CALHEN/SOFIA ❝ It's not really a vacation, right ?❞

Je le regardais avec de grands yeux lorsqu'il me disait qu'il n’avait pas l'habitude de ce modèle. Alors que je me demandais si il était vraiment sérieux, il m'annonçait qu'il plaisantait. Heureusement. L'espace de quelques secondes, j'avais eu tout de même un peu peur - " Ce n'est pas marrant." - Dis-je en souriant toutefois. Je savais que Calhen aimait bien me taquiner. Bref. Nous embarquions dans l'hélicoptère. J'adressais un dernier sourire au vieil homme avant qu'il ne referme la porte. Et puis, je m'affairais à mettre ma ceinture de sécurité. Apparemment, je ne m'y prenais pas très bien puisque Calhen à mon "secours" - " Quoi ? C'était pas comme ça ? " - Demandais-je alors que je le laissais attacher mon harnais de sécurité comme il le fallait. Il s'attachait a son tour avant de porter son attention sur les commandes pour décoller. Une fois que l’hélicoptère prit de la hauteur, je portais mon regard sur le paysage. J'aimais avoir cette vue du ciel. Le trajet se passa sans problème. Je ne pouvais que constater que Calhen se débrouillait plutôt bien aux commandes d'un hélicoptère.

Je n'avais pas tardé à faire décoller l'EC. J'avais vérifié tout d'abord les indications de base, me calquant sur la feuille de route que venait de me donner Marcus. Le ciel était dégagé et la vitesse des vents étaient peu élevée ce qui allait nous donner de bonnes conditions de vol. Le casque sur la tête, je donnais les indications à la tour d'observation la plus proche. Je jetais un œil à Sofia qui observait le paysage. Le soleil se levait et il donnait une teinte orangée aux terres que l'on survolait. Je prenais la direction de l'est où se trouvait la piste d'atterrissage et le point de départ de notre escapade. L'hélicoptère abordait le début des forêts et je le faisais rejoindre une rivière sur la gauche. Je longeais le cours d'eau à basse altitude afin que Sofia profite davantage des alentours. « Tu aimes le décors? » Je lui jetais un oeil tout en imaginant les dizaines de photographies que je pourrais faire de ces endroits.« On en a encore pour dix, quinze minutes et nous serons ensuite arrivés à destination. » Cela aurait été davantage plus loin en voiture. Et puis, c'était quand même plus agréable de voyager de cette façon.

" C'est magnifique. Quand je vois ça, je me dis que ça valait le coup de se lever aussi tôt. " - Il fallait être difficile pour ne pas aimer la vue qu'on avait. Certaines personnes préféreraient sans doute le paysage d'une île paradisiaque avec une plage de sable fin et un océan turquoise. Mais ce que je voyais là me plaisait et sortait de l'ordinaire. Il faut dire que j'avais eu l'occasion de visiter des îles à plusieurs reprises - " Je suis sûre que tu va revenir avec des tas de photos superbes. " - Je souriais légèrement. Calhen trouvait toujours les bons lieux à photographier. A chaque fois que je voyais ces clichés, ça me donnait des envies de voyage. J'étais bien contente d'être de la partie cette fois-ci - " D'accord, ça me va. Et puis, le trajet n'est pas désagréable. On aura plus cette vue en bas. " - Répondis-je alors qu'il m'annonçait qu'il restait encore une quinzaine de minutes avant qu'on parvienne à notre point de départ. Ça m'allait. A mon avis, l'hélicoptère était sans doute le moyen le plus rapide d'y parvenir.

J'étais bien décidé à faire des photographies de ces paysages. Mais je crois que ce sera pour une prochaine fois. Le motif de cette escapade n'était pas la prise de vue même si cela ne l'aurait pas déplu. J'avais autre chose en tête. Je laissais Sofia observer le paysage tandis que je menais l'EC vers l'endroit d'atterrissage. Quelques minutes plus tard, l'hélicoptère se posait sur un terre-plein. Je coupais le moteur et j'aidais Sofia à retirer sa ceinture. L'engin était récupéré par Jack, un ami de Marcus. Et nous, nous quittions la civilisation pour entrer dans les forêts de l'Etat. Il était près de dix heures lorsque nous nous sommes mis en marche. Il faisait déjà chaud mais c'était supportable. Je marchais à côté de la danseuse, m'assurant que nous suivions le bon chemin. J'avais un gps en main. Au bout d'une heure de route, je pris une gorgée de ma gourde. Je jetais ensuite un oeil à Sofia. « Comment trouves-tu ce début de randonnée? » J'avais visé des lunettes de soleil sous mon nez. Je remettais ma gourde tout en continuant la route. Le chemin était parfois difficile et je faisais attention où je marchais. Nous arrivions ensuite en aval des premières montagnes. Une rivière passait à côté de nous, à peu près à deux mères plus bas. Le sentier longeait l'eau. « Fais attention où tu mets les pieds. » Je trouvais que Sofia était un peu trop proche du bord.

Nous arrivions à destination une quinzaine de minutes plus tard. Je restais silencieuse pour laisser Calhen se concentrer sur son atterrissage. Une fois l'appareil posé sur le terre-plein, le moteur se coupait et nous descendions. Apparemment, quelqu'un se chargerait de récupérer l'hélico. Calhen et moi n'avions pas à nous soucier de cela. Après avoir repris nos affaires, on s'engageait dans la forêt. Notre fameuse escapade loin de la civilisation commençait maintenant.

Cela faisait une heure que nous marchions côte à côte. Je laissais Calhen me guider parce que c'était lui qui avait planifié tout notre parcours. Je restais attentive à l'environnement autour de moi. A la question de mon ami, je répondis : " Pour l'instant, ça me plait ! " - J'appréciais la beauté des lieux et surtout le calme qu'il y avait ici. Ça avait quelque chose d'apaisant. Alors qu'on marchait sur un sentier longé par une rivière, j'entendais Calhen me dire de faire attention - " Quoi ? Tu as peur que je tombe dans la rivière ? " - Dis-je en souriant, mais j'aurais peut-être dû m'abstenir de faire la maline. Je portais mon regard sur Calhen pour m'assurer que son attention à lui n'était pas portée sur moi. Je fouillais discrètement de ma poche de ma veste à la recherche de mes comprimés. Au même moment, je me sentais vaciller, perdre l'équilibre et en quelques secondes, je me retrouvais dans la rivière. Je tombais avec toutes mes affaires et disparaissais sous l'eau. J'essayais de remontrer sans y parvenir...

J'avais fais des dizaines et des dizaines de randonnées. J'avais appris à me méfier de certains endroits, certains chemins qui semblaient durs sous les pas mais qui s'avéraient plutôt friables et instables. Et c'était exactement à ça que je pensais en jetant un oeil à Sofia. Je la mettais donc en garde. Les bords d'une rivière étaient toujours instables parce qu'ils étaient touchés par l'érosion. Et il valait mieux faire attention où l'on posait nos pieds. Je jetais un oeil devant moi après les paroles de Sofia, repérant un chemin moins tortueux. Mais à peine allais-je ouvrir la bouche, que j'entendis un cri étouffé et un bruit sourd. « SOFIA! » La danseuse venait de glisser et elle était tombée dans l'eau. Je retirais mon sac à dos et mes lunettes, m'approchant du bord. J'attendais qu'elle remonte à la surface mais je ne la voyais pas. Je plongeais donc à mon tour dans la rivière. L'eau était fraiche et assez profonde. Je ne mettais pas longtemps à découvrir Sofia au fond de l'eau. Je m'approchais d'elle et je voyais rapidement que son sac à dos s'était accroché aux ronces du fond du cours d'eau. Je venais me mettre derrière elle, tirant sur les ronces. Mais apparemment, elle s'était encore plus empêtrée à force de vouloir se dégager. Je revenais vers elle et lui faisait comprendre par signes et par gestes, qu'elle devait se calmer. Je venais ensuite agripper son pantalon et je venais ouvrir son attache de sac à dos. Il devenait urgent de la faire sortir de l'eau. Je tirais sur le sac et j'aidais Sofia à se défaire de ce dernier. En plus, nous devions lutter contre le courant qui nous poussait un peu plus vers le coeur de la rivière.

J'essayais de me dégager des ronces qui m'empêchaient de remonter à la surface. J'échouais lamentablement, pire que cela, je ne faisais que m'embourber davantage. C'est alors que je remarquais Calhen qui avait plongé pour venir à mon secours. J'aurais certainement dû l'écouter et être plus vigilante. Ça m'aurait éviter de me retrouver là. Il me faisait signe de me calmer, ce qui n'était pas facile à faire, surtout que je n'avais plus d'air. Je tentais toutefois de suivre son conseil afin qu'il puisse me dégager des ronces qui me retenaient prisonnière.  Je me débarrassais de mon sac à dos, aidée de Calhen. Nous devrions remonter à la surface, mais le courant de l'eau ne nous aidait pas. En plus, je me sentais faiblir. Depuis combien de temps avais-je coulée ? Certainement déjà trop de temps. J'avais déjà inhalé trop d'eau et je sombrais dans l’inconscience...

J'essayais de faire le plus vite possible mais les ronces étaient bien ancrés dans les tissus. Je m'écorchais les mains et les avants bras en tirant dessus. Mais j'y faisais abstraction. J'arrivais enfin à détacher Sofia des ronces, non sans mal. Je sentais la miss perdre connaissance. Je la retenais. Je passais l'un de ses bras sur mes épaules et je remontais rapidement à la surface. J'avais du la détacher de son sac à dos et de son blouson dont l'une des manches s'était accroché aux ronces. Je n'avais pas eu d'autre choix. Arrivés à la surface, je me rapprochais du bord, issant la miss sur la terre ferme. Allongée, je me mettais à ses côtés, prenant son poul. Elle s'était évanouie. Je venais lui faire du bouche à bouche pour retirer l'eau qu'elle avait dans les poumons puis en voyant qu'elle réagissait, je la mettais sur le côté, la laissant recracher l'eau et reprendre pieds.

Je m'étais évanouie et lorsque je repris connaissance, Calhen m'avait sortie de l'eau. Positionnée sur le côté, je recrachais l'eau et je restais silencieuse, essayant de reprendre mes esprits. Ce n'était que le début de notre escapade et j'avais déjà faillit me noyer. Je me tournais vers Calhen et posais mes prunelles bleus sur lui - " Merci d'être venu à mon secours." - Lui dis-je, toujours un peu secouée. Il m'avait sauvé la vie, sans lui me serait certainement noyée, puisque j'étais bloquée au fond de l'eau. Il m'avait sortie de là et il m'avait réanimé. Peut-être qu'il regrettait déjà de m'avoir emmené puisque notre randonnée avait vite virée à la catastrophe. En baissant mon regard je remarquais des écorchures au niveau de ses mains et avant bras - " Tu es blessé." - Je frissonnais légèrement. Il ne faisait pas froid, mais le fait d'être complètement trempée me donnait des frissons. C'est aussi à ce moment là que je réalisais que je n'avais plus ma veste sur moi. Elle était restée dans l'eau ? Et mes affaires ? Et mes médicaments ? Comment allais-je pouvoir faire sans ? Rien que l'idée me donnait envie de paniquer à nouveau...

Je la laissais reprendre pieds, tandis que je me redressais. Je jetais un œil sur la rivière. Inutile de penser à récupérer le sac et la veste de Sofia. Dégagés des ronces, ils avaient du suivre le courant. Et je n'avais pas envie de refaire un plongeon pour vérifier mon intuition. Je passais une main dans mes cheveux. Nous avions eu chaud. Je m'étais accroupi devant elle. « Tu n'as pas à me remercier. » N'empêche, elle m'avait foutu la peur de ma vie. J'avais le coeur qui battait à un rythme folle. Il avait connu un raté quand je l'avais vu trébucher. Je l'aidais à se redresser puis à ces mots, je jetais un oeil sur mes avants bras et mes mains. J'avais de multiples écorchures et du sang un peu partout. Je n'y avais pas fait attention jusque là. D'ailleurs je lui avais mis un peu de sang sur les épaules. « C'est rien, juste des coupures. » Je la voyais ensuite frissonner alors je me dirigeais vers mon sac. Je l'ouvrais pour en sortir des vêtements. Je venais lui donner. « J'avoue qu'ils risquent d'être trop grands mais c'est mieux que rien. » Elle devait se changer si elle ne voulait pas attraper froid. « Désolé pour ton sac et ta veste. Mais c'était toi ou eux. »