CALHEN/SOFIA ❝ It's not really a vacation, right ?❞

Je reprenais peu à peu mes esprits. Oui, nous avions eu chaud ! L'espace d'un instant, j'avais pensé que je ne m'en sortirais pas. J'avais aussi mis Calhen en danger puisqu'il avait été obligé de plonger pour venir me chercher. Alors, si, la moindre des choses c'était que je le remercie, même si il disait que je n'avais pas à le faire. Je remarquais qu'il s'était blessé, mais Calhen m'affirmait qu'il ne s'agissait que d'égratignures. Je le voyais ensuite fouiller dans son sac pour venir m'apporter des vêtements. Des vêtements qui n'étaient surement pas à ma taille, mais il avait raison, ça serait certainement mieux que de rester toute mouillée. Je le remerciais. De toute façon, ce n'était pas ce qui me préoccupait le plus. Je réalisais que ne pas avoir mes médicaments était la chose qui m'inquiétait le plus. Étais-ce la preuve que j'avais vraiment touché le fond ? - " Je sais. Le problème c'est que j'avais tout là- dedans. " - Dis-je, visiblement ennuyée par la situation - " Tu te retournes ? " - Demandais-je afin de pouvoir enfiler les vêtements secs qu'il m'avait prêté. Je n'allais pas me changer sous ses yeux, bien que Calhen était plutôt du genre à me voir comme sa "petite sœur" alors il n'allait pas me reluquer. Je me changeais tandis-ce que son attention était portée ailleurs. Les vêtements étaient effectivement trop grands pour moi, mais cela m'importait peu. J'en profitais aussi pour tenter de me recoiffer les cheveux et je les attachaient en queue de cheval. Je fouillais ensuite dans les poches de mon jean trempé. Dès fois que... mais non, je n'avais pas mis mes comprimés dans mes poches de jean, ils étaient dans celles de ma veste. Je soupirais légèrement. Je trouvais cependant mon téléphone portable, mais il n'avait pas survécu à la noyade, évidemment.

Oui je me doutais qu'elle avait toutes ses affaires là dedans. En même temps, je venais de me rendre compte que c'était plutôt une bonne chose. Je n'allais pas avoir besoin de fouiller ses affaires pour trouver ses comprimés. C'était un bien pour un mal. J'avais des fringues de rechange qui pourraient la dépanner le temps que ses affaires sèchent. Et puis, de toute façon, nous allions devoir faire des lavages réguliers comme à chaque fois que nous partions. A sa question, je répondis: « Bien sûr! » Je me tournais, la laissant se changer. Je baissais les yeux sur le sol. La silhouette de Sofia se détachait sur la terre grâce au soleil. J'allais devoir faire pareil. J'avais les vêtements qui me collaient au corps et ce n'était pas très agréable. Puis une fois la miss changeait, je pouvais enfin me retourner. Les vêtements étaient trop grands oui mais bon, elle n'avait pas du tout l'air ridicule. Je la voyais sortir son téléphone portable, bien sûr, il était h.s. Le mien était dans mon sac à dos, heureusement. « Je vais me changer. Tu n'as pas trop froid comme ça? » Je prenais un nouveau t-shirt dans mon sac, et je me changeais, retirant le t-shirt mouillé ainsi que mon short et mes chaussettes. Je me retrouvais en t-shirt et caleçon, pieds nus. Puis je jetais un oeil à Sofia. « On va faire un arrêt. Nous n'avons pas le choix. Ça nous permettra de faire sécher nos vêtements. » Il y avait de gros rochers près de nous, exposés au soleil. Je venais y déposer nos vêtements. Puis je jetais un oeil à Sofia. « Tu es sûre que ça va? » Je jetais ensuite un œil à mes bras. Le sang coulait encore. Il fallait mettre quelque chose sur ses plaies. Je me dirigeais alors vers mon sac pour y sortir la trousse de secours.

" Non, ça va." - J'avais beaucoup moins froids avec ces vêtements secs qu'avec mes vêtements mouillés. Calhen décidait de se changer lui aussi. C'était plutôt désagréable de rester vêtu avec des vêtements tous trempés. Je détournais mon regard de Calhen un instant, mais lorsqu'il m'adressait la parole à nouveau, je reposais mes yeux sur lui. Je hochais la tête. J'étais d'accord avec lui. Nous n'avions pas le choix si nous voulions permettre à nos vêtements de sécher, on devait marquer un arrêt. Heureusement qu'il y avait du soleil et qu'il faisait bon, cela faciliterait le séchage - " Oui ça va !" - Mentis-je alors qu'il venait de me questionner. Mon ton avait été un peu sec sans le vouloir. C'est juste qu'en fait, ça n'allait pas. Est-ce qu'il avait senti quelque chose ou voulait t-il s'assurer que je me remettait de ce qui venait d'arriver ? J'observais Calhen qui se dirigeait vers son sac pour sortir sa trousse de secours. Je m'avançais vers lui avant d'attraper la trousse - " Laisse moi m'occuper de ça. Assieds toi. " - Je lui indiquait un rocher. Puis, je jetais un coup d’œil à ses bras. Les égratignures de Calhen n'étaient pas profondes, mais mieux valait passer quelque chose dessus pour désinfecter. A l'intérieur de la trousse de secours je prenais le nécessaire pour nettoyer les blessures. Je remarquais que mes mains tremblotaient légèrement tandis-ce que j'essayais de faire arrêter les saignements sur l'un des bras de Calhen.

Je regardais Sofia à ses dernières paroles. Puis je venais prendre place sur l'un des rochers. Je jetais un œil à mes bras. Ce n'était pas joli à voir. Je la laissais nettoyer les diverses coupures tout en jetant un œil à son visage. Elle était tendue, nerveuse et ses mains tremblaient légèrement. Panique? Pré-manque? Ou le contre-choc? Pour l'instant, je n'y faisais pas trop attention. Cela allait se gâter un peu plus tard quand le manque sera vraiment là. Une fois les coupures soignés, je remerciais Sofia et je l'aidais à ranger le reste du matériel dans la trousse. Je réfléchissais à la situation. Et cela allait être compliqué pour nous. Mais j'avais prévu une coupure franche avec le monde sauf que là, sans fringue, sans matériel ça allait être un peu plus compliqué. Je devais d'ailleurs le lui dire mais je crois que le moment n'était pas le bon. Je venais ensuite fouiller dans mon jean, enfilant un nouveau short. Je remettais mes chaussures de randonnées. Quelques heures plus tard, nous avions repris la marche. Je connais un refuge pas trop loin où nous pourrions nous arrêter pour la nuit. Mais pour cela, nous devions encore marcher. Cela faisait près de quatre heures que étions en pleine forêt. L'avantage, c'était que l'air était plus respirable mais que c'était aussi, un peu plus humide. Tout en marchant, je portais mon regard à Sofia. « Tu veux boire un peu d'eau? » Elle n'avait rien bu depuis un moment et elle risquait la déshydratation.

A mesure que les heures passaient, je me sentais faiblir. Je savais très bien de quoi il s'agissait. C'était le manque qui peu à peu commençait à se faire sentir. Cela faisait des semaines, des mois même que je prenais plusieurs comprimés par jours. Je me retrouvais maintenant dans l'incapacité de nourrir cette addiction. J'allais surement sentir passer cet arrêt brutal de prise de cachets. Depuis combien de temps avions nous repris notre marche ? Je l'ignorais. Je n'avais plus aucune notion du temps. J'étais assailli par un mal de tête effroyable. J'avais l'impression qu'on me frappait le crane avec un marteau et ce mal me donnait des vertiges. J’espérais que Calhen ne remarquerait rien. Cet état serait assez difficile à lui expliquer. Je n'allais pas réussir à faire bonne figure très longtemps - " Ouais... je veux bien..." - Dis-je lentement alors que Calhen me proposait sa bouteille d'eau. Je l'attrapais et en buvais plusieurs grosses gorgées. Bien sur, ce n'était pas ça qui changerait quoi que ce soit à mon état. Je rendais la bouteille à Calhen et passait ma main sur mon front. Je ne m'étais pas attendue à ce que ce voyage se passe ainsi, mais les choses semblaient virer au cauchemar. Je vacillais légèrement et manquais de tomber, à cause de mes vertiges - " Euh... on pourrait faire une pause ? Je meurs de chaud, j'ai besoin de m'assoir un peu, je crois." - J'avais énormément chaud. Je me demandais si c'est parce qu'il faisait vraiment plus chaud ou si c'était moi. Je jetais un œil à Calhen qui ne semblait pas avoir si chaud que cela.

Je lui tendais ma bouteille d'eau et je la laissais s'hydrater. Elle ne semblait pas aller très bien et je pensais au fait, qu'elle n'avait plus son inhalateur. Ce qui était problématique si elle faisait une crise d'asthme. Je crois qu'il était peut-être temps d'avoir une discussion, qu'elle cesse de mentir et voit enfin la réalité en face. Je la sentais faiblir sur ses jambes et je l'attrapais par le coude quand elle chancela. Je l'aidais à s'asseoir sur un gros morceau de racine d'arbre. Je lui laissais la bouteille près d'elle si elle voulait encore boire un peu. Puis après quelques minutes, assis en face d'elle, je prenais la parole. Sofia tremblait un peu et je savais que cela n'avait aucun rapport avec le climat. « Sofia, jdois t'avouer quelque chose. » J'attendais qu'elle pose son regard sur moi pour continuer. « Oxana m'a téléphoné. Elle m'a tout raconté. Et on est là pour que je puisse t'aider. » Je gardais mes yeux bleus dans les siens. Je ne savais pas si elle allait se mettre en colère. Mais de toute façon, cela n'allait rien changer. Nous étions coincés au milieu de nul part et si elle voulait s'en sortir, encore une fois elle allait avoir besoin de moi.

Calhen m'avait sans doute vue vaciller, car il venait immédiatement me soutenir, puis, il m'aidait à m'assoir. Mon regard était à moitié dans le vague. Comment allais-je m'en sortir cette fois-ci ? Je posais mes yeux bleus sur le photographe au moment où il prenait la parole. Comment ça il devait m'avouer quelque chose ? De quoi pouvait t-il être question ? Je n'arrivais même pas à réfléchir. A mesure qu'il parlait, mon visage devait être en train de se décomposer. Oxana lui avait téléphoné ? Il savait tout et il voulait m'aider ? - " Quoi ? " - J'avais pourtant très bien compris ce qu'il venait de me dire et cela ne me plaisait pas du tout. Il m'avait menti et je me sentais trahie. Je sentais la colère monter en moi. Avec le manque, j'étais incapable de rester calme -" Tu m'as piegée ! Tout ça n'était qu'un coup monté ! J'y crois pas !" - Je me relevais, chancelante, tremblante, énervée -" Et pour qui elle se prend ? Elle n'avait pas à te mêler à ça ! " - J'avais élevé le son de ma voix. Je prenais mal la chose et ça Calhen devait très clairement s'en apercevoir - " Je veux renter Calhen ! Ramènes-moi à la maison ! " - Lançais-je non comme une demande, mais comme un ordre. Le ton de ma voix était sec. Calhen ne m'avait très certainement jamais entendue lui parler ainsi.

Je regardais Sofia. Je m'attendais à cette réaction. Normal en même temps. Nous étions au milieu de nul part, elle n'avait plus d'affaires, et je venais de lui dire que cette escapade n'en était pas vraiment une. Piégée, c'était un peu fort mais oui c'était ça. Même si j'aurais voulu avoir d'autre choix. Sofia ne m'en donnait pas. D'après Oxana, elle refusait tout dialogue. Alors il semblait qu'il n'y avait que la manière forte qui comptait. Quand elle se releva, je l'observais, ne bougeant pas de la place où j'étais. Je gardais mon calme. Je n'avais pas envie de hausser la voix, contrairement à elle. « Elle se prend pour ta meilleure amie. Une amie qui s'inquiète vraiment pour toi et qui est restée des heures au téléphone pour m'expliquer ce qui se passait. »  Je ne voulais pas qu'elle reporte sa déception et sa colère sur Oxana. « Et je compte te ramener nul part. Si tu veux partir. Tu le feras toute seule. Dans le cas contraire, j'essaierai d'être là pour toi et de t'aider à passer les prochaines heures. »  Je me levais enfin, pour lui faire face. De mon mètre quatre-vingt, je formais un mur devant elle, l'obligeant à me regarder. « Sofia, ne laisse pas ce mec gâcher ta vie. T'as tellement de choses à connaître, à voir... Ne le laisse pas gagner. »

Cela me mettait hors de moi ! De quel droit est-ce qu'il se permettait de venir me perdre ici ? Ce n'était pas ses affaires, ni celles d'Oxana. J'avais déjà été agacée par la réaction de ma meilleure amie et maintenant, c'était Calhen qui s'y mettait. J'avais été bête de croire que ce voyage avec Calhen me ferait du bien. Depuis le début il avait tout prévu et moi, je lui avais fait confiance. J'étais déçue et j'étais aussi en colère, contre Calhen, contre Oxana qui lui avait tout raconté. Je ne voulais pas qu'il sache. Je soupirais aux paroles de Cal. Les imaginer tous les deux en train d'élaborer leur plan ne faisait qu'accentuer mon agacement. Je n'avais qu'une seule envie : rentrer. Je ne voulais pas rester une seconde de plus ici et surtout en compagnie de Calhen. Seulement, je n'avais plus aucune affaire et j'étais tellement à l'ouest que j'allais être incapable de retrouver mon chemin. Je me sentais trop épuisée pour faire demi tour. J'allais surement m'écrouler avant même d'arriver - " Je ne vois pas comment est-ce que tu pourrais m'aider. T'aurais peut-être dû me laisser me noyer, ça t'aurai évité de perdre ton temps ici avec moi. " - Lâchais-je avec froideur. Je ne voyais vraiment pas comment il pourrait me venir en aide. Je n'avais besoin que d'une seule chose : Mes cachets. Calhen se relevait, me faisant face. Je posais mon regard sur lui - " Quoi ? " - Je sentais les larmes me monter aux yeux, mais je tentais de les retenir. Je n'arrivais pas à croire qu'Oxana lui avait aussi parler de ça. Je lui avait parlé de mon agression et elle l'avait raconté à Calhen - " C'est trop tard. Il a déjà gâché ma vie... " - Il ne se passait pas un seul jour sans que je ne repense à cette agression. Les cachets me permettaient juste de maitriser mon angoisse par rapport à ça - " J'ai besoin de ces cachets, Calhen. J'en ai besoin pour faire face à ça. Tu ne peux pas me retenir ici pour essayer de me désintoxiquer. Tu n'as pas le droit. " - Je passais ma main sur mon front alors que la douleur continuait de cogner dans ma tête. Je n'osais même pas imaginer ce qui m'attendais ensuite si je ne pouvais pas prendre de médicaments. Le manque allait être insupportable.

Je savais que Sofia était terrorisée par ce qui se passait et par les heures qui allaient s'écouler. Je la voyais trembler mais je ne pouvais pas accepter qu'elle parle de cette façon. Qu'elle fasse comme si sa vie n'avait aucune importance. Cela me rendait furieux, vraiment furieux. J'avais envie de la gifler pour lui remettre les idées en place mais je savais que ce n'était pas la bonne solution et qu'elle avait besoin d'être épaulée. Mais cela me mettait hors de moi qu'elle donne si peu d'estime à sa propre existence. Je venais donc l'agripper par les épaules, la tenant fermement sous mon emprise. « ARRÊTE! » J'avais haussé la voix mais je ne pouvais pas rester indifférent à ce qu'elle disait. « Ne dis plus jamais, JAMAIS ce genre de chose devant moi, tu m'entends?! » J'ancrais mes yeux bleus dans les siens, lui faisant comprendre que je ne tolérerai plus ce genre de paroles venant de sa bouche. Je la repoussais, bien trop brusquement malgré moi. Je soupirais avant de reprendre la parole. « Comment peux-tu être égoïste à ce point? Tu as pensé à la peine de tes parents? De tes amis, d'Oxana ou de moi? » Je serrais les dents tout en reposant mon regard sur elle. « Il a gâché quelques mois de ta vie mais pas toute ta vie. » Je haïssais ce type qui avait pu s'en prendre à elle et lui faire vivre cet enfer. Mais je haïssais encore plus le fait que Sofia était devenue dépendante. Il fallait que ça change. Il fallait qu'elle trouve la force de s'en sortir. Je pouvais l'aider mais je ne pouvais pas l'en sortir tout seul. Il fallait qu'elle ai envie de quitter cet enfer. Puis à ses mots, je ressentais de la peine pour elle. Je posais mes yeux sur son visage où les larmes menaçaient de couler. « Tu as besoin d'aide Sofia. Ces cachets masquent la vérité. Mais elle reste là. » Je restais un instant à l'observer avant de m'approcher d'elle et de la prendre contre moi. « Ce type, on va le faire arrêter, fais-moi confiance, il ne pourra plus poser une main sur toi, ni sur aucune autre fille. » J'étais décidé à l'aider à mettre ce connard en taule. S'il avait tenté ça avec Sofia, il pourrait le refaire à une autre fille. Puis je la regardais à nouveau. « Tu veux que ce type s'en sort? Qu'il gagne? »