CALHEN/SOFIA ❝ It's not really a vacation, right ?❞

Calhen & Sofia ❝ It's not really a vacation, right ?❞

J’observais mon reflet dans le miroir une dernière fois avant de quitter l’appartement. J’allais devoir bien dissimuler les apparences si je voulais que Calhen ne se rende compte de rien. Il y avait déjà suffisamment de personnes comme ça qui s’inquiétait de mon état. Channing pensait que je me droguais. Oxana avait découvert toute la vérité. Je n’avais pas besoin que Calhen se mette à se poser des questions. Heureusement pour moi, je n’avais pas mauvaise mine aujourd’hui. J’avais caché mes cernes et mon teint pâle grâce à un peu de maquillage. J’attrapais mes affaires et quittais l’appartement. Si Calhen ne remarquait rien de mon état, passer du temps avec lui me ferait le plus grand bien. Mes relations avec Oxana sont assez tendues depuis qu’elle sait que je suis accro aux médocs. Je sais qu’elle veut que je suive une cure, mais je n’en ai aucune envie. Alors, plus loin je serais d’Oxana, mieux ça ira pour le moment !

J’arrivais chez Calhen en quelques minutes seulement. En fait, il habitait un appartement dans le même quartier que le mien, la distance n’était pas très longue. Arrivée devant la porte de son appartement, je frappais deux coups et attendis qu’il vienne me répondre. Je me demandais ce qu’il avait prévu. Lorsque la porte s’ouvrit, j’esquissais un sourire. Un sourire, c’est bien le signe que tout vas bien, n’est-ce pas ? Il n’y a rien de mieux pour cacher un mal être. Et puis, ce n’était pas très difficile de sourire face à Calhen. J’avais beau être dans une mauvaise passe, voir mon ami me faisait très plaisir – « Salut ! » - Je m’approchais de lui pour déposer une bise sur sa joue – « Je suis contente de te voir. » - Ajoutais-je en toute sincérité.

Cela faisait quelques jours que j'étais arrivé à Cambridge. Quelques jours que je prenais mes marques. Bien qu'établir une routine, n'était vraiment pas mon genre. D'ailleurs, je partais encore très souvent à l'extérieur de la ville et même du pays. J'avais besoin de ça. C'était ma façon de vivre et je pensais que cela n'allait pas changer. Bien qu'à présent, j'avais une nouvelle responsabilité et pas n'importe laquelle. Je voulais être présent et j'apprenais peu à peu à rétablir mes priorités. Mais dès qu'on avait besoin de moi, je répondais présent. J'avais reçu un appel du Nat qui me demandait d'aller dans le Colorado pour faire une série de clichés sur les nouveaux paysages de la région. La main de l'homme faisait de plus en plus de dégâts et la direction du magazine avait voulu tirer la sonnette d'alarme. Et puis cela me faisait du bien de partir un peu. J'avais besoin de faire le point. Et puis, je m'étais dis que ce serait une bonne idée, de partager ce temps avec une vieille amie. Voilà pourquoi j'avais proposé ce périple à Sofia. Cela faisait un bail que je ne l'avait pas vu. Et rester quelques jours, rien que tous les deux allaient nous faire du bien.

Ce matin, je l'attendais donc chez moi. Elle ne connaissait pas la destination. Mais je lui avais demandé de se munir comme lorsque nous allions camper tous les deux, autrefois. A savoir, qu'elle devait prendre de bonnes chaussures, du linges de rechange, du nécessaire pour manger, etc. Elle connaissait la chanson pour être venue à quelques reprises avec moi, lors de mes excursions. Je venais de ranger mes papiers d'identité dans l'une des poches de mon sac à dos quand deux coups furent frappés à la porte. J'allais ouvrir pour découvrir le visage souriant de Sofia. « Salut, content de te voir aussi, entre. » Je lui souriais en l'invitant à pénétrer mon appartement. C'était la première fois qu'elle y mettait les pieds. J'observais son sac à dos puis je lui demandais: « Tu as pris un bon petit dej? Parce que nous allons avoir du chemin. »

J’entrais dans l’appartement de Calhen après y avoir été invitée. C’était la première fois que j’y mettais les pieds, alors, j’observais les lieux quelques instants. Le jeune homme n’était à Cambridge que depuis quelques jours d’après ce qu’il m’avait dit, mais il semblait être déjà plutôt bien installé. Lorsqu’il reprit la parole, je reposais mes yeux bleus sur lui – « Oui et j’ai tout ce qu’il me faut dans le sac. » - Calhen ne m’avait pas encore révélé notre destination, mais ce n’était pas la première fois que je voyageais avec lui. Il m’avait souvent (du moins dès que cela était possible) emmené avec lui lors de ses « excursions » photos. J’aimais ça. Voyager avec lui et découvrir des endroits magnifiques. Et puis, en tant que passionnée d’art, je ne peux que m’intéresser à ce que fais Calhen. D’après moi, la photographie est aussi un art et je trouve que Calhen est plutôt doué avec son appareil photo – « Alors, tu vas me dire où est-ce que tu m’emmènes ? Le suspense a assez duré, je veux savoir ! » - J’étais vraiment curieuse de connaître notre destination si éloignée de Cambridge, puisqu’il disait qu’il y avait pas mal de route.

Comme Sofia était déjà venue avec moi en voyage, elle savait ce que j'attendais d'elle. Et elle savait aussi ce qu'elle devait prendre pour un long voyage, le nécessaire a avoir dans son sac à dos. Je fermais la poche de mon sac à dos tout en me redressant. Puis à sa question, je répondis: « Curieuse comme toujours, et impatiente en plus. » Je lui souriais, amusé avant de prendre mon sac et de mettre l'une des anses sur mon épaule. « Je dois faire des photographies pour le Nat. On part pour les forêts du Colorado. Ça te convient? » Bon d'accord, ça ne sonnait pas aussi idyllique que les Seychelles, Miami ou les Bahamas mais il y avait de beaux coins à voir dans cet État. Je prenais ensuite mes clefs et une carte de l'état avant de me tourner à nouveau vers Sofia. « Allez, je t'emmène. » Nous n'avions pas trop le temps de flemmarder vu que l'avion décollait dans moins d'une heure. Et il fallait encore quelques minutes avant d'arriver à l'aéroport. J'invitais donc Sofia à me suivre. Une petite demi heure plus tard, nous étions dans l'avion. L'hôtesse nous montra nos sièges. Je laissais Sofia s'installait tandis que je retirais le blouson que j'avais posé sur mes épaules. Nous partions pour un vol de quelques heures, rien de très long mais pas très court non plus. C'était un moyen courrier. Je prenais ensuite place à côté de la danseuse, m'installant confortablement.

Curieuse et impatiente, moi ? Non, c’est juste que j’aie envie de savoir où il comptait m’emmener. Ce serait donc le Colorado et ses forets – « Oui. Je suis certaine que c’est très chouette. » - Lui répondis-je avec un léger sourire. De toute façon, je faisais confiance à Calhen. Les destinations qu’il choisissait ne me décevaient jamais. Oui, certes, les forets du Colorado n’étaient peut-être pas aussi idylliques que les Seychelles ou les Bahamas, mais j’ai déjà eu l’occasion de passer des vacances dans ces endroits là. Donc, l’idée d’aller voir les forets du Colorado me plait plutôt bien. Calhen et moi ne perdions pas de temps pour rejoindre l’Aéroport. Ce serait bête de rater notre avion et nous aurions tout le temps de discuter pendant le voyage, surtout que notre vol allait durer plusieurs heures.

Une fois à l’intérieur de l’avion, je retirais ma veste et m’installais sur mon siège, côté hublot. J’aimais admirer le paysage pendant le vol. Calhen prit place à mes côtés. Plusieurs minutes plus tard, l’avion était prêt au décollage. Je posais mes yeux bleus sur Calhen – « Cette petite escapade tombe très bien. J’avais besoin de prendre l’air, loin de Cambridge. » - Ouais, j’avais surtout besoin de m’éloigner de mes problèmes, même si au final, mes soucis n’allaient pas s’envoler en partant. J’avais tellement envie de profiter de notre voyage, de pouvoir oublier tout ce qui me tourmentait en ce moment – « Puis ça me manquait, ça va être comme au bon vieux temps. » - Enfin, ce n’était pas si vieux que ça. Je n’ai même plus la notion du temps. Les évènements se sont enchaînés depuis la rentrée de cette année. Si bien que le « bon temps » me parait être vieux, lointain. J’esquissais un nouveau petit sourire, puis le quittais du regard un instant pour regarder par le hublot – « Alors, la vie à Harvard, ça te plait ? » - Lui demandais-je en reportant mon regard sur lui. Il n’était la que depuis peu, je me demandais si il s’était fait à la vie ici et si ça lui convenait. Bien que Calhen voyage beaucoup et a l’habitude de devoir vite s’adapter.

Je m'étais confortablement installé dans le siège. Aux paroles de Sofia, je ne pouvais m'empêcher de sourire. Oui tout cela me rappelait des souvenirs d'autrefois. J'avais souvent proposé à Sofia de m'accompagner dans mes périples. J'avais à peine quinze ans que je ressentais déjà la bougeotte. J'avais fais pas mal de voyage. Et parfois, j'avais proposé à la jolie brunette de venir avec moi, parce que je savais qu'elle en mourrait d'envie. Et que je voulais lui faire découvrir certains endroits en dehors des sentiers touristiques habituelles. Lui montrer des choses qui pouvaient attirer son attention, de façon purement physiques et artistiques. Et je savais qu'elle était sensible à ce genre de périple. Alors oui ce voyage me rappelait des souvenirs. « J'avoue que partir quelques jours, très loin avec toi, me manquait. » Même si cette fois-ci, le motif en était quand même différente. Je fermais les yeux, reposant ma tête sur le dossier du siège. L'avion prenait enfin son envol et quelques minutes plus tard, nous étions en plein ciel. A la nouvelle question de Sofia, je reportais mon regard sur elle. « Et bien ce n'est pas très différent de Columbia. Mais je dois avouer que j'ai bien choisi le cursus. Les prof sont pour la plupart des professionnels qui s'y connaissent vraiment dans ce qu'ils disent. A Columbia, j'avais encore 40% de théorie. » Ce que je n'appréciais que moyennement. Voilà pourquoi, j'avais décidé de tenter la filière d'Harvard. Puis après avoir appelé l'hôtesse pour des boissons, je demandais: « Et toi? La danse te plait toujours autant? Tu as une idée de ce que tu veux faire après la fin de tes études? » Une fois l'hôtesse près de nous, je demandais à Sofia ce qu'elle voulait boire, puis je prenais un coca, la laissant ensuite poursuivre la conversation.

J’avais toujours adoré nos voyages ensemble. Je n’ai que vingt-deux ans et j’ai eu l’occasion de beaucoup voyager dans ma vie, grâce à mon père et aussi avec mes amis. Mais avec Calhen, c’était différent. Il me faisait toujours découvrir des endroits que je ne connaissais pas. Je suis quelqu’un qui s’intéresse à des tas de choses et qui à soif de découverte. Je ne sais pas comment font les gens qui restent toute une vie au même endroit. Enfin, c’est vrai que voyager à un cout et je reconnais être chanceuse, parce que je n’ai pas de barrière financière. Ce qui me permet d’aller ou bon me semble et de nourrir cette soif de découverte et d’évasion. Je souriais aux paroles du Dunster qui partageait mon avis. Puis, je l’écoutais répondre à la question que je lui avais posée. L’enseignement ici semblait mieux lui plaire que celui de Colombia. Il avait donc bien fait de se faire transférer. Et puis, c’est bien connu, Harvard est l’une des meilleures universités. Lorsque l’hôtesse arriva vers nous, je décidais de commander un coca cola. Je ne répondis à la question de Calhen qu’une fois l’hôtesse partie : « Oui. Je crois que la danse ne cessera jamais de me plaire. Et après mes études, bien, j’espère pouvoir faire quelque chose dans le monde de la danse et je ferais tout pour y arriver. Tu me connais, je suis butée, quand j’ai une idée dans la tête, je n’abandonne jamais. » - C’était une qualité pour certaines choses, mais c’était aussi un gros défaut – « Mais je te promets que quand je deviendrais une star, je ferais de toi mon photographe attitré. » - Dis-je en plaisantant. Calhen me connaissais bien et il devait bien savoir que je n’aspirais pas à être une « star ». Tout ce que je voulais, c’était faire ce que j’aimais et peut-être offrir un peu de rêve aux gens qui me verraient danser.

Confortablement installé dans mon siège, je remerciais l'hôtesse qui nous donnait nos boissons. J'ouvrais ma bouteille pour en boire une gorgée, ne prenant même pas la peine de remplir le verre que l'employée m'avait donné quelques minutes plus tôt. Je reposais la bouteille sur la tablette devant moi alors que Sofia reprenait la parole. « Butée et ambitieuse, je connais des défauts bien pires. Mais tu as raison, il faut savoir ce qu'on veut dans la vie et travailler pour atteindre cette objectif. » Je ne savais pas si Sofia avait négligé ses entrainements de danse. Mais avec ce qu'elle traversait, je doutais que le plaisir de danser soit le même qu'au début. « Tu as pensé à devenir chorégraphe? » C'était un débouché comme un autre. Je connaissais quelques personnes dans le milieu grâce à mes différents voyages. Et je devais avouer que cela pourrait être un métier qui pourrait plaire à la jeune femme si elle voulait toujours en faire son métier dans quatre ou cinq ans. Puis je ne pouvais m'empêcher de sourire aux paroles suivantes de la danseuse. « Oh quel honneur. Et heureux de savoir que tu n'oubliera pas tes amis, même en pleine gloire. » Et même si je n'étais pas vraiment portraitiste, cette idée me faisait sourire. Cela prouvait qu'elle y croyait encore et si elle y croyait encore, tout n'était peut-être pas perdu. Il y avait peut-être une lueur au fond du tunnel. En tout cas, je l'espérais et c'était l'une des raisons pour lesquelles, je me trouvais là, à ses côtés, dans cet avion, avec pour destination, les plaines et les forêts denses du Colorado.

J’avais toujours plus ou moins su ce que je voulais dans la vie. Du moins, d’un point de vue professionnel. La danse avait tout de suite été une réelle passion pour moi et je m’étais dit que plus tard, j’en ferais mon métier. J’étais déterminée à ce que cela arrive, cependant, ces dernières semaines, j’avais été beaucoup moins concentrée sur mes objectifs. Avec tout ce qui était arrivé, les études étaient passées au second plan. Je n’étais même pas certaine de réussir mon année, mais j’étais incapable de penser à cela pour le moment – « Euh… oui, ça m’est déjà venu à l’esprit, mais ce n'est pas ma première idée. » - Répondis-je à Calhen. Mon rêve et mon but étaient de devenir danseuse, pas chorégraphe. Cependant, ça m’avait traversé l’esprit, parce que je sais que la carrière d’une danseuse est plutôt éphémère. Je souriais à mon tour aux paroles qu’il prononçait ensuite. Sourire qui se dissipa rapidement. J’avais du mal à être aussi joyeuse et souriante qu’avant. Parfois, l’espace de quelques secondes, il m’arrivait d’oublier ce qui me tourmentait, mais ça revenait la seconde suivante. Je détournais mon regard de Calhen et regardait par le hublot. Je n’avais pas envie qu’il se mette à se poser des questions – « Assez parlé de moi, raconte moi tout ce j’ai raté, mise à part cette arrivée soudaine à Harvard. » - Calhen et moi n’avions pas eut l’occasion de beaucoup parler ces derniers temps. Je ne savais pas trop ce qui s’était passé dans sa vie récemment. J’espérais que ce n’était pas aussi chaotique que pour moi en tout cas.

Je tentais de scruter le visage de Sofia quand elle prenait la parole. Malheureusement, elle détournait à chaque fois le regard. Je ne savais pas si c'était purement un réflexe ou si au contraire, elle voulait éviter que mon regard ne s'arrête un peu trop longtemps sur ses traits. Je ne pouvais pas nier qu'elle était différente que les fois précédentes où je l'avais vu. C'était même flagrant pour l'observateur que j'étais... Et je me disais qu'Oxana avait bien fait de me téléphoner. J'espérais pouvoir être en mesure d'aider Sofia. Mais il fallait qu'elle soit d'accord pour que je l'aide, sinon cela allait être difficile, je devais l'avouer. Je l'observais quand elle jeta un oeil par le hublot. « Danseuse est ta première idée... j'espère que ton rêve se réalisera... » Même si là, présentement, je n'en étais plus certain. Je reposais ma tête sur le siège tandis que mes yeux se fermaient. L'avion était assez silencieux. On entendait juste deux/trois passagers qui parlaient entre eux. A la question de Sofia, je gardais les yeux fermés avant de répondre. « Il n'y a pas grand chose à raconter. J'ai été aux Bahamas avec une amie pour faire des photos puis j'ai repris contact avec mon cousin Dexter qui est aussi à Harvard. Cela faisait un moment que l'on ne s'était pas vu. » Quelques mois mais j'étais assez famille pour que ces quelques mois me paraissent longs. Mais j'évitais certains sujets. Je n'avais pas envie de les aborder maintenant. Chaque chose en son temps, c'était ma devise pour ce « voyage ». Quelques heures plus tard, notre avion se posait à l'aéroport de Denver. La nuit était tombée et un petit vent s'était levé. Je fermais mon blouson alors que nous descendions de la passerelle.