Apple, s'voit offrir une seconde chance et profite d'Apple pour l'avoir tout en la trompant encore. Un véritable enculé, et pourtant... Pourtant, dans les coulisses de la scène, tout était tellement différent. Apple était pleinement consentante et moi j'avais peur de la blesser encore. J'voulais être avec elle mais pas lui faire du mal, or je savais que ces deux points étaient indissociables et Apple préférait souffrir qu'être sans moi. On allait se faire juger. Certains trouveraient ça beau, d'autres stupide... Mais peu importe. L'essentiel, c'était ce que nous, on pensait. J'esquissai malgré tout un léger sourire en sentant de nouveau sa main caresser mes cheveux mouillés, puis ses lèvres déposer un baiser sur ma tête. J'étais bien et mal à la fois. Bien d'être avec elle, mal avant même de la faire souffrir parce que j'savais que ça allait arriver. Je rouvris doucement les yeux quand elle me répondit, fixant la tête de lit en me concentrant sur ce qu'elle disait. On s'en fout des principes, le cœur a ses raisons... J'aurais mieux fait de bâillonner mon cœur quand il m'avait exprimé ses raisons d'aimer Briony aussi, tiens. Ça nous aurait évité une masse de problèmes vraiment conséquente. Je fronçai les sourcils en entendant ses dernières paroles, sa main sur ma joue alors que je relevais la tête pour planter mon regard d'acier dans le sien. Me le prouver ? Sérieusement ? Je secouai doucement la tête de gauche à droite. Apple t'as plus rien à me prouver depuis bien longtemps. S'il y a quelqu'un sur cette terre qui m'aime inconditionnellement, c'était bien elle et je n'en douterais pas. J'avais pas besoin qu'elle me "prouve" quoique ce soit. Elle était libre. Je me redressai un peu pour l'embrasser de nouveau tendrement, refermant les yeux au contact de ses lèvres sur les miennes. J'étais le problème, pas elle, elle avait rien à prouver.

Ouais, on allait se faire pointer du doigt c’est sûr. Je le voyais arriver de très loin. Les réflexions qu’on allait me faire… Là tout de suite, je pensais à Romane. Il serait le premier à me dire qu’je prenais une mauvaise décision, que je ne devrais pas me laisser marcher sur les pieds ou quoi. Puis Roxanna… Je me demandais comment elle réagirait. Après tout, elle avait failli me perdre « à cause de lui » et je lui laissais encore malgré tout une chance. Je ne sais pas… Je ne savais pas ce que mes amis allaient en penser… Ça ne me faisait pas peur. J’étais sure de moi : rien ne me ferait autant souffrir que de vivre ma vie parallèlement à Andy sans ne jamais voir nos chemins se croiser. Me le prouver ? Oui Andy, prouver. J’étais prête à ce qu’il me demande d’balancer n’importe quoi à la gueule d’Hendrix, si c’était pour le rassurer. J’étais prête à porter une caméra dans ma culotte, merde ! N’importe quoi. J’voudrais pas que ça foire... Apple t'as plus rien à me prouver depuis bien longtemps. Et soudainement… un poids très lourd est disparu de mes épaules. J’avais tellement, tellement peur depuis qu’il m’avait traité de tous les noms, tellement peur d’avoir perdu sa confiance… et finalement non, elle est encore bien là. Je sentais mon cœur battre très fort, je restais immobile. Andy se redressa pour m’embrasser de nouveau et je glissai ma main sur sa joue. Le baiser ne dura qu’un court instant, puisque j’avais quelque chose à ajouter : Andy... j'veux pas signer les papiers de divorce... j'veux pas que t'arrête de me protéger... Comme il avait protégé Briony, le vendredi avant ma tentative. J’acceptais que Briony ait droit à une partie de lui, mais je refusais de passer au second plan… Je le regardais droit dans les yeux et me pinçais les lèvres. Et je ne veux pas que t’ai pitié de moi. J’veux que tu me laisses être là pour toi quand tu vas mal… ne me laisse pas me tourner les pouces alors que t’as besoin de moi. Très, très grande référence à Keanu. Je m'en voulais encore ÉNORMÉMENT de ne pas avoir pu être là pour lui... et au fond, ça me tuais encore, à me bouffais de l'intérieure de n'avoir rien pu faire.

Elle voulait pas signer les papiers de divorce, et désormais, je ne voulais plus non plus qu'elle le fasse de toute manière. On va pouvoir les brûler ces papiers. J'esquissai un sourire, caressant son nez avec le mien. Que j'n'arrête pas de la protéger.. C'est certain que dernièrement j'avais arrêté, aveuglé par la rancoeur, la jalousie et la culpabilité, la colère et la douleur... Merveilleux cocktail qui m'avait fait protéger Briony et pas Apple. Je dirais même, qui m'avait fait protéger Briony et enfoncer Apple... Mais ça ne se reproduirait pas. J'te protègerai. J'suis là, maintenant... Je baissai les yeux vers ses lèvres, puis les remontai à son regard pour m'y plonger. Je sentis mon coeur louper un battement quand elle me demanda de lui parler quand j'allais mal, de ne pas la laisser en retrait... Déglutissant péniblement, je posai presque immédiatement mon regard sur le tatouage qui entourait mon bras et me rappelait Keanu, de même pour la phrase hawaïenne que j'avais sur l'intérieur du poignet. Je me redressai lentement, jusqu'à être assis à califourchon sur elle, lèvres pincées. Apple... Comment j'peux dire ça ? Je laissai un léger silence s'installer, prenant sa main dans la mienne pour la serrer doucement. J'suis mal tout l'temps, Apple. J'ai pas envie d'en parler parce que j'y pense déjà tous les jours et je déballe déjà tout ce que j'peux devant mon psy. Je fixais intensément nos mains jointes, comme absorbé par cette observation alors que c'était plus un échappatoire qu'autre chose. J'ai besoin d'toi tout le temps. Pour m'sentir mieux, pour penser à autre chose, pour oublier. Et de Briony, aussi... Je sais que ma dépression a joué un rôle majeur dans notre rapprochement, bien malgré moi. Je finis par affronter son regard de nouveau, haussant les épaules.N'attend juste pas de moi que je fasse le premier pas pour en parler...

Les papiers de divorce… J’y avais songé moi-même pour lui laisser totalement sa liberté, s’il le voulait… Puis la mort de Keanu… bref, je ne pouvais tout bonnement pas lui donner les papiers alors qu’il avait beaucoup, beaucoup d’choses plus importantes à penser. Puis j’ai eu la brillante idée de m’excuser à Briony… Quelle conne, sérieux. J’aurais dû me douter qu’elle était égoïste au point d’étendre sa jalousie partout et surtout en balançant à Andy ce que je lui avais poliment demandé de garder le secret jusqu’à ce que je lui en parle moi-même à un moment plus approprié. Ouep, c’est ça. J’la trouvais égoïste Briony. Parce que j’lui avais demandé pardon alors qu’elle m’avait littéralement piqué mon homme… c’était un très gros effort pour moi de faire ça, elle aurait pu se la fermer et ne rien dire à Andy… C’est la seule chose que j’lui demandais, et en plus c’était tout à fait dans l’intérêt de l’homme qu’on aime toutes les deux. BREEEEEF, je dis ça pour quoi moi déjà ? Ah ouais. Il est venu avec l’idée de me divorcer lui-même… Et là, ce fut un choc. Je m’en voulais déjà assez à propos d’Hendrix pour m’excuser à la maîtresse de mon mari, mais là c’était pire ! J’avais une chance de me rattraper, et je voudrais que cette chance-là soit en tant que Mlle McDougall. On va pouvoir les brûler ces papiers. Oui, brûlons-les. Faisons un feu de joie ! Dansons autour comme de vrai amérindien mais putain… Je veux qu’ils disparaissent. J'te protègerai. J'suis là, maintenant... Mon cœur… il va me lâcher, je vous jure. Je me sentais fondre, à la limite de ronronner tellement j’étais contente. Ça n’arrivera plus. Andy était à moi (et à Briony mais on s’en FOU là, c’est mon happy ending *pan*) et il n’arrêtera pas de me défendre.

J’essayais de respirer tranquillement pour calmer mon rythme cardiaque… Je regardais Andy, léger sourire aux lèvres et lui demandai une dernière chose : De ne pas me fermer la porte au nez. J’suis sa femme, une amie, pas une inconnue ! Apple... J'suis mal tout l'temps, Apple. Je n’ai pas envie d'en parler parce que j'y pense déjà tous les jours et je déballe déjà tout ce que j'peux devant mon psy. Au moins, il en parlait. Je baissais les yeux vers le matelas, un peu déçu… Mais à la fois compréhensive. Je ne parlais pas beaucoup de mes problèmes, moi non-plus. Sauf que moi, je n’en parlais pas à un psychologue. J'ai besoin d'toi tout le temps. Pour m'sentir mieux, pour penser à autre chose, pour oublier. Au secours, mon cœur. J’vais mourir. Il me regardait avec ses yeux bleus-là, tout était devenu tellement sérieux tout d’un coup, que l’envie de pleurer était revenu. Il est mal… tout l’temps. Il a tout le temps besoin de moi. Alors comment est-ce qu’il pouvait paraître aussi fort ? Tellement fort. Au point que j’ai même cru qu’il ne m’aimait plus… Putain, j’avais les larmes aux yeux, quelle conne. C’pas moi qui doit pleurer, c’est lui. Pourquoi est-ce que je pleure ? Merde. N'attend juste pas de moi que je fasse le premier pas pour en parler... Le premier pas ? Ok… Je me mordais la lèvre avant de foncer. Ok... Alors je peux te poser des questions ça veut dire ? Oui, si je vois qu’il ne va pas bien et que je fais le premier pas, c’était permis non ? Il n’aurait qu’à me répondre honnêtement. Je me glissais à côté de lui pour m’allonger, la tête sur son torse. Je remontai mon regard sur le nouveau tatouage de son bras et le traçai avec le bout de mes doigts. C'est quoi, ces nouveaux tatouages ?

Je sais pas. J'pensais pas à en parler... parce que j'faisais tout pour oublier. C'était mal. Et c'était pour ça que j'avais des tendances vers l'alcoolisme... Quand j'essayais d'oublier, mais que j'y arrivais pas... La bouteille devenait ma plus fidèle amie, elle, elle y parvenait toujours à coup sûr. Apple semblait touchée par ce que je venais de lui dire, ses yeux s'étaient embués, il me semblait qu'elle avait envie de pleurer pour moi. Je me mordis la lèvre inférieure et m'apprêtais à changer de sujet, non pas pour éviter encore d'en parler, mais parce je ne voulais pas qu'elle se rende mal, on avait le temps et mieux valait qu'on profite pour ce soir... Mais elle en décida autrement, me demandant confirmation sur le fait qu'elle avait le droit de poser des questions. J'acquiesçai d'un signe de tête et elle se redressa, m'allongeant sur le lit et posant sa tête sur mon torse. Je frissonnai en sentant Apple caresser mon nouveau tatouage du bout des doigts, relevant les yeux vers le plafond en cherchant mes mots. C'est Keanu... Fermant les yeux quelques secondes pour essayer de mettre de l'ordre dans ma tête, je pris une grande inspiration. On s'était promis tous les trois à la mort de Stan qu'on serait toujours là. Alors... j'me suis arrangé pour qu'il soit toujours avec moi. Les battements de mon coeur s'étaient faits rapides et forts, à expliquer comme ça la signification de ces nouveaux tatouages qui me faisaient autant de bien que de mal. Ken était toujours là mais chaque regard posé sur mon bras me rappelait que c'était le dernier cadeau que je pouvais lui faire. Un hommage gravé dans ma peau. Je levai le poignet pour montrer la phrase en hawaïen à Apple. Ça veut dire forever and ever, en hawaïen. J'avais la gorge sèche à nouveau, nouée, l'estomac qui se tordait dans tous les sens à évoquer ainsi la mort de mon meilleur ami. Déjà un mois qu'il était parti... un putain de mois. J'réfléchis à ce que j'pourrais faire pour Stan... J'avais mal au coeur, regardant mon poignet avant d'inspirer longuement à nouveau en refixant le plafond. J'avais l'automatisme de retenir mon souffle quand je parlais d'eux. Pourquoi ? J'en avais pas la moindre idée... sans doute parce que c'était la comparaison qu'Anya avait faite après que Stan soit parti. Anya et Ken étaient mes deux poumons et j'en avais perdu un...

J’avais le cœur au bord des lèvres, j’avais envie de pleurer, mais je ne pouvais pas… J’devais persister, comprendre ce qui lui arrivait. C'est Keanu... J’aurais pratiquement pu deviner que c’était Hawaïen, ce qui avait d’écrit sur son poignet. J’aurais pu deviner que c’était à propos de lui. On s'était promis tous les trois à la mort de Stan qu'on serait toujours là. Alors... j'me suis arrangé pour qu'il soit toujours avec moi. Wow… le geste, me laissait sans mots. Je l’écoutais parler d’une oreille, et écoutait son cœur de l’autre. Ça veut dire forever and ever, en hawaïen. J’voulais pas en savoir plus… finalement. Mon cœur se déchirait en mille morceaux, rien qu’à imaginer le quart de la douleur qu’il devait ressentir. Ça avait été difficile pour moi rien que d’annoncer la mort de Stan à Anya, parce que je sais exactement ce qu’il représentait pour eux… Alors perdre Keanu… un deuxième membre de leur groupe tout aussi important… C’était atroce. J'réfléchis à ce que j'pourrais faire pour Stan... J’aimerais l’aider, vraiment. Mais c’est quelque chose qui doit représenter leur amitié, et je n’avais rien à voir là-dedans. J’étais, cela dit, fière de lui. Il avait trouvé un moyen de leur rendre hommage et de les avoir partout avec lui… Je souriais légèrement, essuyant avec l’un de mes doigts les larmes qui avaient coulés sur mes joues. Ce qu’il disait était tellement touchant. Je me redressais alors, embarquant sur lui à califourchon et me penchai pour l’embrasser doucement. Merci... Merci Andy. De me l’avoir dit, de me laisser une chance d’en connaître un peu plus sur ce que tu caches. Je glissais ma main dans ses cheveux pour le caresser… Je ne savais pas quoi dire. Il était brave, courageux, il était loyal. Et ce genre de qualité me rendait encore plus folle de lui. J'ai un peu froid... Nous étions encore nus après tout, sur la couverture. D’ailleurs on ne serait pas dans la chambre d’Anya là ? Je lui donnais l’occasion de changer de sujet s’il en avait envie… Parce que même si je voulais qu’il s’ouvre à moi, je voulais encore plus lui changer les idées et être là pour lui.

Ça me faisait bizarre, mais pas forcément du bien, de parler ainsi de la mort de Keanu et de Stanislav. Les évoquer de la sorte ne faisait que me rappeler qu'il n'y aurait plus moyen pour moi de les revoir. C'était un voyage sans retour possible. Vous savez que j'avais déjà songé à me mettre à la convocation des esprits ? Y en a qui disent que ça marche, d'autre que ce ne sont que des mensonges... Alors j'avais fouillé sur internet, j'avais cherché les tables rondes, les bougies, les rituels, c'genre de conneries. Ouais, j'étais tombé si bas que ça mais j'avais imaginé l'espace d'un instant que ça pourrait me permettre de les retrouver... J'ne serais probablement plus jamais le même, maintenant qu'on m'avait arraché deux parts de moi. Apple n'insista pas, se redressant pour être à califourchon sur moi et embrassant mes lèvres en me remerciant pour me confier à elle. Si ça pouvait l'aider à se sentir moins inutile et moins impuissante... Je lui offris un faible sourire, alors qu'elle tentait de dévier le sujet de conversation en me disant qu'elle avait un peu froid, et en me demandant si c'était le lit d'Anya. Et de Kenny, par extension. Effectivement, c'est pas mon lit. Le mien, y avait Coraleen qui dormait à côté. Parcourant le corps de la jeune femme avec mes doigts, je pinçai les lèvres. Met-toi sous les draps, j't'y rejoins et j'vais m'occuper de te réchauffer si tu veux, j'ai pas fini tout à l'heure. Glissant une main dans sa nuque, je l'attirai jusqu'à moi pour l'embrasser passionnément mais brièvement, retirant ma main et la relâchant totalement, un sourire en coin et attendant qu'elle aille se planquer sous les draps. Merci à elle aussi d'avoir dérivé le sujet comme ça pour me permettre de penser à autre chose... Et puis, c'était déjà beauuucoup moins déplaisant, de penser à ce que je pourrais bien faire pour qu'elle n'ait plus froid.