CALHEN/SOFIA ❝ It's not really a vacation, right ?❞

« Je voulais dire notre dernier véritable petit déjeuner. Bien au chaud avec un bon café bien chaud. » - Continuais-je avec ironie. Bref. Je décidais de lui offrir ce fameux petit déjeuner avant de partir s’aventurer dans l’immense forêt. De nouveau, je souriais a ce que me disais Calhen – « On ne peut vraiment rien te cacher… » - Encore une fois, c’était ironique. Si je décidais de lui offrir le petit déjeuner, c’est tout simplement parce que j’en avais envie. Il n’y avait aucune autre raison a cela. Lorsque la serveuse vint prendre notre commande, je choisissais de prendre des muffins et un café noisette. J’attendais que la serveuse prenne note et nous laisse seuls pour reprendre la parole : « Donc, tu as toujours du mal à dormir la nuit ou tu as tenu à rester éveillé pour planifier notre escapade ? » - Demandais-je puisqu’il avait avoué ne pas avoir fermé l’œil de la nuit.

J'avais finalement une faim de loup et m'attabler dans ce restaurant était donc une très bonne idée. Installé face à Sofia, je n'avais pas mis longtemps à choisir ce que je voulais manger. Je n'étais pas très difficile le matin. Alors que la serveuse repartait, Sofia reprit la parole. Je lui jetais un oeil avant de répondre: « Notre escapade est planifiée depuis des jours. C'est cette fichue insomnie qui ne veut pas me quitter. » Je n'ai jamais réussi à faire une nuit complète, sauf quand j'étais bébé. Je m'y étais habitué avec le temps, même si c'est toujours difficile de passer des heures dans un lit sans arriver à se reposer même une petite heure. Je retirais ensuite mes mains de la table quand la serveuse déposa nos commandes. Je la remercia une nouvelle fois avant de prendre ma fourchette et de piquer l'un des pancakes. Puis je demandais: « Tu as parlé à quelqu'un de cette randonnée? » Histoire de voir si j'avais encore plus de monde à rassurer sur le chemin...

C’était donc l’insomnie qui était venue perturber la nuit de Calhen. Je me demandais comment il faisait pour tenir debout alors qu’il n’avait pas fermé l’œil. Certes, il était habitué à dormir peu, mais tout de même ! – « Tu n’as jamais pensé à aller consulter ou a prendre un traitement pour ton insomnie ? Je sais bien que tu fais avec et que tu es habitué a avoir peu de sommeil, mais c’est mauvais de dormir si peu ou pas du tout. » - Lui répondis-je, véritablement soucieuse de son état de santé. C’était tout moi. Je faisais très attention à mes proches, mais généralement, je ne les laissais pas faire de même. Je savais que je pouvais compter sur eux, mais je voulais essayer de me débrouiller seule. La serveuse nous apportait notre commande et je pu enfin déguster ce muffin au chocolat. Je terminais ma première bouchée alors que Calhen me posait une question qui me surprenait un peu. Enfin, c’est juste que je me demandais pourquoi il s’interrogeait là-dessus – « Pourquoi est-ce que tu veux le savoir ? » - Demandais-je finalement, le suspectant peut-être de quelque chose. C’était bizarre comme question, non ? Ou alors je virais complètement paranoïaque – « Tu as peur que les gens que j’ai prévenu s’en prenne à toi si il m’arrive quelque chose ? » - Ajoutais-je avec une pointe d’ironie. Je n’avais toujours pas répondu à sa question. En même temps, je n’étais même pas sûre de me souvenir à qui j’en avais parlé et à qui je n’avais rien dit.

Aux paroles de Sofia, j'acquiesçais doucement de la tête. « Si bien sûr. J'ai déjà consulté plusieurs médecins, plusieurs spécialistes. Et cela sans résultat jusqu'à présent. On m'a prescrit des cachets: barbituriques, benzodiazépines, hypnotiques antihistaminiques, somnifères. On m'a conseillé de faire certains exercices, de tenter des thérapies comportementales, des psychothérapies mais rien n'y fait. Je n'arrive toujours pas à trouver un bon rythme de sommeil. C'est comme ça. Et j'ai arrêté depuis longtemps de chercher une solution. » Ce n'était pas la meilleure chose à faire mais j'en avais assez de toutes ces gélules et ces thérapies en tout genre qui n'aboutissaient à rien, juste à me faire perdre mon temps. Je prenais une bouchée de mon pancake sur lequel j'avais mis un peu de miel puis aux paroles suivantes de la danseuse, je ne pouvais m'empêcher de sourire. « Pas du tout. Je voulais simplement savoir s'ils t'avaient conseillé des endroits à voir. » Je prenais une gorgée de café puis j'ajoutais: « Tu sais, les meilleurs coins du globe ne sont connus que par un nombre restreint de personnes. Ce genre de lieux, ça se dévoile de bouche à oreille. » Toutefois, je remarquais une nouvelle fois qu'elle n'avait pas répondu à ma question. Et d'ailleurs, je lui fis la remarque entre deux bouchées. « Tu réponds toujours à une question par une autre question à ce que je vois. Tu ne changes pas. » Je l'observais, amusé. C'était bon de savoir que la Sofia que je connaissais, était encore là, au fond de ce corps amaigri et nerveux.

Évidemment qu'il avait consulté un spécialiste, même plusieurs d'après ce qu'il disait. L'insomnie ne semblait pas vouloir le quitter puisqu'il expliquait que jusqu'ici rien n'avait jamais fonctionné. Pas même les médicaments ? Les comprimés que je prenais en ce moment étaient de la famille de benzodiazépines et j'étais étonné que cela ne fonctionne pas sur lui, parce que moi, ils "m'endormaient" complètement. C'est d'ailleurs surement pour ça qu'Oxana m'avait démasquée puisque j'étais souvent "à l'ouest" en ce moment. Bref - " Ouais. Je comprends ça doit être fatiguant de passer son temps à chercher un remède miracle et que rien ne fonctionne... " - Abandonné n'était certainement pas la meilleure des solutions, mais bon, Calhen était assez grand pour décidé lui même, non ? Je me concentrais sur le délicieux muffin qui n'attendait qu'à être mangé et en prenait de nouvelles bouchées. Et puis, Calhen fit une remarque qui eut le don de me faire sourire. Il avait une fois de plus relevé le fait que j'avais répondu à sa question par une autre question - " Pourquoi est-ce que je changerai, c'est comme ça qu'on m'aime, n'est-ce pas ? " - Un nouveau sourire se fendillait sur mon visage. J'avais dis ça de façon toute mignonne, sur un ton léger, pour plaisanter - " Enfin si tu veux vraiment une réponse, non, personne ne m'a conseillé d'endroit à voir. En même temps, dans mon entourage, personne ne connait mieux les petits trésors du globe que toi. Même si Maks à beaucoup voyagé aussi. " - Enfin, c'était différent des voyages que Calhen faisait.

Je finissais mon pancake tout en jetant un oeil à Sofia. Heureusement que j'étais du genre à avoir un cerveau qui fonctionnait à cent à l'heure sinon je ne sais pas si j'aurais trouvé une autre excuse. Oxana m'avait dit qu'elle ne voyait personne en ce moment et qu'elle avait récemment parlé à ses parents. Ce qui allait m'éviter de devoir rendre des comptes de notre excursion à d'autres personnes. Non que je ne voulais pas. Mais nous allions passer deux semaines loin de tout et j'avais autre chose en tête, que de trouver un point d'altitude correcte pour capter un signal d'émission pour mon téléphone. D'ailleurs j'avais dis à la russe que je ne pourrais pas lui donner des nouvelles régulières. Je prenais ensuite une gorgée de mon café avant de relever mon visage sur Sofia. « En parlant de Maks, j'ai appris qu'il était sur le campus? Prof, c'est bien ça? » C'était moi ou ce type trouvait toujours un moyen pour avoir un œil sur elle? Je n'appréciais pas spécialement la façon dont il avait de m'observer quand j'étais avec Sofia. Comme si j'entrais sur son territoire. Et je ne pensais pas me faire des idées. Sofia était une belle femme. Et Maksim ne devait pas être insensible à son charme mais je doute que la demoiselle s'en était rendue compte. Bref, ce n'était pas mes histoires. Je reposais ma tasse puis je jetais un oeil à ma montre. « Nous devrions y aller si nous ne voulons pas louper Marcus. » Marcus était un ami à moi. Il devait nous amener jusqu'à notre point de départ.

" Oui. Ça fait un bon moment d'ailleurs qu'il est là. Il enseigne le journalisme... enfin ce n'est pas un professeur à temps complet. Surtout qu'il s'occupe aussi d'un des journaux de papa, ici, à Cambridge" - Maksim était arrivé à Cambridge depuis deux ans si ma mémoire était bonne. J'étais ravie qu'il soit ici, près de moi. Seulement, sa présence ici avait semble t-il compliqué les choses entre nous. Du moins, de mon côté. C'était moi qui m'étais mise à le voir différemment depuis quelques temps. J'avais longtemps vu en lui un grand frère et maintenant, je me mettais a avoir des pensées toutes autres. Je me surprenais à le désirer et à m'imaginer dans ses bras. Enfin... Je décidais de balayer ces pensées de mon esprit. Comme presque à chaque fois que ce genre de pensées me venaient en tête. Ce qui est "marrant" c'est que ce n'est pas la première fois que ce genre de choses m'arrivent. Je me souvenais avoir eu le béguin pour Calhen étant plus jeune.Pauvre fille ! Toujours à vouloir un homme qui ne me verra jamais autrement que comme une gentille gamine, une petite sœur. Espérons que, mes sentiments pour Maksim me passeront comme cela avait été le cas pour Calhen. Je terminais mon muffin alors que le blondinet m'annonçait qu'on devrais y aller - " Oui, oui, allons y ! J'ai hâte d'y être en plus ! " - Je fis signe à la serveuse pour avoir l'addition et après avoir réglé l'addition, je sortais du restaurant avec Calhen. On quittait donc les lieux afin de retrouver le fameux Marcus qui nous déposerais au point de départ.

J'étais un peu étonné d'entendre les propos de Sofia. Je ne me souvenais pas que Maks était dans le domaine du journalisme. Et puis je n'étais pas à Harvard depuis très longtemps donc je ne l'avais pas encore croisé dans les couloirs du campus. Bref, je n'avais pas le temps de m'attarder sur lui. J'invitais Sofia à me suivre pour reprendre la route. Le soleil commençait peu à peu à apparaître à l'horizon. Le trajet jusqu'au garage de Marcus se fit tranquillement. Les routes étaient dégagées et c'était toujours un plaisir pour moi de conduire dans ces conditions. Et puis je crois que ce petite déjeuner nous avait fait du bien à tous les deux. Je garais la voiture dans l'un des garages qui était ouvert. Sofia pouvait découvrir que c'était un petit aéroport privé. Après avoir pris mon sac à dos et avoir donné le sien à Sofia, nous nous sommes dirigés vers un bureau au fond du garage dans lequel j'avais garé le véhicule. Un homme d'une soixantaine d'années, sorti au même moment du bureau: « Cal! Content de te voir. » Je lui souriais, serrant la main qu'il me tendait. « Moi aussi. Marcus, je te présente Sofia, une amie baroudeuse. Sofia, je te présente Marcus, le meilleur pilote des environs. » Marcus sourit à mes propos avant de serrer la main de la danseuse. «Enchanté. » Puis je jetais un œil au tarmac. « L'E.C est prêt? » Marcus ne pouvais pas ne pas remarquer mon empressement. « Bien sûr. Il est tout à toi. » Il avait dis ces mots en nous menant sur le terrain plat. Là, juste à la droite du garage, un hélicoptère EC 135 était immobile. Il était bicolore, gris sur le ventre et bleu nuit sur le reste de l'armature. Je jetais un œil à Sofia. « Prêt à monter avec moi? » Je n'avais jamais emmener Sofia à bord d'un hélicoptère quand je le pilotais. Pas par manque d'envie, mais plutôt par manque d'opportunité à vrai dire. Et j'espérais qu'elle allait me faire confiance une nouvelle fois.

" Enchantée également." - J'adressais un sourire au fameux Marcus tout en lui serrant la main. En entendant les deux hommes discuter je comprenais que Marcus n'était pas celui qui allait nous mener à notre point de départ. L'homme avait simplement préparer hélicoptère, mais Calhen serait aux commandes. Je ne mettais pas attendue à cela et pourtant, je savais que le photographe était un pilote. Il m'avait parlé des cours qu'il avait prit. Cependant, je ne l'avais jamais vu à l’œuvre. C'était la première fois que je monterais dans un hélico piloté par mon ami. Marcus nous avait guidé jusqu'au fameux engin et j’esquissais un sourire aux mots de Calhen - " Tu es pleins de surprises, je ne savais pas que c'était toi qui piloterait l'hélico. Mais, oui, je suis prête à embarquer avec toi... je prends le risque." - Répliquais-je en le taquinant un peu. Je ne craignais pas de prendre le "risque". Calhen était du genre a savoir ce qu'il faisait. Jamais il ne m'aurait emmené avec lui si il n'était pas au point en matière de pilotage. Et puis, je lui faisais confiance. Sur ces mots, on ne perdait pas de temps pour s'installer à l'intérieur de l'hélicoptère. J'observais Calhen qui devait désormais se concentrer sur ce qu'il faisait afin de faire décoller le véhicule.

Je me tenais aux côtés de Sofia, souriant à ses propos. En effet, elle savait très bien que je n'allais pas mettre sa vie en danger et que si je prenais les commandes d'un appareil, c'était que j'en étais capable. Et puis cela faisait un moment que je n'avais pas piloter un peu. Cela me manquait. « C'est bon à savoir. » Je lui souriais, amusé. Puis alors, qu'elle mettait son sac dans l'engin, je lui disais, tout en poussant mon sac à dos à côté du sien. « Par contre, il me faut le manuel parce que je n'ai pas l'habitude de ce modèle. » Je vis le regard de Sofia sur moi. Je finis par dire, en souriant. « Je plaisante. » Je voulais la taquiner mais je ne sais pas si c'était le bon moment, juste avant qu'elle n'embarque. Marcus me donna la feuille de route. Je le remerciais avant d'ouvrir de monter dans l'hélico. « Je te laisse l'E.C sur Rock River comme convenu. » Le vieil homme acquiesça de la tête avant de dire: « Faîtes bon voyage. » Le vieil homme referma la porte de l'appareil. Puis je jetais un oeil à Sofia qui se trouvait près de moi, empêtrée à mettre son harnais de sécurité. « Attends, laisse-moi faire. » Je prenais l'une des lanières de sa ceinture puis je la passais par son épaule avant de la croiser sur sa poitrine avec une autre et de les glisser à deux dans l'embout métallique. Je serrais assez pour qu'elle soit bien sanglée. « Voilà, madame est liée à ce siège jusqu'à la fin du trajet. » Je faisais de même avant de régler les commandes afin de décoller.