Fail fail fail fail fail fail fail et… fail ! Putain comment est-ce que je pouvais être aussi nulle pour communiquer ? Comment est-ce que, mes paroles qui auraient dû lui faire plaisir, sont devenue une raison de plus pour se disputer ? J’me sentais mal. Andy était à fleur de peau ou alors c’est moi qui suis vraiment nulle à chier pour s’exprimer. Tu te contredis toute seule, qu'est-ce que tu veux que j'te dise ? Tu m'dis d'abord que tu t'sens mieux ici qu'en Thaïlande et maintenant t'essaies de rattraper ton fail en me disant que ce n'est pas comparable ? Alors que t'en as toi-même fait la comparaison. Ah bon, j’me suis contredis ? Je ne sais pas… Je ne m’en suis pas rendu compte, puisque j’ai la même chose en tête depuis tout à l’heure. Pour moi Hawaï et Thaïlande sont tous les deux différents, je pouvais me reposer à Hawaï alors qu’en Thaïlande y’a toujours eu un truc pour faire chier nos beaux moments, aussi nombreux soit-il. Je regardais Andy rentrer et sortir de la pièce, il m’étourdissait à bouger autant. Quand t'auras fini de péter mes moments romantiques fais-moi signe, j'vais fumer sur la plage ça va m'détendre. « Mes » ? Comment ça au pluriel ? Tout à l’heure il avait vraiment eu une envie de romantisme ? J’croyais qu’il plaisantait quoi… Je me pinçais les lèvres en le regardant quitter la chambre et j’enfouis mon visage entre mes mains. Gé-nial. Il n’a pas tort, Hawaï me fait aussi penser à Thaïlande finalement, vu comment j’réussi à tout casser. Après quelques minutes de réflexion j’allai le rejoindre à l’extérieur, prenant le soin de bien fermer la baie vitrée. Le mieux à faire ? M’excuser. ... T'as raison Andy... J'suis désolée, j’me suis emportée. Je déglutis et baissais les yeux vers le paquet de cigarette en me disant que ça ne servirait à rien de m’expliquer, j’étais incomprise. Bébé, pardonne-moi... Oublie c’qui viens d’arriver. On était tellement bien.

A peine sorti à l'extérieur, j'avais chaud. Nous étions après tout au beau milieu de l'après-midi, à Hawaï, à l'approche de l'été. Autant dire qu'il faisait particulièrement chaud en gros, surtout en plein soleil. Je m'étais assis, mais trop nerveux pour rester en plus, je m'étais finalement levé de nouveau pour aller traîner les pieds dans l'eau fraîche, frissonnant mais ça me faisait énormément de bien. Au moins, je pensais à autre chose, regardant par terre alors que je marchais tout en portant régulièrement ma cigarette à mes lèvres. J'essayais de me détendre un peu en me concentrant sur l'eau, puis une fois un peu plus détendu, j'allai m'asseoir sur le sable face à l'immensité d'eau devant moi. C'était impressionnant mine de rien, de se retrouver seul face à l'océan, on se sent... tout petit. Je fus tiré de mes pensées par Apple qui venait de s'asseoir près de moi, baissant les yeux vers mes pieds sans la regarder. Elle s'excusait. Mais c'était quelles excuses ? Les sincères, ou celles qui étaient là uniquement pour arranger la situation ? Je pinçai les lèvres, regardant l'eau sans répondre alors qu'elle insistait, je soupirai doucement, évacuant ce nuage grisâtre de fumée de mes poumons. Tu pensais vraiment c'que tu disais ? Les imprévus de la Thaïlande avaient vraiment gâché ses souvenirs là-bas, à ce point-là ? A mes yeux, Hawaï ne rivalisait tellement pas... J'étais bien, oui... Mais tout ce qu'on avait à Hawaï, ça avait démarré en Thaïlande, ou presque. La Thaïlande c'était le point de départ... Un peu comme un acteur qui commence avec son premier film, qui est un succès, et crache dessus pour le film suivant qui a encore plus de succès. Alors qu'au final, le premier a engendré le deuxième... La Thaïlande, c'était la base pour nous.

J’voulais m’faire pardonner oui. Je ne voulais pas me disputer avec lui, loin de là. On était tellement bien tous les deux et il fallait que je vienne tout gâcher même en essayant de suivre le mouvement de romantisme. C’est tout con… Mais j’m’en veux. Il avait sans doute l’impression là que j’avais une mauvaise image de la Thaïlande alors que ce n’est pas du tout le cas. Malgré notre rupture, j’ai tenu à suivre les autres étudiants, juste parce que ce lieu a de l’importance pour nous. Après tout, notre anniversaire est là, le sien, celui de notre mariage maintenant, nos retrouvailles… Mais je soutiens quand même que là, tout de suite, j’me sens mieux à Hawaï pour son calme. Tu pensais vraiment c'que tu disais ? Je déglutis. Ce serait mentir de lui dire que non, ce serait aussi se tirer dans les pieds. Je hochai la tête. J'le pensais, oui... Je me pinçais les lèvres, un peu nerveuse. J’avais peur de tout faire foirer encore. Mais avec du recul... J’me rend compte que j’ai négligée nos souvenirs, au profit de comment j’me sent bien, là tout d’suite. Aveuglé par le moment présent, j’ai sans doute eu l’impression de vivre un instant mieux que les précédents. Mais au fond, le passé, le présent, le futur… Peut-importe le pays, c’est la même chose. Tant que j’étais seule avec lui, je passais forcément un moment fantastique.

"J'le pensais, oui." Je tiquai, fixant droit devant moi et sans relever pour autant, de toute manière elle savait ce que j'en pensais. Apple reprit cependant bien vite et d'une petite voix, sans doute de peur de chatouiller encore mes nerfs et déclencher la bombe que je semblais être ces derniers temps, prêt à exploser à la gueule du premier qui me titillerait un peu trop. Je reportai mon attention sur elle à ses paroles, la fixant en silence quelques secondes. Je crois aussi. Niveau compassion, on pouvait aisément faire mieux pour le coup. Je tirai sur ma cigarette et soufflai de nouveau avant de l'écraser dans le sable. Apple, j'veux pas qu'on tombe dans la routine. Après tout la routine, c'était la pire ennemie des couples. Pire encore que l'adultère finalement. Ouais, j'essayais de me consoler un peu au passage. T'étais en train d'me dire que t'étais mieux ici qu'en Thaïlande... Parce qu'aujourd'hui on est posés, contrairement à la Thaïlande où on a fêté pas mal de trucs et où on a eu nos hauts et nos bas. Je regardai encore le sable quelques instants avant de relever les yeux vers Apple. Si on est posés aujourd'hui, c'est parce qu'on a traversés plein de trucs et qu'on a su aller de l'avant, et beaucoup de choses qui se sont passées ont été en Thaïlande. Si tous les jours ressemblaient à nos vacances ici... on serait pas les mêmes Apple. Et la passion serait probablement moindre aussi. Essaie de ne plus l'oublier...

- Je crois aussi. Hum… Je ne savais pas quoi ajouter, j’allais le laisser continuer. Apple, j'veux pas qu'on tombe dans la routine. Routine… ? Ce n’était pas le cas, ce n’était pas non-plus ce que je souhaitais. Mais j’avais beaucoup de mal à imaginer qu’Andy et moi on puisse un jour tomber dans une routine. Depuis un an il y a des hauts et des bas et c’est impossible de s’arrêter quelques minutes rien que pour profiter du temps. T'étais en train d'me dire que t'étais mieux ici qu'en Thaïlande... Parce qu'aujourd'hui on est posés, contrairement à la Thaïlande où on a fêté pas mal de trucs et où on a eu nos hauts et nos bas. … Je baissais les yeux, pensive. Si on est posés aujourd'hui, c'est parce qu'on a traversés plein de trucs et qu'on a su aller de l'avant, et beaucoup de choses qui se sont passées ont été en Thaïlande. Si tous les jours ressemblaient à nos vacances ici... on ne serait pas les mêmes Apple. Et la passion serait probablement moindre aussi. Essaie de ne plus l'oublier... Et toc, Andy remporte le match. C’est fini, j’suis convaincu. Je levai les yeux et souriait légèrement, en hochant la tête. Je n’avais pas vu ça sous cet angle-là… Et c’est vrai que la Thaïlande nous avait rapporté beaucoup plus de bien que de mal au final. Je m’approchais de mon mari, la gorge un peu nouée. C’est fou, mais je ne m’attendais pas à c’qu’on se prenne la tête autant pour Thaïlande… Certes, c’est vraiment nul mais d’un autre sens, ça me donnait des papillons au ventre de me dire qu’il y tenait autant. Wow… Je riais à voix basse… J'ai tellement d'chance. Je passais ma main sur mon visage avant de me glisser dans ses bras, rapidement.

Apple ne disait plus rien face à ce que je lui disais. Oui, on passait de bons moments à Hawaï, mais j'espérais vraiment que notre vie entière ne serait pas comme ça désormais... J'aimais notre rythme de vie en Thaïlande. Peut-être un peu trop effréné par moments c'est vrai. Ça n'avait pas été facile de tout surmonter et notre amour avait été mis à rude épreuve de nombreuses fois, on s'était fait du mal mais toujours pour mieux se retrouver, au final... Et c'était ça qui faisait notre force, on n'abandonnait pas en dépit de ce qui nous arrivait, et le fait que notre couple soit constamment testé nous avait permis d'être plus proches que jamais et de nous aimer toujours plus. Elle se glissa dans mes bras, me disant qu'elle avait de la chance et me laissant dans l'incompréhension totale. J'attendais des informations, des explications sur son geste et ses paroles, mais rien ne venait. Je refermai doucement les bras sur elle pour la serrer dans mes bras. Pourquoi de la chance ?

Comment est-ce que je me sentais ? Je ne sais pas. Soudainement j’ai ressenti des papillons dans mon ventre, tout simplement parce qu’il me parlait de passion, de lourdes épreuves, de Thaïlande, de nous… Je voyais Andy me parler de travail, d’amitié, d’études, de famille et dernièrement, de malheur… Mais d’amour ? Pas que c’était rare, mais disons moins courant. Pourquoi de la chance ? Andy me serra dans ses bras également, il ne comprenait pas et c’était tout à fait normal. À vrai dire, je ne comprenais pas trop non-plus. L’envie de lui faire un câlin m’est venu comme ça sans que je le voie arriver. Des gens passent leur vie à trouver l'Amour avec un grand A et moi, j'l'ai sous les yeux depuis l'début. Puis... c'que tu m'dis me fait plaisir, on est sur la même longueur d’onde. Je me mordillais la lèvre en fermant les yeux, puis en le serrant un peu plus fort contre moi. Roooh pis... Ne cherche pas à comprendre... J'suis juste vraiment honorée d'être ta femme.

Je serrais Apple dans mes bras, au fond de moi soulagé que ça se soit arrangé entre nous en dépit de mon sale caractère, j'aurais pu faire la gueule encore un moment mais je n'en avais pas envie. Je fermai les yeux en l'écoutant parler, un léger sourire se dessinant sur mes lèvres. Déposant un baiser sur sa joue, je lui répondis. Chuis sous ton nez depuis le début mais t'as mis l'temps pour me voir quand même ! Un peu plus de vingt-ans. Je l'embrassai doucement, ce n'était pas comme si je lui en voulais vraiment et quoiqu'il en soit, j'étais le premier à dire que notre relation n'aurait probablement pas été la même si nous nous étions mis ensemble plus tôt. Je t'aime Apple. Tu n'imagines même pas à quel point. Mon regard accrochant le sien, je caressai doucement sa joue puis admirai son visage en silence. Si elle était honorée, j'étais quoi moi ? Y a quoi de plus fort que l'honneur ? Y avait pas de mot pour décrire ce que moi je ressentais.

La tempête est passée et c’était plus qu’encourageant. J’avais eu peur que notre dérapage gâche notre voyage qui commençait si bien après tout. Finalement, du recul et des excuses avaient réussi à arranger les choses, fort heureusement. Mon mari m’embrassa la joue. Chuis sous ton nez depuis le début mais t'as mis l'temps pour me voir quand même ! Bah oui… J’avais mis du temps, j’ai eu plusieurs petits amis avec lui et c’est ce qui rend l’truc encore plus impressionnant. Je l’avais sous les yeux, durant tout ce temps et j’ai passé 20 ans de ma vie à chercher. C’est comme avoir le truc qu’on cherche depuis 2h dans la main, y’a de quoi se sentir un peu con ! Au moins j't'ai vue... ! J’me demande comment on serait là, s’il n’avait pas dormi dans ma chambre le soir de la journée rénovation. Peut-être que le prochain train aurait été dans 5 ou 10 ans, qui sait… Je t'aime Apple. Tu n'imagines même pas à quel point. Mh… juste l’entendre dire me réchauffait le cœur et de nouveau les papillons se sont remis à voler dans mon ventre. Je lui offris un léger sourire en coin et posai ma main sur sa joue. Si c'est comme c'que j'ressens pour toi... j’comprends J’étais prête à mourir pour lui… littéralement. Je pourrais m’ôter la vie sans y réfléchir s’il le faisait, tout simplement parce qu’on ne sépare pas deux âmes sœurs. J’eus les larmes aux yeux rien qu’à y penser et me détachai de lui.

Ouais.. Au moins, elle m'avait vue. Je l'attendais depuis l'adolescence, combien de temps est-ce que je l'aurais encore attendue ? Est-ce qu'on aurait réussi à se trouver, si les mathers n'avaient pas saccagé l'Eliot House, que les Cabots n'avaient pas apporté leur aide... Est-ce qu'on en serait là aujourd'hui ? Peu importe à l'arrivée, nous en étions là, on était parents et mariés, c'était tout ce qui comptait vraiment je crois. Je passais ma main sur sa joue et glissai mes doigts sur ses lèvres, l'admirant et sentant mon coeur battre à sa réponse, elle m'aimait tellement elle aussi, je voyais parfaitement tout ce qu'elle faisait pour moi et je ne doutais pas que je ne pourrais trouver personne qui m'aimerait autant qu'elle. Je vis ses yeux s'embuer et un léger sourire fleurit sur mes lèvres alors que j'encadrais son visage avec mes mains. Heey mon cœur, t'es sensible... Je plaquai de nouveau mes lèvres sur les siennes en effectuant une légère pression, j'étais heureux d'être ici et avec elle... pourvu que ça dure.